ainsi
tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais obtiendra la vie
éternelle »
Voilà
la joyeuse nouvelle qui résonne aujourd’hui dans le monde en ce 4e
dimanche de carême.
C'est
ce que confirme Paul (2e lecture) « Nous
étions mort à cause de nos fautes. Dieu nous a fait revivre
avec le Christ. C’est bien par grâce qu'il nous a sauvé »
Voilà
encore une raison de nous réjouir au milieu de nos angoisses.
Nous
sommes sauvés !
Cette
parole est tellement saisissante que nous pourrions être tenté par
une jubilation passive, puisque par la grâce de Dieu notre salut est
assuré. Penser cela serait oublier une partie de la Parole de
Jésus : « Tout homme qui croit dans le fils de
l’homme ne sera pas jugé mais obtiendra la vie éternelle .»
Encore
une raison d’être dans la joie. Il y a moyen d’échapper au
jugement.
Y
aurait-il comme une opposition entre le jugement et à la vie
éternelle ?
A
y regarder de près, tout simplement, il n’y a pas de jugement
D’abord
parce que Jésus n’est pas venu pour juger mais pour sauver. Celui
qui croit, échappe au jugement et celui qui ne croit pas est
déjà jugé. Etrange !
Et
pourtant Jésus donne un contenu au jugement
«
Quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré
les ténèbres, car leurs œuvres étaient mauvaises » Ce
jugement est donc comme un constat de notre réalité humaine. Le
jugement n’est plus ici synonyme d’une quelconque sentence divine
mais une révélation du secret du cœur humain. L’humain tiré
vers les ténèbres et capable de choisir et d’aspirer à la
lumière. Le jugement met au jour le clivage qui est la condition de
notre humanité. Le combat de tout humain. Jeudi dernier, ici même ;
Mgr James, notre archevêque nous a parlé d’un combat spirituel.
Et c’est au milieu de cet inévitable combat que Jésus vient nous
sauver. Ce combat se réalise dans note chair, pas seulement dans
notre esprit.
Dans
l’évangile Jésus associe son élévation sur la croix avec
l’épisode du serpent d’airain que Moise élève pour détourner
le regard des hébreux dans le désert des morsures mortelles des
serpents. Le serpent cet animal qui dans l’imaginaire de bien des
peuples représente la mort autant que la renaissance, autant le
poison que la guérison.
La
croix à la fois comme représentation du mal mortel, mais aussi
comme lieu, où le Fils, s’offre. Non pas un remède, mais la vie
elle-même
(Jn,
12,32) une parole de Jésus avant sa passion « Quand
je serai élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »
toute humanité
Dans
quelques instants le prêtre dira : « élevons nos cœurs »
et nous répondrons « nous le tournons
vers le Seigneur » juste avant que par la liturgie
eucharistique nous entrions sacramentellement dans le Mystère de la
croix
Nous
disons, et c’est notre foi, que le Christ descend sur l’autel
pendant l’eucharistie, ou qu’il descend en nous au moment de la
communion. Nous oublions peut être que c’est alors que le Seigneur
s’abaisse, nous sommes élevés, que nous allons avec lui pour
faire un seul corps..( lorsque nous avons communié, nous sommes
ensemble élevés chez lui). Mais si nous nous tournons vers le
Seigneur ce n’est pas pour monter sur un nuage et être extrait de
nos vies terrestres dès aujourd’hui, mais bien pour continuer à y
vivre remplis de son esprit, de sa force..
Heureux
ceux qui voient dans la croix du Christ élevé de terre la vive
lumière de l’amour dont nous sommes aimés et tout à la fois
l’ombre de leur propre violence pour avoir le goût d’en guérir.
La
lumière se trouve en marchant. L’amour demande à être vécu. Ce
n’est pas une idée ou une idéologie, cela devient un choix.
Elevés
avec le Christ , un écueil nous guette cependant
Une
forme d’accusation du monde, qui porte en germe le pessimisme et la
violence. Au risque de ne plus percevoir les signes de vie
évangélique qui germent aujourd’hui au milieu de toutes nos
ténèbres.
Être
élevés avec le Christ, cela ne nous exonère pas d’avoir à
regarder en face le poison mortel qui nous menace. Saurons-nous
reconnaître, les morsures qui nous entraînent à la mort ?
Saurons-nous discerner les postures, qui nous emprisonnent dans notre
condition mortelle ?
Saurons-nous
éviter aussi un autre écueil écueil qui serait de prétendre nous
sauver de tout cela par nous-même ?
Il
s’agit bien de porter un regard de foi sur celui qui est élevé et
de nous laisser attirer dans la lumière, là où le Christ nous
associe à son combat contre la mort. L’Eglise nous invite
aujourd’hui à être dans la joie les témoins du salut.
Au
milieu de ce monde que Dieu aime, acceptons, avec audace et aussi
humilité, d’être les porteurs de cette joyeuse vérité du salut,
à temps et à contretemps. Il est de notre responsabilité que
l’amour élevé sur la croix soit visible, de loin et pour tous.
Nous ne serons pas témoin uniquement par la splendeur de nos
liturgies ou la profondeur de nos prières qui nous tournent et
nous élèvent vers le Christ, mais aussi par nôtre engagement de
disciple auprès de tous les hommes. Si nous faisons la vérité en
nous et entre nous, notre commune fraternité, illuminée et fécondée
par celle du Christ, peut-devenir pour nos contemporains lumière et
joie..
Tournons-nous
avec confiance vers le Seigneur et demandons-lui cette grâce.
Amen
Robert
Zimmermann
diacre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire