Ce
Dimanche, il y a de la perte et de la joie.
Le
texte de l'Évangile débute en nous relatant des pharisiens qui
ruminent contre Jésus parce qu'il attire à lui les publicains et
les pécheurs. Alors Jésus s'adresse à eux.
Les
trois paraboles de la miséricorde sont pour les pharisiens. Elles ne
sont pas pour les foules. Jésus les adresse à des gens pieux, des
personnes pratiquantes, des personnes au fait de l'amour de Dieu. Les
pharisiens connaissent la prière du sh'ma Israël : "Écoute
Israël, L'éternel est ton Dieu, tu aimeras ton Dieu de tout ton
cœur, de toute ton âme et de toute ta force et tu aimeras ton
prochain comme toi-même."
Jésus
s'adresse à eux comme ce berger qui part à la recherche de la
brebis perdue, comme la femme qui balaie sa maison pour soulever la
poussière qui cache la pièce et comme ce père qui guette le retour
de son fils cadet.
Les
pharisiens sont souvent caricaturés, ils ne peuvent pas être aussi
noirs qu'on se l'imagine. Ils ont un cœur propre à s'émouvoir, ils
sont marqués comme tout homme à l'image de Dieu. C'est pourquoi
Jésus s'adresse à eux. Tout homme est touché par la miséricorde
du père, même ceux qui se comportent en ennemis méritent son
attention.
Quand
on intègre bien à qui elles s'adressent, on perçoit mieux leur
composition. Et leur actualité nous saisit d'autant plus. Si parfois
nous regardons les pharisiens avec condescendance, nous avons à nous
interroger sur le regard que nous portons sur les autres, sur les
jugements hâtifs et sans appel que nous posons.
Même
si cette perte est de 1%, elle peut nous pousser hors de nous-même
et nous entraîner vers un comportement incohérent, à savoir
abandonner 99 brebis pour en sauver une. La perte de cette brebis est
insupportable pour le berger, il va arpenter le désert jusqu'à ce
qu'il la retrouve.
Et
cette femme, la perte est de un pour dix. En valeur elle est dix fois
supérieure à celle du berger. Mais à bien y regarder, la pièce
n'est pas perdue, elle l'a juste perdue de vue, et là aussi c'est
insupportable pour la femme. Cette pièce, elle est seulement
recouverte de poussière, la femme ne la voit plus. Un grand coup de
ménage et la voilà qui brille de nouveau.
Comme
le pape François nous y invite, je pense que la première parabole
nous pousse à sortir du bercail. Il faut cesser de se coucouner
entre nous. Il faut cesser de se compter, de se tourner vers
nous-même. Il faut s'ouvrir. C'est dans cet esprit que le conseil
pastoral réfléchit à lancer le secteur vers des actions
d'évangélisation, une marche de carême ouverte à tous, une
initiation à la prière. Nous serons tous invités à participer et
à s'investir bientôt dans ces projets. Cela n'est pas réservé aux
quelques paroissiens du conseil pastoral.
La
deuxième parabole, demande un effort sur nous-même. Cette maison
poussiéreuse, ne serait-ce pas nous ? La poussière ne serait-ce pas
notre péché ? N'avons-nous pas besoin régulièrement d'un grand
coup de ménage en nous ? La richesse que nous sommes aux yeux de
Dieu ne s'appauvrit-elle pas ? Cette parabole peut être un appel au
sacrement de réconciliation proposé par l'Église dans sa grande
sagesse.
Le
fruit des deux paraboles, c'est une grande joie. C'est une grande
joie qui se partage. C'est une grande joie qui se propage dans les
cieux.
Et
en ce qui concerne la grande parabole dite du "fils prodigue",
elle s'adresse également aux pharisiens. La tradition populaire l'a
nommée ainsi parce qu'elle focalise sur le fils dépensier mais elle
aurait bien pu s'appeler aussi "le frère obtus".
Les
pharisiens, dans cet Évangile récriminent contre Jésus parce qu'il
accueille des pécheurs. Ils ne se réjouissent pas avec lui.
Dans
la parabole du frère obtus, le père met pourtant tout ce qu'il peut
pour que la fête soit réussie. Il soigne particulièrement ce fils
retrouvé. Il le revêt du plus bel habit, signifiant ainsi
l'importance qu'il a à ses yeux. Il lui passe la bague au doigt,
signifiant ainsi le renouvellement de l'alliance entre le père et le
fils. Il demande qu'on lui remette des sandales aux pieds, signifiant
ainsi qu'ils marchent ensembles.
Mais
le frère ainé refuse de se réjouir, il refuse d'entrer dans la
joie du pardon. Pourtant son petit frère ne lui a rien pris. Il peut
tout au plus lui reprocher la peine qu'il a fait à leur père. Mais
cette peine est oubliée puisque la maison est en fête.
Christ
donne à nous tes disciples la force de sortir de notre confort pour
visiter les périphéries.
Christ
renouvelle en nous tes disciples la joie d'être pardonné.
Christ
appelle-nous toujours à partager ta joie.
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire