Matthieu 15 21-28 / Des miettes / Une homélie

(...)
Jésus passe, la cananéenne crie vers lui, et il se tait.
Ce silence, il nous scandalise.
Comment peut-il se taire devant la détresse de cette femme ?!
Comme si ces cris ne le concernaient pas ?

Comme nous l'affirmons chaque dimanche dans la foi, l'Evangile est pour nous « Parole de Dieu ». Et si Dieu parle, c'est à nous qu'il s'adresse.
Jésus n'est pas un gentil héros de conte de fée, un personnage de roman dont on nous lirait un extrait des aventures chaque dimanche...
Nous oublions trop souvent, que jésus nous échappe, qu'il n'est pas ce que nous voulons qu'il soit, que ses pensées ne sont pas nos pensées et qu'il est plus grand que ce que nos sensibilités en font...
Ce silence, il est aussi et d'abord pour nous.
Pas pour que nous nous scandalisions à peu de frais pour la cananéenne, qui n'est qu'une femme de texte, mais pour scruter en nous l'effet qu'il produit.
Ce silence, Jésus a l'air de dire qu'il a à voir avec l'enjeu de sa mission, qu'il en va de l'accomplissement de la promesse, une histoire de brebis perdues...
Pour nous, comme pour cette femme, lire et interpréter ce silence est une affaire de foi.
Ce silence, si rude à nos oreilles, est le prélude nécessaire à ce qui va sauver cette femme : la révélation de sa foi à elle-même.
Après ce silence, quand elle revient, sa demande s'est déplacée : il n'est plus question de sa fille, il n'est plus question de David, il n'est même plus question de pitié, ce n'est plus qu'un appel au secours...
Le silence de Jésus a fait du tri, il a fait tomber le surplus, comme on purifie par le feu. 

« Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens » 
Mais qui sont ses enfants ? Quel est ce pain ? D'où sortent ces petits chiens ? Jésus, à son silence, semble ajouter de la rudesse... mais cette phrase reste une énigme.

Loin de se scandaliser comme nous, la femme se saisit de cette phrase, elle s'en saisit et elle l'interprète, et elle en donne sa lecture...
- les enfants deviennent les maîtres, mais qui est le maître de cette femme si ce n'est son enfant ? Son enfant en danger pour lequel elle est prête à tout ?
- Elle construit un espace en inventant une table avec un dessus et un dessous,
- Dessus, elle place les maîtres et leur pain.
Mais elle sait qu'il n'est pas possible de manger du pain sans faire des miettes.
- Dessous, elle glisse les petits chiens.
Ils ne retirent rien à personne, ils se saisissent de la part qui tombe inévitablement.
Comme les petits chiens dont elle assume la figure, elle ne mendie pas les miettes, les miettes, ça ne se donne pas, ça tombe tout seul, ce n'est la part de personne, c'est à peine une part.

La grande foi que Jésus lui révèle et qui fera que « tout se passera pour elle comme elle veut », c'est sa capacité à entendre... le silence comme les mots.(...)
Notre foi, elle est ce qu'elle est, ce n'est pas à nous de la mesurer, mais saisissons-nous de cette histoire de miettes : 
Quand dans nos vies nous avons l'impression que Jésus passe en silence, qu'il est sourd à nos appels, que notre détresse semble ne pas le concerner ~ réjouissons-nous des miettes... 
Quand nous avons l'impression d'être toujours « à côté », mis à part de la promesse, sous le poids des histoires de nos pères ~ réjouissons-nous des miettes...

La grande foi de cette femme, le cadeau qu'elle nous fait, à nous, c'est de nous rappeler qu'il ne peut pas y avoir de pain rompu sans qu'il y ait des miettes...
La part minuscule, la part insignifiante, la part perdue, celle qui tombe d'elle même, celle qui ne nourrit pas mais qui porte toute consolation,
c'est la part certaine, elle ne nous fera pas défaut, nul ne peut nous la refuser.
Jésus le sait qui se fait miette lui-même, pain rompu, pour nous et pour le salut du monde. 
Amen
Sylvain diacre

Le Royaume des cieux est comparable à un homme.../ Mt13 24-30 / une homélie

Ce dimanche, Jésus nous fait la grâce d'expliquer une de ses paraboles, ce qui est rare comme nous le disait le père Louis dimanche dernier. Ce dimanche, Jésus continue de nous enseigner sur le royaume des cieux.

C'est bien d'être enseigné sur le royaume des cieux car on ne sait pas grand-chose du Royaume des cieux. C'est qu'il doit être bien haut le royaume des cieux, que même en plissant les yeux, que même avec des jumelles ou une longue-vue on ne le voit pas.
Alors lisons attentivement. Dans la première parabole, "Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ." Dans la deuxième : "Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ." Et dans la dernière : "Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine."

Il y a des points communs dans ces trois paraboles.
Tout d'abord, le royaume des cieux n'est pas désincarné. Il y a de l'humain dans le royaume des cieux, il y a de la chair. Le royaume des cieux n'est pas éloigné de nous, il n'est pas si inatteignable qu'on l'imagine. Il est donc inutile de se procurer une longue-vue pour le discerner. 

Ensuite, il s'y passe des événements qui ne nous sont pas si étrange que ceux que nous connaissons, les semailles, une plantation, et la confection du pain. Même si nos vies ont une approche de plus en plus virtuelle de l'agriculture et de la boulangerie, ces activités évoquent encore pour nous du concret. Ces activités n'ont rien de grandiose. Elles s'inscrivent dans des activités humaines totalement banales. Le royaume des cieux ne semble pas un lieu d'oisiveté ou de surmenage, c'est un lieu où l'homme et la femme travaillent paisiblement. 

Puis encore, on peut remarquer qu'il y a quelque chose qui grandit dans le royaume des cieux, le blé dans la première parabole, la moutarde dans la seconde et la pâte qui lève dans la troisième. Ça grandit dans le royaume des cieux, ça se déploie, ça s’épanouit. C'est comme si le royaume de Dieu a la propriété de s'élargir. Et ça grandit à partir du petit, à partir du grain de blé, de la graine de moutarde dont on dit qu'elle est particulièrement petite et du levain qui on le sait est petit par rapport à la masse de la farine. Rien de spectaculaire, rien de particulièrement précieux. Du petit qui grandit.

Il y a aussi une notion d'un temps qui s'écoule lentement, on n'est pas pressé dans le royaume des cieux, on n'est pas stressé. On ne provoque pas la nature au contraire, on respecte son rythme, son temps. 
Et enfin, pour que ça grandisse dans le royaume des cieux, il faut en passer par un enfouissement. Avant de grandir, il faut tomber par terre, il faut même lutter parfois contre ce qui empêche la croissance, c'est l'explication que donne Jésus sur l'ivraie. Avant de grandir il faut être enterré comme la graine de moutarde ou être enfoui dans la pâte. 
Il est attirant le royaume des cieux, un lieu habité, un lieu où les activités nous sont familières, un lieu où ça pousse doucement. 

Et il y a dans cet enfouissement, un peu comme la foi que Dieu sème en nous. Cette foi plus petite qu'une graine de moutarde comme il est dit un peu plus loin dans l'Evangile de Matthieu (Mt17, 20).
Cette foi enfouie dans notre chair qui tressaille à la parole de Dieu. Cette foi qui peut grandir ou être étouffée par l'ivraie.
Mes amis, nous portons en nous les germes du royaume des cieux. Il ne tient qu'à nous de laisser germer patiemment pour qu'il advienne. 

Ce dimanche est consacré à fêter la saint Jacques car Gradignan est une ville étape sur le chemin de Tours. Alors je voudrai évoquer une expérience forte qui peut nous donner de connaître la croissance du royaume des cieux. 

Le royaume des cieux est comparable à un homme ou une femme qui enfouie son pied dans son soulier pour marcher sur le chemin de Compostelle. Lentement, un pied devant l'autre, ils se rapprochent du but. Malgré les difficultés, malgré les blessures, ils avancent sur le chemin et grandissent dans la relation aux autres au hasard des rencontres, ils grandissent dans la contemplation de la création quand ils oublient leurs douleurs. Ils grandissent dans la foi parfois sans le savoir quand ils s'abandonnent à la prière silencieuse et la louange.


Et Dieu, qui scrute les cœurs,
connaît les intentions de l’Esprit
puisque c’est selon Dieu
que l’Esprit intercède pour les fidèles.

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

Des photos de la Nuit des Eglises 2017 à Gradignan

Une église en couleur 


Méditation sur les émaux de Raymond Mirande

Racontée des épisodes relatifs à Pierre dans les Actes des Apôtres

Adoration Eucharistique

Prière de Taizé

Expo d'objets liturgiques

Des moineaux / Mt 10 26-33 / Une homélie

Rien n'est voilé qui ne sera dévoilé.
J'aurais bien aimé vous dévoiler quelque chose de ce texte... je n'y ai rien compris.

Essayons de tirer un fil : cette histoire de moineaux et de cheveux.

Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? on y apprend le prix des moineaux, leur chute sur la terre sous le regard du père, on apprend que nos cheveux sont comptés sans qu'on sache très bien pourquoi et l'on finit par apprendre que l'on vaut plus que des moineaux... ce qui, honnêtement ne nous étonne pas plus que ça.

Le moineau, c'est l'oiseau insignifiant.
Rien n'est plus semblable à un moineau qu'un autre moineau et on s’émerveille rarement à la vue d'un moineau dans nos jardins ou sur nos trottoirs.
Il est tellement insignifiant qu'il n'existe pas de tarif pour un moineau. On connaît seulement le prix d'une paire de moineaux : deux pour un sou.
Le moineau vaut un demi sou, une monnaie qui n'existe pas.
Et qui achète un moineau ? Qu'est-ce qu'il y a à manger dans un moineau ?!
Les moineaux de l'évangile, ils tombent à terre.
Moi, je n'ai jamais vu un moineau tomber à terre.
Un moineau qui tombe à terre, c'est un moineau qu'on abat.
Ils sont donc abattus et vendus pour presque rien.
Mais pas un ne tombe sans que votre Père le veuille. En fait le texte dit « pas un ne tombe sans votre père ».
Notre père, pas le père des moineaux, accompagne chaque moineau qui tombe.
Il est concerné par la chute de chaque moineau.


« Quant à vous, même vos cheveux sont comptés. »
Qui se soucie du nombre de ses cheveux ?!
Rien de plus semblable à un cheveu qu'un autre cheveu, c'est la part la plus insignifiante de nos corps, la part la plus inutile de nos corps (il y a peu de chose dans un corps d'homme dont on peut se passer sans que le corps en souffre ou en soit gêné... à part les cheveux, je ne vois rien)...
Le Père, celui qui se soucie des moineaux qui tombent, se soucie aussi du nombre de nos cheveux.

Le père se soucie infiniment du tout petit, de la part insignifiante, de ce que nous comptons pour rien.

On nous dit : « ce texte est sur le témoignage, sur les disciples missionnaires qui vont sans crainte proclamer l'évangile à toutes les nations. » Mais témoigner de quoi ?
d'un message évangélique limpide, d'une doctrine solide et claire, d'une loi puisée au catéchisme, de valeurs brillantes, de révélations érigées en certitudes.

Mais l'évangile nous dit : Ce que vous allez proclamer, c'est « Ce que je vous dis dans les ténèbres,(...) Ce que vous entendez au creux de l'oreille »
Dans les ténèbres... au creux de l'oreille...
J'ai bien peur que dans les ténèbres de nos cœurs, dans les ténèbres de nos intelligences, au creux de nos oreilles encombrées du vacarme du monde, au creux de nos oreilles assourdies par nos propres discours, par nos propres voix... nous n'entendions pas grand chose.
Nous entendons au mieux du « tout petit ».
Et c'est ce tout petit qu'il nous faut proclamer.

J'ai commencé cette homélie en vous disant que je n'avais rien compris à ce texte.
Non, le creux de mon oreille n'a pas entendu grand chose de ces lignes...
Et pourtant, je suis là devant vous et j'ai l'audace de vous parler.
(...) 

Nous ne sommes devant l'Ecriture que des moineaux : insignifiants.
Mais Dieu nous apprend que nous valons plus qu'une multitude de moineaux.
Nos oreilles parfois sont sourdes, nos ténèbres sont épaisses, mais, à cause de Jésus, parce qu'il nous le demande, à cause de l'amour infini de ce père qui se soucie plus d'un de nos cheveux que nous mêmes, nous proclamons sur les toits ce que nous ignorons.


Les pauvres moineaux l'ont vu, ils sont en fêtes ;
« vie et Joie, à vous qui cherchez Dieu ! » 


Amen
Sylvain, diacre

Comment peut-il nous donner sa chair à manger ? / Jn 6 51-58 / Une homélie

« Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
« Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » La question ne serait-elle pas plutôt comment pouvons-nous manger de la chair humaine ?
Mais dans cette manière de poser la question se cache une vraie interrogation : "Comment Jésus peut-il donner réellement sa vie ?" "Comment peut-il nous donner sa vie pour que nous vivions ?"
Et de là bien d'autres questions, "avons-nous besoin de manger la chair du Christ pour vivre ? "Mais pourquoi Jésus voudrait-il que nous vivions, vivants ne le sommes-nous pas ?" "Serons-nous sauvés ou serai-je sauvé ? "
Tentons d'y voir plus clair dans ce texte.
A la première question : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? », nous avons une réponse facile car nous sommes plutôt habitués à recevoir le corps du Christ dans le pain.
Nous communions  au corps du Christ sous la forme et l'apparence d'un petit pain rond.
Mais les contemporains de Jésus qui entendent ces mots ont de quoi être scandalisés. Ils interprètent certainement le contraire, ils se sentent invités à consommer du pain sous la forme de la chair. Et pour être précis, le terme dans le texte grec d'origine pour la chair est le mot "viande".
Et pourtant, nous qui sommes accoutumés à consommer la chair du Christ dans un bout de pain, nous devrions nous aussi nous scandaliser à l'écoute de cette parole, nous devrions être bousculés par ces paroles. Car nous aussi, nous sommes invités à consommer la chair du Christ à cet autel dans quelques instants.
Et notre chair va se mêler à celle du Christ et la sienne à la nôtre, accomplissant ainsi la parole : " Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui."
Est-ce si facile à accepter que notre ADN soit enrichi de celui dont la parole c'est fait chair ? Est-ce si facile d'accepter  de perdre un peu de notre identité pour être englober dans un corps qui nous dépasse ?
"Comment Jésus peut-il donner réellement sa vie ?" "Comment peut-il nous donner sa vie pour nous vivions ?"
Jésus annonce un peu mystérieusement que sa vie vraiment il va la donner, il va la donner sur la croix. Sur la croix, il trouve la force de se tourner vers le Père parce que le Père demeure en lui et lui dans le Père.
Jésus qui est pleinement Christ, lui le ressuscité, lui le vivant, est la révélation que nous sommes appelés à vivre en Dieu. Notre destinée, notre perspective, c'est d'être incorporé pleinement au corps du Christ. Notre chair sera dans la chair du Christ.
Rappelons-nous le prologue de l'Evangile de Jean : "Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité."
Jésus, la parole incarnée s'est adressée aux hommes. Cette parole a touché la chair de ceux qui l'entendaient. Il y avait de l'acceptation, il y avait du refus, mais dans tous les cas, la chair était touchée.
Jésus, la parole incarnée s'adresse aux hommes. Cette parole touche encore aujourd'hui la chair de ceux qui l'entendent. Il y a de l'acceptation, il y a du refus, mais dans tous les cas, la chair est touchée.
C'est dans le parcours du Christ qui va de l'incarnation à la résurrection que nous sommes appelés à nous convertir.
Dans un instant comme je le disais, nous sommes invités à communier au corps du Christ. Chacun de nous reçoit une hostie. Je vous invite tous à méditer que dans cette hostie toutes la chair du Christ y est contenue. Et nous devons comprendre que celui ou celle qui me précède ou me suit communie au même pain. Nous devons réaliser que cette communion n'est pas seulement une communion personnelle au Christ mais que nous tous de cette assemblée sommes incorporés au Christ de la même manière et qu'un lien fraternelle se noue entre nous.
Mieux encore, ce grand mouvement dépasse les murs de cette église. Tous les chrétiens qui dans un élan de foi tendent leur main pour recevoir le pain sont du Christ quand ils mangent sa chair.
Plus large encore, les hommes qui tendent leur main pour un euro à la sortie de l'église doivent se sentir appelés dans ce mouvement par notre attitude.
Toute femme et tout homme qui aspirent à la vie éternelle doit se sentir acceptés dans cet appel.
Nous communions au Christ pour nos frères chrétiens d'orient qui ne peuvent célébrer la messe. Nous communions au Christ pour celui qui n'a jamais reçu l'Evangile. Nous communions au Christ pour nos frères musulmans qui veulent la paix. Nous communions au Christ pour les hommes de bonne volonté et pour ceux que le péché défigure.
En fait nous communions pour le salut du monde, ainsi la question : "Serons-nous sauvés ou serai-je sauvé ? " trouve sa réponse, c'est ensemble que nous aurons la vie éternelle.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
     dans la terre des vivants.

Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

Qu'il vienne à moi et qu'il boive / Jn 7 37-39 / L'homélie des vigiles de Pentecôte 2017

"Si quelqu’un a soif, qu’il vienne a moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi !
... De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. "

Pourquoi sommes-nous venus ce soir ? à la tombée du jour....
Parce que nous avons soif.
Parce que sans même le savoir, nous sommes assoiffés de Lui.
(...)
Pourquoi fallait-il que cette nuit réponde à celle de Pâques ?
Parce qu'au matin de Pâques, le monde a changé, un tombeau est vide. Et ce tombeau vide bouleverse pour toujours l'ordre du monde, renverse pour toujours le cours de nos vies.
Demain matin, la venue de l'Esprit nous fait aussi entrer dans un monde nouveau.
C'est un nouveau temps qui commence.... nous rentrons dans le temps ordinaire...
Mais avec le Christ, il n'existe pas de temps ordinaire !
Notre temps ordinaire, c'est le temps de l'Esprit ! C'est le temps de l'Eglise !
C'est le temps où coule le fleuve d'eau vive...
(...)
Le mot Esprit dit "souffle", pneuma...
Un souffle saint, un souffle de sainteté, un Esprit Saint...

Alors si nous sommes sous le temps de l'Esprit saint, il va falloir nous interroger sur la qualité du
souffle dans lequel nous vivons...
Vous savez, on mesure désormais l'indice de qualité de l'air,
quel est notre indice de qualité d'Esprit !?
Il se pourrait après examen que nous déchantions un peu... il se pourrait que nous reconnaissions que bien souvent notre souffle ordinaire, c'est plutôt le mauvais esprit...
On le connaît bien le mauvais esprit, c'est celui du monde.
L'esprit des cancans, des murmures, de certains mails assassins,
l'esprit de la plainte, de l'envie, de l'amertume, de la zizanie et de la division,
l'esprit de Tristesse.
Cet esprit là, on connaît, on le respire tous.
Le problème c'est qu'il nous assèche, qu'il nous dessèche, que jamais il ne répond à notre soif.
  
Si quelqu'un à soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive.
Dans cette nuit reconnaissons que nous crevons de soif, que nous avons assez bu du mauvais esprit, que nous aspirons à nous plonger dans le fleuve qui coule du cœur ouvert du Christ.
C'est un Esprit créateur qui vient nous visiter, nous l'avons chanté, il fait donc de nous des créations nouvelles, c'est à dire des créations que nous ignorons !
Nul n'échappe à sa force vive,
il peut faire d'un enfant un prophète,
il peut dilater de sa paix et de sa Joie de vieux poumons de 96 ans !

C'est lui l'Esprit qui nous révèle le Fils, c'est lui l'Esprit qui nous fait dire "Père", si nous prions, c'est parce que c'est lui l'Esprit qui prie en nous, si nous aimons, saintement, c'est par ce que c'est lui qui baigne nos amours !

Cessons de résister à la Joie, cessons de refuser l’émerveillement du matin de Pâques. Allons boire à la source, laissons faire l'Esprit, le Saint,
laissons-le respirer dans nos respirations,
souffler dans nos souffles.

Il est notre ordinaire,
insaisissable comme un souffle, puissant comme un fleuve,
il nous rend libres,
il nous donne la vie, ne la refusons pas.

╬ Amen
Sylvain, diacre

Je suis le chemin, la vérité et la vie / Jn 14 1-12 / Une homélie

Jésus n'est pas trois choses différentes, Jésus est le chemin, et la Vérité, et la vie.
Qu'est-ce qui se passe si l'on prend ces trois éléments comme inséparables, comme liés entre eux dans le Christ ?
(...)
Le chemin, c'est la vérité et c'est la vie
C'est quoi un chemin ?
- Le chemin c'est le lieu du passage, du mouvement, de la dynamique.
On ne reste pas immobile au milieu du chemin, en tout cas il n'est pas fait pour ça.
- Le chemin, c'est l'entre deux lieux, et pourtant, il n'y a pas forcément un point de départ et un point d'arrivée. Vous avez peut-être l'expérience de ces chemins de montagne qui passent, qui se déplient, qui se déroulent sans qu'on sache vraiment le début du chemin ni sa fin. Nous qui marchons dessus, nous déciderons de notre point de départ et de notre but à atteindre, mais le chemin lui, continuera sans nous à tracer sa ligne, à s'avancer vers un autre but. Le chemin n'est pas comme un fil à linge tendu entre deux piquets, avec un début et une fin.
Il se déploie comme il l'entend, il rejoint des points que bien souvent on ignore.

- Le chemin, c'est donc le lieu de l'itinérance, il n'existe que pour le mouvement, que pour le déplacement.
Je suis le chemin la vérité et la vie.
Sommes-nous sur le chemin ?
cherchons-nous le chemin ?

Le monde ne cesse de nous répéter qu'une vie réussie, c'est une vie libérée du chemin.
Une vie qui sait où elle est, une vie plantée, une vie stable, ferme, enracinée.
Voilà nous dit-on où trouver l'équilibre et la sécurité.
Dans l'immobilité.
Il n'est pas difficile de trouver tout ce qui nous éloigne du chemin :
Les racines, les fondations, mais aussi les certitudes, les faux savoirs...
Si le chemin est vérité et vie, il se pourrait donc que tout ce qui n'est pas chemin soit mensonge et mort.

Le lieu du Christ, celui qu'il nous révèle "pour que là où je suis, vous soyez", le lieu où nous sommes avec Lui, c'est le lieu du mouvement, c'est le lieu du passage.
Quand nous nous croyons enfin arrivés, enfin immobiles, c'est mensonge et mort.

Tout ça ne veut pas dire qu'il nous faut vendre nos maisons pour acheter des roulottes, renier nos familles et changer de paroisse tous les dimanches !
Il s'agit de notre vie avec le Christ, de notre lien avec lui.

Est-ce qu'il nous fait encore bouger ?
est-ce que nous avons encore le désir de marcher avec lui ?
Est-ce que nous aspirons à ne jamais cesser de marcher avec lui ?
(...)
Le chemin, il va vers le Père.
(...) mais le Père est dans le Fils comme le Fils est dans le Père.
Le lieu du Père c'est là où se tient le Fils.
Si le Fils est le chemin, si ce chemin, c'est la vérité et la vie, le père se tient aussi sur le chemin.
Notre lieu préparé par le Christ pour être là où il est et demeurer chez le Père, ce lieu là, ce n'est pas une place de parking, ce n'est pas une case dans un clapier, ce lieu c'est encore le chemin.
- Un chemin qui n'a pas d'autre but que lui-même.
- Un chemin qui n'a pas de ligne d'arrivée.
Nous voyons notre mort comme la fin de tout mouvement, comme le jouet dont on retire les piles, comme la fin du voyage.
La vie avec le Christ, c'est le chemin qui ne s'arrête pas.
Le chemin, c'est la vie, la vie en vérité, la vérité de la vie.

Vous vous souvenez comment sont nommés les chrétiens dans les Actes des apôtres :
les adeptes de la voie.

Puissions-nous ne jamais oublier que nous sommes du chemin parce que nous sommes au Christ.


Amen Alléluia
Sylvain diacre