Comme
chaque année, les récentes fêtes de la Toussaint, la commémoration
des fidèles défunts, nos visites de cimetière, ont peut-être
ravivé en nous nos questionnements sur la mort.
Dans
l’évangile, des gens qui ne croient pas à la résurrection — on
apprend quelque part dans les Actes qu’ils ne croient pas non plus
aux anges ni aux esprits — inventent une petite histoire pour
ridiculiser ce qu’ils entendent par « résurrection ».
Ils
vont pour cela piocher dans l’Ecriture une loi, et imaginent un cas
assez peu probable d’une femme se voyant épousée par ses six
beaux-frères et se retrouvant donc « à la résurrection »
femme de sept maris.
Or
il n’est pas vrai que la loi demande ce type de re-mariage pour
« susciter une descendance » au défunt. Le scénario est
fondé sur une lecture tordue de la Loi.
Il
ne s’agit pas de donner un enfant au mort, il s’agit d’assurer
que son nom ne soit pas « effacé d’Israël ». Ce
n’est pas d’abord une histoire d’enfants, c’est une histoire
de nom.
Les
saducéens tordent une loi qui est d’abord une affaire symbolique :
la survivance d’un Nom, pour la réduire à une histoire de
fabrique d’enfants à la limite du mauvais goût.
Jésus
va complètement déplacer la question en ouvrant la résurrection à
une histoire non plus d’enfants, mais de fils… ce n’est pas
tout à fait la même chose.
« Les
fils de ce monde prennent femme et mari » mais « ceux qui
ont part à la résurrection » sont « fils de dieu et
fils de la résurrection »
La
résurrection n’est plus un temps, un événement à venir, comme
dans la question des Saducéens : que se passe-t-il « à
la résurrection » ? mais c’est une source, la source
d’une filiation. Quelque
chose à laquelle les fils ont part et qui fait d’eux des fils.
Les
sadducéens se heurtent à un écueil que nous connaissons bien :
ils imaginent la vie de ressuscité, comme une vie après la mort,
qui serait le prolongement inchangé de la vie que nous menons
aujourd’hui. Nos
liens se reforment tels quels, nos relations se renouent à
l’identique, et nous terminons la conversation interrompue la
veille…
Or,
ce que Jésus appelle « la résurrection » ne semble pas
avoir ce type de fonctionnement. Il ne s’agit pas de décrire la
vie des morts calquée sur celle des vivants, mais bien d’entrer
dans un monde de vivants dont nous ignorons tout.
Abraham
Isaac et Jacob sont morts et enterrés, et pourtant ils sont vivants
et ils sont même la preuve que Dieu est le Dieu des vivants.
Il
y a une vie qui traverse ce que nous appelons « la vie »
Je
connais une femme, qui a perdu deux de ses trois enfants, morts avant
d’avoir vingt ans dans des circonstances violentes et atroces. Elle
disait :« C’est difficile pour moi de
croire à la résurrection, mais j’essaie
d’y croire »
Dans
quelques minutes, nous allons réciter le credo.
Tendons
l’oreille pour nous entendre dire « je
crois à la résurrection de la chair »
Nous
ne dirons pas « je comprends », nous ne dirons pas
« j’adhère à l’idée »
Nous
dirons « je crois »… « je mets ma
confiance »
Comme
cette mère endeuillée, essayons d’y croire, le Seigneur fera le
reste.
Mettons
notre confiance dans ce qui nous fera fils.
Fils
de dieu et fils de la résurrection
et
qu’importe la mort, elle n’a plus le dernier mot.
╬ Amen
Sylvain
diacre
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