Parce que tu m’as vu, tu crois / Jn 20 19-31 / Une homélie

 La pierre est roulée et le tombeau est vide. C’est ce que voit Jean le matin de Pâques quand il arrive en courant. Il voit une pierre roulée et il voit du vide. Il voit et il croit.

Quelques jours plus tard, dans une maison où sont réunis les apôtres, Jésus apparait. N’a-t’il pas dit que quand deux ou trois sont réunis en mon nom je suis présent ? 
 
Jésus est présent et il est bien visible. Sa présence est bien réelle. La présence de Jésus réjouit les apôtres réunis en son nom. Et comme dans une liturgie, Jésus donne la paix, il donne sa paix.
 
Le geste de paix n’est pas un geste anodin. Il ne s'agit ni de saluer ses voisins ni de saluer l'assemblée. Il s'agit de se transmettre le Christ, notre paix, celui qui nous fait dire « Père » à Dieu et qui fait de nous un même corps dans le pain partagé. Le geste de paix préfigure la communion, le partage du corps du Christ dans le pain.

Les apôtres sont rassemblés. Le Christ prouve que c’est bien lui le Jésus qui a été crucifié. Il montre ses plaies. Jésus de nouveau donne sa paix à cette petite assemblée qui préfigure l’Eglise.

Jésus souffle sur les apôtres qui reçoivent déjà l’Esprit Saint comme à la pentecôte.

Dans cet Evangile, Jésus constitue son Eglise. Il la rejoint parce qu’elle est rassemblée en son nom. Il envoie son Esprit sur elle pour la fortifier. Il l’envoie dans le monde avec mission de pardonner.

Les témoins sont nourris de la présence du Christ. 

Il en manque un. Il manque Thomas. Les disciples s’empressent auprès de lui, tous remplis de l’Esprit-Saint qu’ils ont reçu. Ils lui relatent l’événement.

Thomas n’a pas vu la pierre roulée et le tombeau vide. Thomas n’a pas assisté à liturgie qui s’est déroulée plus tôt. Il ne faisait pas partie de cette assemblée réunie autour du Christ. Alors, Thomas doit-il croire ce qui est rapporté par ses compagnons ? Thomas peut-il croire ce que lui rapporte ses compagnons ? Thomas n’a pas reçu la paix du Seigneur. Thomas n’a pas reçu l’Esprit, soufflé par Jésus.

Alors, le raisonnement prend le dessus. Il provoque ses amis par cette phrase : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard. Curieux, huit jours, comme le délai entre deux messes dominicales. L’événement se reproduit. Alors qu’ils sont TOUS réunis, Jésus vient, et dit : « La paix soit avec vous ! »

Cette simple phrase du Christ, cette adresse si réconfortante suffit à Thomas. Il ne met pas ses doigts dans les plaies de Jésus mais exprime aussitôt sa profession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

La seule présence de Jésus suffit à nourrir la foi de Thomas !

Nous en sommes tous là. Nous avons besoin de voir, d’entendre, de sentir, de goûter pour affermir notre foi. Là est la justification de la liturgie qui se déploie lors de la messe. 

Nous nous rassemblons au nom du Seigneur. Le Christ nous fait la grâce de sa présence dans la parole de Dieu qui nous est proclamée à cet ambon. Le Christ se fait présent dans le pain et le vin consacrés à cet autel.

C’est dans la foi de sa présence que nous avançons vers l’autel pour le recevoir.

Demain matin, [ce matin] trois jeunes femmes feront leur première communion. Leur démarche est pour nous tous à l’exemple de Thomas. Elles viennent se nourrir de la présence du Seigneur.

Heureuses celles qui croient sans avoir vu. Elles viennent à la source recevoir la paix du Christ.
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre

Matin de Pâques / Jn 20 1-9 / Une homélie

Ce matin, nous venons d’entendre le récit du petit matin de Pâques par Saint Jean. Comme hier soir avec le récit de Saint Luc, Marie-Madeleine, seule vient au tombeau. Un tombeau vide. Et Pierre qui court pour voir. Mais là, il n’est pas seul, avec lui un disciple plus jeune, plus rapide, celui que Jésus aimait…

Ce matin : pas d’hommes en vêtement éblouissant pour annoncer aux femmes la résurrection de Jésus et rappeler ce qu’il avait dit en Galilée annonçant sa mort et sa résurrection après trois jours.

Aujourd’hui, comme hier, un tombeau vide…Enfin, pas tout à fait : des linges sont laissés là. Saint Luc et Saint Jean les mentionnent. Et aujourd’hui plus de détails. Par deux fois, on lit que ces linges probablement offerts par Joseph d’Arimathie et Nicodème sont ‘à plat’ et le linge de la tête roulé, à part, à sa place. Dans ce tombeau, les linges sont comme une écriture. Comme un texte à lire, à interpréter. Ils désigne l’emplacement d’un corps, ils signent l’absence de celui qui avait été mis au tombeau. Le linge de la tête, à sa place, à part, est roulé…

Alors, me revient un autre passage de l’Évangile, celui que nous avons entendu lors de la messe chrismale, il y a quelques jours. Dans ce passage, Saint Luc nous raconte la lecture dans la synagogue faite par Jésus d’un passage du prophète Isaïe. Nous sommes à Nazareth en Galilée. Après la lecture, Jésus roule le livre, le remet au servant et s’assoit. Puis Jésus commente : « Aujourd’hui est accomplie l’Écriture pour vous qui l’entendez ! »

Le livre est roulé, le suaire est roulé. Jésus a accompli les Écritures ! Jésus de Nazareth, rempli d’Esprit-Saint a fait le bien et a guéri… la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres, la libération est proclamée aux captifs, à ceux qui vivaient dans les ténèbres… La résurrection est à l’œuvre ! La résurrection s’accomplit aujourd’hui pour ceux qui entendent.

Le tombeau est vide, les linges sont à plat ou roulés, ultimes traces de Celui que la mort n’a pas retenu au-delà des trois jours annoncés. Sont à lire désormais les récits des premiers témoins dans les Évangiles et aussi les vies de ceux et celles qui ont accueilli le Ressuscité dans le silence de la prière, dans le mystère de l’Eucharistie et des sacrements, dans le service des plus pauvres, dans l’amour des frères…

Le Christ est vivant, il est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

Alléluia. Amen 
Vincent Garros
Email de Christophe Mirande

Vigiles Pascales / Luc 24 1-12 / Une homélie


 La pierre est roulée et le tombeau est vide

Jésus, le beau Dieu, si bon, si doux, si puissant, si plein d’amour, Jésus est mort, défiguré, humilié sur la croix, on l’a mis dans un trou, on a posé une pierre dessus.
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

Les disciples si lents à comprendre, si lents à croire, les disciples missionnaires s’enferment, minables et lâches, ils ont posé une pierre sur leurs illusions.
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

Les femmes viennent à l’aube profonde caresser un cadavre, parfumer un mort, dans la honte de ne pas l’avoir fait le jour qu’il fallait, d’avoir préféré la loi au soin de celui qu’elles aimaient. Elles ont posé une pierre sur ce corps abandonné.
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

Le monde est en guerre, des peuples se déchirent, on bombarde, on rase des villes, on torture des otages, on s’envoie des drones, on tue les enfants et les vieillards. Sur tout espoir de paix, le monde a posé une pierre.
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

Nous avons choisi l’argent. Sur les arbres, sur les fleuves et les ruisseaux, sur les bêtes et les bestioles, sur l’air qu’on respire, on a choisi le pétrole, la clim, l’avion, la grosse voiture et le steak. Sur la nature, on a posé une pierre.
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

On a élu des fous, on choisit des tyrans, parce qu’on veut de l’ordre, parce qu’on veut défendre son grand écran, sa grosse voiture et son steak. Sur la démocratie, sur la justice, on a posé une pierre.
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

On a enlevé la joie à nos enfants. On leur a mis des angoisses de réussite, on leur a mis du parcoursup et des horizons bouchés, on leur a interdit l’espérance, on leur a mis des réseaux pour ne plus se parler, on leur a cloué un téléphone dans la main. Sur nos enfants, une pierre est posée.
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

On a mis l’Église dans un trou. Un trou de silence pour que rien ne se dise de sa crasse et de ses mensonges. On a mis des mosaïques pour décorer le trou, de l’or et de la dentelle, de la tradition et des valeurs. Et l’Église pourtant si belle, s’est mise à sentir la mort.
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

On a fait des prêtres fatigués. On les a éclaboussés d’abbé Pierre et de Bétharam, on a mélangé les saints et les tarés. On a fait des évêques pétris de peur, des diacres tristes et transparents. Sur nos vocations on a posé une pierre
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

On a roulé une pierre sur nos chairs, on a couvert nos corps. On a dit que c’était triste de vieillir, on a dit que la maladie nous humiliait, qu’il valait mieux mourir, que c’était plus digne. On a dit qu’un corps différent c’était un corps exclu, on a jeté des pierres sur des chairs amoureuses de leur semblables.
Sur nos corps comme ils sont, on a posé une pierre.
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

Sur nos vies on a posé la pierre de nos échecs.
la pierre de nos deuils
la pierre de nos désarrois
la pierre de nos petits arrangements, de nos colères imbéciles, de nos regrets si lourds.
Mais la pierre est roulée et le tombeau est vide

C’est pour ça que nous sommes là dans la profonde nuit
C’est parce que la pierre est roulée et que le tombeau est vide
C’est pour ça que nous croyons,
C’est dans le mouvement de la pierre qui se roule, c’est dans le vide du tombeau que nous sommes baptisés, c’est notre fondation, c’est notre source, c’est notre horizon et c’est notre Joie.
C’est dans cette ouverture et ce vide que vous allez maintenant être baptisés.

Le terrain est penché, la pierre toujours veut revenir à sa place.
Le diable et le monde travaillent sans relâche à la replacer, à remplir le tombeau.
Le diable et le monde nous disent qu’à la fin le tombeau doit être plein et que c’est la pierre qui gagne.
Il faut la nuit de Pâque, il faut le torrent de la voix de l’Ecriture, il faut le feu la flamme et l’eau, il faut nos chants, nos corps côte à côte, coude à coude, pour que la pierre à nouveau libère le vide du tombeau.
Devant l’éternelle pierre, il faut des alléluia qui soient des cris, des alléluia qui dynamitent la pierre qui menace sans cesse de faire machine arrière.

La pierre est roulée, le tombeau est vide, le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité.

╬ Amen Alleluia !
Sylvain diacre
Email de Christophe Mirande

Jeudi Saint / Jn 13, 1-15 / Une homélie


   
 Si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas part avec moi. L’enjeu de ce geste de Jésus est donc de taille, même si, comme Simon-Pierre, nous ne comprenons pas bien et s’il faut comprendre plus tard !

Avoir part avec Jésus, partager quelque chose de lui ? participer à ce qu’il nous donne comme exemple ? Puisqu’il nous demande de le refaire après lui : ‘ Lavez-vous les pieds les uns les autres’, cela ressemble beaucoup à ‘Aimez-vous les uns les autres’.  Ce geste semble parler de ce lien particulier d’amour que Jésus instaure entre les disciples, jusqu’à l’extrême jusqu’au bout…jusqu’à la fin.

Ce récit du lavement des pieds, saint Jean est le seul à en parler tandis que les autres évangélistes parlent du dernier repas de Jésus avec l’institution de l’Eucharistie. Aujourd’hui, l’Église nous fait entendre cet unique récit pour nous parler autrement d’une communion qui se dit par un service mutuel dans la dynamique de Jésus et que les disciples sont invités à faire pour avoir part avec Jésus.

Regardons ce que Jésus dit de lui dans ce récit. Jésus parle de maître et de serviteur ainsi que d’envoyé. Saint Jean nous a dit au début du récit que Jésus  va de ce monde à son Père, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu. Ce chemin vers Dieu que Jésus inaugure par la Passion semble être le chemin auquel il invite ses disciples à avoir part. En lavant les pieds de ses disciples, Jésus les prépare à cette route. Jésus ôte des pieds de ses amis la poussière de la route humaine, faite de terre desséchée, de terre morte, d’humanité pécheresse et violente celle des champs de bataille et des talons levés des refus, de haine…

En début de Carême, nous avons été marqués par de la cendre, poussière dont il fallait se souvenir autrefois, (souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière’). Aujourd’hui à quelques heures de la croix, Jésus, homme libre, libère de cette mort qui nous colle aux pieds. Jésus, l’envoyé du Père, envoie ses disciples pour laver les pieds, ambassadeurs de la miséricorde, témoins du salut. Jésus, ‘Dieu sauve’, lave nos corps de la poussière, signe de notre condition humaine, et nous mène vers le Père. ‘Dieu s’est fait fils de l’homme pour que l’homme devienne fils de Dieu’ résumait St Irénée de Lyon.

Comme Simon-Pierre, nous ne savons pas maintenant, mais nous croyons et espérons. Amen                                                                             

Vincent GARROS

Email de Christophe Mirande

Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront / Rameaux / Une homélie

 « Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » Désormais, on entre dans le temps où la gloire du Christ va se révéler aux yeux du monde. Rien ne peut arrêter ce temps.

Et la foule, inconsciemment, participe et comprend ce qui se passe. Les cris de "Hosanna", ce qui signifie littéralement, "de grâce, sauve", montre clairement que celui qui est accueilli en roi, est reçu comme un sauveur.

Il vient celui qui sauve.

« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » la prophétie d'Ezéchiel se réalise : "Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair."

Aujourd'hui les cœurs de pierre sont remplacés par des cœurs de chair. Et les cœurs de chair crient l'attente du sauveur.

Nous ne savons pas trop comment cela s'opère, mais nos cœurs palpitent au passage du Christ, celui qui est juché sur un petit âne. Les froufrous de nos rameaux donnent le rythme de notre attente.

Il vient celui qui sauve.

« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » Mais nous l'avons écouté, la foule passe de l'acclamation d'un roi à conspuer un criminel. Vient le moment où seules les pierres crient avec la création la gloire de Dieu. Ce moment de silence, ce temps où Dieu se tait et pleure sur nos péchés.

Mais, il vient celui qui sauve.

« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » Mais aujourd'hui, chantons la gloire de notre Dieu avec les pierres et toute la création. Et bientôt, la pierre sera roulée. Elle annoncera la victoire de notre Dieu sur la mort.

Car il est là celui qui sauve.

 
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
Et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.
 
Dominique Bourgoin, diacre
Email de Christophe Mirande

Le message Urbi et Orbi du 20 avril 2025



 Frères et sœurs, joyeuses Pâques !
  
 Aujourd’hui, l’Alléluia résonne enfin dans l’Église, se répercutant de bouche en bouche, de cœur à cœur, et son chant fait couler des larmes de joie dans le peuple de Dieu du monde entier. Du tombeau vide de Jérusalem nous parvient l’annonce sans précédent : Jésus, le Crucifié, « n’est pas ici, il est ressuscité » (Lc 24, 6). Il n’est pas dans le tombeau, il est vivant !
    L’amour a vaincu la haine. La lumière a vaincu les ténèbres. La vérité a vaincu le mensonge. Le pardon a vaincu la vengeance. Le mal n’a pas disparu de notre histoire, il restera jusqu’à la fin, mais il n’a plus le dessus, il n’a plus de pouvoir sur ceux qui accueillent la grâce de ce jour.
Sœurs et frères, surtout vous qui êtes dans la souffrance et l’angoisse, votre cri silencieux a été entendu, vos larmes ont été recueillies, pas même une seule n’a été perdue ! Dans la passion et la mort de Jésus, Dieu a pris sur lui tout le mal du monde et, dans son infinie miséricorde, il l’a vaincu : il a déraciné l’orgueil diabolique qui empoisonne le cœur de l’homme et sème partout la violence et la corruption.
Oui, la résurrection de Jésus est le fondement de l’espérance : à partir de cet événement, espérer n’est plus une illusion. Non. Grâce au Christ crucifié et ressuscité, l’espérance ne déçoit pas !  (Ro 5, 5). Et ce n’est pas une espérance évasive, mais engageante ; elle n’est pas aliénante, mais responsabilisante.
    Ceux qui espèrent en Dieu mettent leurs mains fragiles dans sa main grande et forte, se laissent relever et se mettent en route : avec Jésus ressuscité, ils deviennent des pèlerins d’espérance, des témoins de la victoire de l’Amour, de la puissance désarmée de la Vie…
    En ce jour, je voudrais que nous recommencions à espérer et à avoir con-fiance dans les autres… car nous sommes tous enfants de Dieu ! Je voudrais que nous recommencions à espérer que la paix est possible ! Aucune paix n’est possible là où il n’y a pas de liberté religieuse ni de liberté de pensée et d’expression, ni de respect des opinions d’autrui. Aucune paix n’est possible sans véritable désarme-ment…
    J’appelle tous ceux qui, dans le monde, ont des responsabilités politiques, à ne pas céder à la logique de la peur qui enferme, mais à utiliser les ressources disponibles pour aider les personnes dans le besoin, lutter contre la faim et favoriser des initiatives qui promeuvent le développement. Ce sont là les « armes » de la paix : celles qui construisent l’avenir, au lieu de semer la mort !
    Que le principe d’humanité ne soit jamais abandonné, car il est la clé de voûte de notre action quotidienne… Et en cette Année jubilaire, que Pâques soit aussi l’occasion de libérer les prisonniers de guerre et les prisonniers politiques !
    Chers frères et sœurs, dans la Pâques du Seigneur, la mort et la vie se sont affrontées dans un duel prodigieux, mais le Seigneur vit désormais pour toujours et nous donne la certitude que nous sommes nous aussi appelés à participer à la vie qui ne connaît pas de déclin, dans laquelle on n’entendra plus le fracas des armes ni les échos de la mort. Confions-nous à Lui qui seul peut faire toutes choses nouvelles (Ap 21, 5) !

Joyeuses Pâques à tous !                
                                    Pape François

Une célébration continue de la Pâque

    Dire que les festivités pascales sont le centre de l'année ecclésiastique, ce-la n’est pas assez ; elles sont et le foyer où tout converge, et la source de la-quelle tout découle. Tout le culte chrétien n'est qu'une célébration continue de La Pâque : le soleil qui ne cesse de se lever sur la terre traîne après lui un sillage d'eucharisties qui ne s’interrompt pas un seul instant, et chaque messe célébrée, c'est la Pâque qui se prolonge. Chaque jour de l'année liturgique, et dans chaque jour chaque instant de la vie de l’Église qui ne dort jamais, continue et renouvelle cette Pâque que le Seigneur avait désiré d'un si grand désir manger avec les siens, en attendant celle qu’il mangera dans son royaume avec eux et qui se pro-longera durant l'éternité. La Pâque annuelle que nous ne cessons ni de nous remémorer ni d'attendre nous maintient sans relâche dans le sentiment des premiers chrétiens qui s'écriaient, tournés vers le passé : Le Seigneur est vraiment ressuscité ! (Lc 24,34) et tournés vers l'avenir : Viens ! Seigneur Jésus ! viens bientôt !
(Apoc. 22,20).

    La religion chrétienne, en effet, n’est pas simplement une doctrine, elle est un fait, une action, et non pas une action du passé, mais une action du présent où le passé se retrouve et où I’ avenir s’approche. C’est en cela qu'elle renferme un mystère, un mystère de foi, car elle nous affirme que devient nôtre aujourd'hui l'action qu’un Autre accomplit jadis et dont nous ne verrons les fruits en nous que plus tard...
    Car le Christ est mort pour nous, non pas afin de nous dispenser de mourir, mais bien plutôt pour nous rendre capables de mourir efficacement : de mourir à la vie du vieil homme pour revivre à celle de l'homme nouveau qui ne meurt plus.
    Là est le sens de la Pâque : elle nous enseigne que le chrétien dans l’Église doit mourir avec le Christ pour ressusciter avec lui. Cette mort avec le Christ et cette résurrection avec lui, nous donne la vie cachée avec le Christ en Dieu qui paraîtra lorsque le Christ lui-même paraîtra. La vie chrétienne, vie de l’Église ou vie de chaque chrétien, est une vie avec le Christ.

Louis BOUYER (1913 – 2004)
Théologien – Prêtre de l’Oratoire
Le Mystère pascal, Le Cerf, Paris 1947, P.9-11. Extraits

Semaine sainte pour une Eglise sainte

    La semaine que nous allons vivre de Rameaux à Pâques est appelée Semaine Sainte. Elle porte en elle une sainteté à recevoir. Par sa richesse liturgique exceptionnelle, elle nous invite à accueillir cette sainteté qui vient de Dieu afin de constituer ensemble une Église sainte, objet de notre foi.
    La fête des Rameaux porte notre louange pour Jésus que nous accueillons dans notre ville, dans notre vie, avec la simplicité de quelques branches d’arbres et l’enthousiasme d’un printemps qui éveille nos sens. Hosanna !
    Puis vient lundi, la messe chrismale où notre évêque bénit les huiles qui serviront dans l’année pour l’onction des catéchumènes, l’onction des malades et le saint chrême pour les nouveaux baptisés, les confirmés et ordonnés. Ce jour-là la cathédrale résonnera aussi du renouvellement des engagements des prêtres et des diacres au service de l’annonce de l’Évangile dans notre diocèse.
    Le jeudi saint fait mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples, la Cène, instituant l’Eucharistie. Mais aussi ce geste en mémoire de Jésus qui nous invite à le refaire : le lavement des pieds. Jésus, le maitre et Seigneur, s’est fait serviteur. À genoux devant ses disciples il leur a lavé les pieds afin qu’ils aient part avec lui. Dans le silence de la nuit, nous veillerons en présence de Celui qui s’est livré jusqu’à l’extrême.
    Le vendredi saint nous fera entendre la Passion selon Saint Jean puis une longue prière pour le monde et l’Église et enfin vénérer le bois de la Croix. Y déposer nos fardeaux dans l’Espérance du pardon, du relèvement…
    Le samedi saint est silence jusqu’au soir où s’allumera le feu nouveau. La longue liturgie de la veillée pascale fait mémoire du mystère de la Révélation, de la Création jusqu’à la résurrection du Christ au petit matin de Pâque. Et ré-sonne enfin ce cri de joie : Alléluia ! Dans cette nuit et le dimanche, de nombreux jeunes et adultes recevront le sacrement du baptême, entrant dans la Vie du Christ ressuscité.
 Cette Semaine Sainte rappelle à chacun comme à l’Église tout entière comment nous devenons saints. Les récits évangéliques et les liturgies nous le montrent : louanges de Celui qui vient nous sauver, Hosanna ! humbles services des frères dans le soin des corps et des âmes : lavement des pieds et onctions sacramentelles, silences et veilles dans la prière pour le monde et toute la création, accueil aujourd’hui de la Vie du Ressuscité, lui qui nous appelle à naître d’en Haut. Alléluia !

Vincent GARROS

La réconciliation, un don de Dieu

 L’Église est le sacrement du Christ. Elle est témoin de sa résurrection et signe de sa présence dans le monde. Aujourd’hui, pour les chrétiens, la rencontre de Dieu avec les hommes suppose une médiation qui dise le lien entre celui qui prend conscience de son péché et la Pâque de Jésus Christ. Dès les premiers siècles, la vie chrétienne s’articule sur le baptême et sur l’Eucharistie. La pénitence est alors un exercice continu de la vie baptismale. Dans les siècles suivants, l’Église donne à la pratique pénitentielle des formes variées. C’est sans doute le sacre-ment qui a connu les plus profondes modifications.
    La pratique de ce sacrement, quant à sa célébration et à sa forme, a connu un long processus de développement, comme l’attestent les sacramentaires les plus anciens, les actes des conciles et les synodes épiscopaux, la prédication des Pères et l’enseignement des Docteurs de l’Église.  (Exhortation apostolique. Jean-Paul II 1984)
    Si le rite d’aujourd’hui est presque identique à celui des siècles précédents, il est assez différent par le mode de célébration. Une place première est faite à la Parole de Dieu. Qu’il soit personnel ou communautaire, le sacrement est le lieu où se reconnaît d’abord l’amour de Dieu et la force de la miséricorde avant de reconnaître ses imperfections, son péché.
    La parole de Dieu révèle en même temps la dignité insoupçonnée de l’homme et la profondeur insoupçonnée du mal. Dans la vie, la mort et la résurrection du Christ, Dieu se révèle de façon plénière comme le Dieu vivant qui aime tous les hommes et les invite à aimer. (Rituel 1978)
    Dieu, le Père a manifesté sa miséricorde en son Fils Jésus : en lui et par lui, il a voulu tout réconcilier en faisant la paix par le sang de sa croix (2 Co 5, 18. Col 1, 20)
    L’appel de la Bonne Nouvelle rejoint les hommes en ce qu’ils ont de meilleur. A chacun de se mettre en marche pour entrer dans cette Espérance. (Rituel)
Le sacrement de la réconciliation c’est l’expérience de la résurrection de celui ou celle qui devant l’amour de Dieu confesse son péché et s’entend dire : ‘Va et ne pèche plus !’.

Vincent GARROS

Femme, où sont-ils donc ? / Jn8 1-11 / une homélie

 

Chers catéchumènes, ce soir vous recevez les scrutins. De quoi s’agit-il ? En quoi cela consiste-t ’il ?
Le terme scrutin, en l’analysant de plus près, peut nous aider. C’est un mot décliné du verbe scruter.
Comme ce mot le suggère, catéchumènes, vous êtes encouragés à vous laisser scruter par Dieu. Les paroles qui vont être dites, les prières qui vont être formulées, les gestes qui vont être posés sont là pour vous signifier l’amour du Seigneur.
Le Seigneur est invité à vous scruter pour mieux percevoir vos faiblesses et les richesses de vos cœurs. Ainsi, en poursuivant vos efforts pour mieux aimer Dieu, vous recevrez la force du Christ.
Le mot “scrutin” évoque donc le discernement entre la lumière et les ténèbres. Les « appelés » sont invités à la conversion, à se tourner vers le Seigneur pour se voir à sa lumière.
 
L’Evangile de ce dimanche nous montre comment Jésus scrute les cœurs.
Ce sont bien les scribes et les pharisiens qui, en premier lieu, interrogent Jésus pour savoir s’il est bien respectueux de la loi de Moïse. Ils mènent devant lui une femme muette comme on mène une bête à l’abattoir. La femme, déshumanisée, est l’enjeu d’une querelle qui couvent envers Jésus. Va-t-il ce coup-ci tomber dans le piège ?
Jésus ne répond pas. Il est accroupi, il écrit dans le sable. On imagine le malaise qui s’installe dans le silence. Un silence qui favorise une introspection. Pas de précipitation de la part de Jésus, il laisse retomber la pression.
La scène situe les personnages sur plusieurs niveaux. Jésus, au plus bas. La femme écrasée par la foule qui la charge elle seule de la faute. Et les hommes qui vocifèrent leur accusation.
Trois plans, de bas en haut, Jésus, la femme et les scribes et les pharisiens. Ces derniers sont au plus haut, ils portent un regard condescendant tandis que Jésus au plus bas lève un regard de compassion.
Jésus les scrute du plus bas. Il ne scrute pas d’en haut comme pour écraser de sa puissance mais d’en bas pour que le péché, qui habite ces hommes, se révèle dans leur cœur sans contrainte.

Puis Jésus se redresse, il plonge son regard dans chacun et dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Puis Jésus s’abaisse de nouveau. Il ne faut pas que la parole adressée soit perçue comme un défi mais plutôt comme une invitation à réfléchir à son ajustement à Dieu.

Qui suis-je pour juger ? La lumière du Christ confrontée à mes ténèbres. Voici un effet des scrutins, la lumière qui vient en moi Elle agit comme une révélation de la part d’ombre en moi. Mais surtout, la lumière s’empare de moi et touche cette part en moi qui appartient à Dieu.
« Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. » Avec une note d’humour, l’Evangéliste montre la prise de conscience de ces hommes vindicatifs. On les imagine laissant tomber les pierres à leur pied et quittant l’arène en silence un par un, alors qu’ils étaient uni dans l’accusation auparavant.
Puis Jésus se redresse. Il s’adresse à la femme restaurant ainsi son humanité. La femme parle : « Personne, Seigneur. » Dans ce « Seigneur » la femme révèle qu’elle aussi s’est laisser scruter par le Christ. Elle reçoit l’absolution et part libérée de son péché.
Voilà, chers catéchumènes, comment le Seigneur agit quand il vient à notre rencontre pour nous scruter. Il lève les yeux sur vous, se situant au plus bas. Ce moment pourrait s’appeler également illumination. C’est tout ce que je vous souhaite et ce que nous allons faire dans un instant.
Je le souhaite également à vous les baptisés.
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.