Il
voit Jésus et il dit « voici l'agneau de Dieu qui enlève
le péché du monde ».
Il
ne connaît pas Jésus, c'est lui qui le dit à deux reprises, il ne
le connaît pas, il ne l'a jamais vu, ils ne se parlent pas, ils ne
se touchent pas...
il
y a simplement un homme qui marche et un homme qui voit...
Que
voit-il ?
Que
voit-il pour pouvoir dire cette phrase stupéfiante ?
« voici
l'agneau de Dieu qui enlève le péché
du monde »
Voici
l'agneau.
Un
agneau, c'est d'abord un petit animal, tout petit, très doux, très
vulnérable, sans défense. L'Ecriture, la loi, la religion, s'en
saisissent pour en faire l'offrande du sacrifice.
Les
hommes font couler le sang des agneaux pour se rendre agréables à
Dieu, pour obtenir de lui sa protection, pour lui dire merci, pour
qu'en retour Dieu soit clément.
Ce
ne sont pas seulement de vielles histoires, d'autres cultures, si
nous ne tuons plus d'agneaux, nous avons tous nos agneaux
imaginaires : tout ce que nous croyons sacrifier à Dieu en
pensant que ça lui fait plaisir, ou que ça nous protège.
Appelons
ça les agneaux des hommes.
Mais
voici « l'agneau de Dieu »
Tout
est renversé. C'est Dieu lui-même qui donne l'objet du sacrifice !
L'unique
objet de l'unique sacrifice. C'est lui qui se donne, pour nous !
Cet
agneau de Dieu, il enlève le péché du monde.
Pas
pardonner, mais enlever
Pas
les péchés, mais le
péché.
Et
pas le péché des hommes,
mais celui du monde.
Le
monde a un péché que l'agneau vient enlever, que l'agneau vient
extraire, extirper....
(...)
Tu
ne voulais ni offrande, ni sacrifice
tu
as ouvert mes oreilles
Dieu
ne nous demande ni offrande ni sacrifice....
c'est
la fin des agneaux des hommes, des agneaux offerts par nous.
Dieu
ne veut pas de donnant/donnant, Dieu ne fait pas de marché avec
nous...
Désormais,
il faut que ça passe par
les oreilles : tu as ouvert mes oreilles.
Et
ce n'est pas à nous d'ouvrir nos oreilles, c'est lui qui s'en
charge !!
Jean
voit, il voit et il parle, et si il parle, c'est pour que nous
entendions.
Nous
avons à entendre, pas forcément à comprendre... car comment
comprendre ?
Tu
ne voulais ni holocauste ni victime
alors
j'ai dit : « voici, je viens »
Quand
les oreilles sont ouvertes, le voilà notre sacrifice, la voilà
notre offrande : « je viens »
Dire
au Seigneur « voici, je viens ».
Et
ce n'est pas « je viens pour faire des tas de choses, pour
faire le bien, pour changer le monde, pour être comme ci ou comme
ça.... »
c'est
« voici, je viens »....
Je viens, c'est tout ce
que tu attends de moi.
Je viens, c'est
« j’entends »,
c'est « je me mets moi
aussi en mouvement », comme Jésus qui marche, comme l'agneau
qui vient.
Je viens, c'est
« J'accepte le don que tu me fais, je n'y comprends rien, ton
amour pour moi dépasse toute mesure, il est inconcevable à mon
intelligence, mais je dis oui ».
Je viens, c'est « Je
dis oui »
Le
sacrifice, l'offrande, l'holocauste, la victime, c'est mon oui,
c'est mon oui en mouvement.
A
la toute fin de la liturgie eucharistique, quand on aura prié, qu'on
aura consacré le pain et le vin, qu'on aura rompu le pain, qu'on
aura prié l'agneau de Dieu,
le
dernier geste que le prêtre fera, sera d’élever la coupe et
l'hostie rompue et il dira
« Voici
l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».
Les
derniers mots qu'il vous dira seront ces mots, ceux de Jean voyant
Jésus qui s'avance.
Et
nous, que verrons-nous ?
Nous
ne verrons Rien.
Nous
verrons l'insignifiance d'une coupe de vin et d'un morceau de pain
déchiré.
Mais
nos oreilles entendront : « Voici l'agneau de Dieu qui
enlève le péché du monde »
Nos
oreilles entendront car le Seigneur les a ouvertes.
Nos
oreilles entendront et quelque chose en nous dira « moi,
j'ai vu et je rends témoignage : c'est lui le fils de Dieu »
(...)
╬ Amen
Sylvain,
diacre