(...)
Dans
nos vies aussi, nous avons nos eaux profondes.
Nous
pouvons avoir la sensation que nous nageons dans nos vies comme
suspendus au-dessus du vide, au-dessus d’un monde dont nous ne
voyons rien…
Ce
peut être un avenir incertain. On aimerait bien y deviner quelques
points de repère, discerner un peu le paysage vers lequel on
s’avance… mais l’horizon est bouché, on nage un peu à
l’aveugle, sans idée de ce qui nous attend.
Cette
angoisse de l’avenir, elle peut être individuelle, mais elle peut
aussi être collective : nos incertitudes sur l’avenir de
notre planète, de nos systèmes démocratiques, du futur de
l’Église….
Nager
au-dessus du vide, c’est probablement aussi la sensation de chacun
quand il pense à sa propre mort…. On aimerait bien voir quelque
chose dans cette affaire, y discerner un peu de solide… mais on ne
voit que du bleu, de plus en plus profond, de plus en plus
mystérieux.
Enfin
nager en eaux profondes, c’est souvent l’impression que l’on a
dans notre vie intérieure, au profond de notre intimité…
quand
on a l’impression de ne plus rien comprendre à nos vies, de ne
plus rien attendre de nos vies….
quand
on a l’impression d’avancer dans la vie sans plus savoir ni
pourquoi ni comment, quand nos repères se sont effacés peu à peu à
mesure que le fond s’éloigne,
quand
notre vie intérieure n’est plus pour nous qu’un grand flou qu’on
imagine aussitôt peuplé de créatures dangereuses : nos
colères, nos lâchetés, nos rancœurs… tout ça comme autant de
vilains poissons nageant dans l’invisible.
Nous
n’aimons pas les eaux profondes.
Elles
nous font peur parce que nous n’y maîtrisons rien.
Elles
nous font peur parce qu’elles sont pleines d’inconnu…
« Avance
en profondeur et laissez descendre les filets »
Jésus
répond : « sois sans crainte »
Ne
crains pas les eaux profondes, ne crains pas tes profondeurs, ne
crains pas ce que tu imagines qui se tient là….
Jésus
est maître des eaux profondes, il sait ce qui s’y tient et ce
n’est pas cela qui l’intéresse en nous. « Désormais ce
sont des hommes que tu prendras »,
désormais,
qu’importent les poissons, tous les vilains poissons réels ou
imaginaires de tes angoisses ou de ton péché, désormais, c’est
l’humain qui sera ton objet, c’est vers l’humanité que je
t’envoie, c’est là que j’ai besoin de toi.
Jésus
nous détourne de notre obsession de l’inconnu qui nous terrifie,
il nous tourne vers ce qui fait de nous des hommes et des femmes et
il nous tourne vers l’autre.
Sois
sans crainte, occupe-toi donc un peu de ton frère.
« Alors
ils ramenèrent les barques au rivage…. [parce que c’est là
que mon frère m’attend] et, laissant tout…. [parce que
les poissons qui nagent en eaux profondes ne sont plus mon affaire],
ils le suivirent…. [parce que sans lui devant moi, le
gouffre s’ouvre à nouveau sous mes pieds.] »
╬ Amen
Sylvain,
diacre
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