Fils de la résurrection / Lc 20 27-38 / une homélie

 Comme chaque année, les récentes fêtes de la Toussaint, la commémoration des fidèles défunts, nos visites de cimetière, ont peut-être ravivé en nous nos questionnements sur la mort.

Dans l’évangile, des gens qui ne croient pas à la résurrection — on apprend quelque part dans les Actes qu’ils ne croient pas non plus aux anges ni aux esprits — inventent une petite histoire pour ridiculiser ce qu’ils entendent par « résurrection ».
Ils vont pour cela piocher dans l’Ecriture une loi, et imaginent un cas assez peu probable d’une femme se voyant épousée par ses six beaux-frères et se retrouvant donc « à la résurrection » femme de sept maris.
Or il n’est pas vrai que la loi demande ce type de re-mariage pour « susciter une descendance » au défunt. Le scénario est fondé sur une lecture tordue de la Loi.
Il ne s’agit pas de donner un enfant au mort, il s’agit d’assurer que son nom ne soit pas « effacé d’Israël ». Ce n’est pas d’abord une histoire d’enfants, c’est une histoire de nom.
Les saducéens tordent une loi qui est d’abord une affaire symbolique : la survivance d’un Nom, pour la réduire à une histoire de fabrique d’enfants à la limite du mauvais goût.

Jésus va complètement déplacer la question en ouvrant la résurrection à une histoire non plus d’enfants, mais de fils… ce n’est pas tout à fait la même chose.
« Les fils de ce monde prennent femme et mari » mais « ceux qui ont part à la résurrection » sont « fils de dieu et fils de la résurrection »
La résurrection n’est plus un temps, un événement à venir, comme dans la question des Saducéens : que se passe-t-il « à la résurrection » ? mais c’est une source, la source d’une filiation. Quelque chose à laquelle les fils ont part et qui fait d’eux des fils.

Les sadducéens se heurtent à un écueil que nous connaissons bien : ils imaginent la vie de ressuscité, comme une vie après la mort, qui serait le prolongement inchangé de la vie que nous menons aujourd’hui. Nos liens se reforment tels quels, nos relations se renouent à l’identique, et nous terminons la conversation interrompue la veille…

Or, ce que Jésus appelle « la résurrection » ne semble pas avoir ce type de fonctionnement. Il ne s’agit pas de décrire la vie des morts calquée sur celle des vivants, mais bien d’entrer dans un monde de vivants dont nous ignorons tout.
Abraham Isaac et Jacob sont morts et enterrés, et pourtant ils sont vivants et ils sont même la preuve que Dieu est le Dieu des vivants.
Il y a une vie qui traverse ce que nous appelons « la vie »

(...)

Je connais une femme, qui a perdu deux de ses trois enfants, morts avant d’avoir vingt ans dans des circonstances violentes et atroces. Elle disait :« C’est difficile pour moi de croire à la résurrection, mais j’essaie d’y croire »

Dans quelques minutes, nous allons réciter le credo.
Tendons l’oreille pour nous entendre dire « je crois à la résurrection de la chair »
Nous ne dirons pas « je comprends », nous ne dirons pas « j’adhère à l’idée »
Nous dirons « je crois »… « je mets ma confiance »
Comme cette mère endeuillée, essayons d’y croire, le Seigneur fera le reste.
    Mettons notre confiance dans ce qui nous fera fils.
        Fils de dieu et fils de la résurrection
        et qu’importe la mort, elle n’a plus le dernier mot.
Amen
Sylvain diacre

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