Contre son frère/ Mt 5 17-37 / Une homélie

(...)
Ça change quoi le surgissement du frère ?
Le surgissement du frère dans nos vies, marque la fin du Deux pour ouvrir le temps du Trois.
Le Christ, en nous faisant entrer dans une filiation nouvelle, en nous donnant un Père, nous retire d’un monde binaire, il nous fait entrer dans un monde trinitaire, un monde dans lequel il faudra désormais compter jusqu’à trois : Dieu, moi, et mon frère.

La fraternité que nous donne le Christ comme Fils, n’est pas celle des frontons de nos mairies.
Celle-là est une fraternité sans Père, c’est une fraternité « de principe », une fraternité de théorie, c’est une fraternité qui compte jusqu’à deux : il y a ceux qui en sont et ceux qui n’en sont pas.
Méfions-nous de ne pas transformer la fraternité évangélique, c’est à dire reçue sans cesse d’un autre, en cette fraternité volontariste dont nous serions les seuls artisans.

Ce que Jésus inaugure avec ce simple balancement dans le langage : « on vous a dit… et moi je vous dis » c’est une révolution, disons une conversion… un retournement.
Il n’abolit rien de la Loi, il la rend parfaite, complète, accomplie.
« vous avez appris… et moi je vous dis »
« Je vous dis » parce que je suis la Parole elle-même.

Vous avez appris qu’il y avait du deux, et moi je vous dis qu’il y a du trois
Vous avez appris qu’il y a l’eau et le feu
Et moi je vous dis que Dieu peut faire surgir le feu du milieu de l’eau,
comme pour Elie, comme pour le baptême à venir.

Vous avez appris qu’il y a la vie et la mort.
Et moi je vous dis que vous ignorez ce qu’est la vie et que la mort n’est pas ce que vous croyez.
Je vous dis que Lazare dort, et que ceux qui ne gardent pas ma Parole sont morts,
je vous dis que la vie véritable n’a rien à voir avec celle qui vous quittera bientôt.

Vous avez appris que le pain n’est que de la farine et de l’eau.
Et moi je vous dis que lorsqu’il est mêlé à de la Parole et du souffle, il devient un corps,
un corps qui n’est pas celui que vous connaissez,
un corps qui se donne et qui fait de nous des Fils… des frères.

Entrons joyeusement dans ce mystère
Avançons sans crainte dans cette Loi parfaite,
elle nous empêche de nous payer de mots et nous demande de consentir à la Parole véritable…
Avec elle, Dieu se glisse entre mon frère et moi.
Avec elle, mon frère se glisse entre Dieu et moi.

Amen
Sylvain, diacre





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire