Occasion de chute / Mc 9 38-48 / Une homélie


(...)
Pour entrer dans la vie, il se pourrait que nous ayons besoin de nous délester de ce qui, en nous, fait chuter le petit qui croit.

Le grand, le grand croyant, sûr de son coup, sûr de sa foi, sûr d’avoir raison, sûr d’être du bon côté, celui qui juge les pratiques différentes comme des pratiques forcément fausses, celui-là n’est pas concerné.
C’est le petit qui est en danger, le petit croyant en chacun de nous, celui qui hésite, qui s’interroge, qui se sent fragile. C’est celui-là que le Christ s’est choisi. C’est lui qu’il veut protéger de toute chute.

Pour entrer dans la vie, la petite part fragile de notre foi peut très bien avoir besoin que nous abandonnions la main qui saisit sans qu’on lui donne, la main qui prend au lieu de recevoir. Le pied qui retourne en arrière, le pied qui écrase au lieu de danser. L’œil qui juge et qui condamne, l’œil qui se ferme au lieu de pleurer avec son frère.

Pour faire entrer dans la vie le petit que nous sommes en vérité dans la foi, il ne faut pas avoir peur d’être incomplet, qu’importe s’il manque des morceaux. Il se pourrait même que nul n’entre dans la vie sans être boiteux, manchot ou borgne. Nul n’entre dans la vie, dans la vie véritable, sans avoir perdu des plumes, nul n’entre dans la vie sans blessures. Les complets, les intacts… ceux-là se dirigent dans un feu…

(...) Ce qui doit me préoccuper, ce n’est pas l’autre qui ne pense pas comme moi, qui ne célèbre pas comme moi… c’est celui qui, en moi, bouscule le petit qui veut croire. C’est ce combat intérieur entre moi et moi-même.
Entre ce qui en moi s’attache à rester intact et sans perte et le minuscule qui porte ma foi et qu’une main, un pied ou un œil, suffit à faire tomber.

Seigneur garde-nous de cette main desséchée, de ce pied conquérant, de cet œil orgueilleux. Que mon âme soit en moi comme un enfant, un petit enfant près de sa mère (ps 130) Un petit enfant qui entre dans la vie.

╬ Amen
Sylvain diacre

2 commentaires:

  1. Merci à vous prêtres, diacres de la paroisse de Gradignan qui osaient dire , qui osaient par vos homélies nous amener à méditer ,réfléchir sur nos comportements d'êtres humains toujours bousculés ,choqués, effrayés par tout ce qui est différents de nous .
    MERCI, je me suis réjouie de cette homélie.
    Christine

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  2. Je trouve que mettre en ligne vos homélies est vraiment une très bonne idée. L'auditeur un peu distrait (ça arrive !) peut ainsi les relire à tête reposée. Il constatera alors pour celle-ci que la réponse formulée dans la note en vert est parfaitement exacte. Puis que l'ensemble de cette homélie riche, libre et originale éclaire bien le texte d'Evangile et le relie à nos vies. Merci et bravo pour tout ça !
    Thibaut

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