Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître / Lc 24 13-35 / une homélie

 C’est de notoriété publique, le Christ est ressuscité. Je le sais, ils en ont parlé aux informations. Un journaliste sur France Info disait le dimanche 9 avril : « ce week-end de Pâques, les chrétiens fêtent la résurrection du Christ. » Tous les médias d’informations ont relayé cette nouvelle. Seuls ceux qui sont complètement déconnectés ignorent que le Christ est ressuscité. Mais, en France pour le moins, la grande majorité sait que le Christ est ressuscité ou pour le moins que les chrétiens fêtent la résurrection du Christ le dimanche de Pâques.

Il y a un peu moins de 2000 ans, c’était connu également. Ainsi, Pierre, le jour de la Pentecôte, s’adresse-t ’il aux juifs qui habitent Jérusalem : « [Le roi David] a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption. » Toutes les écritures annoncent la venue d’un messie. La venue d’un homme qui aura reçu l’onction de Dieu. Cet homme providentiel viendra instaurer le royaume de la vie éternelle.

Les disciples de Jésus l’ont entendu annoncer sa résurrection. Jésus avait préparé ses amis à l’événement. Ainsi Matthieu écrit au chapitre 16 : « À partir de ce moment, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. »

Et pourtant sur le chemin qui mène à Emmaüs, Cléophas et son compagnon ne reconnaissent pas Jésus : « leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. »

Qu’est-ce qui pouvait les empêcher de reconnaître Jésus ?

C’est impossible pour eux que Jésus soit le messie. Celui qui a été exécuté comme le pire des malfaiteurs ne peut pas être le Fils de Dieu.
Et ce Jésus ne peut pas être celui qui viendra restaurer la royauté en Israël. De Jésus, les disciples ne retiennent que l’extrême faiblesse dont a fait preuve celui qui devait étaler sa puissance et sa gloire.
Les disciples ont tout quitté pour suivre : « cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple », sans en tirer un quelconque avantage.
Enfin, a-t ’on déjà vu un homme mourir et se relever de lui-même trois jours après ? Il y a bien ces femmes qui radotent et colportent des histoires de femmes.
Non, leurs yeux sont empêchés de voir. Ils sont empêchés par la honte de l’exécution. Ils sont aveuglés par la déception de la perte de leur maître. Ils ont perdu ce qui était leur horizon depuis des mois. Et comment croire qu’un mort peut se relever ?
Nos yeux sont souvent empêchés de voir Jésus aujourd’hui. Et c’est souvent pour les mêmes raisons.

La résurrection est toujours une folie 2000 ans après. Comment le monde peut-il croire à la résurrection. ? Comment peut-il accepter que lui échappe la vie et la mort ? Comment peut-il concevoir un lieu ou le pouvoir et l’argent ne sont pas les objectifs prioritaires de ceux qui l’habitent ? Alors le monde qui veut se construire sans Dieu nous bouche les yeux. Il les empêche de reconnaître celui qui depuis toujours marche avec nous.

Les médias relatent l’événement de la résurrection comme une anecdote d’un autre temps. Ils éditorialisent sur Pâque de la même manière qu’ils évoquent les œufs en chocolat. L’événement de la Pâques des chrétiens est pour les médias un objet de curiosité vidé de sa chair. C’est une des manières que le monde fabrique pour empêcher de voir.

Et pourtant le monde ne peut empêcher les baptisés de se réunir pour assister à la fraction du pain. Le monde ne peut empêcher le Seigneur de nous libérer les yeux et de contempler dans le pain la présence réelle du Christ.

Nous répondons comme le centurion : « Je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri. »
 
        Seigneur, dis seulement une parole et je suis guéri de mes aveuglements !
        Seigneur, dis seulement une parole et je contemple ta gloire dans ta faiblesse !
        Seigneur, dis seulement une parole et je t’accueille en moi !

Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

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