« Es-tu
le roi des Juifs ? » De la part de Pilate, la
question est surprenante car, lorsque les accusateurs de Jésus ont
présenté leur requête, ils ont simplement dit qu’il s’agissait
d’un malfaiteur qu’ils confiaient à sa justice.
Que veut nous dire l’Evangile de ce dimanche, fête du Christ Roi ?
Dans
cette simple question, je propose que nous découvrions en quoi le
Christ est roi.
Pilate,
dans sa question, montre toute sa gêne. Doit-il condamner ce
malfaiteur ? Il se pose en vérité la question. Il ne voit pas
de raison factuelle pour condamner l’homme que les autorités
religieuses juives lui présentent.
Alors,
imaginons que Pilate cherche un élément qui justifierait une
comparution devant sa juridiction. Pour cela Pilate plonge son regard
dans le regard de Jésus. A cet instant, dans cet échange de regard,
rien ne peut se dérouler comme à l’accoutumé.
Pilate
doit recevoir régulièrement des malfaiteurs. Pilate est un homme de
pouvoir qui sait juger les hommes. Il est tellement aguerri qu’un
seul coup d’œil suffit pour jauger celui qu’il a en face de lui.
Mais
devant Jésus, Pilate est troublé. Il ne lit pas de fausseté dans
les yeux de l’homme qui lui fait face. Il y voit plutôt la
justice. La justice c’est un des principaux pouvoirs détenus par
le roi. Et le pouvoir de justice que discerne Pilate, dans le regard
de Jésus, est au-delà de ce qu’il connait. La justice de Jésus
est ajustée à son Père.
Alors
Pilate se raccroche à sa fonction de préfet de Judée. L’homme
qu’il jauge est puissant dans son attitude. Pilate lui pose la
question : « Es-tu le roi des Juifs ? »
Le seul fait qui puisse le mettre en danger en s’attaquant au
pouvoir de l’empereur.
Jésus
ne répond pas à la question. Il ne revendique aucune position. Il
répond par une autre question : « Dis-tu cela de
toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
Jésus
pousse Pilate dans ses retranchements. La question que pose Jésus
aurait pu déclencher la colère de Pilate. Plus explicitement la
question aurait pu être : « Me reconnais-tu comme roi ? »
et pour la suite de la question, Jésus sait que ses accusateurs ne
l’ont pas encore présenté comme tel. Il était là. Les autorités
juives présenteront l’accusation, que Jésus s’est prétendu
fils de Dieu, après que Pilate ait voulu le relâcher.
Me
reconnais-tu comme roi ? Certainement que le cœur de Pilate a
été saisi. Qui de nous ne le serait pas en croisant le regard de
Jésus ?
Jésus
a levé le regard sur la femme infidèle et il l’a pardonnée.
Jésus
a levé les yeux sur Zachée alors qu’il était juché dans un
figuier, sa vie en a été bouleversée.
Jésus
a levé les yeux sur le jeune homme riche et il l’aima.
Et
nous-même n’avons-nous jamais senti Jésus lever les yeux sur nous
en recevant le sacrement de réconciliation ?
N’avons-nous
jamais senti Jésus lever les yeux sur nous quand nous avons essayé
d’approfondir ce texte de la Bible qui nous bouscule ?
N’avons-nous
jamais senti Jésus lever les yeux sur nous quand notre prière
s’était dépouillée de toutes considération du monde ?
Pilate
est troublé mais il reste prisonnier de sa fonction, il se défend
de tout cela.
Et
curieusement, Pilate va accepter l’explication de Jésus qui va
suivre : « Ma royauté n’est pas de ce monde. »
et Pilate de reconnaître le Christ-Roi dans la question qui est en
fait une affirmation : « Alors, tu es roi ? »
À
cet instant, Pilate a expérimenté le royaume de Dieu. Cet homme,
qu’on dit froid et autoritaire, a été touché par le regard de
Jésus. Il a connu l’amour de Dieu dans cette joute verbale. Il est
à ce point retourné que dans la suite de l’Evangile de Jean, il
ressort à la rencontre des accusateurs de jésus et leur dit :
« Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. »
Pilate
a reconnu en Jésus un roi au service de son peuple, un roi qui rend
la justice avec miséricorde.
Et
nous en ce dimanche du Christ-Roi reconnaissons-le et acceptons qu’il
nous fait participer à sa dignité de prêtre, de prophète et de
roi le jour de notre baptême.
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.