Heureux les invités / Mt 22 1-14 / une homélie

Il est donc question d’une noce, une noce étrange, sans époux, sans épouse, mais avec un père très envahissant puisqu’il s’occupe de tout.
C’est lui qui convoque les invités, c’est lui qui a préparé son banquet, en tuant ses bœufs et ses bêtes grasses. C’est lui qui va liquider les invités meurtriers et qui va ordonner de ratisser les chemins pour en trouver de nouveaux. C’est lui finalement qui fera du tri en trouvant l’invité qui n’a pas la bonne tenue.

Du côté des invités, ce n’est pas tellement plus réjouissant.
Ils n’ont visiblement aucune envie de participer à cette noce, ils iront jusqu’au meurtre pour ne plus en entendre parler. Quant aux invités de remplacement, ils sont ramassés au hasard sur les chemins et jetés là, sans qu’on leur demande leur avis. Et gare à celui qui n’a pas respecté le code vestimentaire !
Décidément, personne n’a l’air très heureux dans cette noce !

Il y a une autre noce, un autre repas de noce.
Il se déroule ici, maintenant, nous y sommes attablés pendant que je vous parle.
Ce qui me permet de dire ça, c’est une phrase que vous avez sans doute relevée et qui nous est donnée à entendre à chaque messe depuis que la traduction du missel à changé. Désormais, le prêtre ne dit plus « Heureux les invités au repas du Seigneur », mais « Heureux les invités au repas des noces de l’agneau ».

Il n’y a toujours pas d’épouse, mais il y a bien un époux, et c’est un agneau ! Ce qui complique un peu l’affaire. Et puis les « heureux » invités, il se pourrait que ce soient nous, puisque la parole nous est directement adressée.
Alors au festin des noces de l’agneau quel genre d’invités serons-nous ?
● Serons-nous comme les invités appelés par le père au début du texte ?
Les invités désignés d’avance, les invités de professions, les invités évidents. Les invités qui ont oublié à quoi ils sont invités. Ceux qui préféreront leur champ ou leur commerce : le travail et l’argent

● Serons-nous comme les invités rassemblés par les serviteurs ?
Ceux qui sont sur les chemins.« à la sortie des chemins » dit le texte.
Ceux qui sont en mouvement permanent, ceux qui ne se sont installés nulle part, ni dans leur vie, ni dans leurs amours, ni dans leur foi. Ceux qui prennent le risque de se perdre mais qui cherchent, qui marchent. Ceux que l’invitation à la noce cueille par surprise, ceux qui n’étaient pas prévus.

● Serons-nous comme l’invité trouvé sur le chemin mais qui n’a pas le vêtement de noce.
Mais comment ont-ils fait, les autres ? Ramassés au hasard sur les chemins et vêtus en habit de noce ! Comment pouvaient-ils savoir ? Peut-être que tous ceux-là, étaient prêts pour la noce. Sans le savoir, ils en avaient le grand désir, sans le savoir, ils portaient sur eux le vêtement de fête, pour une noce dont ils ignoraient tout.
« Heureux les invités au repas des noces de l’agneau »

Au fond, aucun n’a envie d’aller à la noce ! Les premiers refusent, les seconds s’y retrouvent un peu par hasard.
Au festin des noces de l’agneau, au repas eucharistique, on n’y vient pas parce qu’on a envie. On y vient parce qu’un Père nous y convoque ou parce que des messagers nous ont ramassés sur les chemins.
Si je dis à un jeune « tu iras à la messe quand tu auras envie », je fais le pari qu’il n’ira jamais. Il ira, quand il entendra la voix du Père qui le convoque, il ira quand il aura été ramassé sur les chemins de sa vie par des messagers.

Au festin des noces de l’agneau, pour être les invités « heureux », peut-être faudra-t-il que nous soyons comme les invités traînant sur les chemins mais parés pour la noce, prêts pour la fête, disponibles à la Joie.
Les invités avec les chaussures de marche mais le cœur habillé en dimanche…

Heureux !
« Heureux sommes-nous, les invités au repas des noces de l’agneau » !
╬ Amen
Sylvain diacre

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