Dans
l’Evangile de Jean, Jésus n’appelle pas de disciples.
Jésus
passe par là.
Rien
ne dit qu’il a prévu d’avoir des disciples.
Jésus
passe.
C’est
Jean-baptiste qui a des disciples et qui leur désigne cet homme qui
passe par une formule absolument nouvelle et incompréhensible :
« Voici l’agneau de Dieu ». Alors les disciples
de Jean-Baptiste suivent l’homme qui passe.
Jésus
n’a encore jamais parlé dans l’évangile de Jean. On n’a pas
entendu le son de sa voix. La question qu’il pose à ceux qui le
suivent est donc sa première parole. Faisons donc bien attention,
soyons attentifs, car il se pourrait que cette première parole soit
une parole décisive : « Que cherchez-vous ? »
Il
ne dit pas « qui » cherchez-vous ?
Il
ne dit pas pourquoi me suivez-vous ? qu’attendez-vous
de moi ? « que cherchez-vous ? »
C’est
quoi l’objet de votre recherche quand vous mettez vos pas dans les
miens sans rien savoir de moi ? En ayant entendu cette
désignation nouvelle et incompréhensible « voici l’agneau
de Dieu »…
Les
disciples de Jean-baptiste veulent savoir où il demeure.
Quelle
réponse étonnante ! Pourquoi cette curiosité ? qu’est-ce
que ça peut leur faire le lieu où il habite ? qu’est-ce que
ça va leur apporter de le savoir ? d’avoir l’adresse de ce
type qui passe…
Et
alors nous sommes surpris nous, lecteurs habitués de l’évangile.
Nous
sommes surpris parce que pour nous Jésus est un nomade, il est sans
arrêt sur les chemins, il marche, il voyage, il traverse tout le
pays sans relâche.
On
sait qu’il s’arrête souvent à Capharnaüm ou chez Marthe et
Marie, mais on n’imagine pas qu’il ait un chez lui. Or
ici, il a un chez lui. Jésus demeure quelque part. Quelque
part et on ne saura jamais où, le texte ne nous le dit pas… pas
important donc.
L’important
c’est que les disciples désormais sont ses disciples à lui. Il
sont venus, ils ont vu, et ils peuvent diffuser la nouvelle, appeler
d’autres disciples, l’engrenage s’est mis en route.
Aujourd’hui,
Jésus se tourne vers nous et nous demande « que
cherchez-vous ? »
Vous
qui voulez être mes disciples, vous qui vous dites mes disciples,
vous qui voulez vous mettre à ma suite, que cherchez-vous ?
Il
ne nous demande pas « qui cherchez-vous » ?
On ne pourra donc pas répondre « nous cherchons un ami, un
sauveur, un héros, quelqu’un qui nous apprendra l’obéissance à
des lois, un gardien, un doudou ….»
Non,
ce n’est pas la question qui nous est posée.
La
question c’est « quel est l’objet de votre recherche ?,
après quoi courez-vous en venant vers moi ? qu’êtes-vous
venu chercher ce matin dans cette église ? »
L’Evangile
nous aide, il nous donne une piste : Si nous sommes ses
disciples, nous devrions répondre « où demeures-tu ? »
Nous
sommes venus ce matin dans cette église pour savoir où tu demeures.
Pas
parce que nous croyons que tu habites entre ces murs de pierre, dans
ce placard ou dans ce bout de pain. Mais parce qu’entre ces murs de
pierre, dans ce placard et dans ce bout de pain quelque chose ne
cesse de nous dire « venez et vous verrez ».
Quelque chose nous dit « ma demeure, c’est vous. Mon lieu, là
où je me tiens, là où j’ai plaisir à habiter, l’adresse que
je me suis choisie, là où j’ai dressé ma tente de nomade, mon
temple : c’est votre corps, c’est votre chair »
« Ne
le savez-vous pas ?
Votre
corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et
que vous avez reçu de Dieu »
Dans
un instant nos oreilles vont entendre, comme les oreilles des
disciples de Jean « voici l’agneau de Dieu ».
Alors nous entendrons le Christ nous poser la question « que
cherchez-vous ? » et nous répondrons « maître,
où demeures-tu ? » et il nous dira « venez
et vous verrez ».
Et
nous viendrons... devant cet autel, non pas pour voir une hostie très
sainte, mais pour la manger. Alors nous verrons qu’il demeure en
nous, en moi et dans mon frère, et nous verrons s’accomplir ce
que nous venons de fêter : « le Verbe s’est fait chair »
et « il a demeuré parmi nous ».
Alors, peut-être serons-nous ses disciples ? Alors peut-être
pourrons-nous dire :
Tu
ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu
as ouvert mes oreilles ;
tu
ne demandais ni holocauste ni victime,
alors
j’ai dit : « Voici, je viens ».
╬ Amen
Sylvain
diacre
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