Vous
vous souvenez ? aux premiers jours de la genèse, Dieu modèle
l’homme avec de la boue et puis il souffle dans ses narines et il
devient un être vivant. Aujourd’hui
dans l’Evangile, Dieu souffle à nouveau : Jésus
ressuscité souffle sur les disciples. Comme
aux jours des commencements, Dieu peaufine sa création.
Dans
les Actes des apôtres, ça ne souffle pas : l’Esprit remplit
la maison d’un bruit qui ressemble à celui d’un violent coup de
vent. Mais c’est seulement un bruit… Et
des langues semblables à du feu rejoignent les habitants de la
maison.
N’allons
pas par quatre chemins : les disciples, c’est nous.
Si
nous sommes ici, c’est que nous voulons suivre le Christ, c’est
qu’il nous a appelés à être ses disciples et que nous avons
répondu à son appel.
Donc,
tout ce qui concerne les disciples nous concerne directement. L’événement
de la pentecôte n’est pas un beau récit du temps jadis, c’est
l’événement d’aujourd’hui qui concerne chacun de nous.
Il
va donc falloir se poser la question de ce que nous pouvons bien
faire de cette histoire de souffle et de langues de feu. Et
il va falloir prendre au sérieux cette parole qui nous
embarrasse tant et qui pourtant semble être la conséquence
directe de la venue de l’Esprit : « Recevez
l’Esprit saint, A qui vous remettrez ses péchés ils
seront remis, à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront
maintenus. »
Nous
pourrions régler la question en disant que Jésus instaure ici
le sacrement de réconciliation… ce serait donc une histoire qui ne
concernerait que les prêtres. Jésus leur donnerait ici le pouvoir
de pardonner (ou pas) les péchés. Si
c’était ça, ce serait très étrange.
D’abord
parce qu’en disant « disciple » on ne dit pas
forcément « prêtre », ensuite parce que le sacrement de
réconciliation est une invention tardive dans l’histoire de
l’Église, et qu’il n’a pas toujours été l’affaire des
seuls prêtres.
Et
si Jésus, en soufflant sur les disciples ouvrait une autre piste ? Si
Jésus, en soufflant sur nous, en nous faisant le don de
l’Esprit saint, nous investissait d’un pouvoir de Parole ?
Désormais,
avec en nous l’Esprit, avec dans nos bouches, le souffle de sa
bouche, nous pouvons, tous, délier les hommes et les femmes de ce
qui les entraîne vers la mort. Il
ne s’agit pas de pardonner les péchés, nous avons pour ça
un sacrement et des prêtres, il s’agit de remettre comme on
remet une dette, il s’agit de libérer, de desserrer des liens.
Nous
avons tous autour de nous des gens qui souffrent de se croire
condamnés à la tristesse, à la culpabilité. Ceux
qui se sentent indignes de tout, ceux qui se sentent inutiles, ratés,
englués dans de vieilles histoires, de vieilles divisions… Peu
à peu, ces gens s’enfoncent en silence dans le très-bas.
Vous
qui êtes disciples, recevez l’Esprit saint et remettez, déliez,
libérez les essoufflés, ceux qui perdent peu à peu le souffle de
vie.
Comment
pourrions-nous faire ? Il nous faudrait une capacité nouvelle à
parler, il faudrait que nous puissions parler une langue nouvelle.
Et
bien l’Esprit saint nous équipe de langues de feu !
Nous
avions des langues de terre et de boue, nous avons désormais des
langues de feu. Notre
parole, dans l’Esprit, devient une parole brûlante, une parole
ardente. Nous
remettrons la dette de nos frères si nous laissons parler en nous
cette langue de feu que nous avons tous reçue. Et
à chaque fois que cette langue de feu parlera dans nos paroles, elle
proclamera les merveilles de Dieu.
Il
ne s’agit pas de faire des discours, il ne s’agit pas de devenir
des orateurs, il s’agit même probablement d’abord de savoir se
taire pour qu’un autre parle. A
cette personne qui descend dans la tristesse, dire « la paix
soit avec toi ». Le
dire autrement bien sûr, avec d’autres mots peut-être, le
dire bien souvent sans s’en apercevoir. Parler
une langue inconnue de nous mais qu’elle reconnaîtra. La
remettre de plein pied dans les merveilles de Dieu.
Nous
qui ne sommes que des petits bonshommes pétris de poussière et de
boue, nous avons en nos bouches des langues de feu.
Des
langues pour redire que le péché a perdu le combat, que
la vie a vaincu la mort et
que le Christ est ressuscité.
╬ Amen
Alléluia
Sylvain
diacre
La prière universelle de la messe de Pentecôte :
Viens Esprit Saint,
éclaire ton Église, qu’elle rayonne des merveilles de Dieu.
Viens Esprit Saint,
viens embraser le cœur des nouveaux confirmés
Viens Esprit Saint,
suscite en abondance des artisans de réconciliation et de paix.
Viens Esprit Saint,
donne ta force à ceux qui sont dans l’épreuve
Viens Esprit Saint,
réchauffe
le cœur de tes fidèles rassemblés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire