Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur / Luc 5 1-11/ Une homélie

 Le texte d'Isaïe nous livre une vision de type apocalyptique, c'est-à-dire de l'ordre de la révélation. Il s'agit d'une rencontre entre un narrateur et le Seigneur. Cela se produit à la mort d'un roi et le Seigneur se présente majestueusement sur un trône. Comme si, on passait d'une réalité à une autre, du monde au royaume. Tout est grandiose, tout est disproportionné, des anges chantent la gloire du Seigneur. Les gonds des portes tremblent. Le temple, parce qu'on nous révèle au passage que ce lieu est un temple, le temple s'emplit d'encens. Et là soudainement, le narrateur prend conscience de sa petitesse. On le serait à moins. Son impureté se révèle en lui. "Je suis un homme aux lèvres impures, j'habite au milieu d'un peuple aux lèvres impures"
Dans l'Evangile quand Pierre s'exclame : "Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur." Il y a comme un accomplissement. Dans le premier testament et le passage d'Isaïe que nous venons de lire, il y a comme une promesse, aujourd'hui dans l'Evangile il y a un accomplissement.
"Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur." Pierre mesure comme un écart immense entre son état d'homme pécheur et Jésus, le Christ. Mais quelle curieuse exclamation de Pierre car Pierre s'exclame ainsi devant la quantité de poissons accumulée dans les deux barques. Il ne s'exclame pas devant Jésus qui lui serait apparu dans un halo de lumière, vêtu d'un vêtement blanc. Non, c'est la quantité de poisson qui déclenche en Pierre cette expression authentique et qui le pousse .à s'agenouiller. On n’est plus dans le registre de la vision, on est dans du concret.

Cette quantité de poisson c'est comme un signe d'abondance, comme le geste d'un don gratuit, sans contrepartie. La quantité disproportionnée de poissons c'est la promesse d'un autre avenir, différent de ce que propose le monde. A l'image du texte d'Isaïe, Jésus révèle quelque chose de lui-même. Pierre avait répondu à Jésus comme à un chef, comme à un homme qui a autorité, et il va plus loin en l'appelant Seigneur. Dans cette appellation s'établit déjà un rapport, une distance.
Son péché se révèle et il ne peut le cacher aux yeux de Jésus alors il lui demande de s'éloigner. C'est plus fort que lui. Il est touché au plus profond de lui-même. Alors, Jésus purifie Pierre "Sois sans crainte". Il agit comme l'ange l'avait fait avec une braise sur les lèvres du narrateur.
Cette histoire de péché et de pardon aurait pu s'arrêter là, La vision dans le texte d'Isaïe et comme un accomplissement avec Pierre et ses frères. Mais non cela se poursuit.
La révélation du péché en soi touche même les avortons. Elle touche même ceux qui persécutent l'Eglise. C'est de cela dont parle Paul dans sa lettre aux corinthiens. Vous connaissez cet épisode des actes des apôtres, quelques temps après la résurrection du Christ, Paul reçoit un mandat des grands prêtres pour porter la persécution contre les chrétiens de Damas. En chemin il sera interpelé par le Christ lui-même. Vous ne pouvez pas ignorer le fait, il est raconté trois fois dans les actes des apôtres.

Et le pardon que reçoit Paul quel est-il ? Paul sera baptisé par Ananie. Ce baptême, c'est une incorporation dans le Christ. Ce jour-là, Paul revêt le Christ. Etant lavé de son péché, Paul reçoit comme une sainteté sur lui. C'est une conversion, certes il rend gloire au même Dieu, il continue de prier le même Dieu mais il le fait par le Christ qui vient dans le monde le sauver.

Alors, pour résumer, en comparant le déroulement décrit dans les trois textes, nous pouvons identifier un même processus, un processus en trois étapes : une rencontre, le péché qui se révèle, et le pardon qui descend comme une libération.
Ce processus, il fonctionne encore. L'accomplissement de la promesse de la vision du texte d'Isaïe se poursuit Et nous sommes tous appelés à cette même conversion.
Le Seigneur est là près de nous, prêt pour nous rencontrer. Il n'attend qu'une chose que nous ouvrions nos yeux, que nous ouvrions nos coeurs.
Et si lors d'une rencontre avec le Christ, si en vivant sa présence, notre péché se révèle, notre péché nous pèse, ne soyons pas inquiets, cela fait partie du processus. Et le pardon du Seigneur n'est pas loin de nous, Fabien, Jean-Pierre et d'autres prêtres sont disponibles pour appeler sur nous l'abondance de l'amour du Seigneur.
Dans un instant, nous prierons, Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, prends pitié de nous ! Mesurons l'écart entre ce Dieu qui s'incarne et qui veut nous sauver et notre refus de l'accueillir pleinement, en vérité.
Et qu'est-ce que cela peut-être que d'accueillir le Christ en vérité ?
J'évoquais plus haut un processus en trois étapes, en fait il y en a une quatrième. Les trois textes se terminent de la même manière.
Le texte d'Isaïe se termine par : "Et rai répondu : « Me voici : envoie-moi!"
L'Evangile se termine par : "Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras."
La lettre de Paul : "Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n'est pas moi, c'est la grâce de Dieu avec moi."
La quatrième étape, c'est l'envoi en mission, c'est le rôle qui nous ait proposé à nous, les baptisés, les disciples du Christ.

Alors Prions le Seigneur pour que nous le laissions s'approcher de nous.
Prions le Seigneur de nous donner la grâce de reconnaître en nous ce qui n'est pas ajusté à la joie d'être sauvé.
Prions le Seigneur de nous livrer complètement à son pardon.
Et enfin, prions le Seigneur de nous envoyer porter la bonne nouvelle, le monde est en attente. Amen !

Dominique Bourgoin
Diacre