Témoins - Missionnaires / Jn 1 29-34 / une homélie

Jean rend témoignage, le texte le dit deux fois et juste avant, on apprenait que rendre témoignage, c’est la fonction même de Jean.
Arrêtons-nous sur ce mot de témoignage.

Aujourd’hui, un autre mot a envahi le discours de l’Église, c’est celui de « missionnaire ». En 2007, les évêques d’Amérique du sud réunis à Aparecida avaient donné à leur rencontre le titre de « Disciple-Missionnaire »… on sait la fortune qu’a eu depuis cette expression. Dans le nouveau testament, on sera peut-être surpris de découvrir qu’il n’y a jamais le mot mission ou missionnaire… mais on trouvera 110 fois le mot témoin ou témoignage !

Il ne s’agit pas simplement de compter des mots, il s’agit d’entendre que l’Evangile choisit clairement le thème du témoignage. L’évangile ignore les missionnaires et appelle des témoins.

Mais c’est quoi un témoin ?
« Jean rendit ce témoignage : j’ai vu ». Le témoin, c’est celui qui a vu.
Comme le témoin d’un accident, ou comme le témoin d’un mariage : le témoin, il était là, et il a vu. Il a vu et il peut donc en parler. il peut témoigner de ce qu’il a vu et entendu. Son témoignage, ce n’est pas du discours, ce n’est pas son opinion, l’expression de sa sensibilité, de sa psychologie, de ses convictions… c’est le rapport fidèle de ce qu’il a vu.
On peut être missionnaire de n’importe quoi, on ne peut pas être témoin de ce qu’on n’a pas vu.

Mais qu’a vu Jean ? Comment voit-il ? Au fond, voilà la vrai question, celle qui nous déroute, celle qui fait du témoignage une histoire complexe et pleine d’énigmes.
Car Jean voit ce que d’autres ne voient pas.
« Voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde »
Quand Jean voit Jésus, il voit l’agneau de Dieu, et c’est la première fois que l’on entend parler de ça, personne avant lui n’avait parlé de l’agneau de Dieu, personne avant lui ne l’avait vu.
L’agneau, jusque là sacrifié par les hommes pour se faire pardonner leurs nombreux péchés, devient l’agneau de Dieu, celui qui sera offert aux hommes par Dieu pour enlever l’unique péché du monde…
Jean voit aussi « l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui »…. Quel regard ! Quel capacité à voir ! À voir ce qui ne se voit pas, à voir le souffle demeurer.

Et si notre qualité de témoins de l’évangile se jouait là ? Dans notre capacité à voir et à entendre l’action de Dieu dans nos vies ? Et si être témoin, c’était changer de regard, ouvrir les oreilles, se laisser « ouvrir les oreilles » comme dit le psaume et comme nous avons entendu dire le jour de notre baptême.

Soyez missionnaires si vous voulez, mais surtout soyons « témoins » !
Proclamons non pas ce que nous avons appris, mais ce que nous avons vu !
Et si nous n’avons rien vu, et bien ouvrons les yeux capables de voir l’agneau de Dieu, les yeux capables de voir le souffle descendre du ciel….
Ce regard, chacun de nous en a l’expérience, Dieu nous veut témoins !
Souvenons-nous : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire ». Nous l’avons vu ! Que le Seigneur fasse de nous des témoins
╬ Amen
Sylvain diacre

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