"Seigneur,
n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ?" Pourquoi cette
question ? La question est posée au milieu du chapitre 13 de
l'Évangile de Luc. Le jour du sabbat, Jésus vient de guérir une
femme infirme depuis 18 ans,. Ensuite, il offre à ceux à qui il
enseigne des images du royaume de Dieu, la graine de sénevé et le
levain dans la pâte. Jésus nous dit que le peu annonce le royaume
au plus grand nombre. Alors pourquoi cette question.
Et
Jésus n'est-il pas le sauveur ? C'est ce que signifie son nom.
N'est-il pas venu sauver tous les hommes ? Nous espérons en lui pour
nous sauver, du péché, de la mort. Nous attendons- de lui la venue
du royaume, la promesse de la vie éternelle.
Mais,
les hommes comptent, calculent, nous passons notre temps à
dénombrer, à tout évaluer en statistiques, à comparer les
nombres. Le monde dans lequel nous vivons se nourrit de chiffres. Il
faut toujours être devant, en avance. Nous nous désespérons de
notre retard. Le chiffre du commerce extérieur Allemand est
supérieur au nôtre. Notre taux de natalité est le plus fort
d'Europe. Et même, nous nous comptons nous-même les chrétiens avec
quelques incohérences sur les chiffres. La plupart du temps nous
regrettons le peu de monde présent aux célébrations dominicales.
Et nous oublions les millions de chrétiens de par le monde qui
célèbrent l'Eucharistie. Nous oublions la foule des jeunes
rassemblés à Panama pour les JMJ. Nous omettons le fait qu'à
Gradignan nous sommes obligés de louer la salle du Solarium pour les
grandes fêtes liturgiques parce que notre église est trop petite,
et les dimanche de grandes fêtes ils sont nombreux à être debout
au fond de l'église.
Mais,
la question veut peut-être aussi traduire : "Combien
serons-nous dans le Royaume ?"
Et
d'ailleurs, regardons de plus près la partie la plus connue de
l'Évangile : " Oui, il y a des derniers qui seront premiers,
et des premiers qui seront derniers." L'énoncé populaire
la prononce : "Les derniers seront les premiers et les premiers
seront les derniers." J'ai vérifié dans plusieurs traductions
de la Bible, les articles sont toujours indéfinis. L'écart de
langage montre bien combien le monde déforme le message du Christ
quand il s'agit de nombre.
Quand
Jésus dit des derniers seront premiers, il ne dit pas que tous les
derniers seront premiers, il ne dit pas que tous les derniers
resteront derniers. Il dit juste des derniers seront premiers.
Et
une fois que ces derniers sont premiers ? Et bien le Christ dit :
"des premiers seront derniers".
Mais,
premier ou dernier pour la vie éternelle cela compte-t-il ?
C'est
pareil pour notre foi. Il nous la faut débordante de nous. Et au
fond de nous, nous connaissons bien notre manque de foi. De là, la
question posée : "Comment entrerai-je au royaume avec mon peu
de foi ?
Mais
n'avons-nous pas répondu aujourd'hui à l'invitation du Seigneur ?
N'avons-nous pas laissé nos occupations quotidiennes pour venir
boire à la source ?
Mais, peut-être nous disons-nous trop souvent le Seigneur est avec moi en oubliant de témoigner de sa vivante présence dans le regard du frère que nous croisons.
Mais, peut-être nous disons-nous trop souvent le Seigneur est avec moi en oubliant de témoigner de sa vivante présence dans le regard du frère que nous croisons.
Car
le Seigneur nous rejoint dans la rencontre, il vient en nous comme le
levain dans la pâte.
Quant
à son Église, le Christ la rassemble non pas pour faire l'appel
mais pour l'envoyer en mission dans le monde, annoncer la bonne
nouvelle du salut de Dieu. Il envoie chacun de nous individuellement
dire les merveilles de Dieu.
Ce
qui réjouit le cœur du Père c'est quand la parole de son Fils
touche la chair d'un de ceux qu'il aime.
Je
suis la Porte dit le Christ dans saint Jean. La porte étroite
d'aujourd'hui ce n'est pas un chemin que je dois emprunter à la
force de mes poignets, de mes convictions et de mes actions
éclatantes. La porte c'est le Christ qui m'appelle. C'est le Christ
qui me rejoint. C'est le Christ qui ouvre la porte de mes
enfermements ou de mes addictions.
Et
cela peut se produire par exemple, quand, au service de la Parole, au
partage de la parole de Dieu, nous préparons un baptême ou un
mariage ou bien lors de préparation d'obsèques. Pendant ce partage
nous lisons dans le regard de celui, que nous rencontrons, combien
l'Évangile le touche, alors c'est comme si la porte s'ouvre. Elle
s'ouvre pour celui qui est sur mon chemin, et à sa suite, nous
goûtons ensemble le bon goût du royaume. Cet avant-goût du
royaume, nous le célébrons à l'autel.
Une
phrase est dite pendant la préparation des offrandes, une phrase
souvent murmurée par le diacre. " Comme cette eau se mêle au
vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à
la divinité de Celui qui a pris notre humanité." Cette petite
goutte d’eau dans le calice : c’est nous ! Je me permets de citer
saint Cyprien « Nous voyons que par l’eau c’est le peuple qu’il
faut entendre, et par le vin, le sang du Christ. Quand on mêle l’eau
au vin dans le calice, c’est le peuple qui ne fait plus qu’un
avec le Christ, c’est la foule des croyants qui se joint et
s’associe à celui en qui elle croit»
La
goutte d'eau, c'est nous le peuple de Dieu, c'est tous les hommes
invités à participer au corps du Christ, c'est le peu qui rejoint
le grand royaume.
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.
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