Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait / Mt 5 1-12 / Une homélie

Bien évidemment que pour enseigner, pour parler, il faut ouvrir la bouche. Alors pourquoi le préciser ? Mais justement, si cela est précisé c’est peut-être que cela a son importance. Quand nous ouvrons la bouche, nous laissons entrer une grande quantité d’air et nous en expulsons une grande quantité.

C’est comme si en ouvrant la bouche et avant d’enseigner Jésus aspirait en grand l’Esprit Saint. C’est comme s’il absorbait l’Esprit Saint pour le restituer sur les disciples réunit autour de lui et pour que cela se propage sur la foule. Sur la montagne, une nouvelle création est à l’œuvre. Le souffle de Jésus plane sur la montagne.

Rappelons-nous le tout début du texte de la genèse chapitre 1 verset 2 : « La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. » De ce moment Dieu créa la lumière, et toute la création durant six jours de labeur. Le septième jour, Dieu se repose et sanctifie ce jour.

Depuis la chute d’Adam et Eve, le monde se suffit à lui-même. Le monde n’a pas besoin de Dieu pour se développer. Alors le monde écrase les petits, les faibles, les malades, les affamés, les innocents.

Alors ce dimanche, sur la montagne, le souffle du Christ plane sur les femmes et sur les hommes qui se rassemblent autour de lui. De ce moment, le monde change. Ce qui est faible devient fort. Ce qui est petit, grandit. Les malades guérissent. Là où il y a du manque, vient l’abondance.

Les premiers à bénéficier de ce souffle sont les disciples. Les disciples ont une identité. Ils sont reconnus comme des sujets à part entière. Le souffle se propage à la foule. La foule est un ensemble informe sans identité. Alors l’Esprit créateur donne à chacun des membres de la foule de se reconnaître faible, petit, malade, affamé, innocent. L’esprit révèle à chacun son identité et donne à s’en réjouir.

Comment nous rejoint aujourd’hui ce beau texte des béatitudes ?

Ce dimanche, nous les disciples, nous nous rassemblons autour de Jésus. Nous nous asseyons à ses pieds et nous écoutons sa parole. Dehors, au-delà des murs de cette église se tient la foule qui a besoin de recevoir des paroles bienveillantes. Puis après avoir partagé sa parole, nous nous unissons au Père par la prière Eucharistique. L’Esprit Saint agit à ce moment. Il souffle sur notre assemblée. La création nouvelle se répand sur le monde.

Comment cela est-il signifié ? Comment se donne à voir le souffle vers la foule ?

Après la communion, deux gestes donnent à voir l’élan de charité des béatitudes vers la foule pour que tous se reconnaissent aimés.

Le premier, le plus évident, c’est la remise des custodes à ceux qui vont porter la communion aux membres de la communauté qui ne peuvent pas se rassembler avec les disciples. Ce moment liturgique dépasse de beaucoup la simple logistique. C’est pourquoi, il convient de le mettre en valeur et d’accompagner par notre prière ceux qui endossent cette mission de charité.

Le second est plus discret et tout aussi important. Quand l’évêque, le prêtre ou le diacre se charge de la purification des patènes et du calice, il accomplit un geste de charité. Lorsqu’il rassemble les miettes du repas eucharistique dans le calice, il honore la femme qui a touché le vêtement du Christ dans la foule. La femme a justifié son geste en donnant l’exemple des petits chiens qui mangent les miettes tombées de la table. Cette femme représente les individus de la foule touchés par les béatitudes. Elle est de ceux qui sont touchés par le souffle créateur de l’Esprit du Christ.

Quand le geste de la purification est accompli, ouvrons notre cœur à la foule immense qui attend une parole de béatitude à l’extérieur des murs.

Le Seigneur fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain,
le Seigneur délie les enchaînés.

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

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