Ce dimanche, nous fêtons le Christ Roi de l'univers et aujourd'hui c'est la journée du Secours Catholique. Je me suis étonné une fois encore sur le rapport entre la figure du Christ Roi et celles des pauvres. Car ce n'est pas la première fois que je suis chargé de l'homélie pour cette occasion. Je dirai même que c'est chaque année que je prends le service de la parole pour le Christ Roi
Alors,
cette année, je propose de méditer sur l'écart entre le roi et le
pauvre. Commençons par décrire l'un, puis l'autre.
Le
roi.
Le
psaume nous donne une description assez précise de ce qu'est un roi.
Un roi est vêtu de magnificence. Un roi est fort. Les volontés du
roi ne peuvent pas être changées.
Dans la lecture de Daniel,
le roi est un fils d'homme et tout le monde le sert.
Ces
descriptions correspondent bien aux images que nous nous faisons des
rois.
Le
pauvre.
J'ai
cherché une description du pauvre dans les Evangiles et j'en ai
choisi une dans Matthieu : "Car
j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais
soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger,
et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez
habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ;
j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !"
Les
bénévoles du Secours Catholique, ceux de "saint Vincent de
Paul" et ceux de l'association "A nous tous" peuvent
témoigner que cette description correspond à la plupart des
situations rencontrées lors des permanences d'accueil et d'écoutes.
Je
voudrais vous donner l'exemple concret d'une rencontre au secours
catholique. Lors d'une permanence, une mère de famille vient
demander une aide financière. Pendant la rencontre, nous apprenons
que cette famille de cinq personnes vient d'Algérie. Ils sont sans
papier. Ils habitaient le squat de Gradignan qui a été évacué
début juillet. Nous apprenons que quelques-unes des familles
évacuées sont relogées à la cité jardin. Cette famille demande
l'asile médicale parce que Malak, la petite dernière est atteinte
d'une maladie qu'on ne peut pas soigner dans son pays. En revanche,
elle a une chance de vivre si elle est soignée en France. En
attendant leurs papiers, ils survivent tant bien que mal avec les
aides financières qu'ils reçoivent ça et là. A la fin de la
rencontre, j'ai dit à cette mère courage que je prierai pour Malak,
sa fille. Je vous invite vous aussi à prier pour Malak et pour
toutes ces mères qui font l'impossible pour leurs enfants.
Mais
revenons à l'Evangile.
Ces
évocations du pauvre ne correspondent-elles pas à la situation dans
laquelle se trouve Jésus dans l'Evangile de ce dimanche du Christ
Roi de l'univers ?
Quand
Pilate interroge Jésus, celui-là n'est pas dans une situation
enviable. Il est passé devant plusieurs tribunaux. Il est rejeté
par les siens, les juifs, il est donc considéré comme un étranger.
Il a été giflé. Il a été molesté. Il est emprisonné. Il sera
dévêtu. Il sera fouetté.
Pourtant
quand Pilate interroge Jésus, il lui pose une question précise à
caractère politique : "Es-tu le roi des Juifs ?
" Es-tu un roi destitué par ton peuple ? N'as-tu pas conspiré
contre le pouvoir en place ? Es-tu la victime d'un coup d'état ?
Jésus
rassure Pilate : "Ma royauté n’est pas de ce monde".
Son
manteau de magnificence c'est son vêtement de laine sans couture. Sa
force tient dans sa faiblesse. La domination de Jésus tient dans la
question qu'il pose à Bartimée "Qu'est-ce que tu voudrais que
je fasse pour toi ?"
Monseigneur
Rodhain, le fondateur du Secours Catholique, écrivait « Aider,
c’est d’abord aimer ; rencontrer, faire exister l’autre
par la relation. » à la manière du Christ qui jamais n'impose
mais demande "Qu'est-ce que tu voudrais que je fasse pour toi ?"
« Alors,
tu es roi ? » lui répond Pilate. Oui, Jésus est
ce roi qui lève les yeux sur ses sujets. Il est le plus bas. Il nous
fait le don de la pauvreté pour nous-même. Il fait ce don pour que
nous découvrions sa présence dans la pauvreté.
C'est
dans cette visée que saint Vincent de Paul a dit : "Les pauvres
sont nos maîtres".
Le
pape François va plus loin en affirmant que les pauvres sont un
sacrement du Christ. Les pauvres nous donnent la joie de la rencontre
avec Jésus. Une rencontre à la fois profonde et concrète.
C'est
pour cela que le service du frère est un pilier important de
l'Eglise. Un pilier que tous nous sommes invités à soutenir. Ce
service n'est pas réservé à quelques-uns d'entre-nous. Il est
ouvert à tous. C'est même un devoir pour tous les disciples.
Et
il n'y a pas d'écart entre le Christ Roi et le pauvre. Ils se
confondent dans la figure de Jésus.
Toi
le Roi viens nous rappeler à notre devoir.
Toi
le Roi, donne-nous la joie de contempler ta magnificence dans les
pauvres que nous rencontrons.
Toi
le Roi, accueille-moi comme un pauvre dans ton royaume.
Amen
!
Dominique
Bourgoin, diacre.
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