« Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à
manger ? »
« Comment celui-là peut-il nous donner sa
chair à manger ? » La question ne serait-elle pas plutôt
comment pouvons-nous manger de la chair humaine ?
Mais dans cette manière de poser la question se cache une
vraie interrogation : "Comment Jésus peut-il donner réellement sa vie
?" "Comment peut-il nous donner sa vie pour que nous vivions ?"
Et de là bien d'autres questions, "avons-nous besoin de
manger la chair du Christ pour vivre ? "Mais pourquoi Jésus voudrait-il que
nous vivions, vivants ne le sommes-nous pas ?" "Serons-nous sauvés ou
serai-je sauvé ? "
Tentons d'y voir plus clair dans ce texte.
A la première question : « Comment celui-là peut-il
nous donner sa chair à manger ? », nous avons une réponse
facile car nous sommes plutôt habitués à recevoir le corps du Christ dans le
pain.
Nous communions au
corps du Christ sous la forme et l'apparence d'un petit pain rond.
Mais les contemporains de Jésus qui entendent ces mots ont
de quoi être scandalisés. Ils interprètent certainement le contraire, ils se
sentent invités à consommer du pain sous la forme de la chair. Et pour être
précis, le terme dans le texte grec d'origine pour la chair est le mot "viande".
Et pourtant, nous qui sommes accoutumés à consommer la chair
du Christ dans un bout de pain, nous devrions nous aussi nous scandaliser à
l'écoute de cette parole, nous devrions être bousculés par ces paroles. Car
nous aussi, nous sommes invités à consommer la chair du Christ à cet autel dans
quelques instants.
Et notre chair va se mêler à celle du Christ et la sienne à
la nôtre, accomplissant ainsi la parole : " Celui qui mange ma chair et boit
mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui."
Est-ce si facile à accepter que notre ADN soit enrichi de
celui dont la parole c'est fait chair ? Est-ce si facile d'accepter de perdre un peu de notre identité pour être
englober dans un corps qui nous dépasse ?
"Comment Jésus peut-il donner réellement sa vie ?"
"Comment peut-il nous donner sa vie pour nous vivions ?"
Jésus annonce un peu mystérieusement que sa vie vraiment il
va la donner, il va la donner sur la croix. Sur la croix, il trouve la force de
se tourner vers le Père parce que le Père demeure en lui et lui dans le Père.
Jésus qui est pleinement Christ, lui le ressuscité, lui le vivant,
est la révélation que nous sommes appelés à vivre en Dieu. Notre destinée,
notre perspective, c'est d'être incorporé pleinement au corps du Christ. Notre
chair sera dans la chair du Christ.
Rappelons-nous le prologue de l'Evangile de Jean : "Et le
Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la
gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité."
Jésus, la parole incarnée s'est adressée aux hommes. Cette
parole a touché la chair de ceux qui l'entendaient. Il y avait de
l'acceptation, il y avait du refus, mais dans tous les cas, la chair était
touchée.
Jésus, la parole incarnée s'adresse aux hommes. Cette parole
touche encore aujourd'hui la chair de ceux qui l'entendent. Il y a de
l'acceptation, il y a du refus, mais dans tous les cas, la chair est touchée.
C'est dans le parcours du Christ qui va de l'incarnation à
la résurrection que nous sommes appelés à nous convertir.
Dans un instant comme je le disais, nous sommes invités à
communier au corps du Christ. Chacun de nous reçoit une hostie. Je vous invite
tous à méditer que dans cette hostie toutes la chair du Christ y est contenue. Et
nous devons comprendre que celui ou celle qui me précède ou me suit communie au
même pain. Nous devons réaliser que cette communion n'est pas seulement une
communion personnelle au Christ mais que nous tous de cette assemblée sommes
incorporés au Christ de la même manière et qu'un lien fraternelle se noue entre
nous.
Mieux encore, ce grand mouvement dépasse les murs de cette
église. Tous les chrétiens qui dans un élan de foi tendent leur main pour
recevoir le pain sont du Christ quand ils mangent sa chair.
Plus large encore, les hommes qui tendent leur main pour un
euro à la sortie de l'église doivent se sentir appelés dans ce mouvement par
notre attitude.
Toute femme et tout homme qui aspirent à la vie éternelle
doit se sentir acceptés dans cet appel.
Nous communions au Christ pour nos frères chrétiens d'orient
qui ne peuvent célébrer la messe. Nous communions au Christ pour celui qui n'a
jamais reçu l'Evangile. Nous communions au Christ pour nos frères musulmans qui
veulent la paix. Nous communions au Christ pour les hommes de bonne volonté et
pour ceux que le péché défigure.
En fait nous communions pour le salut du monde, ainsi la
question : "Serons-nous sauvés ou serai-je sauvé ? " trouve sa
réponse, c'est ensemble que nous aurons la vie éternelle.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
Amen !
Dominique Bourgoin,
diacre.
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