(...)
Pour
entrer dans la vie, il se pourrait que nous ayons besoin de nous
délester de ce qui, en nous, fait chuter le petit qui croit.
Le
grand, le grand croyant, sûr de son coup, sûr de sa foi, sûr
d’avoir raison, sûr d’être du bon côté, celui qui juge les
pratiques différentes comme des pratiques forcément fausses, celui-là n’est
pas concerné.
C’est
le petit qui est en danger, le petit croyant en chacun de nous, celui
qui hésite, qui s’interroge, qui se sent fragile. C’est celui-là
que le Christ s’est choisi. C’est lui qu’il veut protéger de
toute chute.
Pour
entrer dans la vie, la petite part fragile de notre foi peut très
bien avoir besoin que nous abandonnions la main qui saisit sans qu’on
lui donne, la main qui prend au lieu de recevoir. Le pied qui
retourne en arrière, le pied qui écrase au lieu de danser. L’œil
qui juge et qui condamne, l’œil qui se ferme au lieu de pleurer
avec son frère.
Pour
faire entrer dans la vie le petit que nous sommes en vérité dans la
foi, il ne faut pas avoir peur d’être incomplet, qu’importe s’il
manque des morceaux. Il se pourrait même que nul n’entre dans la
vie sans être boiteux, manchot ou borgne. Nul n’entre dans la vie,
dans la vie véritable, sans avoir perdu des plumes, nul n’entre
dans la vie sans blessures. Les complets, les intacts… ceux-là se
dirigent dans un feu…
(...) Ce qui doit me préoccuper, ce n’est pas
l’autre qui ne pense pas comme moi, qui ne célèbre pas comme moi…
c’est celui qui, en moi, bouscule le petit qui veut croire. C’est
ce combat intérieur entre moi et moi-même.
Entre
ce qui en moi s’attache à rester intact et sans perte et le
minuscule qui porte ma foi et qu’une main, un pied ou un œil,
suffit à faire tomber.
Seigneur
garde-nous de cette main desséchée, de ce pied conquérant, de cet
œil orgueilleux. Que mon âme soit en moi comme un enfant, un
petit enfant près de sa mère (ps 130) Un
petit enfant qui entre dans la vie.
╬ Amen
Sylvain
diacre
Merci à vous prêtres, diacres de la paroisse de Gradignan qui osaient dire , qui osaient par vos homélies nous amener à méditer ,réfléchir sur nos comportements d'êtres humains toujours bousculés ,choqués, effrayés par tout ce qui est différents de nous .
RépondreSupprimerMERCI, je me suis réjouie de cette homélie.
Christine
Je trouve que mettre en ligne vos homélies est vraiment une très bonne idée. L'auditeur un peu distrait (ça arrive !) peut ainsi les relire à tête reposée. Il constatera alors pour celle-ci que la réponse formulée dans la note en vert est parfaitement exacte. Puis que l'ensemble de cette homélie riche, libre et originale éclaire bien le texte d'Evangile et le relie à nos vies. Merci et bravo pour tout ça !
RépondreSupprimerThibaut