De la colère / Jn 2 13-25 / Une homélie



L’événement aujourd’hui, c’est la colère de Jésus.
« Il fit un fouet avec des cordes et les chassa tous hors du temple, ainsi que les brebis et les bœufs, il jeta à terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs »
Le fouet n’est pas que pour les animaux, le texte le dit bien.

On pourrait faire l’hypothèse que Jésus fait tout sans colère… froidement.
Mais je ne crois pas que l’on puisse déployer toute cette énergie sans colère.
Et l’hypothèse de la colère de Jésus, si on l’accepte, si on l’observe de prés, nous ouvre à une lecture importante de ce qui se joue dans ce texte.
        Heureux texte qui vient mettre à mal nos représentations.
(...)

Car, au fond, qu’est-ce qui met Jésus dans cet état de colère ?
« il trouva installés dans le temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes et les changeurs »
Qui sont-ils ces marchands ? À quoi servent tous ces animaux ?
Avec eux, la relation des hommes avec Dieu est une relation marchande. Les animaux, sont les objets du sacrifice, et les changeurs, ceux qui permettent à chacun, d’où qu’il vienne, de pouvoir monnayer son sacrifice.

C’est là qu’il nous faut ouvrir nos cœurs et nos oreilles : où en sommes-nous de cette relation marchande avec notre Dieu ?
Le temple, nous le savons, le Christ nous l’a révélé, c’est chacun de nous. Notre corps est le temple où Dieu se tient.
        Le Verbe s’est fait chair, nous sommes temple de l’Esprit.
Si Jésus revenait dans ce temple, sommes-nous certains qu’ils n’y trouverait pas, installés bien tranquilles, nos marchands de sacrifices ? Nos monnayeurs de prières et de dons ?
Nous avons nos bœufs et nos brebis intérieures, nous avons nos comptoirs de change…
(...)

Le Christ ne veut rien entendre de ce type de relation avec son Père, c’est pour lui insupportable, ça le rend triste, ça l’indigne, c’est lui faire violence.
Face à ça, le remède est énergique : il faut donner du fouet et tout renverser.
        Tout renverser pour tout remettre à l’endroit.

Car la relation qu’il nous demande, c’est celle qui règne dans la maison du Père, c’est à dire un lien filial… ça s’appelle « prière ».
On ne marchande pas avec son père, on ne calcule pas.
Les enfants demandent sans imaginer qu’il faille donner en retour. Ils demandent simplement, certains d’être exaucés, parce qu’ils savent qu’ils sont aimés et que leur père n’attend rien d’eux... que leur demande.
Le père ne demande pas des gages à son enfant.
Il ne lui demande pas des preuves de son amour.
Tout fils sait qu’il est aimé et tout père ne doute pas d’être aimé.
Dans cette relation, il n’y a rien à marchander, il n’y a rien à offrir en échange, c’est un don sans retour, sans dette. Monnayer cet amour, c’est lui faire offense.
La colère de Jésus, c’est l’amour offensé.
(...)

Amen
Sylvain diacre

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