Mettre à l'épreuve
Jésus ! Ils ne s'en lassent pas. Ils ne s'en lassent pas de se faire
rembarrer sans cesse. Ce n'est pas la première fois que les
Pharisiens tentent de piéger Jésus. Plus tôt, ils lui demandaient
s'il est permis de payer l'impôt à César. Quelques versets plus
haut les Saducéens font les frais de l'enseignement de Jésus. Il y
a comme un parfum de compétition entre les pharisiens et les
saducéens, c'est comme si le jeu du moment, le sport à la mode
était de coincer Jésus.
Les saducéens
interrogeaient Jésus sur la résurrection. Les pharisiens quant à
eux ont décidé de sonder sa connaissance de la Loi. Les pharisiens
semblent avoir une conception bien formaliste de la Loi. Pour eux,
l'écriture se résume à des commandements et parmi ceux-là il y en
a un qui doit primer sur les autres. Ils sont sûrs de bien connaitre
l'Ecriture pour tenter de piéger Jésus sur ce terrain. Mais ce qui
est curieux c'est que la question semble facile.
La question est
facile pour qui est juif comme Jésus. J'imagine que dans les écoles
de l'époque quand on apprenait l'Ecriture, on devait par la même
occasion apprendre la hiérarchie des commandements. Alors pourquoi
cette question facile est-elle de nature à mettre Jésus à
l'épreuve ? Qu'est-ce qui laisse penser que Jésus peut avoir des
difficultés à répondre ? Son comportement est-il incohérent avec
la Loi ?
Et, Jésus répond.
Jésus répond par la loi d'amour. L'amour de Dieu et l'amour du
prochain sont d'égale valeur. Et ces deux commandements fondent la
Loi et les prophètes.
Pour ce qui est de
la Loi, la réponse est logique. De ces deux commandements dépend la
Loi mais Jésus ajoute les prophètes. Pourquoi les prophètes ?
C'est que les
pharisiens se réclament de Moïse, et si l'action de Moïse dépend
de ces deux commandements, les pharisiens n'ont plus rien à dire.
Enfin, en quoi cette
réponse est-elle en contradiction avec la conception de la Loi des
pharisiens et est-elle en cohérence avec le comportement de Jésus ?
Jésus est sans
cesse tourné vers les pauvres, les affligés. Il soigne. Il chasse
les démons. Il réconforte les pauvres en Esprit. Petit détail, il
n'y a pas un jour où il se dispense d'aimer. Ainsi, guérit-il le
jour de sabbat. Il déjeune chez les publicains. Il accueille parmi
ses disciples un collecteur d'impôt. Nul n'est à l'abri de son
amour. Il fait du plus loin son prochain. Il le reçoit comme un
frère, comme son frère préféré.
A la compétition
des saducéens et des pharisiens Jésus propose une vie de relation
d'amour, de don gratuit, de regard vrai, sans complaisance et sans
jugement hâtif.
Aujourd'hui cet
Evangile nous invite à la conversion. Il nous invite à nous situer
du côté des pharisiens ou du coté de Jésus. Car la compétition,
ça nous connait. Je parle d'expérience. Dans le monde du travail,
la compétition c'est du quotidien. Il faut être performant. Il faut
être combatif. Il faut gagner sur la concurrence. C'est le monde
d'aujourd'hui. C'est le monde mondialisé que nous avons reçu et que
nous transmettons à nos enfants.
Suivre Jésus, être
disciple du Christ, en fait être baptisé, c'est aimer, accueillir,
poser un regard sur ce qui est bon dans celui que je rencontre et
louer Dieu en le remerciant pour tout ce qu'il nous donne.
Car la gratitude
appelle la gratitude. Le don de Dieu appelle la louange. L'amour du
frère appelle l'amour de Dieu et l'amour de Dieu porte à aimer le
pauvre et l'affligé.
C'est tout l'objet
de la lettre de saint Paul aux Thessaloniciens. En se convertissant à
l'amour au contact de Paul, les destinataires de la lettre
convertissent ceux qu'ils rencontrent.
Dès lors qu'on
quitte le terrain de la compétition et qu'on rejoint le monde du
partage et de la bienveillance, on entre dans une spirale qui attire
vers le haut. Le bien qu'on reçoit nous porte à rendre le bien dès
lors qu'on ne le compare pas. Les sourires qu'on reçoit dessinent
des sourires pour les autres. L'accueil qu'on reçoit invite à
accueillir.
Dans un instant,
notre Dieu se donne en sacrifice pour nous. Il s'offre à travers le
sacrifice de son Fils notre frère depuis notre baptême. En ce lieu,
se trouve l'expression concrète des deux commandements énoncés par
Jésus.
Ô Père très
saint, que le don gratuit de ton Fils nous porte nous-même au don de
notre vie pour Toi et notre prochain.
Ô Christ, le
vivant, toi qui te donne dans le pain, vient convertir notre regard
et notre cœur.
Ô Esprit-Saint,
expression de l'amour du Père et du Fils, emplit nous de gratitude
pour ce que nous recevons.
Amen !
Dominique
Bourgoin, diacre.
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