Il
est donc question d’une noce, une noce étrange, sans époux, sans
épouse, mais avec un père très envahissant puisqu’il s’occupe
de tout.
C’est
lui qui convoque les invités, c’est lui qui a préparé son
banquet, en tuant ses bœufs et ses bêtes grasses. C’est
lui qui va liquider les invités meurtriers et qui va ordonner de
ratisser les chemins pour en trouver de nouveaux. C’est
lui finalement qui fera du tri en trouvant l’invité qui n’a pas
la bonne tenue.
Du
côté des invités, ce n’est pas tellement plus réjouissant.
Ils
n’ont visiblement aucune envie de participer à cette noce, ils
iront jusqu’au meurtre pour ne plus en entendre parler. Quant
aux invités de remplacement, ils sont ramassés au hasard sur les
chemins et jetés là, sans qu’on leur demande leur avis. Et
gare à celui qui n’a pas respecté le code vestimentaire !
Décidément,
personne n’a l’air très heureux dans cette noce !
Il
y a une autre noce, un autre repas de noce.
Il
se déroule ici, maintenant, nous y sommes attablés pendant que je
vous parle.
Ce
qui me permet de dire ça, c’est une phrase que vous avez sans
doute relevée et qui nous est donnée à entendre à chaque messe
depuis que la traduction du missel à changé. Désormais,
le prêtre ne dit plus « Heureux
les invités au repas du Seigneur », mais « Heureux
les invités au repas des noces de l’agneau ».
Il
n’y a toujours pas d’épouse, mais il y a bien un époux, et
c’est un agneau ! Ce qui complique un peu l’affaire. Et
puis les « heureux » invités, il se pourrait que ce
soient nous, puisque la parole nous est directement adressée.
Alors
au festin des noces de l’agneau quel genre d’invités
serons-nous ?
● Serons-nous
comme les invités appelés par le père au début du texte ?
Les
invités désignés d’avance, les invités de professions, les
invités évidents. Les
invités qui ont oublié à quoi ils sont invités. Ceux
qui préféreront leur champ ou leur commerce : le travail et
l’argent
● Serons-nous
comme les invités rassemblés par les serviteurs ?
Ceux
qui sont sur les chemins.« à la sortie des chemins »
dit le texte.
Ceux
qui sont en mouvement permanent, ceux qui ne se sont installés nulle
part, ni dans leur vie, ni dans leurs amours, ni dans leur foi. Ceux
qui prennent le risque de se perdre mais qui cherchent, qui marchent. Ceux
que l’invitation à la noce cueille par surprise, ceux qui
n’étaient pas prévus.
● Serons-nous
comme l’invité trouvé sur le chemin mais qui n’a pas le
vêtement de noce.
Mais
comment ont-ils fait, les autres ? Ramassés au hasard sur les
chemins et vêtus en habit de noce ! Comment pouvaient-ils
savoir ? Peut-être
que tous ceux-là, étaient prêts pour la noce. Sans
le savoir, ils en avaient le grand désir, sans le savoir, ils
portaient sur eux le vêtement de fête, pour une noce dont ils
ignoraient tout.
« Heureux
les invités au repas des noces de l’agneau »
Au
fond, aucun n’a envie d’aller à la noce ! Les
premiers refusent, les seconds s’y retrouvent un peu par hasard.
Au
festin des noces de l’agneau, au repas eucharistique, on n’y
vient pas parce qu’on a envie. On y vient parce qu’un Père
nous y convoque ou parce que des messagers nous ont ramassés sur les
chemins.
Si
je dis à un jeune « tu iras à la messe quand tu auras
envie », je fais le pari qu’il n’ira jamais. Il ira, quand
il entendra la voix du Père qui le convoque, il ira quand il aura
été ramassé sur les chemins de sa vie par des
messagers.
Au
festin des noces de l’agneau, pour être les invités « heureux »,
peut-être faudra-t-il que nous soyons comme les invités traînant
sur les chemins mais parés pour la noce, prêts pour la fête,
disponibles à la Joie.
Les
invités avec les chaussures de marche mais le cœur habillé en
dimanche…
Heureux !
« Heureux
sommes-nous, les
invités au repas des noces de l’agneau » !
╬ Amen
Sylvain
diacre
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