Marie, figure de l'ombre / Luc 1 26-38 / Une homélie

(...)
 Marie, au jour de l’annonce, n’est pas la Vierge de lumière de nos cantiques. Marie n’est pas la Vierge glorieuse, entourée de rayons, d’éclats et d’angelots. Le programme que lui propose l’ange, ce n’est pas d’habiter la lumière, c’est de se tenir dans l’ombre :
« L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » Le texte dit : « te couvrira d’ombre »

Marie comme figure de l’ombre.

L’ange ne lui propose pas une place d’honneur. Il ne lui propose pas les feux de la rampe. Il ne lui promet pas la gloire et le piédestal des autels dorés. Il lui promet l’ombre. L’ombre de la puissance du très-haut.

Et Marie consent
Marie se fait l’esclave du Seigneur, elle prend sur elle l’ombre du très-haut
Et en entrant dans l’ombre, la lumière germe en son sein
Parce qu’elle est une figure de l’ombre, la lumière peut se blottir en elle.
Parce qu’elle accepte d’habiter le pays de l’ombre, la lumière, ce soir, va se lever sur le peuple qui marche dans les ténèbres.
Parce qu’elle disparaît dans l’ombre du très-haut, ce soir, une lumière va resplendir sur ceux qui habitent le pays de l’ombre.

L’ange ne promet pas à Marie de partager la lumière du fils. Elle sera de l’ombre pour toujours pour qu’il soit lumière.

Elle ne sera pas de l’ombre parce que c’est une femme soumise qui s’efface devant la splendeur de l’homme qui vient
Elle ne sera pas de l’ombre parce que c’est une mère modèle qui se sacrifie pour la carrière de son fils brillant
Elle ne sera pas de l’ombre parce que nous sommes complices d’une culture où la femme compterait pour rien et où les hommes seraient des héros
Contresens !
Absurdité !

Elle consent à l’ombre-sur-elle, pour nous rejoindre nous… nous qui sommes de l’ombre, nous qui marchons dans les ténèbres, nous qui sommes les habitants du pays de l’ombre. Elle consent à être ombre pour nous rejoindre dans notre ombre
Pour rendre possible en nous la venue de la lumière
Pour que la lumière prenne chair en nous comme elle l’a fait en elle
Pour que le Fils qui nous sauve vienne se blottir dans nos entrailles comme il l’a fait dans les siennes.
(...)
 
 Les mots du psaume sont peut-être les siens :
«  (Seigneur) Garde-moi comme la prunelle de l’œil,
à l'ombre de tes ailes, cache-moi » (ps 16)

╬ Amen
Sylvain diacre

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