Normalement,
dans la nature, les loups mangent les agneaux, les lions ne broutent
pas dans les pâturages, l’ourse ne mange pas comme la vache et le
léopard n’habite pas avec le chevreau.
Normalement,
dans la nature, un rameau sort difficilement d’une vieille souche.
Normalement,
un homme n’est pas non plus couvert de poils de chameau, et ne se
nourrit pas de sauterelles.
Il
se passe quelque chose… quelque chose d’anormal. Ce
qui vient, ce que l’on attend, bouleverse les lois de la nature.
Voici
que les animaux semblent devenir « civilisés », ils
vivent en paix, partagent leurs nourritures, soignent ensemble leurs
petits et ne se pourchassent plus.
Et
voici qu’un homme paraît comme un animal, un homme « sauvage »
couvert de poils et mangeant des insectes…
Et
que dit cet homme ? Que
dit-il aux hommes civilisés ? Aux habitants des grandes villes,
aux savants et aux théologiens ? « Engeance
de vipères ! » Fils
de vipères ! Vipères vous-même !
Il
se passe quelque chose… Ce
qui vient, ce que l’on attend, renverse tout.
En
révélant la vraie nature des êtres, il met du flou dans les
frontières de la nature : ce qui ressemble à un animal est en
fait un homme, ce que l’on croyait homme est en fait serpent,
du minéral surgissent des enfants à Abraham, et aux humains il est
demandé de porter du fruit, d’être de bons arbres….
Je
me suis longtemps demandé pourquoi Jean mange des sauterelles. Faisons
une hypothèse : Quelle
est l’obsession de Jean ? Quel est l’objet de sa colère ?
Et quelle figure annonce-t-il ?
• L’obsession
de Jean, c’est le fruit, c’est la récolte : « produisez
un fruit digne de la conversion ! » Ce
ne sont pas nos beaux discours qui diront notre vérité, ce sont nos
fruits. Portons-nous
des fruits de vipères ou des fruits de fils d’Abraham ?
• L’objet
de sa colère, c’est justement le décalage entre le discours,
les postures et la qualité des fruits. On
ne peut pas se prévaloir sans cesse de ses racines (surtout par
exemple si on y colle l’étiquette « chrétiennes ») et
porter des fruits pourris, des fruits de peur, de jugement,
d’exclusion ou d’amertume.
• La
figure que Jean annonce, ce n’est pas : celui qui vient semer,
c’est, celui qui vient trier quand la récolte est déjà faite ! Il
tient dans la main sa pelle à vanner : ça va faire du tri !
Ça va ventiler ! Il
faudra bien que le grain remplisse ses greniers et que la paille soit
brûlée. Il
n’est plus temps pour les arbres de se demander quel genre de
fruits ils veulent porter : la cognée est déjà à la racine !
Il y a donc urgence !
L’obsession
de Jean c’est le fruit de la récolte, or les sauterelles mangent
les récoltes, donc Jean mange les sauterelles !
(...)
Il
se passe quelque chose… quelque chose d’anormal
Ce
qui vient, ce que l’on attend, nous déroute, nous décape, nous
prépare au grand ménage.
Celui
qui vient, celui que l’on attend, nous plonge encore et toujours
dans l’Esprit saint et dans le feu.
╬ Amen
Sylvain
diacre
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