"Pourquoi
tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ?"
Les pharisiens et les scribes voient dans l'attitude des disciples de
Jésus comme une rupture avec la tradition. Ils semblent reprocher
comme un comportement de révolte de la part des disciples. Essayons
de comprendre l'attitude des pharisiens et des scribes puis celle des
disciples et enfin celle de Jésus.
L'attitude
des pharisiens et des scribes.
Les
premiers, on le sait, observent strictement la loi. Ils l'observent à
la lettre. Les seconds, les scribes sont quant à eux les
spécialistes de l'écriture. Les uns comme les autres ont entendus
parler des miracles de Jésus. Le passage que nous venons de lire se
situe juste après la multiplication des pains sur la montagne. Il
paraîtrait même que Jésus a marché sur l'eau pour rejoindre ses
apôtres en perdition sur le lac de Tibériade. Mais de telles
choses, ça ne rentre pas dans ce que les pharisiens et les scribes
connaissent. En eux, s'insinuent le soupçon. C'est quand même
bizarre que des gens suivent cet homme doivent-ils se dire. Ce Jésus,
il parle en maître et ils sont nombreux à le suivre. De quel droit
? Alors, ils observent, ils espionnent et dès qu'ils voient quelque
chose qui cloche par rapport à leur propre référence des valeurs,
ils accusent : "Pourquoi tes disciples ne suivent-ils
pas la tradition des anciens ?" En fait, ils
s'inquiètent de ce que le comportement des disciples peut avoir de
révolutionnaire et venir bousculer une société bien ordonnée, qui
ronronne.
Ce
comportement-là, c'est un comportement qu'on connait bien, nous, les
humains. On le connait très bien, nous, les humains du XXIème
siècle. Car pour observer, ça observe, ça s'observe entre les
générations, ça s'observe entre groupes sociaux différents.
Combien de fois jugeons-nous par rapport à notre propre référentiel
de valeurs ? Combien de fois arrêtons-nous un jugement sur quelqu'un
sans même faire l'effort de comprendre. Cet homme mal habillé qui
tend la main à la sortie de l'église, ne peut-il pas travailler ?
Et l'argent qu'on lui donne, ne va-t'il pas le dépenser en alcool ?
Se lave-t'il bien les mains avant de manger ? Ne profite-t'il pas
d'un système social trop permissif ?
L'attitude
des disciples.
De
l'attitude des disciples on sait peu de chose. Ils mangent avec des
mains impures. L'évangéliste Marc ajoute "c'est-à-dire
non lavées". Et puis il énumère une liste de
prescriptions qui concourent à la pureté. Probablement qu'une ou
plusieurs prescriptions ont été ignorées par les disciples. Quand
il eut quitté la foule pour rentrer à la maison, ses disciples
l’interrogeaient sur cette parabole. En fait les disciples parlent
mais le passage a été retiré de la lecture d'aujourd'hui, et je
vais me permettre de vous le lire :
"Quand
il eut quitté la foule pour rentrer à la maison, ses disciples
l’interrogeaient sur cette parabole. Alors il leur
dit : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ?
Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant
du dehors, ne peut pas le rendre impur, parce que cela n’entre
pas dans son cœur, mais dans son ventre, pour être éliminé ? »
C’est ainsi que Jésus déclarait purs tous les aliments. Il
leur dit encore : « Ce qui sort de l’homme, c’est cela
qui le rend impur."
En
fait, comme les pharisiens et les scribes, les disciples sont un peu
prisonniers de la tradition. Certes, ils n'ont certainement pas une
pratique aussi rigoureuse mais les histoires de ce qui rentre et qui
sort ça les dépasse. En revanche, en aucun cas les disciples ne
sont dans un élan révolutionnaire. Ils sont juifs, ils suivent la
loi juive. A tel point qu'ils ne comprennent pas ce qui est nouveau
dans ce que dit Jésus.
Et
nous même, disciples de Jésus, nous aimerions bien être les
représentants d'une rupture totale avec les comportements archaïques
des pharisiens, des scribes et des disciples qui ne comprennent
décidément rien à rien. Et pourtant il n'y a pas de révolution
juste un désir de conversion exprimée par Jésus. Nous allons mieux
comprendre ce projet dans l'attitude de Jésus.
Enfin,
l'attitude de Jésus.
En
premier lieu, Jésus ne remet en cause ni la loi ni l'écriture.
D'ailleurs pour répondre aux remarques des pharisiens et des
scribes, Jésus cite Isaïe le grand prophète : "Ce
peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi."
En
second lieu, Jésus montre des connaissances anatomiques certaines et
aussi bien terre-à-terre. Il rappelle la différence évidente entre
le système digestif et le système vasculaire. Il est si trivial
qu'il en est à comparer nos aliments avec nos déjections.
Jésus
n'est pas un révolutionnaire. Il est juif. Il appelle juste ses
interlocuteurs, qu'ils soient pharisiens, scribes ou disciples à se
convertir, à ce que le comportement de chacun soit tourné vers le
Père qui vient du ciel.
Il
nous invite à nous dessaisir de nos habitudes, de nos rites, pour
retrouver un étonnement dans tout ce qui nous est donnée de vivre
dans notre relation à Dieu. Il nous appelle à regarder la part de
Dieu qui habite en l'homme qui tend la main à la sortie de l'église.
Celui qui se conduit parfaitement,
qui agit avec justice
et dit la vérité selon son cœur.
Il met un frein à sa langue.
qui agit avec justice
et dit la vérité selon son cœur.
Il met un frein à sa langue.
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.
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