L’occasion est belle car le texte de l’Evangile de ce dimanche a
de quoi nous donner à méditer.
Qu’est-ce qu’un sacrement ? N’est-ce pas le ciel et la
terre qui se rejoignent pour la plus grande gloire de Dieu et la joie
pour les hommes ?
Regardons le texte de plus près même si on ne peut pas dire que le
baptême de Jésus est un sacrement tel qu’on peut l’entendre
aujourd’hui.
Toutefois le schéma est intéressant. Il y a tout d’abord Jésus
qui est dans le rôle du demandeur et Jean-Baptiste dans celui du
ministre, du serviteur qui va accomplir le geste.
Dans tout sacrement, il y a un serviteur ou un témoin qui rend
visible ou qui signifie la rencontre. Mais surtout il y a un être
humain sur qui s’accomplit la parole qui accompagne le geste.
Dans l’Evangile de ce dimanche cette place est tenue par Jésus
lui-même, et il y a comme une nouvelle incarnation dans le geste et
la parole qu’il reçoit.
Jésus nous signifie ainsi que nous aussi nous pouvons profiter de
cette rencontre. Un sacrement, ce n’est ni réservé à une élite
ni à une divinité. Le sacrement c’est pour tous les hommes, c’est
pour nous, pour nous relever, pour nous faire grandir, pour nous
extraire de notre humus, pour notre joie, pour que s’accomplisse la
bonne nouvelle de la visite de Dieu en nous.
« Alors Jean le laisse faire. » Elle peut
sembler bien curieuse cette phrase, Elle laisserait entendre que
Jean-Baptiste est passif. Mais elle a toute sa saveur dans l’attitude
de Jésus. Celui qui reçoit un sacrement n’est jamais passif.
Dans un instant, vous allez bien vous lever pour communier, vous
allez bien tendre la main pour recevoir le corps du Christ. Les époux
échangent bien leurs consentements. Et le baptisé incline bien la
tête vers l’eau. Le pénitent se présente au prêtre et demande
explicitement de recevoir le sacrement de réconciliation. Il y a de
l’action de la part de ceux qui reçoivent le sacrement. Cela
engage leur liberté, il n’y a pas de sacrement sous la contrainte.
Et c’est aussi de cela que vient la joie.
Il n’y a pas que le demandeur qui est acteur bien sûr. A ce stade,
nous pourrions évoquer le ministre du sacrement ? Curieusement,
dans le texte de l’évangile de Matthieu, nous ne savons pas ce que
fait Jean-Baptiste. Le geste lui-même de Jean-Baptiste est passé
sous silence. C’est certainement parce que ce geste n’est pas une
fin en soi mais qu’il donne à voir ce qui se passe réellement.
Matthieu nous révèle alors une réalité qui échappe à notre
entendement. « Et voici que les cieux s’ouvrirent »,
il n’y a plus de séparation entre le ciel et la terre, les cieux
sont ouverts, ça circule. Désormais ce qui concerne le ciel,
concerne la terre et ce qui concerne la terre concerne le ciel. La
porte est ouverte pour l’action du sacrement. Comme je le disais au
début un sacrement n’est-ce pas le ciel et la terre qui se
rejoignent pour la plus grande gloire de Dieu et la joie pour les
hommes ?
Un acteur important se révèle dans ce passage, l’acteur essentiel
de tout sacrement : « il vit l’Esprit de Dieu
descendre comme une colombe et venir sur lui. » C’est
avec l’Esprit Saint que s’opère la rencontre lors d’un
baptême, c’est lui qui consacre le mariage, c’est lui qui
transforme le pain en corps du Christ.
C’est cette rencontre qui nous comble ou qui aiguise notre désir
plus grand de connaître Dieu. C’est l’Esprit Saint qui met notre
main dans la main du Christ pour un bout de chemin.
Enfin vient reposer sur nous une parole qui vient du Père. Je suis
convaincu qu’à chaque baptême, le receveur entend
mystérieusement : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé
en qui je trouve ma joie. ».
A chaque communion, nous savourons mystérieusement le goût du
Christ et c’est là notre joie.
A chaque mariage, les époux sentent leur union prendre force.
A chaque réconciliation, nous sentons couler sur nous la miséricorde
du Père.
« Voici mon serviteur que je soutiens,
mon élu qui a toute ma faveur.
J’ai fait reposer sur lui mon esprit ;
mon élu qui a toute ma faveur.
J’ai fait reposer sur lui mon esprit ;
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.
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