Les futurs baptisés de Pâques

    Les adultes qui seront baptisés à Pâques 2025 étaient réunis à l'abbaye du Rivet pour une journée de partage sur l'engagement du baptême le samedi 21 septembre. Ils ont rencontré une sœur qui a témoigné de sa vie. Ils ont profité des journées du patrimoine pour visiter l'abbaye.

Occasion de chute / Mc 9 38-48 / Une homélie


(...)
Pour entrer dans la vie, il se pourrait que nous ayons besoin de nous délester de ce qui, en nous, fait chuter le petit qui croit.

Le grand, le grand croyant, sûr de son coup, sûr de sa foi, sûr d’avoir raison, sûr d’être du bon côté, celui qui juge les pratiques différentes comme des pratiques forcément fausses, celui-là n’est pas concerné.
C’est le petit qui est en danger, le petit croyant en chacun de nous, celui qui hésite, qui s’interroge, qui se sent fragile. C’est celui-là que le Christ s’est choisi. C’est lui qu’il veut protéger de toute chute.

Pour entrer dans la vie, la petite part fragile de notre foi peut très bien avoir besoin que nous abandonnions la main qui saisit sans qu’on lui donne, la main qui prend au lieu de recevoir. Le pied qui retourne en arrière, le pied qui écrase au lieu de danser. L’œil qui juge et qui condamne, l’œil qui se ferme au lieu de pleurer avec son frère.

Pour faire entrer dans la vie le petit que nous sommes en vérité dans la foi, il ne faut pas avoir peur d’être incomplet, qu’importe s’il manque des morceaux. Il se pourrait même que nul n’entre dans la vie sans être boiteux, manchot ou borgne. Nul n’entre dans la vie, dans la vie véritable, sans avoir perdu des plumes, nul n’entre dans la vie sans blessures. Les complets, les intacts… ceux-là se dirigent dans un feu…

(...) Ce qui doit me préoccuper, ce n’est pas l’autre qui ne pense pas comme moi, qui ne célèbre pas comme moi… c’est celui qui, en moi, bouscule le petit qui veut croire. C’est ce combat intérieur entre moi et moi-même.
Entre ce qui en moi s’attache à rester intact et sans perte et le minuscule qui porte ma foi et qu’une main, un pied ou un œil, suffit à faire tomber.

Seigneur garde-nous de cette main desséchée, de ce pied conquérant, de cet œil orgueilleux. Que mon âme soit en moi comme un enfant, un petit enfant près de sa mère (ps 130) Un petit enfant qui entre dans la vie.

╬ Amen
Sylvain diacre

Qui suis-je ? / Mc 8, 27-35 / Une homélie

         Dimanche dernier : « Ephata ! Jésus ouvre les oreilles et libère la parole d’un homme. Aujourd’hui, nous entendons Isaïe dire ‘Dieu m’a ouvert les oreilles’ et il ne se dérobe pas à ce qu’il doit dire. Dans la confiance, il fait face aux outrages, à ceux qui l’attaquent en justice.

         Jésus, dans cette même disposition, de prophète, annonce avoir à faire face aux adversaires qui veulent l’empêcher de parler et qui le mettront devant les juges qui le condamneront.

         Résolument, Jésus annonce à ses disciples le sort qui l’attend. Il ne peut pas se taire. Il proclame ce qu’il a vu et entendu de Dieu, la source de la Vie, la source de tout amour, lui qu’il appelle son père, un Père pour toute l’humanité qu’il amie sans limite.

         Jésus invite ses disciples à dire ce qu’ils entendent autour d’eux de ce que peut représenter Jésus puis ce qu’il est pour eux. Depuis le début de leur aventure avec Jésus, les disciples se posent la question : ‘Mais qui est-il donc ? même le vent et la mer lui obéissent !’ (Mc 4,41)

         Et nous ! Qu’est donc Jésus pour nous au-delà des mots du Credo de l’Eglise ? Que pouvons-nous en dire. Quelques fois, nos proches, des voisins, des collègues de travail peuvent nous poser la question… et c’est bien difficile de répondre.

         Saint Jacques nous donne la réponse qu’il a choisie : ‘C’est par les œuvres que je dis ma foi !’

         N’ayons pas peur de dire avec nos mots, nos mots de tous les jours ce Christ en qui nous avons mis notre confiance et œuvrons ensemble pour un monde de justice et de paix.

         Amen

Vincent Garros

 

"Il marche"

« Il marche, sans arrêt, il marche…
Ce que l’on sait de lui, on le tient d’un livre…
Ils sont d’abord quatre à écrire sur lui…
La mort, le vent, l’injure, il reçoit tout de face sans ralentir son pas…
Il va droit à la porte de l’humain…
Il est juif par sa mère, juif par son père, éternellement juif par cette façon d’aller partout sans trouver nulle part un abri…
Il ne parle que de la vie, avec ses mots à elle : il saisit des morceaux de la terre, les assemble dans sa parole, et c’est le ciel qui apparaît…
Ce qu’il dit est éclairé par des verbes pauvres : prenez, écoutez, venez, partez, recevez, allez…
Il est doux et abrupt. Il brise, il brûle et il réconforte…
Il vient d’une famille où on travaille le bois. Il travaille les cœurs qui sont autrement plus durs que le bois…
 
L’homme qui marche. (Extraits) Christian BOBIN

    En ce début d’année scolaire 2024, enfants, jeunes, hommes et femmes de tous âges, continuons, prenons ou reprenons, notre marche de disciple. En chemin, mettons-nous à l’écoute, découvrons,  redécouvrons ces paroles singulières de ce Jésus de l’histoire dans les Évangiles. En Église, faisons l’expérience, ensemble de ce Christ qui est présent à notre monde et nous invite à y travailler pour plus de justice et de paix.

    Préparons-nous à l’année jubilaire de 2025 que le pape François mettra sous le thème de l’Espérance.

Vincent GARROS

Les mains sales / Mc 7 1-23 / Une homélie


Petite leçon d’hygiène à destination des disciples.
Les disciples mangent avec les mains sales. La traduction utilise beaucoup les mots « pur » et « impurs »… mais il s’agit bien d’être sale, ou sali.
Pour les religieux, manger avec les mains sales, c’est contraire à la tradition. En mangeant avec les mains sales, les disciples ne posent pas un problème d’hygiène, ils posent un problème de respect de la tradition.

Alors jésus va régler son compte à la tradition :
« hypocrites ! (…) Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. (...) vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »

(...)
Quoi de plus volatile que la tradition ? Quoi de plus changeant ? « sujet au mouvement périodique et aux éclipses » (Jc 1 17)

(...)
Les disciples ont les mains sales en effet, mais ils ont le cœur propre.
Et la vraie saleté, celle qui nous met en danger, celle qui peut nous faire périr, ce n’est pas celle que nous rapportons du marché, c’est celle qui sort de notre propre cœur. Le savon de la tradition ne peut rien contre cette crasse-là :
« Paroles mauvaises, inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil, démesure. »
Voilà de quoi notre cœur est capable. Voilà la crasse qui risque de mettre à mal notre repas. Ce repas pour lequel nous nous présentons maintenant.

Allons-nous le prendre avec les mains bien propres, bien lavées sous le robinet de la tradition, mais le cœur pas très net ?
Ou allons-nous assumer nos mains sales de disciples ? Salies aux travaux du monde, Salies sur la place du marché, là où sont nos frères et sœurs, là où ils nous attendent. Salies dans les douleurs de nos frères, dans leurs fatigues, dans leurs doutes, dans leurs larmes… salies de cette sainte crasse.

Laissons la tradition aux champions de la tradition… en attendant la prochaine tradition… et ancrons nos vies dans l’Evangile du Christ
« Accueillons dans la douceur la Parole semée en nous ; c’est elle qui peut sauver nos âmes. Mettons la Parole en pratique, ne nous contentons pas de l’écouter : ce serait nous faire illusion. » (Jc 1 21-22)

    Que Dieu bénisse nos mains sales
        et qu’il préserve notre cœur de toute souillure.

Amen
Sylvain diacre