Quelque chose germe au milieu de vous / Jn1 6-8 19-28 / Une homélie


L’Église en ce dimanche nous appelle à la joie et nous ouvre un chemin de rencontres avec de grands messagers de l’histoire sainte.

« L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi, car il m’a consacré par l’onction... Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur ».
Cette parole, Jésus l’appliquera à lui-même à Capharnaüm dans la synagogue (Luc 4 ,18) mais là c’est le prophète qui parle dans le livre d’Isaïe. Il se réjouit d’avoir été marqué par l’onction qui fait de lui le messager de Dieu. Mais de qui et à qui parle-t-il ? Qui sont ces cœurs brisés, ces captifs, ces prisonniers, ces pauvres (littéralement les « dos courbés ») ? Il s’agit des habitants de Jérusalem et du peuple juif tout entier qui se trouve très affligé.
Pourtant le peuple vient d’être libéré de l’exil.. Mais voilà, il se croit abandonné de Dieu car il doit partager la terre avec d’autres peuples et il trouve le temple détruit.
Et le prophète leur dit à temps et contre-temps « Ne vous laissez pas aller au découragement, retrouvez votre joie car Dieu ne vous abandonnera jamais »
Ayez confiance quelque chose germe au milieu de vous de la part de Dieu.
Ce qui germe six siècles plus tard c’est quelqu’un, et c’est Marie qui le porte.
 
Nous avons écouté Marie dans cette prière que nous appelons le Magnjficat
Elle vient de recevoir la visite d’un messager de Dieu, l’ange Gabriel qui lui a annoncé qu’elle mettrait au monde le messie, le Christ et qui lui a révélé la grossesse de sa cousine Élisabeth. Elle est aussitôt partie rendre visite à sa cousine. Marie n’a pas inventé les mots de sa prière ; pour exprimer son émerveillement et sa joie devant l’action de Dieu, elle a tout simplement repris les prières prononcées par ses ancêtres dans la foi.
Spontanément, mise devant une situation d’exception, Marie reprend les expressions de la prière de son peuple.
 
Dans l’Evangile nous retrouvons Jean le Baptiste que nous avons déjà rencontré dimanche dernier « Voici que j’envoie mon messager devant toi... » (Malachie)
Dans le désert sa voix fait grand bruit. Les autorités du peuples hébreux s’inquiètent. Que se passe-t-il à Béthanie de Transjordanie autour de ce personnage qui baptise dans l’eau du Jourdain. L’enquête qu’ils mènent piétine. Jean ne parle que de sa mission Ils veulent une identité pas du mystère.
« Je ne suis pas le messie « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert Redressez les chemins du Seigneur ». Il prend à son compte la Parole du prophète. Il n’est pas la lumière, il rend témoignage à la lumière.
 
« Il y a au milieu de vous quelqu’ un que vous ne connaissez pas »
Jean-Baptiste remet bien les choses en place : c’est vers lui que les foules viennent ; mais aussitôt, il les dirige vers le Christ. Il ne se présente pas en porteur de la vérité, mais il tourne les cœurs vers la vérité. Depuis plus de deux millénaires ce cri de jean Baptiste retentit dans les déserts plus ou moins inavouées de nos vies. L’entendons-nous dans le chaos ambiant de notre histoire ? En écoutant son cri, nous écoutons le Cri de Dieu fait homme, le Christ, et le cri des hommes, des femmes et des enfants de notre temps ; Nous sommes à notre tour les témoins de la venue parmi les hommes de la lumière et de l’amour infini. Cela nous oblige, nous qui avons été marqués par l’onction le jour de notre baptême. Saurons-nous parler assez fort et juste pour transmettre notre joie, et manifester la proximité de Dieu ?

Un grand témoin de notre siècle nous a rappelé notre mission de baptisés un jour à Marseille. C’est le Pape François dans un très profond discours si vite oublié. Je vous en livre la conclusion
« Soyez une mer de bien, pour faire face aux pauvretés aujourd’hui avec une synergie solidaire. Soyez un port accueillant pour ouvrir nos cœurs et embrasser ceux qui cherchent un avenir meilleur. Soyez un phare de paix, pour anéantir, à travers la culture de la rencontre, les abîmes ténébreux de la violence et de la guerre. »

Robert Zimmermann
Diacre

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