Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements / Luc 2 42-52 / une homélie

Ce dimanche, c’est la fête de la Sainte Famille c’est la fête des familles.

A Noël, nous célébrons le Dieu qui se fait homme, Celui qui vient habiter parmi nous. Noël c’est la fête de l’incarnation, nous fêtons ce moment extraordinaire où le Fils de Dieu a pris chair.

Alors l’Evangile de ce dimanche nous invite à suivre une famille pour un événement familial, le pèlerinage à Jérusalem. Comme dans toutes les familles, des habitudes s’installent. En l’occurrence, les parents accordent une grande liberté à leur fils Jésus. Il semble qu’il puisse gambader à loisir avec ses amis. La scène précise que Jésus a alors douze ans. La période de l’adolescence pendant laquelle s’affirme le caractère de chacun et se revendique d’avantage de liberté.

Jésus, Fils de Dieu, grandit comme n’importe quel enfant. Son éducation s’inscrit dans la culture et la foi de son milieu.

La sainte famille, une famille bien ordinaire somme toute. Comme si la naissance extraordinaire de l’enfant était oubliée. Comme si les prophéties prononcées sur l’enfant lors de sa présentation au temple s’étaient enfouies au plus profond de leur mémoire. C’est peut-être tout simplement, l’expression du désir de cette famille d’être une famille comme les autres.

La sainte famille, qui nous est proposée en modèle ce dimanche dans l’Evangile de Luc, veut être une famille qui ne se distingue en rien. Et pourtant, voilà que, comme à la naissance, comme à la présentation au temple, le cours tranquille de l’histoire de cette famille achoppe.

Le fils s’émancipe et les parents s’affolent. En cela rien d’extraordinaire. Des parents qui perdent leur enfant cela arrive. Je dois avouer avoir perdu notre fille cadette à la foire de Bordeaux. Je comprends très bien l’affolement des parents. Cela ravive combien nous avons été pris aux entrailles sa mère et moi. Les parents vont chercher leur enfant pendant trois jours avant de le retrouver.

Là où cela trébuche par rapport au schéma d’une famille ordinaire c’est le lieu où les parents retrouvent leur Fils. Nous concernant, nous n’avons pas retrouvé notre fille en conversation savante avec des adultes.

Marie et Joseph retrouvent leur enfant en conversation avec les docteurs de la loi au temple.

Après les reproches des parents et la justification de Jésus, l’Evangile nous dit : « Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. »

Cet événement inscrit dans le cœur de Marie, la singularité de son fils, comme l’ont fait en leurs temps la naissance de Jésus et la présentation au temple. Marie et certainement Joseph aussi découvrent peu-à-peu l’action forte de l’Esprit-Saint dans leur enfant.

Jésus est élevé simplement certes, mais il se nourrit de la présence de son Père en lui pour le faire grandir vers l’accomplissement de sa mission.

Que nous enseigne aujourd’hui cet épisode de la vie de la sainte famille ?

L’Evangile nous invite à discerner dans l’ordinaire de nos vies combien l’action de l’Esprit-saint fait grandir en nous la présence de Dieu.

Chacun est invité à relire l’histoire de sa famille pour y découvrir les jalons que pose le Seigneur sur son chemin. Il travaille au cœur de toutes les familles, des plus conventionnelles aux plus originales pour faire connaître sa présence et son action.

La famille est la première cellule d’Eglise où se forge la foi.

C’est ainsi que peu à peu nous saisissons le mystère de Jésus. Sans que nous sachions comment, l’Esprit fait habiter le Christ en nos cœurs.

Parents, grands-parents ne désespérons jamais de la foi de nos enfants et de nos petits-enfants. Nous savons que l’Esprit est à l’œuvre. Souvenons-nous de l’étonnement de Marie et Joseph lorsqu’ils retrouvent leur fils.

Bien-aimés,
    voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfants de Dieu
– et nous le sommes.

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

Le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous

Lors de la messe du jour de Noël, nous avons écouté le prologue de Jean (1, 1-18). Ce texte nous invite à réfléchir sur la nature de la Paix, à travers la lumière de la parole divine. La Parole est présentée comme l’origine de tout, incarnant la vie et la lumière qui brille dans les ténèbres. Cette lumière, bien que présente dans le monde, n’est pas toujours reconnue, révélant la lutte entre l’obscurité et l’illumination spirituelle.

La paix, telle que la décrit l’Évangile de Jean, émane de la reconnaissance de cette lumière. Elle est un don qui se manifeste par l’accueil de la vérité divine dans nos vies. Dans un contexte où les ténèbres semblent souvent dominer, le passage nous rappelle que la paix est accessible à ceux et celles qui ouvrent leur cœur à la parole et à l’amour de Dieu.

Jean-Baptiste, témoin de la lumière, nous rappelle l’importance de rendre témoignage à la vérité. Quand la méfiance et le sectarisme règnent souvent, l’appel à être des témoins de la paix devient vital. Chaque acte de solidarité, chaque geste de compréhension est une manifestation de la lumière divine qui cherche à se répandre. Le texte souligne que la véritable lumière éclaire tout homme, sans distinction, ce qui nous rappelle l’universalité du message de la paix. L’incarnation de la Parole, qui a habité parmi nous, nous montre que la paix n’est pas un concept lointain, mais une réalité que nous pouvons vivre ici et maintenant. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à incarner cette paix dans nos interactions quotidiennes, à transcender les divisions et à construire un avenir où chaque individu est reconnu comme enfant de Dieu.

La promesse de devenir Enfants de Dieu, nous offre un nouveau départ, une chance de bâtir des relations basées sur l’amour et la compréhension. En somme, à la lumière de cet Évangile, nous sommes appelés à embrasser la lumière qui éclaire nos vies et à la partager dans notre monde.

Que les vœux que nous allons formuler cette semaine soient inspirés de cette Paix.

Valérie DUPRAT
D’après Pax Christi 2024

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière / Nuit de Noël / Une homélie


Nous célébrons la nuit sainte où le ciel a rejoint la terre par cette Bonne Nouvelle annoncée par l’ange :
« Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur, il est le Messie, le Seigneur. » ( Luc)
Cet événement s’est passé il y a plus de 2000 ans en un lieu précis de la terre, terre à l’époque sous domination romaine, à une dizaine de kilomètres de Jérusalem, en Palestine, à Bethléem.
Aujourd’hui pour atteindre la basilique de la nativité au centre de cette ville, il faut d’abord traverser un point de contrôle percé dans un énorme mur de 15 metres de haut.
En face de la basilique le minaret d’une mosquée. Nous sommes sur la place de la « mangeoire » lieu de rencontre ordinaire des croyants, des citoyens palestiniens, et des pèlerins par « temps calme » !
Un peu à l’écart, hors de la ville, sur une colline se situe le champs des bergers, sous le regard d’une citadelle hautement protégée (une colonie de l’état voisin). A cet endroit un petit sanctuaire perpétue le message des anges et leur chant

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux , et paix sur la terre aux hommes qu’il aime »

Cette Parole joyeuse et rassurante me paraît cependant peu réaliste en ce soir lumineux.
Le journal la croix titre ces jours-ci :
« Noël sous le signe de l’inquiétude et de l’épuisement à Bethléem » comme dans bien des endroits de la planète. Cette affirmation n’est guère en harmonie avec le message de cette nuit « Paix sur la terre aux hommes qu il aime ». Il arrive en effet que la Parole de Dieu vienne nous surprendre voire même nous déranger

Mais rien ne peut arrêter la promesse faite aux humains.

L’enfant de la mangeoire que nous vénérons ce soir, comme tout bébé, ne parle pas encore, mais déjà il est PAROLE Il est  « le,Verbe fait chair » ; et « il a habité parmi nous » (Jean) Il n’y avait pas de place pour lui dans la salle commune. Peu de place dans notre société ! Mais IL EST PARMI NOUS. Il est EN NOUS. Et cela nous oblige.
Jean le Baptiste l’annonce comme celui qui nous baptise dans l’Esprit Saint.
Son Esprit nous habite et il a besoin de chacun de nous, non dans l’agitation mais dans le silence de nos cœurs, là où se forment les chemins de l’amour.

Demeure une question !
La même que les foules posaient à Jean au bord du Jourdain.
QUE DEVONS NOUS FAIRE ? Ou même « QUE POUVONS NOUS FAIRE ? »

Je pense que nous devons le laisser faire. Quelles que soient nos difficultés, nos doutes et nos craintes, devant les tribulations de notre temps, celles du monde, celles de l’Église, laissons le Seigneur brûler la paille qui est en nous, non pas au feu de l’enfer, mais au feu qui purifie, celui de l’Esprit Saint. Il restera le meilleur :
Laissons-le nous délester de ce qui alourdit nos relations, nos dialogues et nos décisions, tout comme nos opinions. Il vient nous libérer de ce qui empêche que nos partages soient sans arrière-pensées , sans mensonge, sans exclusion, sans complotisme etc pour que nous construisions là où nous vivons une véritable fraternité humaine.
« La misère et la guerre sont l’oeuvre des hommes, seuls les hommes peuvent les détruire » ( Joseph Wresinki , fondateur de ATD- quart monde )

Si Aujourd’hui nous chantons « Il est né le divin enfant » Il nous faut à présent continuer à suivre Jésus pour proclamer un jour « Il est ressuscité, il est vraiment ressuscité. »
Par l’Eucharistie que nous allons vivre ensemble nous entrons déjà dans le mystère pascal comme à chaque messe. C’est un sacrement de communion. Comment alors ne pas penser à tous ceux qui en ce moment sont dans les ténèbres à travers le monde. Les sinistrés (MAYOTTE) les exilés, ceux qui sont opprimés par la violence, la haine. Les femmes, les hommes, les enfants dans la rue. Aussi les malades, les détenus, les personnes seules. (liste non exhaustive ...)

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre une lumière a resplendi » (Isaie 9)

Robert Zimmermann , diacre

Un nouveau-né emmailloté, couché dans une mangeoire / Luc 2-12


 Dans ce récit de Nativité dans l’évangile selon saint Luc, cette expression est répétée trois fois. Que nous révèle-t-elle ? C’est d’abord l’action de Marie, (v 7) puis l’annonce de l’ange aux bergers (v 12) puis ce que voient les bergers venus voir ce signe annoncé (v 16). En quoi ce signe donne à comprendre quelque chose de nouveau annonçant un sauveur ?

    ‘Un nouveau-né’, un tout petit bébé de quelques heures. Il n’a pas de nom. Il est seulement emmailloté. S’il est ainsi emmailloté c’est qu’il a été accueilli, apaisé, lavé, nourri, après ce moment inaugural de l’accouchement. Cette sortie des eaux maternelles qui fait entrer dans ce monde baigné de souffle.

    Le voici ‘emmailloté’, à la manière de l’époque, selon la tradition et la manière du pays qui l’accueille. Tradition que Marie a reçue de sa propre mère et cela de-puis des générations. Ce bébé est né dans une histoire et un pays très particulier. Petit pays au centre de fractures tectoniques et au carrefour de nations diverses : au sud, le désert, porte vers le continent africain, à l’Est les pays de l’Asie, au Nord les routes vers l’Europe et à l’ouest, la mer Méditerranée. Mais ce pays aussi est le lieu où cohabitent et s’affrontent des peuples aux multiples dieux et idoles et le peuple qui l’accueille, lui qui prie un dieu unique, « El », créateur de l’univers, le Dieu d’Abraham, Isaac et de Jacob.

‘Nouveau-né’, tu n’as pas encore de nom. C’est au huitième jour, le jour de ta circoncision que tu recevras ce nom annoncé par un ange à Joseph dans un rêve (Mt 1,21) et à Marie (Lc 1,31). Ce nom Jésus : ‘Dieu sauve’. Ce nom qui manifeste la présence de Dieu en toi, un Dieu qui agit pour sauver. Travail de guérison, de libération que tu auras à cœur de mettre à l’œuvre par tes paroles et par des mains, travail de pardon, de rédemption : chemin de résurrections.
    Nouveau-né, te voilà emmailloté, revêtu de tendresse et de culture, entrée dans l’histoire et dans le temps.
‘Couché dans une mangeoire’. Tu n’es pas donné à voir dans les bras de ta mère, mais à distance, couché. Marie ou Joseph ne te retiennent pas. Bien sûr, ils prennent soin de toi mais ne te gardent pas pour eux : ils te donnent au monde. Ils ont intégré ce qui a été révélé à Abraham sur la montagne lors du sacrifice d’Isaac. (Gn 22, 1-19)
 ‘Couché’ : Vivant et déjà dans cette position de ceux qui sont morts. Dans les icônes et les tableaux qui représentent ce moment, tu es emmailloté à la façon dont les morts le sont : entourés de bandelettes, comme les momies. Ce que l’Évangile veut nous faire entendre n’est pas seulement un évènement original d’un couple en voyage aux prises avec les vicissitudes de l’actualité mais une bonne nouvelle, celle du salut que ta naissance inaugure : mort et vie qui s’entremêlent, qui se disent dans un même élan. Couché pour un relèvement, endormi pour un réveil, mort pour la résurrection.
‘Dans une mangeoire’ : cela peut paraître étrange même si l’explication qui suit nous fait entendre le lieu où tes parents se trouvent. Un lieu pour les animaux de ferme. Une mangeoire fait ton berceau. Et c’est ainsi que nous te voyons dans les crèches de nos maisons et de nos églises, entouré d’un bœuf et d’un âne et de quelques moutons des bergers venus te voir. L’évangile ne parlent pas d’eux mais nous les imaginons volontiers comme le prophète Isaïe, figures du peuple d’Israël et des païens (Is 1,3). Car il s’agit bien ici de nourriture. Te voilà couché dans un lieu où l’on mange comme si c’était toi-même, déjà, la nourriture (Jn 6,55).
‘Couché dans une mangeoire’, te voilà décrit dans le sommeil de la mort et comme nourriture pour ton peuple et pour la multitude.
‘Un nouveau-né, emmailloté, couché dans une mangeoire’, en quelques mots, toute une théologie se déploie : c’est le signe donné à voir aux bergers, humbles représentant de ce peuple sans terre, peuple de veilleurs dans la nuit, peuple de marcheurs au rythme des troupeaux, des agneaux et des brebis qui allaitent, au rythme des enfants, des plus fragiles comme Jacob (Gn 33, 13-14). Jacob qui reçut de l’ange de Dieu ce nouveau nom ‘Israël’ et qui désormais boitera, blessé à la hanche.
Contemplons dans la prière ce moment de Noël d’un ‘nouveau-né, emmailloté, couché dans une mangeoire’. Il nous parle de naissance, de parentalité, de vie et de mort, de souffrance et de joie, de foi et d’espérance, de salut et de rédemption, d’eucharistie et d’humble chemin en présence de Dieu (Mi 6,8).

Vincent GARROS
Noël 2024

 

Visitation, fête de l'Esprit / Luc 1 39-45 / Une homélie


    Voici que le temps de l’Avent touche à sa fin.
    Deux jours encore et dans la nuit de mardi, Jésus va naître, et cette naissance va faire du bruit. Le grand chœur des anges va se déchaîner, le grand orchestre du ciel va faire éclater son Gloria. Dans l’étable de Nazareth, une femme va crier dans les douleurs de l’enfantement. Et dans la mangeoire, un enfant criera, parce que c’est dans un cri que tout homme entre dans la vie.

    Mais aujourd’hui, c’est la fête du silence
    Avant les cris et les chants de Noël, nous assistons à un miracle de silence. "L’essentiel est dérobé aux yeux et passe par les voix, les voix qui font sursauter l’intime dans l’invisible. C’est un éclair de l’Esprit entre deux présences, deux vies cachées, dans les ventres clos d’une femme stérile et d’une vierge"*.
    En attendant que le Verbe vienne dans la chair, c’est l’Esprit qui est à la manœuvre.

    Deux femmes se saluent et deux enfants à naître tressaillent dans l’Esprit.
- L’ange l’avait dit à Marie :  « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi ce qui va naître sera saint ». Marie sait donc que l’Esprit est à l’œuvre en sa chair. Elle sait que ce qui vient est le fruit du souffle et du feu.
- L’ange l’avait dit au père de Jean « il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère » et voilà qu’Élisabeth elle-même est remplie d’Esprit Saint.

    Résumons : une femme sous l’Esprit porte en son ventre le fruit de l’Esprit, et elle visite une autre femme remplie de l’Esprit qui porte en son ventre un enfant comblé d’Esprit.

    On l’oublie bien souvent, l’Esprit saint… C’est pourtant l’acteur majeur de cette naissance. Sa fonction, c’est peut-être de donner du poids à la moindre parole. Lui qui est souffle, il se saisit du moindre mot, de la salutation la plus banale, et il lui donne le poids d’une vie nouvelle. Il fait tressaillir toute chair. Il contamine toute chair de sa Joie. La salutation touche l’oreille, l’enfant trésaille, la mère trésaille du tressaillement de l’enfant, et Marie exulte de joie.

    « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
        Première béatitude !

    Qui est-elle cette femme qui a cru ? Est-ce Marie ? Est-ce Elisabeth ?
    Les deux ont reçu des paroles de la part du Seigneur… et, dans l’Esprit, elles y ont cru… et les voilà heureuses.

    Mais nous avons tous reçu des paroles de la part du Seigneur !
    Nous avons tous reçu la visite des anges !
    Le Seigneur a parlé à chacun de nous… dans le secret… dans le silence de l’Esprit. Chacun de nous a entendu « celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour ». Chacun de nous a entendu « Eveille-toi toi qui dors, réveille-toi d’entre les morts »
    Alors comment se fait-il que nous soyons si lents à tressaillir ?
    Pourquoi sommes-nous si réticents à croire à l’accomplissement des paroles qui nous furent dites de la part du Seigneur ?
    Quand allons-nous enfin nous laisser faire par l’Esprit ?
    Quand allons-nous consentir à la Joie ?

    L’enfant qui tressaille au creux du ventre d’Elisabeth, il ne cesse de tressaillir au plus profond de chacun de nous. Ce n’est pas une question de femme, c’est une question d’enfantement. Il s’agit du travail conjoint de la Parole et de l’Esprit pour faire advenir en chacun de nous, cette vie nouvelle qui ne meurt pas. Faire advenir en nous, le Fils. Il s’agit de croire à l’accomplissement de cette Parole. Il s’agit de sentir au creux de nos entrailles stériles la vie de l’Esprit qui vient.
    Noël n’est peut-être rien d’autre que cela.

Amen
Sylvain diacre
*Jean-Luc Nancy "Visitation"

Catéchumènes

Ce week-end, lors des célébrations, notre communauté aura la joie d’accueillir les nouveaux ’catéchumènes : 19 enfants et jeunes, samedi et 6 adultes, dimanche. C’est une première étape liturgique vers le baptême. Ce baptême qu’ils demandent de recevoir dans ce temps où notre monde se trouve pris dans de multiples tensions. Le baptême, comme une plongée dans une vie nouvelle, vient inaugurer des liens nouveaux. Des liens avec Dieu, des liens avec l’Église. Des liens mystérieux aussi entre les catéchumènes, comme une fraternité qui se dessine, qui prépare l’avenir.

    Le Concile Vatican II a souhaité que soient déployés en petites célébrations les différents gestes du baptême. Les catéchumènes ont ainsi la possibilité de s’approprier chacun de ces gestes et d’y réfléchir dans son groupe d’accompagnement : éveil à la foi, catéchèse, aumônerie ou groupe de catéchuménat. Mais c’est aussi pour l’assemblée présente la possibilité de mieux les con-naître, eux et leur famille, de s’engager aussi en les accompagnant ne serait-ce que dans la prière. 

    Ce jour, c’est leur entrée officielle dans l’Église avec la remise du ‘signe de la croix’. Puis les gestes de l’Ephphata et de l’imposition des mains pour faire l’expérience sacramentelle de la sollicitude de l’Esprit de Dieu et de l’Église pour eux. 

    Ces catéchumènes ont été rejoints par Dieu et se sont mis en route à la recherche de Celui qui est venu marcher sur les routes humaines, de Celui qui nous a révélé un Dieu qui est Père : Jésus, de Nazareth, le fils du charpentier. 

    D’autres étapes seront célébrées d’ici la fête de Pâques autour des Écritures et du pardon. La Parole de Dieu a pris chair en notre humanité, nous le fêterons à Noël. Que cette Parole divine s’incarne en chacun et chacune de ces catéchumènes afin de grandir et porter des fruits : pardon, paix, joie et Espérance. Qu’il en soit ainsi pour chacun et chacune d’entre nous.

Vincent GARROS

Es-tu le roi des Juifs ? / Jn 18 33-37 / Une homélie

« Es-tu le roi des Juifs ? » De la part de Pilate, la question est surprenante car, lorsque les accusateurs de Jésus ont présenté leur requête, ils ont simplement dit qu’il s’agissait d’un malfaiteur qu’ils confiaient à sa justice.

Que veut nous dire l’Evangile de ce dimanche, fête du Christ Roi ?

Dans cette simple question, je propose que nous découvrions en quoi le Christ est roi.

Pilate, dans sa question, montre toute sa gêne. Doit-il condamner ce malfaiteur ? Il se pose en vérité la question. Il ne voit pas de raison factuelle pour condamner l’homme que les autorités religieuses juives lui présentent.

Alors, imaginons que Pilate cherche un élément qui justifierait une comparution devant sa juridiction. Pour cela Pilate plonge son regard dans le regard de Jésus. A cet instant, dans cet échange de regard, rien ne peut se dérouler comme à l’accoutumé.

Pilate doit recevoir régulièrement des malfaiteurs. Pilate est un homme de pouvoir qui sait juger les hommes. Il est tellement aguerri qu’un seul coup d’œil suffit pour jauger celui qu’il a en face de lui.

Mais devant Jésus, Pilate est troublé. Il ne lit pas de fausseté dans les yeux de l’homme qui lui fait face. Il y voit plutôt la justice. La justice c’est un des principaux pouvoirs détenus par le roi. Et le pouvoir de justice que discerne Pilate, dans le regard de Jésus, est au-delà de ce qu’il connait. La justice de Jésus est ajustée à son Père.

Alors Pilate se raccroche à sa fonction de préfet de Judée. L’homme qu’il jauge est puissant dans son attitude. Pilate lui pose la question : « Es-tu le roi des Juifs ? » Le seul fait qui puisse le mettre en danger en s’attaquant au pouvoir de l’empereur.

Jésus ne répond pas à la question. Il ne revendique aucune position. Il répond par une autre question : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »

Jésus pousse Pilate dans ses retranchements. La question que pose Jésus aurait pu déclencher la colère de Pilate. Plus explicitement la question aurait pu être : « Me reconnais-tu comme roi ? » et pour la suite de la question, Jésus sait que ses accusateurs ne l’ont pas encore présenté comme tel. Il était là. Les autorités juives présenteront l’accusation, que Jésus s’est prétendu fils de Dieu, après que Pilate ait voulu le relâcher.

Me reconnais-tu comme roi ? Certainement que le cœur de Pilate a été saisi. Qui de nous ne le serait pas en croisant le regard de Jésus ?

    Jésus a levé le regard sur la femme infidèle et il l’a pardonnée.

    Jésus a levé les yeux sur Zachée alors qu’il était juché dans un figuier, sa vie en a été bouleversée.

    Jésus a levé les yeux sur le jeune homme riche et il l’aima.

Et nous-même n’avons-nous jamais senti Jésus lever les yeux sur nous en recevant le sacrement de réconciliation ?

N’avons-nous jamais senti Jésus lever les yeux sur nous quand nous avons essayé d’approfondir ce texte de la Bible qui nous bouscule ?

N’avons-nous jamais senti Jésus lever les yeux sur nous quand notre prière s’était dépouillée de toutes considération du monde ?

Pilate est troublé mais il reste prisonnier de sa fonction, il se défend de tout cela.

Et curieusement, Pilate va accepter l’explication de Jésus qui va suivre : « Ma royauté n’est pas de ce monde. » et Pilate de reconnaître le Christ-Roi dans la question qui est en fait une affirmation : « Alors, tu es roi ? »

À cet instant, Pilate a expérimenté le royaume de Dieu. Cet homme, qu’on dit froid et autoritaire, a été touché par le regard de Jésus. Il a connu l’amour de Dieu dans cette joute verbale. Il est à ce point retourné que dans la suite de l’Evangile de Jean, il ressort à la rencontre des accusateurs de jésus et leur dit : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. »

Pilate a reconnu en Jésus un roi au service de son peuple, un roi qui rend la justice avec miséricorde.

Et nous en ce dimanche du Christ-Roi reconnaissons-le et acceptons qu’il nous fait participer à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi le jour de notre baptême.

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.