Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma Joie / Mt 3 13-17 / Une homélie

Ce dimanche, nous fêtons le baptême de Jésus, la dernière fête du temps de Noël. C’est aussi ce dimanche que se réunissent les fiancés qui vont se marier dans l’année pour une journée de rencontre. Et enfin, nous sommes tous réunis dans cette église pour partager l’Eucharistie, le repas auquel nous invite le Christ. Cela fait bien trois raisons de s’interroger sur ce qu’est un sacrement.
L’occasion est belle car le texte de l’Evangile de ce dimanche a de quoi nous donner à méditer.
Qu’est-ce qu’un sacrement ? N’est-ce pas le ciel et la terre qui se rejoignent pour la plus grande gloire de Dieu et la joie pour les hommes ?
Regardons le texte de plus près même si on ne peut pas dire que le baptême de Jésus est un sacrement tel qu’on peut l’entendre aujourd’hui.
Toutefois le schéma est intéressant. Il y a tout d’abord Jésus qui est dans le rôle du demandeur et Jean-Baptiste dans celui du ministre, du serviteur qui va accomplir le geste.
Dans tout sacrement, il y a un serviteur ou un témoin qui rend visible ou qui signifie la rencontre. Mais surtout il y a un être humain sur qui s’accomplit la parole qui accompagne le geste.
Dans l’Evangile de ce dimanche cette place est tenue par Jésus lui-même, et il y a comme une nouvelle incarnation dans le geste et la parole qu’il reçoit.
Jésus nous signifie ainsi que nous aussi nous pouvons profiter de cette rencontre. Un sacrement, ce n’est ni réservé à une élite ni à une divinité. Le sacrement c’est pour tous les hommes, c’est pour nous, pour nous relever, pour nous faire grandir, pour nous extraire de notre humus, pour notre joie, pour que s’accomplisse la bonne nouvelle de la visite de Dieu en nous.
« Alors Jean le laisse faire. » Elle peut sembler bien curieuse cette phrase, Elle laisserait entendre que Jean-Baptiste est passif. Mais elle a toute sa saveur dans l’attitude de Jésus. Celui qui reçoit un sacrement n’est jamais passif.
Dans un instant, vous allez bien vous lever pour communier, vous allez bien tendre la main pour recevoir le corps du Christ. Les époux échangent bien leurs consentements. Et le baptisé incline bien la tête vers l’eau. Le pénitent se présente au prêtre et demande explicitement de recevoir le sacrement de réconciliation. Il y a de l’action de la part de ceux qui reçoivent le sacrement. Cela engage leur liberté, il n’y a pas de sacrement sous la contrainte. Et c’est aussi de cela que vient la joie.
Il n’y a pas que le demandeur qui est acteur bien sûr. A ce stade, nous pourrions évoquer le ministre du sacrement ? Curieusement, dans le texte de l’évangile de Matthieu, nous ne savons pas ce que fait Jean-Baptiste. Le geste lui-même de Jean-Baptiste est passé sous silence. C’est certainement parce que ce geste n’est pas une fin en soi mais qu’il donne à voir ce qui se passe réellement.
Matthieu nous révèle alors une réalité qui échappe à notre entendement. « Et voici que les cieux s’ouvrirent », il n’y a plus de séparation entre le ciel et la terre, les cieux sont ouverts, ça circule. Désormais ce qui concerne le ciel, concerne la terre et ce qui concerne la terre concerne le ciel. La porte est ouverte pour l’action du sacrement. Comme je le disais au début un sacrement n’est-ce pas le ciel et la terre qui se rejoignent pour la plus grande gloire de Dieu et la joie pour les hommes ?
Un acteur important se révèle dans ce passage, l’acteur essentiel de tout sacrement : «  il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. » C’est avec l’Esprit Saint que s’opère la rencontre lors d’un baptême, c’est lui qui consacre le mariage, c’est lui qui transforme le pain en corps du Christ.
C’est cette rencontre qui nous comble ou qui aiguise notre désir plus grand de connaître Dieu. C’est l’Esprit Saint qui met notre main dans la main du Christ pour un bout de chemin.
Enfin vient reposer sur nous une parole qui vient du Père. Je suis convaincu qu’à chaque baptême, le receveur entend mystérieusement : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. ».
A chaque communion, nous savourons mystérieusement le goût du Christ et c’est là notre joie.
A chaque mariage, les époux sentent leur union prendre force.
A chaque réconciliation, nous sentons couler sur nous la miséricorde du Père.
« Voici mon serviteur que je soutiens,
mon élu qui a toute ma faveur.
J’ai fait reposer sur lui mon esprit ;


Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

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