« Quand
vous aurez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y »
Le
texte dit : « Dans quelque maison que vous entriez,
restez-y »
C’est
le seul but de l’envoi des disciples : entrer dans une maison
et y rester. Jésus ne dit pas ce qu’il faut y faire, ce qu’il
faut y dire. Pas d’annonce, pas de discours, pas d’enseignement,
pas de projet pastoral : entrer dans une maison et y rester. Et
si l’on n’est pas accueilli, partir en ne laissant aucune trace
de son passage… sans même y déplacer la poussière.
Aujourd’hui,
notre maison est troublée.
Elle
est traversée par la peur, la division, le ressentiment, tentée par
le mensonge, la violence, la haine de l’étranger, séduite par le
mépris de la science et de l’intelligence…
« Jésus
appela les Douze. Alors il commença à les envoyer
deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits
impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route »
Envoyés
dans la maison malade. Envoyés dans la maison qui glisse au bord de
la falaise. Avec un pouvoir en plus : le pouvoir sur les
esprits impurs.
Celui
de maîtriser le mauvais esprit : esprit de terreur, esprit de
mensonge, esprit de violence, esprit de haine de l’étranger,
esprit de bêtise.
Les
disciples envoyés ont autorité là-dessus. Ils n’en sont pas les
esclaves, ils ont le pouvoir de les combattre.
Envoyés
dans la maison fissurée, avec un pouvoir en moins : le pouvoir
d’achat.
Pas
d’argent, pas de sac. Le pouvoir d’achat qui veut se faire
l’unique boussole, l’unique aspiration de la maison, la mesure de
ses désirs, le critère de ses choix, le
pouvoir d’achat est retiré aux disciples.
Quand
vous serez dans la maison, si vous voulez y être les envoyés du
Christ, faites une croix sur le pouvoir d’achat, faites une croix
sur ce que le monde a érigé en idole.
Prenez
des sandales, pour ne pas vous blesser sur les débris qui jonchent
la route, un bâton, pour vous défendre des bêtes sauvages, un
frère, pour vous empêcher d’être orgueilleux. Et laissez le sac
et l’argent qui sont les armes de l’esprit impur, et laissez la
deuxième tunique qui vous fait doubles, changeants, déshonnêtes.
Mais
je ne suis pas sur les routes, je n’irai pas dans les maisons, je
ne parlerai pas sur les places. Mon quotidien n’est pas celui d’un
héros, je n’ai rien d’un « missionnaire ».
Mon
quotidien, c’est chez moi, mon jardin, mon balcon, c’est mon
travail, ma famille, mes amis. J’ai passé l’âge de me croire
envoyé pour combattre le monde au nom de l’Evangile. Je suis bien
trop occupé pour trouver le temps de descendre dans l’arène… et
puis je n’ai pas envie.
Mais
Amos, le bouvier, qui vivait tranquille derrière son troupeau et qui
soignait ses sycomores, il n’avait rien demandé lui non plus, et
le Seigneur l’a saisi et lui a dit : « va ».(Am 7 12-15)
Aujourd’hui (14 juillet),
nous fêtons notre nation. Aujourd’hui, nous fêtons notre maison.
Nous hissons ses couleurs, nous chantons son hymne. Et c’est bien
là que nous sommes envoyés. Pas besoin de héros, pas besoin
d’aller bien loin.
Notre
maison déboussolée a besoin de la présence de ceux que le Seigneur
a saisis et qui ont entendu « va ». Elle a besoin que
demeurent en elle, des disciples libérés du mauvais esprit et
libérés du pouvoir d’achat.
Nous
sommes tous les envoyés, quelque soit notre âge, quelque soit notre
agenda :
-
Pour proclamer silencieusement qu’il faut se convertir, c’est à
dire changer.
-
Pour expulser les démons, c’est à dire mettre hors de la maison
la haine et le mensonge.
-
Pour guérir les malades, c’est à dire faire du bien. Apaiser,
prendre soin des blessures, des trop nombreuses blessures de la
maison.
Si,
comme nous le dit Paul, nous sommes choisis, dans le Christ, avant
la fondation du monde, pour être
saints et immaculés devant lui, dans
l’amour (Ep1 3-14) ; alors peut-être Amour et Vérité se
rencontrent, justice et paix s’embrassent.
Alors
peut-être c’est la paix pour son peuple (Ps84)
C’est
la paix pour la nation
C’est
la paix pour la maison
╬ Amen
Sylvain
diacre
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