Les textes de ce dimanche nous invitent à méditer sur l’étranger. Il y a d’abord le Général Naaman puis dans l’Evangile de Luc un samaritain dont on ignore le nom. Ces deux étrangers sont guéris de la lèpre.
Naaman est guéri. Dans sa culture ou comme le lui dicte son rang social, Naaman veut remercier Elisée en offrant des cadeaux d’une grande valeur. Elisée refuse. Il ne veut pas être rémunéré pour ce qu’il considère être un don du Seigneur. Naaman, tout au long de ce chapitre 5 du second livre des Rois, est bousculé par les agissements des autochtones de cette terre d’Israël. Même si ce pays a été conquis, il s’y sent étranger. Et curieusement, Naaman va vouloir poursuivre le sentiment de se sentir étranger. Il demande à Elisée la permission de charger deux mules avec de la terre d’Israël. C’est comme si en répandant cette terre d’Israël sur le sol de son pays natal, Naaman pourrait continuer à se sentir étranger.
Le samaritain est guéri. Curieusement, les samaritains sont considérés comme étant des étrangers bien que vivants sur la terre d’Israël. De fait, ils représentent une branche dissidente du Judaïsme. La scission est réelle. Les coutumes sont différentes. Ainsi quand il constate sa guérison, le samaritain contrevient à l’injonction de Jésus de se faire montrer aux prêtres. Le samaritain agit en étranger. Il ne se sent pas soumis aux règles juives car sa foi, sa confiance en Jésus est plus forte. C’est comme si le besoin de rendre grâce le confortait dans la position inconfortable de l’étranger.
Alors que je préparais cette homélie, il m’est revenu en mémoire cette phrase de Pierre Desproges : « L’ennemi est bête, il croit que l’ennemi c’est nous. » Adaptée au contexte, cela donne : l’étranger est bête, il croit que l’étranger c’est nous !
Et si le Seigneur nous invitait à être des étrangers. S’il nous invitait à redécouvrir le sens d’une vie de nomade. Une vie comme Abraham l’envisageait.
Et si nous considérions que le pays où nous sommes nés, nous était prêté et non donné. Et si nous retrouvions un peu de l’essentiel dans l’inconfort de l’étranger ?
Ne sommes-nous pas parfois comme ces neuf lépreux. Ces neuf hommes ne sont pas mauvais, en somme, ils ne font qu’appliquer strictement la consigne de Jésus, aller se montrer aux prêtres. Même si les neuf hommes constatent leur guérison, ils ne veulent pas déroger à la loi. On ne peut pas leur en vouloir. Peut-être, rendront-ils gloire à Dieu après le rite du passage devant les prêtres ? Peut-être chercheront-ils Jésus pour lui rendre grâce ? Mais alors, il sera trop tard. Jésus aura passé.
Parfois, nous sommes comme les neufs lépreux installés dans nos certitudes, nos habitudes, certains de posséder la vérité.
Alors nous avons besoin que des Naaman, des samaritains viennent à notre rencontre pour nous bousculer pour qu’ils viennent nous rappeler que nous ne devons pas rester statiques. Nous devons suivre le Christ qui nous mène vers une terre inconnue et belle où coule le lait et le miel.
Ces Naaman, ces samaritains, ce sont les adultes qui viennent nous demander de les préparer aux baptêmes. Ils viennent avec leurs questionnements qui nous obligent tous à revisiter nos habitudes. Ils viennent avec leurs attitudes, leurs hésitations et parfois leurs a priori sur l’Eglise. Tout cela nous amène à nous remettre en cause et surtout à réveiller notre foi en celui qui nous les envoie.
Je vous invite tous à retenir d’ores et déjà la date du samedi 26 novembre 2022. Ce soir-là, pendant la messe, Alex, Benjamin, Cécile, Cyndie, Pauline et Yannick, six adultes, célèbreront leur entrée en catéchuménat. Ils auront discerné et librement, ils affirmeront leur ferme intention de marcher vers le baptême. Ils s’engageront à prier pour tenir cet objectif. De notre côté, nous prendrons également un engagement. Nous les baptisés, nous les entourerons de nos prières et de notre affection pour que le Seigneur les conduise jusqu’au baptême dans la nuit de Pâques
Par ailleurs, un nouveau groupe a démarré en vue d’un baptême en 2024. Soyons attentifs également dans notre prière à Alexandre, Aurélien, Linda, Mélanie et Sarah qui prennent le chemin vers leur baptême.
Mais surtout, laissons-nous nous étonnés par l’Esprit Saint qui conduit des adultes vers nous. Laissons-nous nous convertir par leurs questions. Accueillons-les avec humilité comme de simples serviteurs et non pas comme des savants fiers de nos connaissances. Partageons avec eux le trésor de la foi.
« Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.
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