En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé et tout Jérusalem avec lui / Mt 2 1-12 / Une homélie

 Aujourd'hui, c'est l'épiphanie du Seigneur.

Mais que signifie le mot épiphanie ? Il est bon de s'interroger de nouveau sur la définition de ce mot même si nous la connaissons. Une épiphanie est une manifestation de Dieu. Voilà une définition simple. Là où cela peut se compliquer, c'est quand nous essayons de discerner la manifestation en elle-même. Dans l'Evangile de ce dimanche, cela est simple, il s'agit de l'étoile qui guide les mages.

Mais qu'est-ce qui a poussé les mages à suivre l'étoile ? Des anomalies dans le ciel, il doit y en avoir quelques-unes. Pourquoi suivre celle-là ? Pourquoi la relier au roi des Juifs ? Mystère. L'épiphanie reste encore à se révéler. Tout ne se passe pas dans le ciel. Il y a assurément une manifestation plus intime, plus personnelle, une manifestation dans le cœur des mages.

Cette manifestation est si forte qu'ils réunissent une fortune pour des cadeaux à offrir. La manifestation est si forte qu'ils entreprennent un long voyage. Les mages ne peuvent rester insensibles au signe qui leur est donné. Le signe c'est l'étoile. Le signe les touche dans leur culture. Les mages sont des scientifiques, le signe qui les appelle doit être concret, tangible, calculable. Alors, ils se mettent en route à la suite d'une étoile.

Là encore l'épiphanie reste encore à se révéler. Avez-vous déjà essayé de suivre une étoile ? Y a-t-il des marins ici ? On ne se déplace jamais assez vite pour suivre les étoiles filantes. Ou l'étoile est si lointaine que la direction est imprécise. Une étoile indique un cap mais pas une position. Cependant en suivant le cap, ils arrivent à Jérusalem.

Les mages touchent au but, ils savent qu'ils cherchent le roi des Juifs et qu'ils sont en Palestine. La disparition de l'étoile n'est donc pas inquiétante. Il suffit de s'adresser aux autorités pour trouver le chemin. La question que pose les mages bouleverse Jérusalem. Comment des étrangers viennent se mêler de nos histoires ?

Là encore l'épiphanie se pare de mystère. Car il est curieux que ce soit la parole de Dieu qui remette les mages sur le chemin. Je dis curieux parce que cette parole est étrangère à la culture des mages. Mais cela est fréquent parce que c'est comme cela que cela se passe. La parole touche au cœur. La parole touche le cœur de tous les hommes quelle que soit leur origine.

C'est comme cela que des adultes viennent frapper à la porte de l'Eglise pour demander le baptême. Ils nous interpellent et nous sommes bouleversés. C'est comme si ces adultes venaient du lointain orient pour rejoindre les chrétiens de Gradignan. Et, nous baptisés, sommes étonnés de découvrir que l'Esprit souffle en dehors de l'Eglise. Beaucoup de ces candidats n'ont pas de culture religieuse. Ils ont la culture de l'orient, de là où ils viennent. Alors, ils prennent le temps pour se préparer. Il ne s'agit pas pour eux de changer de culture mais de découvrir celui qu'ils vont suivre. Ainsi, l'Eglise s'enrichit de nouveaux membres avec de nouvelles cultures.

La préparation peut paraître longue, mais le chemin des mages est long également. Il y a tant de choses à vivre et à découvrir avant de reconnaître et se prosterner devant l'enfant de la crèche. Le chemin est ce qu'il y a de meilleur à vivre pour renaître à la vie en Jésus Christ.

Il faut se laisser approcher par le Christ, se sentir être visité par l'Esprit Saint et éprouver la miséricorde du Père. La venue du Christ dans notre monde pour nous sauver leur est inconnue pour ne pas dire étrange. Le souffle de l'Esprit-Saint, ils ne savent pas d'où il vient. Et la miséricorde du Père est encore plus étrangère à l'image qu'ils se font du Dieu des chrétiens.

Et oui, voyons les catéchumènes comme les mages venus porter des présents à l'enfant Jésus. Ils s'approchent guidés par l'étoile ou poussés par l'Esprit-Saint. Ils viennent nous porter de magnifiques cadeaux. Les questions qu'ils posent bousculent nos certitudes. La fraîcheur et la gaité de leur foi nous met en joie.

Ils nous incitent à l'ouverture. Alors que la tentation serait parfois forte de vouloir bâtir des murs autour de l'Eglise pour protéger le petit reste, ils nous poussent à ouvrir nos portes, nos bras et nos cœurs. Ils nous invitent à cultiver le sens de l'hospitalité plutôt que la perfection de la dévotion.


"Ce mystère,
c’est que toutes les nations sont associées au même héritage,
au même corps,
au partage de la même promesse,
dans le Christ Jésus,
par l’annonce de l’Évangile."

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

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