Je
ne suis pas comme les autres.... je
suis unique.
C’est
vrai. Le regard que Dieu pose sur nous fait de nous des êtres
uniques :
nous
sommes sujets, libres de nos pensées et de nos actions.
Mais
voilà que de cette singularité, nous faisons un individualisme, de
cette amitié, nous faisons du nombrilisme… Nous
vivons dans un temps qui glorifie notre égocentrisme… nous
quittons la grâce que Dieu nous fait pour faire de nous-même notre
propre référence…
Ce
qui compte, c’est mon opinion, c’est ma manière de voir, c’est
ma sensibilité*.
Et
voilà que chacun se compare à son voisin, et, forcément, est sûr
d’avoir raison, d’avoir fait le bon choix, d’être plus juste
que son voisin.
Jusque
dans nos manières de célébrer, dans nos manières de prier, chacun
revendique la justesse de sa propre sensibilité :
Entre
ceux qui prient comme ça et ceux qui prient autrement
Ceux
qui lisent avec cette méthode et ceux qui lisent différemment
Ceux
qui s’engagent ici, et ceux qui s’engagent ailleurs…
Mais
aussi ceux qui communient comme ça ou comme ça, ceux qui
s’agenouillent, et ceux qui restent debout, les
jeunes et les vieux, les scouts en couleur et les scouts en beige et
bleu, les prêtres en soutane et les prêtres en civil, les diacres
au travail et ceux en liturgie…
« Seigneur,
je te rends grâce car je ne suis pas comme le reste des hommes »
Tous,
nous prions la prière du pharisien.
Tous,
nous voulons être uniques, différents, et forcément, mieux que le
reste des hommes.
Mieux
que les autres, parce que nous faisons mieux que les autres.
Le
pharisien est convaincu d’être plus juste parce qu’il fait ce
qu’il faut faire.
Ce
qu’il fait, il le fait bien, donc il est juste.
Il
confond ce qu’il fait avec ce qu’il est.
Nous
confondons tous ce que nous faisons avec ce que nous sommes.
⁂
Deux
hommes montent au temple pour prier. Deux hommes prient pour
eux-même. L’un est dans l’action de grâce pour ce qu’il fait
(et il fait bien), l’autre est dans la demande pour ce qu’il est.
L’un
se juge en regardant ses actions et en les comparant aux actions des
autres, l’autre
se juge en se regardant lui-même et en se découvrant pécheur.
Le
pécheur ne demande pas pardon. « sois
favorable au pécheur que je suis ».
Il
demande la bienveillance du Seigneur, il demande à être aimé du
Seigneur…
Non
pas à cause de ce qu’il fait ou ne fait pas, mais au-delà de ce
qu’il est.
Qu’avons-nous
en commun ?
Nos
actions ? Nos engagements ? Nos visions des choses ?
Notre compréhension du monde, de l’Église, de la fraternité ?
Nos pratiques religieuses, nos piétés ? Nos traditions ou
notre modernité ? Nos supposées valeurs ?
Non…
rien de tout cela. Nous
avons en commun notre péché. Nous
sommes pécheurs comme le publicain.
Et
c’est une bonne nouvelle !!
Bonne
nouvelle car l’Agneau de Dieu enlève le péché du monde.
Car
le pécheur conscient de ce qu’il est, rentre chez lui justifié
par le Seigneur.
Il
n’est pas « devenu juste » comme certaines traductions
le disent, il est « justifié », Dieu lui a fait justice,
a accueilli sa prière, Dieu lui a été favorable… en un mot :
Dieu l’a aimé.
Toutes
les différences que j’ai pointées au début (et j’aurais pu
continuer à l’infini), tout ce que nous érigeons entre nous pour
nous différencier, pour nous sentir différent du reste des hommes,
tout cela devrait se fracasser contre cet autel quand nous venons
communier au corps du Christ ressuscité.
C’est
Lui, et seulement Lui, qui peut construire ce corps unique.
Qu’importe
notre nombril, qu’importe notre sensibilité, tout cela disparaît
devant le désir que Dieu a de chacun de nous, devant le don sidérant
qu’il nous fait de lui-même.
Si
devant cet autel nous étalons notre petit théâtre auto-satisfait,
nous sommes misérables.
Allons-nous
rentrer tout à l’heure chez nous en héros justifiés par
nous-même ?
Ou
en pécheur justifié par amour ?
« Mon
Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis »
╬ Amen
Sylvain
diacre
* Il faut lire la lettre apostolique du Pape François "J'ai désiré d'un grand désir"- Juin 2022 - 72 pages, 7€
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