La
foule tient une grande place dans l'Evangile.. Dans l'Evangile que
nous avons entendu Jésus est avec ses disciples, mais c'est la
présence de la foule sur laquelle il pose son regard qui amène la
suite.
Cette
foule est comme la figure de toutes les foules humaines, y compris
les foules de notre temps. Ce matin nous sommes aussi la foule
rassemblée et je voudrais évoquer d'autres foules . Celles des
pèlerins (ceux du chemin de St Jacques, mais aussi ceux Lourdes,
Fatima, Rome et bien d'autres). Je pense aussi aux foules de notre
histoire : les foules qui protestent, les foules qui luttent...,
les foules qui fêtent... et ces foules immenses qui traversent les
mers et les continents en quête de paix et d'une vie meilleure.
La
foule sur laquelle Jésus porte son regard est une foule en attente
qui avait eu connaissances des guérisons , Ce n'est pas précisément
une foule qui demande du pain (rien n'est dit à ce sujet) mais c'est
une foule qui cherche son prophète ou son roi, son messie.
C'est
au bénéfice de cette foule que Jésus prend une initiative :
« où
pourrions-nous acheter du pain pour qu'ils aient à
manger ? »
« JESUS
SAVAIT BIEN CE QU'ILALLAIT FAIRE »
Ce
qu'il veut faire dans un premier temps c'est nourrir la foule
assemblée. C'est le miracle que nous appelons « la
multiplication des pains ».
Le
terme multiplication n'est pas ici une notion mathématique. Jésus
ne calcule pas.
Ceux
qui calculent se sont les disciples comme pour mettre en
évidence la démesure du désir de Jésus
Et
il va donner à manger à plus de 5000 hommes sans compter les femmes
et les enfants, en partant de cinq pain d'orge et 2 poissons.
Le
miracle a été concrètement possible parce qu'un petit garçon qui
avait amené son repas pour la longue marche et la longue
journée donne tout ce qu 'il a pour que Jésus puisse nourrir
toute la foule et qu'il en reste « et il en restera douze
corbeilles ».
Pour
que que Dieu puisse agir il faut que l'homme apporte quelque chose ,
ce qu'il a et qui est sans proportion avec le don qui lui sera fait.
Jésus
pris les pains et ayant rendu grâce il les distribua aux convives.
La foule a changé de statut. Le miracle n a pas été fait devant
elle, mais pour elle.
Et
nous changeons de dimension. Le miracle DE LA FRACTION DU PAIN
devient un signe et annonce une présence. (Emmaüs)
« Jesus
savait bien ce qu'il allait faire » il allait faire ce pourquoi
il a été envoyé par le Père, ce pourquoi il était venu, dans le
monde, par l'action de l'Esprit Saint.
C'était
juste avant la Pâques.
Le
denier repas avec ses disciples approche, puis la passion, la mort de
Jésus et sa résurrection. Jésus sait qu'il
donnera tout ce qu'il
a, sa vie car il est le CHRIST ( messie) FILS DE DIEU SAUVEUR.
Il
dit de lui même « Je
suis le pain de vie descendu du ciel »
Voilà ce que Jésus annonce par son miracle qui devient un signe.
Nous
sommes aujourd’hui
les convives au repas
du Seigneur. Nous sommes des femmes et des hommes en attente. Jésus
connaît la faim de notre foule/ Nous sommes invités chacun à
discerner quelle est notre faim et de la nommer.
Ce
que nous attendons s'accomplit déjà.
Dans
un instant vont être portés à l'autel le pain fruit de la terre et
du travail des hommes, le vin fruit de la vigne et du travail des
hommes »
A
travers le pain et le vin c'est toute notre vie, tout notre être qui
sont offerts pour être transformés, par le don du Christ.
La
messe n'est
pas une cérémonie religieuse symbolique et pieuse.
La
messe nous engage, car le Christ s'engage; L'Eucharistie c'est
l'accomplissement de la présence du Seigneur pour nous et en nous
par son corps livré et son sang versé ; Nous ne mesurons pas
assez la profondeur et l'ampleur de la grâce qui nous est faite.
Vous
les marcheurs de St Jacques, et vous qui prenez d'autres
chemin vous avez choisi de vous unir aux paroissiens qui sont là,
pour célébrer la messe ?
Savez
vous pourquoi vous prenez ce chemin ?
Ce
que vous savez et vous en témoignez c'est l'attrait du chemin, c'est
que c'est tout votre corps qui est sollicité par la marche,
l'avancée,
la progression . Vous y mettez du vôtre… Vous êtes partie
prenante. Votre vie n'est pas étrangère à votre marche. Et le
chemin n'est
que le support de votre quête, de vôtre recherche et de votre
consentement.
Vous
êtes en union avec tous les pélerins. Et à l'arrivée quelle joie
au milieu de la foule.Et au retour
vers le quotidien il reste en vous une trace ineffaçable, vous
ne revenez pas comme
vous êtes partis.
Et votre désir est d'y retourner...ou d'en garder le souvenir.
Permettez-moi
une analogie avec l'Eucharistie
A
la fin de chaque eucharistie, Nourris par la Parole et le Corps et le
sang du Christ, vous ne repartez pas comme avant.
Depuis
notre baptême la trace du Seigneur dans nos corps mortels n'est pas
un souvenir, mais une réalité.
Nous
sommes participants et partie prenante, en communion avec le
Seigneur, en communion les uns avec les autres et avec tous les
hommes. si nous consentons, corps et Esprit, à nous laisser
transformer par la présence en nous de Celui qui nous nourrit de sa
propre vie. Si nous laissons le Seigneur faire son travail en nous,
cela se verra dans notre vie de foi, dans nos engagements humains,
dans nos relations, et nous serons les signes de son amour et de sa
paix pour tous les hommes.
Il
faut que nous y mettions du notre, et le Seigneur donnera en
abondance.
« Il
en resta douze corbeilles. »
Robert
Zimmermann
diacre
Homélie
prononcée en présence des pélerins de St Jacques au prieuré de
Cayac le 29 juillet 2018
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