Jean
rend témoignage, le texte le dit deux fois et juste avant, on
apprenait que rendre témoignage, c’est la fonction même de
Jean.
Arrêtons-nous sur ce mot de témoignage.
Aujourd’hui,
un autre mot a envahi le discours de l’Église, c’est celui de
« missionnaire ». En 2007, les évêques d’Amérique du
sud réunis à Aparecida avaient donné à leur rencontre le titre de
« Disciple-Missionnaire »… on sait la fortune qu’a eu
depuis cette expression. Dans le nouveau testament, on sera peut-être
surpris de découvrir qu’il n’y a jamais le mot mission
ou missionnaire… mais on trouvera 110 fois le mot
témoin ou témoignage !
Il
ne s’agit pas simplement de compter des mots, il s’agit
d’entendre que l’Evangile choisit clairement le thème du
témoignage. L’évangile ignore les missionnaires et appelle des
témoins.
Mais
c’est quoi un témoin ?
« Jean
rendit ce témoignage : j’ai vu ». Le témoin, c’est
celui qui a vu.
Comme
le témoin d’un accident, ou comme le témoin d’un mariage :
le témoin, il était là, et il a vu. Il a vu et il peut donc en
parler. il peut témoigner de ce qu’il a vu et entendu. Son
témoignage, ce n’est pas du discours, ce n’est pas son opinion,
l’expression de sa sensibilité, de sa psychologie, de ses
convictions… c’est le rapport fidèle de ce qu’il a vu.
On
peut être missionnaire de n’importe quoi, on ne peut pas être
témoin de ce qu’on n’a pas vu.
Mais
qu’a vu Jean ? Comment voit-il ? Au fond, voilà la vrai
question, celle qui nous déroute, celle qui fait du témoignage une
histoire complexe et pleine d’énigmes.
Car
Jean voit ce que d’autres ne voient pas.
« Voyant
Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici
l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde »
Quand
Jean voit Jésus, il voit l’agneau de Dieu, et
c’est la première fois que l’on entend parler de ça,
personne avant lui n’avait parlé de l’agneau de Dieu, personne
avant lui ne l’avait vu.
L’agneau,
jusque là sacrifié par les hommes pour se faire pardonner leurs
nombreux péchés, devient l’agneau de Dieu, celui qui sera
offert aux hommes par Dieu pour enlever l’unique péché du
monde…
Jean
voit aussi « l’Esprit descendre du ciel comme une colombe
et demeurer sur lui »…. Quel regard ! Quel capacité
à voir ! À voir ce qui ne se voit pas, à voir le souffle
demeurer.
Et
si notre qualité de témoins de l’évangile se jouait là ?
Dans notre capacité à voir et à entendre l’action de Dieu dans
nos vies ? Et si être témoin, c’était changer de regard,
ouvrir les oreilles, se laisser « ouvrir les oreilles »
comme dit le psaume et comme nous avons entendu dire le jour de notre
baptême.
Soyez
missionnaires si vous voulez, mais surtout soyons « témoins » !
Proclamons
non pas ce que nous avons appris, mais ce que nous avons vu !
Et
si nous n’avons rien vu, et bien ouvrons les yeux capables de voir
l’agneau de Dieu, les yeux capables de voir le souffle descendre du
ciel….
Ce
regard, chacun de nous en a l’expérience, Dieu nous veut témoins !
Souvenons-nous :
« Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi
nous, et nous avons vu sa gloire ». Nous
l’avons vu ! Que le Seigneur fasse de nous des témoins
╬ Amen
Sylvain
diacre
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