Apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé / Mt 28 16-20 / Sainte Trinité / Une homélie


 "Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé."

Voilà, le dernier commandement du ressuscité dans les deux derniers versets de l'Evangile de saint Matthieu. Ce dernier commandement est important car il y a un détail qui doit changer notre perspective de la mission. Le Christ nous demande de baptiser avant d'enseigner. Et notre nature nous conduit d'abord à enseigner et ensuite à baptiser. Et cela vaut pour tous les sacrements de l'initiation : baptême, eucharistie et confirmation.

Je vais faire le savant. La pédagogie qui propose dans l'ordre le sacrement puis l'enseignement s'appelle la mystagogie.

La mystagogie invite ceux qui ont reçu un sacrement à relire ce qui a été vécu et les fruits qu'ils recueillent. Dans notre société où il faut tout expliquer, où tout doit être mis en équation, la mystagogie invite à vivre pleinement la liturgie du sacrement en laissant toute la place à la parole et aux rites et ensuite seulement permettre au nouveau baptisé d'exprimer sa propre expérience de ce qu'il a vécu.

Cette manière de faire est très ancienne, elle remonte au temps des premières communautés chrétiennes ; celui qui en parle le mieux c'est Saint Cyrille de Jérusalem au quatrième siècle.

Je le cite :

« Vois un peu de quelle immense dignité Jésus te gratifie. On t'appelait « catéchumène » lorsque tu étais seulement environné par l'écho. Tu entendais parler d'une espérance, mais sans la voir ; de mystères, mais sans les comprendre ; des Écritures, mais sans en voir la profondeur. L'écho, désormais, ne résonne plus autour de toi, l'écho résonne en toi : car l'Esprit qui t'habite fait désormais de ton intelligence une maison divine. Quand tu entendras parler de ce qui est écrit sur les mystères, alors tu comprendras ce que tu ne savais pas. Et ne pense pas que tu ne reçois pas grand-chose : homme misérable, tu prends un nom qui appartient à Dieu !"

Voyons ce que la mystagogie implique pour nous ce dimanche.

Je propose que nous évoquions deux points : un - la place du savoir dans notre vie de baptisé, deux - les compétences nécessaires pour la mission.

La place du savoir

Heureusement, qu'il ne faut pas tout savoir et tout comprendre pour recevoir le baptême. Sinon combien serions-nous de baptisés présents ce dimanche dans cette église saint Pierre ? D'une part beaucoup d'entre-nous ont été baptisés bébé, alors qu'ils s'exprimaient seulement par quelques balbutiements. D'autre part, faudrait-il avoir tout compris de ce qu'est la Trinité pour recevoir le baptême ? Si c'était le cas, moi le premier je ne serai pas baptisé. Mais maintenant que je suis baptisé, qu'est-ce que je comprends de la Trinité ? Que comprenez-vous de la Trinité vous les baptisés présents dans cette église ce dimanche ?

Il y a une douzaine de jours nous étions en réunion Fabien, Calixte, Robert, Sylvain et moi, nous partagions sur le texte de la pentecôte. Nous évoquions la Trinité, nous avons parlé de liens, de relations sans véritablement la définir. Pourtant, j'ai le souvenir lors de ce partage d'une jubilation intérieure, une joie inexplicable au fond de moi, et j'ose imaginer ne pas avoir été le seul à ressentir ces émotions. Comme le disait saint Cyrille, l'écho résonnait en moi.

Les compétences nécessaires pour la mission.

Pour faire des disciples de toutes les nations, inutile de posséder un grand savoir. Il s'agit seulement de donner à voir de quelle Espérance nous vivons. Il n'y a aucun mystère à expliquer. Il n'y a pas d'explications de texte de la parole à livrer, la parole se révèle elle-même.

Pour ce qui est d'apprendre les commandements aux néophytes et aux enfants, laissons-les exprimer le plus possible comment ils vivent en baptisés, comment la parole les guide, comment les mystères se révèlent en eux.

Ayons confiance dans l'Esprit qui habite chaque baptisé, qui nous habite.

Et pour ce dimanche, je vous invite à une expérience mystagogique. Nous allons recevoir le sacrement de l'Eucharistie dans un instant. Je vous propose de vous interroger vous-même une fois la communion reçue, une fois que vous aurez regagné votre place. Osons nous demander comment la Trinité se rend présente pour moi. La Trinité est présente dans l'Eucharistie, la prière s'adresse au Père, l'Esprit-Saint est envoyé sur le pain et le vin et le Fils se fait présent par son corps et son sang.


Mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ;
et c’est en lui que nous crions « Abba ! »,
c’est-à-dire : Père !

Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire