Envoyés dans la maison / Mc 6 7-13 / Une homélie


« Quand vous aurez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y »
Le texte dit : « Dans quelque maison que vous entriez, restez-y »

C’est le seul but de l’envoi des disciples : entrer dans une maison et y rester. Jésus ne dit pas ce qu’il faut y faire, ce qu’il faut y dire. Pas d’annonce, pas de discours, pas d’enseignement, pas de projet pastoral : entrer dans une maison et y rester. Et si l’on n’est pas accueilli, partir en ne laissant aucune trace de son passage… sans même y déplacer la poussière.

Aujourd’hui, notre maison est troublée.
Elle est traversée par la peur, la division, le ressentiment, tentée par le mensonge, la violence, la haine de l’étranger, séduite par le mépris de la science et de l’intelligence…

« Jésus appela les Douze. Alors il commença à les envoyer deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route »

Envoyés dans la maison malade. Envoyés dans la maison qui glisse au bord de la falaise. Avec un pouvoir en plus : le pouvoir sur les esprits impurs.
Celui de maîtriser le mauvais esprit : esprit de terreur, esprit de mensonge, esprit de violence, esprit de haine de l’étranger, esprit de bêtise.
Les disciples envoyés ont autorité là-dessus. Ils n’en sont pas les esclaves, ils ont le pouvoir de les combattre.

Envoyés dans la maison fissurée, avec un pouvoir en moins : le pouvoir d’achat.
Pas d’argent, pas de sac. Le pouvoir d’achat qui veut se faire l’unique boussole, l’unique aspiration de la maison, la mesure de ses désirs, le critère de ses choix, le pouvoir d’achat est retiré aux disciples.
Quand vous serez dans la maison, si vous voulez y être les envoyés du Christ, faites une croix sur le pouvoir d’achat, faites une croix sur ce que le monde a érigé en idole.
Prenez des sandales, pour ne pas vous blesser sur les débris qui jonchent la route, un bâton, pour vous défendre des bêtes sauvages, un frère, pour vous empêcher d’être orgueilleux. Et laissez le sac et l’argent qui sont les armes de l’esprit impur, et laissez la deuxième tunique qui vous fait doubles, changeants, déshonnêtes.

Mais je ne suis pas sur les routes, je n’irai pas dans les maisons, je ne parlerai pas sur les places. Mon quotidien n’est pas celui d’un héros, je n’ai rien d’un « missionnaire ».
Mon quotidien, c’est chez moi, mon jardin, mon balcon, c’est mon travail, ma famille, mes amis. J’ai passé l’âge de me croire envoyé pour combattre le monde au nom de l’Evangile. Je suis bien trop occupé pour trouver le temps de descendre dans l’arène… et puis je n’ai pas envie.

Mais Amos, le bouvier, qui vivait tranquille derrière son troupeau et qui soignait ses sycomores, il n’avait rien demandé lui non plus, et le Seigneur l’a saisi et lui a dit : « va ».(Am 7 12-15)

Aujourd’hui (14 juillet), nous fêtons notre nation. Aujourd’hui, nous fêtons notre maison. Nous hissons ses couleurs, nous chantons son hymne. Et c’est bien là que nous sommes envoyés. Pas besoin de héros, pas besoin d’aller bien loin.
Notre maison déboussolée a besoin de la présence de ceux que le Seigneur a saisis et qui ont entendu « va ». Elle a besoin que demeurent en elle, des disciples libérés du mauvais esprit et libérés du pouvoir d’achat.

Nous sommes tous les envoyés, quelque soit notre âge, quelque soit notre agenda :
- Pour proclamer silencieusement qu’il faut se convertir, c’est à dire changer.
- Pour expulser les démons, c’est à dire mettre hors de la maison la haine et le mensonge.
- Pour guérir les malades, c’est à dire faire du bien. Apaiser, prendre soin des blessures, des trop nombreuses blessures de la maison.

Si, comme nous le dit Paul, nous sommes choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés devant lui, dans l’amour (Ep1 3-14) ; alors peut-être Amour et Vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent.
Alors peut-être c’est la paix pour son peuple (Ps84)
C’est la paix pour la nation
C’est la paix pour la maison
Amen
Sylvain diacre

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