Sur le chemin des hommes, cette étoile porte le même nom depuis des millénaires. Elle s’appelle le « désir ». Celui qui n’en finit pas de s’allumer dans la chambre secrète de notre château du dedans.
Très souvent nous ne voyons pas ce qu’il y a dans cette partie mystérieuse de nous. Mais Dieu voit dans ce secret. Et c’est Lui qui maintient allumée la petite flamme in-quiète qu’il y a semée.
Le désir est un long chemin. Souvent on pense que nous sommes arrivés et qu’on tient ce qu’on a espéré. Mais le matin suivant, on découvre que notre cœur n’est pas encore comblé. A croire que Dieu a installé en nous un jardin si grand et si beau, qu’il nous est impossible de tout tenir, de tout compter. Le désir, ça n’en finit pas. Et si par malheur, le désir en nous devenait fatigué, nous n’aurions plus aucun souffle et la lumière du dedans s’éteindrait.
(...)
Les mages ne le savent pas encore clairement. Mais cet enfant n’est pas seulement, né d’une femme et sujet de la Loi, c’est-à-dire avec la mort au bout du voyage et les limites que la vie ensemble et la nature lui imposent. Les anges sont venus l’annoncer, la Bible en parlait depuis des siècles, le peuple d’Israël l’attendait. Il est le fils unique de Dieu, engendré dans l’aventure humaine, Jésus-Christ, la Parole de Dieu faite chair.
Alors, les mages se prosternent. De son coffret le premier sort de l'or. Ce n'est plus seulement un métal précieux, un cadeau de riche, un hommage inaltérable et souverain qui vient ajouter quelque chose à cet enfant. C'est la propre dignité royale de ce mage qui se dévoile devant cet enfant, sa dignité d'héritier du Royaume de Dieu, notre Père, sa dignité reçue et il l’offre.
Le second présente l'encens. Mais ce n'est plus seulement des grains qu'on fait brûler pour honorer quelqu'un, la figure de l’homme reconnu, encensé. C’est lui-même qui s’offre enfin, et qui brûle enfin pour Celui dont la Parole a éveillé sa chair, et qui découvre que le parfum qui s'exhale de lui est le désir de voir Dieu, notre Père.
Le troisième offre de la myrrhe ; mais ce n'est plus seulement des extraits de plantes, le geste ultime d'embaumement de celui ou de celle auquel notre vie a été liée, la figure de l’homme éternel maître du temps qui passe, c'est sa propre vie qui s'exhale, qui se dépouille de tout ce qui le retenait éloigné de Celui qui est son origine et son terme, Notre Père qui est aux cieux. Les mages ont trouvé leur royaume, celui du Christ.
Jean-Pierre Duplantier +
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