Le christ glorieux, contemporain de tous les hommes

     L'alléluia est le chant du triomphe et de la joie : c'est la première leçon qu'il nous donne. « Nous n'ignorons pas, dit saint Léon, que de tous les mystères chrétiens, le mystère pascal est le plus important.» C'est que la résurrection nous établit au foyer même de la vie surnaturelle.

    Par son triomphe, le Christ glorieux est devenu le contemporain de toutes les générations : le Seigneur du royaume des vivants, l'Auteur de la vie. En toute vérité, la pierre angulaire, le centre, le tout de l'économie nouvelle, c'est le Christ ressuscité… Dans la contemplation de la vie du Christ, beaucoup s'arrêtent de préférence aux évènements douloureux ; et la croix nous apparait plus souvent entourée des instruments du supplice que des trophées de la victoire...  

   Il n'est pas question, bien entendu, d'ignorer la croix et les souffrances du Sauveur ; mais la croix, sans les splendeurs de la résurrection, ferait de nous les plus misérables des hommes, et, du Christ, le plus coupable des imposteurs. Que l'alléluia nous dise cela !

    L'alléluia nous apporte encore une autre leçon. Son mot d'ordre est : « Louez Dieu. » Soyons alléluia des pieds à la tête ; soyons des adorateurs fervents de notre grand Dieu : Alléluia.

    Louez Dieu ! L'adoration, l'action de grâces, la louange, la bénédiction, tous les dans fondamentaux de l'âme religieuse, ceux que Jean décrit dans son Apocalypse, venaient se perdre, nous dit-il, dans une seule acclamation d'une densité religieuse infinie : Alléluia ! Louez Dieu ! (Cf. Apoc. 19, 1-6).

    Ce n’est pas en vain que la liturgie nous met sans cesse cette acclamation sur les lèvres. L'Église veut donner à notre âme cette attitude foncière d'adoration. Que notre religion soit avant tout théocentrique, toute tournée vers Dieu, comme celle de son Fils : Notre Père qui es aux cieux !

    Cette piété repliée sur elle-même, obsédée par notre moi, ce souci constant de notre pauvre personne et de nos intérêts ; le culte d'un Dieu purement secourable, cette piété égocentrique n'est pas coupable sans doute, mais elle marque d'élan et d'envergure. Établissons fortement dans notre âme cette disposition latreutique* foncière d'adoration et d'amour, qui fera de toute notre vie un cantique de louange à la gloire du Père.

    « Louons Dieu, Alléluia ! Louons-le, comme dit saint Augustin, par notre conduite et nos paroles, par nos sentiments et nos discours, par notre langage et notre vie ».


Dom Lambert BEAUDUIN (1873 – 1960)

*Relatif à un culte de Dieu comme souverain

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