Suis-moi / Luc 9 51-62 / Une homélie

Suivre le Christ.
Il y a cinq hommes confrontés à cette question : trois qui ne sont pas encore en marche et deux, Jacques et Jean, déjà sur la route.
Chaque cas est différent et pour les trois premiers, on ne saura rien de ce qu'il adviendra de ces hommes, si ils se mettront en marche ou pas... aucune importance. Nous sommes ces trois hommes. Ils sont comme les échos d'une même histoire, et cette histoire c'est la notre.
On pourrait dire que Jésus pointe ce qui chez nous pourrait retarder ou empêcher que nous nous mettions à sa suite.
(...)


Il se pourrait que « mettre la main à la charrue » pour le royaume, ce soit travailler notre terre, en ouvrir la surface close pour que la semence puisse s'y glisser et faire son œuvre jusqu'au fruit à venir.
C'est inscrire, imprimer sa propre ligne sur la terre, permettre à la Parole de la pénétrer, l'aérer pour que quelque chose du ciel se mêle à cette terre, que le domaine des oiseaux rencontre celui des renards !
Pour creuser ce sillon, il faut voyager léger, laisser les morts être les morts, abandonner nos maisons de certitudes, et ne pas espérer le repos.
Pour creuser ce sillon, pas besoin de regarder en arrière pour vérifier s'il est droit... cela ne nous regarde pas, il sera comme il sera, peut-être sinueux, peut-être chaotique, certainement dérisoire... mais le semeur saura quoi en faire !

[ Conclusion pour le jubilé de Jean-Pierre Duplantier
Il y a 50 ans , un jeune homme recevait le sacrement de l'ordre et devenait prêtre.
Mais sa décision de suivre le Christ est bien plus ancienne ! On ne consent pas à recevoir ce ministère si l'on n'est pas déjà en marche à la suite du Christ, si l'on ne brûle pas déjà du désir de celui qui nous précède.
Ce jeune homme, je ne sais rien de lui, son histoire lui appartient.
Ce que je sais par contre c'est qu'il n'a pas refusé sa main à la charrue.
Comme pour tous ceux qui suivent le Christ, cette charrue, elle est sa joie et sa souffrance.
Pour ce jeune homme d'il y a 50 ans, pas question aujourd'hui de regarder en arrière pour mesurer le sillon et tirer le bilan ! Ce serait absurde !
Et puis imaginez un peu la longueur du sillon après 50 ans de labour !
Ce n'est pas pour le sillon que nous rendons grâce aujourd'hui, c'est pour cette main attachée à cette charrue.
Elle a fait ce qu'elle a pu, elle s'est blessée aux cailloux rencontrés, elle s'est soignée au baume des écritures, elle a ouvert la terre sèche et dure du monde pour que le Verbe et sa Joie trouve la faille et que la chair du Fils se faufile et croisse.

Les laboureurs pour le royaume n'ont pas de retraite, avant que le chemin ne se poursuive sur une terre nouvelle, reste encore quelques encablures de sillon à tracer !!

Jean-Pierre, prions aujourd'hui pour que les mots du psaumes soient les tiens :
Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance. ]


Amen

Sylvain diacre