Temps de l'été

   Ces deux mois qui viennent sont comme une coupure dans l’année, nécessaire, espérée mais peut-être aussi redoutée. Organisé sur le temps scolaire, les récoltes et aujourd’hui davantage sur le tourisme, ce temps a un goût de vacances, de repos, de grandes chaleurs, de liberté. Un temps différent ! En profiter vraiment ! Un temps pour se ressourcer physiquement, psychiquement, et pour-quoi pas aussi pour y cueillir des fruits pour notre vie spirituelle. Et si l’Évangile nous donnait quelques pistes.

    « Regardez les oiseaux du ciel… Regardez les lis des champs … » (Mt 6, 26-28).
Se promener, même dans un parc de notre ville ou dans la campagne éloignée peut être l’occasion d’écouter les oiseaux, de regarder les herbes et les fleurs. En ce temps de l’été, la nature se pare de milles couleurs, de mille senteurs, de cris d’oiseaux et d’insectes. Que ce soit pour nous l’occasion de nous émerveiller de la création et de louer le Créateur.

    « Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : “Paix à cette maison.” S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui… » (Lc 10, 5-6) 
 Les vacances peuvent être un temps où nous voyageons, nous pouvons être accueil-lis par des amis, de la famille, dans un gite, un groupe de vacanciers, de pèlerins… Que notre attitude soit celle des apôtres apportant la paix qui vient de Dieu.

    « Qui accueille en mon nom un enfant, m’accueille…’ (Mt 18, 5)  
Ce temps d’été est pour les enfants et les jeunes un temps fondamental car c’est un temps formidable de relâche par rapport à ces mois, peut-être difficiles, des apprentissages à l’école, au collège, au lycée. Avec le lot de compétitions, de stress, voire de harcèlement… Il nous faut accueillir les enfants ‘au nom de Jésus’, comme si c’était lui. Les accueillir comme ils se présentent, écouter leurs questions mais aussi leurs réponses, les encourager dans leurs rêves d’un monde qu’ils espèrent différent et beau. Un avenir où grandir a du sens et plein de promesses. 

    « Qui vous accueille, m’accueille et qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé » (Mt 10, 40) 
Que ce temps de l’été soit pour chacun un temps à accueillir comme il vient, où l’accueil et la paix soient au centre, dans la proximité du Christ qui nous accueille et nous envoie.

  Vincent GARROS


Informations sur la situation financière de la Paroisse

Réalisé 2023 :
Le compte d’exploitation de 2023 fait ressortir un bénéfice de 16 159 euros avec des dépenses de 107 693 euros et des revenus de 123 852 euros.
Ce bénéfice s'explique principalement :
- Par une année exceptionnelle en nombre de baptêmes et mariages qui a permis via les quêtes et casuels associés de compenser la baisse des autres dons et de dépasser légèrement notre estimation de revenus.
- Des travaux budgétés mais non réalisés comme l'aménagement des portes de la Salle St-Jacques toujours en cours d'étude, travaux qui seront à nouveau budgétés pour 2024.

Budget 2024 :
Le budget 2024 a été finalisé, en réunion du Conseil économique, après analyse des dépenses 2023 pour chaque poste et prise en compte des éléments particuliers anticipés pour 2024. Ce budget est à l'équilibre avec des dépenses et recettes de 120 460 euros.

Points particuliers :
-Les dépenses de gaz devraient baisser suite au nouveau prix unitaire pour 2024, aux travaux et efforts faits pour réduire notre consommation, et au changement de compteur à l'église qui réduira les frais de location correspondants.
-Le poste Équipement Église prend en compte le projet de boucle ampli pour  Malentendants ainsi que la réparation/rénovation d'un ensemble Calice/Patène.
-Le poste Entretien et Maintenance prend à nouveau en compte nos besoins pour des aménagements de la salle St-Jacques ainsi que l'isolation de toiture au presbytère.
-Les revenus ont été considérés similaires à 2023 avec toutefois une légère baisse coté baptêmes et mariages.
-Les intérêts générés par la réserve placée au Diocèse ont été calculés en supposant que le taux du livret resterait à 3% en 2024 (ce qui signifie 3,5% versé par le Diocèse).

NOTA QUÊTE ÉLECTRONIQUE : nous allons changer de prestataire pour la quête sans contact. Ce changement va entraîner une interruption de quelques semaines. Notez bien que la quête électronique reviendra courant juillet.

Lui dormait sur le coussin à l’arrière / Mc 4 35-41 / Une homélie


« Lui dormait sur le coussin à l’arrière ». Cette expression, posée là, en pleine action dramatique, a comme un effet presque comique. Toute la narration du texte d’ailleurs, contemple ce qui se passe. Le narrateur se situe à l’extérieur mais prend le parti des disciples au moins dans la première partie.

« Lui dormait sur le coussin à l’arrière ». C’est la catastrophe, la tempête ballote la barque. Les vagues font assaut de l’embarcation. La barque prend l’eau. Les disciples ne savent plus quoi faire.
Leur désarroi est déroutant. Mais ne sont-ils pas pêcheurs pour certains d’entre eux ? N’ont-ils jamais navigué sur ces eaux ?

Mais « Lui dormait sur le coussin à l’arrière ». Jésus s’est installé à l’arrière de la barque. Cette précision est importante pour qui sait naviguer. Une barque, un bateau, un navire, d’autant plus quand il s’agit d’un voilier se pilote toujours de l’arrière. Cette précision désigne qui est le maître à bord. Le capitaine est bien à bord. Il est là présent. Mais, il semble qu’il ait abandonné son quart. Il dort. Mais pourquoi s’est-il endormi ? Ce n’est pas souvent que, dans les Evangiles, Jésus dort.

Revenons en arrière dans le texte. Une autre petite phrase est surprenante : « Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque, comme il était ». Jésus se laisse mener. Là encore, ce n’est pas dans ses habitudes. La tendance est plutôt que ce soit lui qui mène ceux qui le suivent. L’impression est donnée que ce sont les disciples qui curieusement mènent l’affaire. Ils prennent Jésus, l’installent à bord et prennent le large. Puisque les choses sont prises en main, Jésus s’endort. Pas de quoi s’inquiéter, ce sont des professionnels de la navigation, des pêcheurs, des pêcheurs du coin.

Ajoutons encore un élément pour saisir encore mieux le parallèle avec ce que nous vivons. Les disciples sont désemparés. Ils ne savent plus quoi faire. Alors, ils réveillent Jésus en lui disant « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? ». D’abord, ils s’adressent à Jésus comme à un maître. Que faut-il faire capitaine ? Se mettre bout au vent, se mettre à la cape. Ou bien choisir la cape fuyante ? Ou encore envoyer la trinquette et réduire la grand-voile ? Ensuite, ils ne demandent pas explicitement comment affronter la tempête mais plutôt s’il est bien avec eux ? C’est de cette manière que je traduis le « cela ne te fait rien ? ».
Et à ce moment, à la pointe de la situation, Jésus ne dit pas, virer, affaler ou bien choquer. Il s’adresse à la tempête et il lui dit tais-toi. J’ai connu quelques skippeurs, en cas de grand-vent, je ne les ai jamais vus agir de cette manière.

Jésus, par son attitude, rappelle qu’il est plus qu’un maître. Certes, il enseigne, c’est ce qu’il a fait toute la journée. Ce n’est pas étonnant d’ailleurs que ce soit de cette façon que les disciples le considèrent.

Jésus, le Christ, ne nous invite pas à appliquer des valeurs, à suivre des enseignements. Il nous invite à avoir foi en lui car il est celui qui mystérieusement veille sur nous à la manière d’un skippeur bienveillant. Il n’est pas autoritaire. Il est juste là présent dans la barque de nos vies, à la place où il peut conduire nos vies si nous lui laissons un tant soit peu la barre. Il est celui qui peut apaiser nos tempêtes. Il est celui qui attend patiemment qu’on le sollicite. Il est celui qui, sans se lasser, nous interroge « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi ? »

Ce passage d’Evangile est tellement révélateur de la manière dont nous menons nos vies. Nous sommes ici pour la plupart baptisés, ou en chemin vers le baptême. Nous sommes donc disciples de Jésus. En disciple nous devrions suivre le Christ. Mais combien de fois est-ce l’inverse que nous faisons. Nous choisissons la destination et nous prenons le Christ avec nous pour en faire la justification de nos convictions.

Laissons le Seigneur choisir le cap, il sait dans la période de turbulences que nous connaissons quelle est la meilleure direction à prendre pour apaiser la tempête, celle de l’Evangile, celle de l’option préférentielle des pauvres, du bien commun, de la solidarité et celle de la dignité humaine.

Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur,
et lui les a tirés de la détresse,
réduisant la tempête au silence,
faisant taire les vagues.

Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

Vivre en couple, un coup de pouce vers le "nous"

     Merci Seigneur pour nos épousailles toujours renouvelées depuis déjà 50 ans. Quelle joie de te rendre grâce en ce dimanche, en présence des frères et sœurs de notre paroisse de Gradignan, l’autre famille à qui tu nous as donné d’appartenir.
Les jours « avec » et les jours « sans », la nuit et le jour, en silence ou en dialogues, dans la joie et la douleur, jour après jour tu tisses nos humbles fils entrelacés sur la trame que tu as tendue. En cette vie commune, tu nous montres le chemin de la vie, le chemin du « Nous ». Peu à peu nous comprenons ton insistance et apprenons à te dire avec Jésus « Notre Père ».

    Aujourd’hui nous voulons associer à notre prière tous ceux et celles qui vivent cette même aventure, commençants, ou plus anciens, ceux qui ont déjà vu partir vers toi leur compagne ou compagnon, ceux pour qui la vie refleurit après l’épreuve d’une séparation, d’un divorce, tous ceux dont l’union a la fécondité que Toi seul connais.
 
    Que ce jour soit la fête de tous ceux qui sont en travail d’Alliance !

Marie-Jo et Xavier Laroche

Des graines / Mc 4 26-34 / Une homélie

Nous n’irons pas dans le Royaume de Dieu
Aucun de nous n’ira dans le Royaume
Parce que le royaume de Dieu n’est pas un lieu.
Il n’a pas d’adresse

Deux paraboles aujourd’hui pour dire le Royaume

● Dans la première, il s’agit d’un homme qui jette une semence, non pas « en terre » comme nous l’avons entendu, mais « sur la terre », et qui laisse faire jusqu’à la moisson.
Dans nos jardins, dans nos royaumes, pour obtenir du fruit, il faut enfouir, il faut travailler, il faut prendre soin… aller jusqu’à la moisson est un métier, un savoir-faire complexe, un travail risqué.
Dans le royaume de Dieu, la semence est « jetée sur », posée là, et ça fait…. Ça fait tout seul. La semence unique, la semence inconnue, indéterminée, fait un champ de blé. Et reste à y mettre la faucille.

Le Royaume n’est pas un lieu, c’est une énergie vitale, une dynamique de croissance, un scénario de fructification. Le Royaume est un mouvement qui fait d’une semence jetée sur la terre une moisson. Le royaume est croissance sans travail, sans ampoules sur les mains, sans mal au dos, sans désherbant et sans labours, sans grêle et sans limaces. Le royaume est croissance gracieuse, gratuite, inexorable.
La semence touche terre et tout est enclenché, et rien ni personne ne peut plus empêcher la moisson…

● Dans la deuxième, une graine à nouveau, posée elle aussi sur la terre (et pas dedans). Une graine de moutarde.

A l’automne 2019, pour illustrer une homélie de Dominique, nous vous avions distribué des graines de moutarde. Et quelques-uns les avaient plantées et quelques-uns les avaient vu pousser. Et je crois que personne, même les meilleurs jardiniers, n’avaient vu surgir le plus grand de tous les légumes avec des branches sous lesquelles venaient s’abriter les oiseaux.

Dans nos jardins, dans nos royaumes, la graine de moutarde donne une moutarde : une tige toute fine et tendre avec de belles fleurs jaunes en bouquet.
Dans le royaume de Dieu, la graine de moutarde donne une plante immense avec des branches hospitalières aux oiseaux. Ce n’est pas que le royaume ait de meilleurs engrais, un meilleur climat, de meilleurs jardiniers. C’est que le royaume fait d’une graine de moutarde autre chose que de la moutarde. Il fait d’une graine connue, un arbre inconnu.

Certains parmi nous fêtent leur anniversaire de mariage…
Mais tous ceux qui sont mariés fêtent chaque jour leur anniversaire de mariage… Ceux qui se sont mariés hier fêtent leur premier jour de mariage, d’autres leur demi-siècle…
Qu’est devenue la graine tombée sur terre le jour de cette union ?
On croyait peut-être la connaître cette graine, on s’en était parlé, on avait imaginé ce qui pouvait en sortir… mais cinquante ans plus tard, il se pourrait que nous soyons surpris de l’aspect de l’arbre inattendu qui s’est levé !
Il est peut-être un peu penché, un peu tordu, il a probablement perdu des branches qui manquent pour toujours, il a peut-être fallu l’élaguer ici où là, mais, vieillissant, il fructifie encore. Et les oiseaux du ciel viennent s’y abriter.

Mais il n’est pas besoin d’être mariés pour être pris dans la poussée du Royaume ! Et tant pis si l’on n’a pas pu ou pas su y rester à deux… Qu’importe, puisque la graine de moutarde du royaume, c’est chacun de nous. Minuscule, insignifiante et jetée sur la terre.
Qu’elle le veuille ou non, de jour comme de nuit, dans le secret d’elle-même, sans travail, sans effort, sans engrais, elle grandit et devient plus que ce qu’elle est.
Elle se croit légume, elle devient arbre.
Elle se croit banale, elle devient « la plus grande »
Elle se croit inutile, elle protège les oiseaux du ciel. Elle accueille les habitants du ciel

Nous n’irons pas dans le royaume de Dieu car nous y sommes déjà
Nous sommes pris, que nous le voulions ou non, dans la puissance inexorable de la croissance du fruit qui vient.
Nous sommes inscrits, que nous le voulions ou non, dans la transformation de notre nature de légume en arbre, baignant ses branches dans le ciel.

Nous n’irons pas dans le royaume de Dieu car le royaume c’est nous
Plantés dans les parvis du Seigneur,
nous grandirons dans la maison de notre Dieu.
Vieillissant, nous fructifierons encore,
nous garderons notre sève et notre verdeur
pour annoncer : « Le Seigneur est droit ! »

╬ Amen
Sylvain diacre

Profession de Foi....

    En ce dimanche d’élections européennes, ce mot nous parle des futurs députés. Des mouvements et partis publient leur ‘profession de foi’ afin de se faire connaître, de présenter les idées qu’ils défendront au Parlement Européen. Que nos choix s’inspirent de l’Évangile et travaillent pour une Europe solidaire où chacun trouve sa place, en particulier les plus petits.

    Mais aussi, ce dimanche, nous entendrons les professions de foi de jeunes de notre paroisse. Ils diront solennellement à notre communauté comment Jésus-Christ les a touchés et comment ils souhaitent vivre l’Évangile, animés par l’Esprit Saint.
    Cette fête de la profession de foi, spécifiquement française, remonte à St Vincent de Paul, si cher à notre région. Il voua sa vie aux prisonniers, aux enfants abandonnés, aux vieillards : aux pauvres en général si nombreux à cette époque du roi Louis XIII.
    Vincent de Paul avait remarqué que les jeunes, garçons ou filles qui venaient dans les villes pour leur apprentissage, ne pratiquaient plus, ayant quitté le réseau familial et la communauté de leurs villages. Il proposa alors que le jour de Pâques, les jeunes promettent solennellement dans leur paroisse qu’ils continueraient à prier, à aller à la messe et à vivre de l’Évangile dans leur nouveau travail, dans les villes où ils iraient. Cette célébration prit très vite une grande ampleur, correspondant à cet âge où l’on quitte l’enfance et où les grandes orientations de la vie se préparent.

    Aujourd’hui encore, des jeunes osent dire leur foi avec leurs mots. Réjouissons-nous et accompagnons-les de nos prières. Partageons avec eux nos expériences, nos questions…
    Nous avons tant à partager ! Voilà ma profession de foi.

Vincent GARROS

Diaconie de l'Eglise / une homélie

Nous sommes habitués à parler du corps et du sang du Christ, si bien que, peut-être cela ne nous étonne plus beaucoup. Mais quand même, il y a ici quelque chose de très étrange, non ? Imaginez un repas avec vos meilleurs amis, au cours duquel l’un d’entre vous prendrait du pain et le donnerait comme étant son corps, et du vin comme étant son sang. Que penseriez-vous ? Peut-être qu’il est temps qu’il prenne des vacances, ou bien que justement il a un peu abusé sur le vin ; ou encore qu’il dit n’importe quoi !

Et pourtant quand Jésus pose ce geste, ce n’est pas n’importe quoi, car ce n’est pas n’importe quand : cela se passe la veille de son arrestation et de sa mort, dans un climat donc lourd d’une menace qui pèse sur lui. C’est un geste testament, comme quand on veut redire l’essentiel à ceux qu’on aime, et dont on sait qu’on va être séparé définitivement.

Et ce que redit ainsi Jésus, non par des mots mais par un geste, c’est de se donner. Là se trouve la clé de toute sa vie : toute sa vie n’a été qu’un unique geste de don, le geste de se donner. Par ce geste il est venu renouer les liens de l’alliance entre Dieu et son peuple, et pour cela, il s’est engagé de tout son être, il s’est risqué lui-même, il a payé de sa personne. Et du coup, on comprend en quoi elle consiste, cette alliance que Dieu nous propose : ce n’est pas un accord qui nous engagerait de loin ; mais quelque chose qui passe par nous-mêmes, par notre être, et qui nous concerne corps et âme.

Comment s’y prend-il pour renouer les liens de l’alliance ? Ici, il y a quelque chose d’étonnant de la part de Jésus. Pour refaire alliance avec son peuple, il n’a pas commencé par le haut ; il n’est pas allé rencontrer les dignitaires ni les chefs du peuple. Au contraire, il commence par le bas : par tous ceux qui, justement, sont menacés de basculer en dehors de l’alliance, soit parce qu’ils n’en sont pas dignes, soit parce qu’on considère que s’ils entrent dans la maison, ils vont salir la moquette.

Il suffit de tourner les pages de nos évangiles : vous voyez sans cesse Jésus aux prises avec ces personnes en détresse : des lépreux, des paralytiques, des aveugles, des pécheurs publics, des étrangers, des possédés : toutes ces personnes ne sont plus admises dans le temple qu’elles risquent de souiller par leur présence. Elles se voient tenues à l’écart de la promesse que Dieu avait faite à son peuple : « tu seras mon peuple, je serai votre Dieu ». Cela ne vaut plus pour eux. Et toutes ces personnes dont la vie ne tient qu’à un fil supplient Jésus de faire quelque chose pour eux ou pour leurs proches. Et Jésus, toujours, répond à leur demande. Il accueille ces personnes, il les rétablit dans leur dignité de descendant d’Abraham, il les invite au festin du Royaume. Et il leur partage ce qu’il a, ce qu’il est : la vie qui l’anime et qui vient d’un autre, qui vient de son Père.

Voilà comment toute la vie de Jésus est marquée par le don, par cet appel à accueillir Dieu, et à se laisser accueillir par Dieu ; et lui-même, dans sa personne, a fait la navette pour cela, en commençant par ceux qu’on croyait indignes de Dieu. Quand le dernier soir de sa vie, il prend du pain et du vin et nous les donne comme son corps et son sang, c’est toute sa vie qu’il rassemble en ce geste, tout ce qu’il a essayé de nous partager, qu’il nous offre à nouveau. Et chaque fois que nous communion, c’est tout cela que nous recevons.

Est-ce que cette manière d’être et de faire qui est celle du Christ peut nous inspirer dans notre vie, et dans celle de nos communautés ? Oui, bien sûr ! Mais ce n’est pas à prendre sur le mode de l’obligation, du devoir. Plutôt, cela invite à se demander ce que ça nous fait d’être ainsi visités par le Christ, avec sa manière d’être à lui. Qu’est-ce que ça nous fait au plus profond de nous-mêmes ?

Et puis, à partir de là, vous pourrez chercher ensemble, comment faire réponse à cette manière de venir vers nous qui a été celle du Christ. Sur quels chemins cela pourrait nous mettre, en tant que communauté chrétienne ?

Très bon chemin à vous !

Etienne Grieu (2 juin 24)

Les fondements de la "diaconie" de l'Eglise

    La diaconie est le « service de l'amour du prochain exercé de manière communautaire et ordonnée » Benoit XVI, Deus Caritas est § 21

    Dès les premiers siècles, l’Église a vécu des formes de solidarité qui ont été constitutives du christianisme et de l’Église naissante. Les Actes en donnent une forme radicale avec la mise en commun des biens : « parmi eux, nul n’était dans le besoin, car tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres » (Ac. 4, 34). Par la suite, cela a pris la forme de collectes de nourriture et de biens qui étaient redistribués, ou bien de repas fraternels (Agapé), ou encore de lieux d'accueil (pour les malades, les voyageurs, les errants) et toutes sortes de services qui à chaque fois mettent en œuvre l'attention aux plus vulnérables. Dans l’Église de l'antiquité, la solidarité fait partie de sa vie ordinaire.

    En fait, la Diaconie n'est pas simplement un devoir éthique, c'est une autre manière de voir les relations entre les humains. Les premiers chrétiens mettent en avant un concept nouveau : la fraternité au sens d'une communion fraternelle. Ils peuvent ainsi envisager des liens aussi forts que les liens familiaux, et ces liens sont potentiellement ouverts à tous. Et cela, parce que le Christ s'est fait le frère de tout homme.

    Ainsi, il n’est plus seulement question de pratiques solidaires, mais ce qui est en jeu, c'est une vision du monde et de la vie ensemble. Les chrétiens voient alors le monde comme une fraternité possible qui passe par des relations concrètes.
Des relations où l’on s'entraide et où les plus vulnérables ne sont pas laissés de côté.

    La nature profonde de l’Église s'exprime ainsi dans une triple tache : annonce de la Parole de Dieu, célébration des sacrements, service de la charité (diakonia).
Ces trois tâches s'appellent l’une l'autre et ne peuvent être séparées.
Ainsi, la charité n’est donc pas pour l’Église une sorte d'activité d'assistance sociale qui pourrait être laissé à d'autres, mais la charité appartient à sa nature. Elle est « une expression de son essence même à laquelle elle ne peut renoncer ». La diaconie fait vraiment partie de la vie de l'Église. Sans diaconie, l'Église ne peut être l'Église.

Père Etienne GRIEU
Animateur du temps de forum de dimanche à Gradignan
Dans l'église à 11h