Des rois, ils devaient en naître un peu partout en
Mésopotamie. Pourquoi, la venue de ce roi les fait-il se lever ?
Il y a comme une grâce particulière qui les enveloppe et
comme une force irrésistible qui les meut.
Certainement et mystérieusement, les mages perçoivent-ils
que ce roi qui porte le nom d’Emmanuel, Dieu avec nous, vient de l’Esprit
Saint, comme on le lit au chapitre précédent dans l’Evangile de Matthieu.
Ces mages sont probablement touchés au plus profond de leur
être par le mystère de l’incarnation. Ils ont reçu la grâce de la révélation de
l’incarnation, ils savent inconsciemment que ce roi est particulier que son
règne est nouveau et que cela mérite de se prosterner devant lui.
Mais il y a comme une faille dans leur foi, dans leur
certitude. Ils ne confient pas leur trajet au seul parcours indiqué par
l’étoile ou bien l’étoile s’est-elle éclipsée, ou encore l’étoile est-elle
masquée par les lumières de la ville de Jérusalem.
Toujours est-il que les mages s’adressent aux habitants de
la ville pour savoir où est né le roi des Juifs, mettant ainsi en danger
l’enfant.
C’est comme si la révélation de la nature de l’enfant
n’était pas complète dans le cœur de ces mages. C’est comme si leur soif de
savoir nécessitait une confirmation alors qu’ils sont si près du but.
La révélation est effectivement partielle. Si Dieu se révèle
aux mages comme le Dieu des vivants en venant partager la vie des hommes, en
venant partager leurs peines et leurs joies. Il manque encore la révélation de
la victoire de ce Dieu fait homme sur la mort par la résurrection de son
Christ.
Cette révélation est complète chez les apôtres comme nous le
dit Paul dans sa lettre aux Ephésiens.
De nos jours encore, on peut dire que la révélation n’avait
pas été portée comme elle l’a été aujourd’hui. Certains ont cette grâce. Avoir
cette grâce n’est pas pour s’en enorgueillir mais pour la partager. D’autres ne
la reçoivent pas ou n’y ont pas accès ou encore la refuse. Notre mission c’est
de la leur porter.
Un sauveur nous est né, et il vient pour tous les humains. Ne
gardons pas cette bonne nouvelle pour nous. Allons au-delà de nos frontières
comme nous y invite François et portons cette bonne nouvelle à toutes les
nations comme nous le propose Paul.
Il y a une grâce qu’il est facile de partager. Aussi je vous
pose une question : « est-ce que venir à la messe ça fait du
bien ? Oui, ça fait du bien ? Et bien dites-le, partagez le. Cessons
de décrire la messe comme un sacrifice qu’on ferait, comme un supplice qu’on
s’imposerait. Celui qui se sacrifie c’est le Christ, celui qui est supplicié
c’est le Christ et tout cela pour que nous soyons sauvés, pour que nous ayons
du bien. Il donne son corps et son sang pour que nous ayons la vie éternelle,
ici à cet autel. Il n’y a pas de sacrifice de notre part, il n’y a que la joie
de la rencontre de notre Dieu qui nous invite à le rejoindre à cet autel.
Nous sommes les mages d’aujourd’hui, nous venons déposer en
cadeau nos vies aux pieds du sauveur. Un jour, nous avons été touchés par la
révélation de l’incarnation de Dieu. Une étoile se lève sur notre vie et nous
nous mettons en route. Ne nous arrêtons pas pour savoir où est notre chemin,
appelons plutôt ceux qui croisent notre chemin à suivre l’étoile qui guide nos
pas vers la lumière du ressuscité.
« Ce mystère, c’est que toutes les nations sont
associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans
le Christ Jésus, pour l’annonce de l’Evangile. »
Amen !
Dominique Bourgoin,
diacre.
Homélie du 8 janvier 2017