"Une femme, ayant
le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une
couronne de douze étoiles."
Dans le psaume :
"Fille de roi, elle
est là, dans sa gloire, vêtue d’étoffe d’or ; on la
conduit, toute parée vers le roi."
Et dans l'Evangile nous avons
lu :
"Il s'est penché
sur son humble servante"
Quel contraste, entre les
lectures de ce jour. Et pourtant, tous les textes de la solennité de
l'Assomption nous invitent à méditer sur le même thème,
l'incarnation. Et ce thème de l'incarnation, qui nous annonce des
choses inouïes, prend forme dans la simplicité d'une vie humaine,
humble et quelconque. Car notre Dieu, celui qui met la mort sous ses
pieds, s'est fait homme, il a pris chair de la vierge Marie. D'un
côté un événement simple, commun et de l'autre des visions
extraordinaires.
Mais est-ce si simple et
commun que cela ?
L'histoire humaine du sauveur
du monde prend sa source naturellement dans le ventre d'une femme.
L'Evangile de ce jour nous parle d'une affaire de femmes. Car que
pouvons-nous dire, nous les hommes, sur ce qu'a ressenti Elisabeth ?
Il faudrait qu'un jour une femme vienne dire ici ce que c'est que
d'être si prêt de la création de la vie. Qui peut dire précisément
ce que c'est que de sentir tressaillir en soi une autre vie que la
sienne si on n'a pas connu la maternité ?
Et pouvons-nous dire que
cela est simple ?
Porter un enfant, sentir
grandir en soi une vie distincte de la sienne, n'est-ce pas
extraordinaire ? Participer concrètement à la création, accueillir
en soi un être créé à l'image de Dieu, n'est-ce pas être au cœur
de la Genèse ?
Marie se rend chez sa cousine
Elisabeth peut-être pour partager l'expérience inouïe de porter la
vie. Elles vont pouvoir échanger sur ce qu'elles savent de ce qui
leur arrive. Leurs mères ont dû leur enseigner ces choses, c'est le
rôle des mères que d'enseigner ces mystères.
Mais la rencontre est tout
autre, la vie qu'elles portent chacune en elle, est encore plus
importante qu'elles l'imaginent. Ca tressaille, ça se remplit
d'Esprit Saint et ça déborde de prière. Les contingences sont
oubliées. Les futures mères sont au service de la vie.
Et Marie, qui pourrait
éprouver une petite fierté après la visite de l'ange, se sent au
service du Seigneur. Elle se met le plus humblement possible au
service de la vie. Elle porte en elle le salut du monde, et elle met
toute son énergie au service de cette vie qui grandit en elle. En
cela, elle est pour nous les hommes une image de la mère car ce
qu'elle exprime, par ses prières, par ses gestes et par sa vie, est
entièrement tourné vers la vie.
Marie ne donne pas la vie pour
elle-même pour la garder en son pouvoir mais bien pour la lancer
vers une aventure qui la dépasse.
Elle est pour nous un
enseignement tellement fort alors que notre monde de plus en plus
promeut la gestation pour autrui. Alors que la vie d'un enfant semble
se justifier comme un droit à posséder.
Il nous faut contempler Marie
pour discerner encore plus que la vie est un don. Il nous faut
comprendre que la vie qui nous traverse est un don. Non pas pour nous
parent mais un don de la création pour le monde.
Il nous faut contempler Marie
pour discerner que l'incarnation commence vraiment par une histoire
de naissance. L'incarnation commence par une naissance d'une femme
dans les douleurs de l'enfantement, elle se poursuit dans
l'inquiétude d'une mère pour l'avenir incertain de son fils. La
vérité de l'incarnation se lit dans la joie de Marie qui voit son
fils répondre à ses vœux à Cana pour service du monde.
L'incarnation de celui qui nous sauve trouve son accomplissement au
pied de la croix dans le cœur de Marie plein d'espérance et
d'amertumes.
La contemplation de Marie,
c'est l'objet de la vision de Jean : "Elle est enceinte,
elle crie, dans les douleurs et la torture d'un enfantement."
L'auteur, dans sa
contemplation, nous révèle la beauté et la grandeur de cette femme
: "Une femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous
les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles."
"Fille de roi,
elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffe d’or ;
on la conduit, toute parée
vers le roi."
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.
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