Que devons-nous faire ? / Luc 3 10-18 / Une homélie


"Jérusalem quitte ta robe de tristesse et de misère..."
Nous entendions cette parole dimanche dernier. Aujourd’hui nous sommes invités à la « joie »
Depuis le premier dimanche de l’avent, nos cités laïques ont illuminé nos rues. Chaque commune rivalise d’imagination et de dépenses pour que règne la joie des fêtes .

Cette chape de lumière a-t-elle fait tomber nos manteaux de tristesse et de misère ? Toutes ces guirlandes blanches ou colorées illuminent le temple de la consommation, orchestre la valse des caddies surchargés, pour ceux qui ont les moyens, pour les autres il reste le spectacle. Ce qui m’a inspiré pour cette introduction est dans votre dos ; Au milieu de la place centrale de Gradignan, la boule éclatante de lumière, semblant rivaliser avec l’éclairage si tendre de notre église. La boule est dans l’axe de l’autel et de la croix. Ce n’est certes qu’un hasard, mais j’y vois un signe, un lien entre notre rassemblement en ce lieu de prière et de célébration et l’au-delà du parvis, la vie de la cité.

Dès janvier tout s’éteindra, les porte-monnaies seront vides et comme disait un adage de ma province natale « nous mangerons du hareng et des pommes de terre ».

La Liturgie ce dimanche s’obstine à nous pousser vers la joie qui n’est pas qu’une jubilation passagère.

Laissons-nous conduire par la Parole de ce dimanche
C’est le prophète Sophonie qui donne le ton
« Fille de Sion réjouie-toi ! Trésaille d’allégresse. Le Seigneur est en toi. Ne crains pas !» « Le Seigneur aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour »
Déjà dans l’AT les prophètes ont annoncé que Dieu est amour. Heureuse et joyeuse Nouvelle

C’est la même Parole que l’Ange adressera à Marie 7 siècles plus tard
« Réjouis toi Marie ! Le Seigneur est en toi. Sois sans crainte » 
Cette promesse est pour nous aujourd’hui. Comme Marie nous sommes dans l’attente de la venue du Seigneur. Cette venue est un événement d’hier, mais aussi d’aujourd’hui. Il est aussi notre avenir. Notre joie n’est pas n’importe quelle joie : « Frères soyez dans la joie du Seigneur ; je le redis soyez dans la joie.

Il semble cependant qu’il y ait contraste avec le caractère qui peut paraître sévère de l’Évangile de St Luc
La foule, hétérogène, qui vient vers Jean le Baptiste ne demande pas à Jean ce qu’il faut croire, mais ce qu’il faut faire. Et Jean ne propose pas une nouvelle discipline morale. Il n’est pas question de changer de vie mais d’ajuster notre vie ; Chacun de nous est invité là où il agit à sortir de ses habitudes pour porter un regard nouveau sur l’autre, celui qui est à côté de moi ou plus loin. Nous sentons au cœur des réponses de Jean-Baptiste comment la relation aux autres est touchée et interrogée par cette annonce « Il vient celui qui est plus puissant que moi. » Il vient dans nos vies, nos ténèbres, nos faiblesses, dans nos difficultés.
De plus nous pensons que celui qui vient, vient chez nous, alors que nous sommes dans son aire. Nous pensions être entre nous, alors que nous sommes ensemble chez lui.
C’est donc en nous qu’il vient faire le tri, non entre nous.

Que devons-nous faire ?

Je pense que nous devons le laisser faire. Quelles que soient nos difficultés, nos doutes et nos craintes, devant les tribulations de notre temps, celles du monde, celles de l’ Église, laissons le Seigneur brûler la paille qui est en nous, non pas au feu de l’enfer, mais au feu qui purifie, celui de l’Esprit Saint. Il restera le meilleur : Le grain ; le blé
Il vient nous délester de ce qui alourdit nos relations. Il vient nous libérer de ce qui empêche que nos partages soient sans arrière-pensées et soient une vérité fraternité humaine.
Dans peu de temps nous entendrons l’annonce de l’ange aux bergers «  N’ayez pas peur voici que je vous annonce une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple, aujourd’hui dans la ville de David vous est né un sauveur »

Enfin soyons dans la joie et cultivons l’allégresse car il vient nous sauver.
Maintenons-nous dans l’attente jour après jour. Cultivons le désir de la venue de Jésus en nous et entre nous.

N’oublions pas :
Noël n’a pas de sens sans Pâques Le nouveau-né promis par Dieu à Marie s’offre sur la croix, et par sa résurrection nous ouvre la porte du Royaume.
Soyons dans la joie.
Nous sommes sauvés !

Robert Zimmermann
diacre

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