Je vais rappeler un tout petit peu le contexte, le texte des béatitudes commence par : « Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit et ses disciples s’approchèrent de lui. » Puis le discours des béatitudes de dimanche dernier, puis le texte que nous venons de lire.
Il y a dans l’Evangile de ce dimanche, trois protagonistes ou trois groupes distincts de protagonistes, Jésus, le groupe des disciples et la foule sur une montagne qui s’apparente plus à une petite colline qu’à nos Pyrénées.
Je vais vous demander de faire un effort d’imagination, un exercice qu’appréciait beaucoup saint Ignace de Loyola. Entrons dans le texte de l'Evangile. Imaginez-vous présent sur la montagne, imaginez que vous percevez la voix de Jésus toucher vos oreilles. Laissez en vous pénétrer ces mots : « Vous êtes le sel de la terre »… Vous êtes assis, pas vraiment confortablement, sur la rocaille chaude de cette petite colline qui surplombe le lac de Tibériade. Il y a du monde cette fin de matinée pour écouter cet homme si surprenant. Il fait tant de choses étonnantes. Il prononce des phrases inédites. Le soleil est déjà haut dans le ciel. Les insectes bourdonnent autour, nous sommes en communion avec la nature. Vous y êtes ? … Là, comme résultat de notre méditation, j’ai envie de vous demander dans quel groupe vous situiez-vous ? Etiez-vous Jésus, étiez-vous parmi les disciples ou parmi la foule ? Oui nous étions des disciples, oui nous sommes des disciples de Jésus.
C’est à nous que Jésus dit que nous sommes le sel de la terre. Nous sommes de ceux qui doivent révéler au monde la saveur du Royaume de Dieu. Nous ne savons pas précisément comment doit s’opérer cette annonce. C’est certainement selon les charismes et l’inventivité de chacun, mais dans le monde nous sommes appelés à donner aux autres le goût du Royaume qui vient.
Cette annonce a ses exigences, il ne s’agit pas d’affadir le message, il ne s’agit pas d’enjoliver le chemin. Il s’agit d’annoncer en vérité et de dire la joie profonde que cela donne.
Nous ne sommes pas le sucre de la terre. Le sucre c’est ce qu’attend le monde pour se voiler les yeux de la misère qui l’entoure. Le sucre c’est ce qu’on a peur de se faire voler par les hommes et les femmes qui frappent à notre porte demandant un peu de paix et de chaleur. Le sucre c’est ce qu’on ne veut pas partager. Nous sommes le sel de la terre quand nous sommes des disciples missionnaires comme le demande François.
« Vous êtes la lumière du monde », Vous êtes la lumière du monde, vous que je regarde. Et pourquoi, m’exclure : nous sommes la lumière du monde.
« Que votre lumière brille devant les hommes » cette lumière vous appartient, vous l’avez reçu à votre baptême, certains d’entre nous l’ont ravivée à leur confirmation. Cette lumière est un don qui fait de nous des disciples. Ne cachons pas ce que nous recevons. Là où nous sommes, dans nos familles, dans nos lieux de travail, dans nos associations de loisirs, laissons le témoignage de la lumière éclairer notre visage.
Ne nous prenons pas pour la lumière.
Laissons en nous témoigner l’Esprit car comme le dit Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, « C’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient ». Nous ne sommes pas les ténèbres du monde. Les ténèbres, c’est le lieu où se tapissent ceux qui ont peur d’accueillir les réfugiés de la guerre. Les ténèbres, c'est ce que nous proposent le monde pour cacher notre indifférence et notre autosuffisance. Les ténèbres, c'est ce lieu où la miséricorde du Père est ignorée.
Nous sommes la lumière du monde, nous sommes des disciples lampadaires.
Ne nous prenons pas pour la Lumière, mais portons-là haut pour quelle illumine les visages.
"Alors ta lumière jaillira comme l’aurore,
et tes forces reviendront vite.
Devant toi marchera ta justice,
et la gloire du Seigneur fermera la marche."
Amen !
et tes forces reviendront vite.
Devant toi marchera ta justice,
et la gloire du Seigneur fermera la marche."
Dominique Bourgoin,
diacre.