Au désert, le diable / Lc 4 1-13 / Une homélie

Il y a parmi vous des gens qui pensent qu’ils n’ont jamais à faire avec le diable, que c’est une pure invention (je le sais parce qu’ils me l’ont dit)… si le diable c’est un type tout rouge avec des cornes, des pattes de chèvre et une queue fourchue, ils ont raison ! Ça, c’est comme les anges avec des ailes : ça n’existe pas.
Mais si le diable, c’est cet autre en moi qui me dédouble, qui dans mes moments de vulnérabilité, se met à parler pour me diviser, cette voix intérieure qui me remet en question, qui insinue le doute, qui déforme les mots de Dieu… alors soyez-en sûrs, chacun de nous a à voir avec le diable.
(...)
 Dans nos déserts, le diviseur viendra peut-être se faire entendre sur notre terrain à nous, il saura toucher à l’intime, il trouvera les mots qui ressemblent à nos mots. Et pour cause, il se pourrait qu’il ne soit qu’une part de nous-même !

Si cela arrivait, n’ayons pas peur, ne craignons rien.
Au fond, c’est la grande épreuve de la Parole, de notre lien à la Parole.
C’est parole contre Parole.
Il s’agit probablement de se laisser habiter par la Parole, celle qui dit la vie.
Cette Parole, « elle est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur » nous dit Paul.
Alors ne soyons inquiets de rien : quand le diviseur se mettra à parler en nous avec nos mots, mettons-nous à parler comme Jésus, avec les mots du vivant…

Si dans ce carême nous décidons de nous priver un peu de nourriture, doublons les doses de cette autre nourriture qu’est la Parole, dans la lecture, dans l’écoute, dans la prière…
« L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu »
(...)
Comment va-t-on vivre ce carême ? Comme un temps de souffrance volontaire ajoutée à la souffrance du monde ?
Comme un temps de tristesse imposée par une Eglise masochiste qui viendrait finir de nous déprimer encore un peu plus ?
Ou va-t-on choisir de le vivre comme un temps de grâce pour combattre la parole de mort qui gouverne le monde ?
Comme un temps de Joie, tout entier tendu vers la nuit de Pâques et la victoire définitive de la vie ?
 (...)
Amen
Sylvain diacre

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