Nous avons vu son étoile à l’orient / l'Epiphanie / Une homélie

Mais qu’est-ce qui a pris à ces mages de se mettre en route à la suite d’une étoile ? Ils auraient lu quelque part qu’une étoile annoncerait la venue d’un roi chez les juifs. Et quand apparait dans le ciel une étoile, comme une anomalie dans l’ordre bien établi de l’univers, ils se mettent en route. Mais écoutez bien, ils ne se concertent pas, car selon la tradition populaire, ils se mettent en route de différents endroits et leurs routes convergent. De plus, non seulement ils se mettent en route mais en plus ils emportent dans leurs bagages des présents pour le roi des juifs qui va naître. Chacun  probablement emporte ce qu’il y a de plus précieux pour lui.
Des rois, ils devaient en naître un peu partout en Mésopotamie. Pourquoi, la venue de ce roi les fait-il se lever ?
Il y a comme une grâce particulière qui les enveloppe et comme une force irrésistible qui les meut.
Certainement et mystérieusement, les mages perçoivent-ils que ce roi qui porte le nom d’Emmanuel, Dieu avec nous, vient de l’Esprit Saint, comme on le lit au chapitre précédent dans l’Evangile de Matthieu.
Ces mages sont probablement touchés au plus profond de leur être par le mystère de l’incarnation. Ils ont reçu la grâce de la révélation de l’incarnation, ils savent inconsciemment que ce roi est particulier que son règne est nouveau et que cela mérite de se prosterner devant lui.
Mais il y a comme une faille dans leur foi, dans leur certitude. Ils ne confient pas leur trajet au seul parcours indiqué par l’étoile ou bien l’étoile s’est-elle éclipsée, ou encore l’étoile est-elle masquée par les lumières de la ville de Jérusalem.
Toujours est-il que les mages s’adressent aux habitants de la ville pour savoir où est né le roi des Juifs, mettant ainsi en danger l’enfant.
C’est comme si la révélation de la nature de l’enfant n’était pas complète dans le cœur de ces mages. C’est comme si leur soif de savoir nécessitait une confirmation alors qu’ils sont si près du but.
La révélation est effectivement partielle. Si Dieu se révèle aux mages comme le Dieu des vivants en venant partager la vie des hommes, en venant partager leurs peines et leurs joies. Il manque encore la révélation de la victoire de ce Dieu fait homme sur la mort par la résurrection de son Christ.
Cette révélation est complète chez les apôtres comme nous le dit Paul dans sa lettre aux Ephésiens.
De nos jours encore, on peut dire que la révélation n’avait pas été portée comme elle l’a été aujourd’hui. Certains ont cette grâce. Avoir cette grâce n’est pas pour s’en enorgueillir mais pour la partager. D’autres ne la reçoivent pas ou n’y ont pas accès ou encore la refuse. Notre mission c’est de la leur porter.
Un sauveur nous est né, et il vient pour tous les humains. Ne gardons pas cette bonne nouvelle pour nous. Allons au-delà de nos frontières comme nous y invite François et portons cette bonne nouvelle à toutes les nations comme nous le propose Paul.
Il y a une grâce qu’il est facile de partager. Aussi je vous pose une question : « est-ce que venir à la messe ça fait du bien ? Oui, ça fait du bien ? Et bien dites-le, partagez le. Cessons de décrire la messe comme un sacrifice qu’on ferait, comme un supplice qu’on s’imposerait. Celui qui se sacrifie c’est le Christ, celui qui est supplicié c’est le Christ et tout cela pour que nous soyons sauvés, pour que nous ayons du bien. Il donne son corps et son sang pour que nous ayons la vie éternelle, ici à cet autel. Il n’y a pas de sacrifice de notre part, il n’y a que la joie de la rencontre de notre Dieu qui nous invite à le rejoindre à cet autel.
Nous sommes les mages d’aujourd’hui, nous venons déposer en cadeau nos vies aux pieds du sauveur. Un jour, nous avons été touchés par la révélation de l’incarnation de Dieu. Une étoile se lève sur notre vie et nous nous mettons en route. Ne nous arrêtons pas pour savoir où est notre chemin, appelons plutôt ceux qui croisent notre chemin à suivre l’étoile qui guide nos pas vers la lumière du ressuscité.
« Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, pour l’annonce de l’Evangile. »
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.
Homélie du 8 janvier 2017