Recevez l'Esprit / Jn 20 19-23 / Une homélie de Pentecôte

Vous vous souvenez ? aux premiers jours de la genèse, Dieu modèle l’homme avec de la boue et puis il souffle dans ses narines et il devient un être vivant. Aujourd’hui dans l’Evangile, Dieu souffle à nouveau : Jésus ressuscité souffle sur les disciples. Comme aux jours des commencements, Dieu peaufine sa création.
Dans les Actes des apôtres, ça ne souffle pas : l’Esprit remplit la maison d’un bruit qui ressemble à celui d’un violent coup de vent. Mais c’est seulement un bruit… Et des langues semblables à du feu rejoignent les habitants de la maison.

N’allons pas par quatre chemins : les disciples, c’est nous.
Si nous sommes ici, c’est que nous voulons suivre le Christ, c’est qu’il nous a appelés à être ses disciples et que nous avons répondu à son appel.
Donc, tout ce qui concerne les disciples nous concerne directement. L’événement de la pentecôte n’est pas un beau récit du temps jadis, c’est l’événement d’aujourd’hui qui concerne chacun de nous.

Il va donc falloir se poser la question de ce que nous pouvons bien faire de cette histoire de souffle et de langues de feu. Et il va falloir prendre au sérieux cette parole qui nous embarrasse tant et qui pourtant semble être la conséquence directe de la venue de l’Esprit : « Recevez l’Esprit saint, A qui vous remettrez ses péchés ils seront remis, à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Nous pourrions régler la question en disant que Jésus instaure ici le sacrement de réconciliation… ce serait donc une histoire qui ne concernerait que les prêtres. Jésus leur donnerait ici le pouvoir de pardonner (ou pas) les péchés. Si c’était ça, ce serait très étrange.
D’abord parce qu’en disant « disciple » on ne dit pas forcément « prêtre », ensuite parce que le sacrement de réconciliation est une invention tardive dans l’histoire de l’Église, et qu’il n’a pas toujours été l’affaire des seuls prêtres.

Et si Jésus, en soufflant sur les disciples ouvrait une autre piste ? Si Jésus, en soufflant sur nous, en nous faisant le don de l’Esprit saint, nous investissait d’un pouvoir de Parole ?
Désormais, avec en nous l’Esprit, avec dans nos bouches, le souffle de sa bouche, nous pouvons, tous, délier les hommes et les femmes de ce qui les entraîne vers la mort. Il ne s’agit pas de pardonner les péchés, nous avons pour ça un sacrement et des prêtres, il s’agit de remettre comme on remet une dette, il s’agit de libérer, de desserrer des liens.

Nous avons tous autour de nous des gens qui souffrent de se croire condamnés à la tristesse, à la culpabilité. Ceux qui se sentent indignes de tout, ceux qui se sentent inutiles, ratés, englués dans de vieilles histoires, de vieilles divisions… Peu à peu, ces gens s’enfoncent en silence dans le très-bas.
Vous qui êtes disciples, recevez l’Esprit saint et remettez, déliez, libérez les essoufflés, ceux qui perdent peu à peu le souffle de vie.

Comment pourrions-nous faire ? Il nous faudrait une capacité nouvelle à parler, il faudrait que nous puissions parler une langue nouvelle.
Et bien l’Esprit saint nous équipe de langues de feu !
Nous avions des langues de terre et de boue, nous avons désormais des langues de feu. Notre parole, dans l’Esprit, devient une parole brûlante, une parole ardente. Nous remettrons la dette de nos frères si nous laissons parler en nous cette langue de feu que nous avons tous reçue. Et à chaque fois que cette langue de feu parlera dans nos paroles, elle proclamera les merveilles de Dieu.

Il ne s’agit pas de faire des discours, il ne s’agit pas de devenir des orateurs, il s’agit même probablement d’abord de savoir se taire pour qu’un autre parle. A cette personne qui descend dans la tristesse, dire « la paix soit avec toi ». Le dire autrement bien sûr, avec d’autres mots peut-être, le dire bien souvent sans s’en apercevoir. Parler une langue inconnue de nous mais qu’elle reconnaîtra. La remettre de plein pied dans les merveilles de Dieu.

Nous qui ne sommes que des petits bonshommes pétris de poussière et de boue, nous avons en nos bouches des langues de feu.
Des langues pour redire que le péché a perdu le combat, que la vie a vaincu la mort et que le Christ est ressuscité.

╬ Amen Alléluia
Sylvain diacre
La prière universelle de la messe de Pentecôte :

    Viens Esprit Saint,

éclaire ton Église, qu’elle rayonne des merveilles de Dieu.

    Viens Esprit Saint,

viens embraser le cœur des nouveaux confirmés

    Viens Esprit Saint,

suscite en abondance des artisans de réconciliation et de paix.

    Viens Esprit Saint,

donne ta force à ceux qui sont dans l’épreuve

    Viens Esprit Saint,

réchauffe le cœur de tes fidèles rassemblés.

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