La porte du Salut, la porte du Service / Luc 13 22-30 / Une homélie


« Efforcez vous d’entrer par la porte étroite »
Pour percer un tant soit peu le mystère de cette parabole j’ai trouvé les clés dans le texte d’Isaïe au début de la liturgie de la Parole.

« Je viens vous rassembler de toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire, Je mettrai chez elle un signe »
C’est l’annonce de la dimension universelle du projet de salut de Dieu. 
Nous avons sans doute une difficulté avec le terme « gloire ». Il ne s’agit pas d’un pouvoir quelconque, mais du rayonnement de la présence et de la miséricorde de Dieu pour toute l’humanité. C'est tout simplement le contenu de ce que nous appelons avec nos frères juifs, l'Alliance. Un autre prophète, Ezekiel l’exprime en ces termes.

 « Je mettrai en vous un coeur nouveau, je mettrai en vous un Esprit nouveau.Vous serez mon peuple, je serai votre Dieu. »

Cette notion d’universalité peut nous sembler très éloignée de ce que nous vivons quotidiennement , et détonne apparemment avec certaines paroles de Jésus dans le récit de Luc.
La question posée à Jésus, par un anonyme, est précisément celle du Salut. C'est une question légitime qui sans doute nous taraude aussi. Mais Jésus ne peut répondre de façon comptable « beaucoup ou peu » « Tous ou pas tous » Et voilà une bien étrange parabole où il est question d’une porte étroite et d’efforts à fournir , même de combat à mener, pour passer par cette porte-là , il n’y en a pas d’autre.
Jésus dit de lui même dans l’Evangile de Jean
« Je suis la porte des brebis si quelqu’un entre par moi il sera sauvé » - « Personne ne va au Père, sans passer par moi »
Il est bien le signe mis au milieu de nous.
Et nous avons bien compris qu il s’agit de la porte du Royaume. La position de Jésus est unique. Il est des deux côtés de la porte. Au cours de sa passion il a franchit la porte étroite de la haine, du mépris et de la violence des hommes. Par sa résurrection il est entré dans la gloire qu’il partage avec le Père. Mais il nous a laissé sa Parole et son Esprit. A présent il nous invite à franchir à sa suite la « porte étroite ». Mais quel sens donner au fait que la porte soit étroite. ?

On ne passe pas par hasard par une porte étroite, comme si cela allait de soi. Il faut la chercher, la trouver et finalement oser la passer. Une porte étroite est donc difficile à franchir pour une personne obèse ou encombré de sacs et de valises. !!
Je ne pense pas que Jésus stigmatise l’obésité de nos corps ou l’encombrement de nos vies. Même si le sur-encombrement matériel peut être un obstacle.
Ceux qui interrogent Jésus sont des membre du peuple choisi, le peule élu, des hébreux qui pensent avoir plus que d’autre des droits au Salut. Jésus stigmatise leur certitude et du même coup interroge les nôtres.

A Bethléem on entre dans la basilique de nativité par une petite porte qu’on appelle aussi « la porte de l’humilité ». Nous devons nous garder de l’orgueil de la foi ; ce n’est pas parce que j’ai été baptisé, fait ma première communion et même ma confirmation ni parce que je suis fidèle à la messe, la liturgie etc que je suis sauvé.
Si nous sommes obèses de nos certitudes religieuses et spirituelles, encombrés de toute sorte d’idées toutes faites, de préjugés concernant le Salut et la miséricorde, les dogmes, les rites il nous sera difficile de trouver la porte étroite Et si sur la question du salut nous avons l’impression d’être sur une autoroute, ou un tapis roulant où tout va tout seul, où tout est facile, Alerte ! Nous ne serions pas sans doute sur le chemin de la bonne porte.

Nous devons donc nous délester , nous désencombrer de nous même, nous laisser purifier de tout ce qui encombre notre chemin vers le Seigneur. C’est un travail qui dure toute la vie. Cela doit être le soucis de chaque baptisé mais aussi de toute l’Église.

Il y a un deuxième extrait d’Isaïe qui m’interroge.

« J’enverrai des rescapés vers les nations les plus éloignées. Ces rescapés annonceront ma gloire parmi les nations »

Ces rescapés ,c est le « petit nombre » qui au milieu des tribulations du monde païen est resté fidèle au Dieu unique et à son message de Salut .
Ne serions-nous pas les rescapés du 21e siècle. Le petit reste encore visible, mais de moins en moins audible dans notre société post-moderne. Et cela se vérifie jusque dans notre entourage ou nos familles. Notre vocation est de continuer à témoigner de la gloire de Dieu, d’annoncer sa miséricorde. et de faire connaître, malgré tout, la bonne nouvelle qui nous fait vivre.Nous le savons c’est difficile. Ce n’est pas une raison de renoncer et de nous replier. Il nous faut nous encourager mutuellement. N’est-elle pas là notre porte étroite du moment comme La porte du service ?

Pour nourrir notre route, je vous livre en conclusion de quelle manière s'exprime une congrégation religieuse que je connais bien et qui se veut attentive aux réalités de nos contemporains et en même temps être au service de notre vocation de baptisés.

« Il n’y a pas de frontières à l’amour.
Nous voulons être proches de ceux qui vivent des situations de passage ou d’épreuves
Nous voulons accompagner au nom de Jésus Christ ceux qui sont dans des moments de rupture, d’exclusion, de doute de désespoir.
Nous voulons témoigner, dans la foi, de la présence agissante de Dieu au cœur du monde et ainsi être au service de l’espérance »*

Robert Zimmermann, diacre
*Extrait des constitutions de la congrégation des sœurs Auxiliatrices des âmes du purgatoire.

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