Justifié / Luc 18 9-14 / une homélie

« Seigneur, je te rends grâce car je ne suis pas comme le reste des hommes »
Je ne suis pas comme les autres.... je suis unique.
C’est vrai. Le regard que Dieu pose sur nous fait de nous des êtres uniques :
nous sommes sujets, libres de nos pensées et de nos actions.

Mais voilà que de cette singularité, nous faisons un individualisme, de cette amitié, nous faisons du nombrilisme… Nous vivons dans un temps qui glorifie notre égocentrisme… nous quittons la grâce que Dieu nous fait pour faire de nous-même notre propre référence…
Ce qui compte, c’est mon opinion, c’est ma manière de voir, c’est ma sensibilité*.

Et voilà que chacun se compare à son voisin, et, forcément, est sûr d’avoir raison, d’avoir fait le bon choix, d’être plus juste que son voisin.
Jusque dans nos manières de célébrer, dans nos manières de prier, chacun revendique la justesse de sa propre sensibilité :
Entre ceux qui prient comme ça et ceux qui prient autrement
Ceux qui lisent avec cette méthode et ceux qui lisent différemment
Ceux qui s’engagent ici, et ceux qui s’engagent ailleurs…
Mais aussi ceux qui communient comme ça ou comme ça, ceux qui s’agenouillent, et ceux qui restent debout, les jeunes et les vieux, les scouts en couleur et les scouts en beige et bleu, les prêtres en soutane et les prêtres en civil, les diacres au travail et ceux en liturgie…
« Seigneur, je te rends grâce car je ne suis pas comme le reste des hommes »

Tous, nous prions la prière du pharisien.
Tous, nous voulons être uniques, différents, et forcément, mieux que le reste des hommes.
Mieux que les autres, parce que nous faisons mieux que les autres.
Le pharisien est convaincu d’être plus juste parce qu’il fait ce qu’il faut faire.
Ce qu’il fait, il le fait bien, donc il est juste.
Il confond ce qu’il fait avec ce qu’il est.
Nous confondons tous ce que nous faisons avec ce que nous sommes.


Deux hommes montent au temple pour prier. Deux hommes prient pour eux-même. L’un est dans l’action de grâce pour ce qu’il fait (et il fait bien), l’autre est dans la demande pour ce qu’il est.
L’un se juge en regardant ses actions et en les comparant aux actions des autres, l’autre se juge en se regardant lui-même et en se découvrant pécheur.

(...)
Qu’importe notre nombril, qu’importe notre sensibilité, tout cela disparaît devant le désir que Dieu a de chacun de nous, devant le don sidérant qu’il nous fait de lui-même.
Si devant cet autel nous étalons notre petit théâtre auto-satisfait, nous sommes misérables.

Allons-nous rentrer tout à l’heure chez nous en héros justifiés par nous-même ?
Ou en pécheur justifié par amour ?

« Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis »

╬ Amen
Sylvain diacre
* Il faut lire la lettre apostolique du Pape François "J'ai désiré d'un grand désir"- Juin 2022 - 72 pages, 7€

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