« Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et
de tout ton esprit
Tu
aimeras ton prochain comme toi-même. »
C’est
un commandement qui nous est donné aujourd’hui.
Un
commandement à l’amour, un amour qui a trois objets : Dieu,
ton prochain et toi-même.
Jésus
soude ces trois objets définitivement.
Voici
donc la question que j’invite chacun à se poser : Est-ce que
j’aime Dieu ?
Est-ce
qu’une histoire d’amour est possible avec Dieu ?
Ça
marche comment une histoire d’amour ?
Je
ne suis pas bien placé pour parler de ça et j’imagine qu’elles
sont toutes différentes, mais il doit bien y avoir du commun à
toutes ces histoires….
Deux
êtres se rencontrent, ils sont bien ensemble, il sont présents l’un
à l’autre, parce qu’à être ensemble il y a de la Joie qu’on
s’y sent profondément libres, forts, capables d’inventer des
choses nouvelles pour nos vies.
Ces
deux êtres se séduisent, se plaisent, se cherchent, ils voudraient
être toujours plus intimes l’un à l’autre. Et puis un jour,
c’est comme une évidence, ils n’imaginent plus pouvoir vivre
l’un sans l’autre. Ils goûtent à ce lien où le regard de
l’autre est sans jugement, où le regard de l’autre est une
consolation.
Ils
deviennent à chacun nécessaires, indispensables.
Et
ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de fatigue, de colères ou
de failles. Mais l’absence de l’un sera pour l’autre un manque
à lui-même.
Cet
amour leur donnera le désir fou et l’énergie nécessaire pour
porter du fruit, le désir de s’ouvrir au monde et aux autres.
Au
bout du bout, ils se peut qu’ils deviennent une seule chair.
Est-ce
qu’une histoire d’amour est possible avec Dieu ?
Sera-t-on
capable d’être des amoureux de Dieu ?
D’engager
avec lui une histoire d’amour, celle que je viens de décrire :
Deux
êtres se rencontrent, ils sont bien ensemble, la présence de l’un
à l’autre devient comme une évidence….
… ils
se séduisent, se plaisent, se cherchent, ils voudraient être
toujours plus intimes l’un à l’autre…..
… l’absence
de l’un sera pour l’autre un manque à lui-même….
J’entendais
quelqu’un récemment qui me disait qu’il était triste en lisant
notre feuille d’annonces paroissiales en voyant à la fin de chaque
présentation de groupe ou d’activité, un petit refrain :
« venez ! » « rejoignez-nous ! »
« n’hésitez pas à venir ! » « venez ! »
C’était
pour lui la marque un peu pathétique d’une Eglise qui n’arrive
plus à fédérer autour de ses projets, qui ne trouve plus d’autres
moyens que de mendier, qui lance des appels désespérés en sachant
très bien que personne n’y répondra.
C’est
vrai, ces « venez nous rejoindre » sonnent comme des
bouteilles à la mer un peu dérisoires.
Mais
qui suivrait quelqu’un qu’il n’aime pas ? Quelque chose ne
tourne pas rond dans nos « venez nous rejoindre »: ce
n’est pas nous qu’il faut rejoindre, c’est Dieu !
Si
nous aimions Dieu, si nous vivions une histoire d’amour avec Dieu
le prochain et soi-même, nous n’aurions qu’un désir : ce
serait de le rejoindre Lui, de travailler à sa joie, de donner
toutes nos énergies pour Lui, pour répondre à son amour !
Aimer
Dieu n’est pas une théorie, ce n’est pas un délire mystique bon
pour quelques carmélites illuminées du temps jadis, aimer Dieu son
prochain et soi-même c’est un commandement !
Ce
n’est pas de la sensiblerie, ce n’est pas de l’eau de rose,
c’est Loi !
Et
c’est important de le rappeler : si l’on aime Dieu, on ne
commet pas de meurtre en son nom. Parce qu’aimer Dieu c’est aimer
aussi l’autre et soi-même… sans distinction.
Certains
me diront : « il vaut mieux aimer d’abord les hommes,
après on verra pour Dieu... »
Voici
un petit texte de Frère Luc, le moine médecin de Tibhirine :
« Les
hommes croient qu’il faut d’abord aimer les hommes et ensuite
Dieu. Moi aussi j’ai fait comme cela, mais cela ne sert de rien.
Quand au contraire, j’ai commencé d’aimer Dieu, dans cet amour
de Dieu j’ai trouvé mon prochain. Dans cet amour de Dieu, mes
ennemis aussi sont devenus mes amis »
Est-ce
que j’aime Dieu ?
Est-ce
que je suis un amoureux de Dieu si je n’ai aucune envie de lire sa
Parole avec mes frères, si je n’ai aucune envie de me plonger dans
sa Parole pour savoir ce qu’il a à me dire ?
Quel
genre d’amoureux suis-je si je n’ai aucune envie de venir le
prier avec d’autres ? De passer une demi-heure par semaine
devant sa croix, ou sous le regard de Marie, ou en oraison ?
Quel
amoureux suis-je si je n’ai aucune envie d’aider mes frères,
ceux qui ont besoin de moi ?
Quel
amoureux suis-je si la beauté et la justesse de sa louange dans la
liturgie n’ont aucun intérêt pour moi ?
Vous
avez entendu peut-être les messages gouvernementaux contre
l’épidémie : « Quand on aime ses proches, on ne
s’approche pas trop»… et bien avec le
Seigneur, pas de danger de le contaminer. Si on l’aime, on
s’approche.
On
ne peut pas se forcer à être amoureux. On ne peut forcer personne à
aimer quelqu’un.
Mais
c’est ici un commandement… un commandement au futur…. « Tu
aimeras ».
Ne
perdons pas espoir : un jour, c’est certain, c’est donné
comme promesse : Un jour, chacun pourra dire : J’aime.
Je
laisse la voix de frère Luc conclure :
« Je
n’aime pas Dieu : même envahi de la conviction que Dieu est
Amour,
je
sens d’autant plus fortement que je n’aime pas ce Dieu qui
m’aime.
L’aveu,
c’est de découvrir cela et de le dire à Dieu.
Dans
une humble confession :
Tu
es l’Amour dont je suis tout incapable
si
tu ne donnes la capacité de t’aimer. »
╬ Amen
Sylvain
diacre
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