Vous êtes la lumière du monde / Mt 5 13-16 / Une homélie

"Vous êtes la lumière du monde." Jésus adresse à ses disciples cette phrase célèbre Il la prononce après les béatitudes sur la montagne près du lac de Tibériade.
"Vous êtes la lumière du monde." C'est aussi à nous que Jésus s'adresse, nous les baptisés, nous les disciples d'aujourd'hui, nous qui nous réunissons non pas sur une colline mais dans cette église de Gradignan parce que nous avons décidé de le suivre.
"Vous êtes la lumière du monde." Il y a de quoi se sentir flatter ce dimanche. On pourrait presque se prendre pour des lumières. Alors que ce qui nous est demandé c'est seulement d'être des lampadaires efficaces comme nous le disait ici même, il y a quelques années, le père Jean-Loup Ducasse.
Car oui, il s'agit de porter haut la lumière du Christ. Et ce n'est pas rien.
Ce n'est pas rien et cela peut même effrayer. Et cela nous effraie car nous nous pourrions interpréter cette parole comme étant appelés à être des porte-étendards et à arpenter la ville tel un Jonas appelant à la conversion dans la ville de Ninive.
Et bien non, il s'agit juste d'être la lumière du monde en toute modestie.
Pour cela, le texte d'Isaïe de ce dimanche peut nous éclairer, si je peux me permettre ce petit jeu de mots…
Alors ta lumière jaillira comme l’aurore," nous dit le prophète. Pour cela, il propose de partager son pain, d'accueillir celui qui n'a pas de toit et de vêtir celui qui est nu. Et surtout, le prophète ajoute de ne pas se dérober devant son semblable.
En fait, pour faire briller la lumière, il faut prendre soin de son frère et pas seulement des plus démunis. Prendre soin des autres, voilà une manière simple et efficace de ne pas mettre la lumière sous le boisseau. Les manières sont multiples de prendre soin les uns des autres. Et je suis certains que tous ici vous faites briller la lumière du Christ à votre manière.
Bien sûr dans le service du frère, il y a les associations caritatives. Elles ont toujours besoin de bénévoles. Ce service n'est pas facile mais un fardeau quand il est partagé devient tout de suite plus léger.
Il y a aussi les visites des malades, des personnes âgées, les personnes seules. Je connais une personne dans mon quartier qui fait cela, hors de toute structure, en toute discrétion, seulement avec son cœur.
Il y a la pièce qu'on donne aux personnes qui tendent la main à l'entrée de l'église, ou bien simplement leur dire bonjour, leur sourire, leur donner l'occasion de se sentir semblable.
Et puis, il y a une action primordiale pour prendre soin de ses semblables. Il ne faut pas oublier la prière. Le prophète ne dit-il pas : "Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra". Prier pour ceux qu'on aime, pour ceux qu'on n'aime pas, pour ceux qu'on ne connait pas, voilà une autre manière de faire jaillir la lumière sur le monde. La petite Thérèse avait découvert dans cette action sa mission. Elle priait pour ceux qui ne croient pas. Elle a prié pour un condamné à mort afin qu'il se convertisse avant de passer à la guillotine.
Enfin, judicieusement Isaïe nous adresse une recommandation utile pour notre humilité. Je le cite : "Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche." La justice, ce n'est pas nous. La justice, elle ne nous appartient pas. La justice elle n'est pas avec nous. La justice il s'agit de la suivre. La justice c'est le Christ. Le christ, il ne nous appartient pas. Dans nos vies, nous sommes appelés à suivre le Christ, et l'étendard, qu'il ne s'agit pas de porter, c'est la gloire du Seigneur qui ferme la marche.
Alors comme Paul dans sa lettre aux corinthiens nous pourrons dire que ce n'est pas avec prestige que nous annonçons le Christ, ce n'est pas pour notre propre gloire mais nous l'annonçons dans la simplicité de nos vies, avec nos faiblesses et nos écarts.
Nous sommes porteurs de lumières dans le soin à nos frères et dans la joie de suivre le Christ.
Voilà pourquoi, je vais une nouvelle fois dire sur nous ces paroles car elles nous font du bien. Je vais nous les adresser de nouveau pour qu'elles pénètrent notre chair et touchent notre cœur. Je vais les faire reposer sur nous comme une action de grâce pour toutes les petites actions qui dans nos vies font jaillir la lumière du Christ. Je vais les redire pour que nous les accueillions dans l'humilité de nos vies :


"Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde."


Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

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