Pour le moment, laisse-moi faire ; c'est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste / Le Baptême de Jésus/ une homélie

Aujourd’hui se termine le temps de Noël. Vous pouvez, en rentrant, enlever le sapin et ranger la crèche. Dès dimanche prochain, nous allons suivre Jésus. Nous allons suivre Jésus qui sort de l’anonymat pour parcourir la Palestine et annoncer la bonne nouvelle. Nous allons suivre Jésus qui quitte Nazareth pour annoncer le salut de Dieu.
Mais avant cela, avant d’accomplir sa mission, Jésus a besoin d’être confirmé dans la tâche qui l’attend. Il a besoin que, sur lui, soit posé un geste et une parole. Le geste ce sera celui du baptême. Ce geste que dans un premier temps Jean voulait refuser. Et Jésus de prononcer cette phrase étrange : « Pour le moment, laisse-moi faire ; c'est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste. » « Laisse-moi faire » dit-il et pourtant le geste doit être fait par Jean.
Dans cette phrase, se révèle la profondeur du mystère du baptême. Elle ouvre notre intelligence à qui fait quoi. Elle ouvre notre cœur à ce qui, de nos jours, fait que des parents qui demandent le baptême pour leur enfant, frappent à la porte de la salle Saint-Jean, là où s’accomplit la mission de l’accueil.
Les parents, auxquels on demande la raison de leur démarche, ont toutes les bonnes raisons pour demander le baptême de leur enfant. Je ne vais pas les énumérer, chaque cas est différent. Mais au fur-et-à-mesure de la préparation, on perçoit que la raison de la demande du baptême est moins saisissable.
Cela me rappelle une jeune de l’aumônerie du collège que sœur Joëlle et moi préparions pour le baptême. Cette jeune est issue d’une famille chrétienne mais non pratiquante. Au début, elle nous explique pourquoi elle demande le baptême. Ces amies lui ont parlé de l’aumônerie. Elle a suivi ses amies et a entendu parler de la vie de Jésus. Voulant en savoir plus, elle demande le baptême, voilà la raison de sa demande. Au bout des cinq mois de préparation, sérieuse, complète, nous lui avons demandé de nouveau pourquoi elle demandait le baptême… Et là, elle nous répond qu’elle ne le sait pas ! Voilà une préparation plutôt ratée pourrait-on penser. Mais vous ne pouvez imaginer combien cette réponse nous a mis en joie Joëlle et moi. Il n’y a pas de meilleure réponse devant le mystère d’un sacrement. Elle ne savait plus pourquoi elle demandait le baptême mais elle le demandait quand même.
De nos jours, ne pas savoir pourquoi on fait les choses paraît étrange. Alors, on donne des raisons. Mais l’important ce n’est pas pourquoi on fait les choses, mais le désir au fond de soi. Pour le baptême, c’est le désir d’accorder un peu de place à ce Dieu qui vient nous rejoindre.
C’est le désir d’entendre mystérieusement au plus profond de nous-même les paroles d’amour que Jésus lui-même entendit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour. »
C’est le désir pour les parents que leur enfant tressaille à la même joie.
Et pour nous tous, l’important, c’est que le nom de Jésus s’inscrive dans la chair d’un être humain. Car à l’approche du sacrement, à la proximité du sacrement, notre propre chair vibre en harmonie, nous rappelant notre baptême. Et la joie nous rejoint.
Au-delà de la joie qui nous habite, les baptêmes auxquels nous assistons nous rappellent notre mission. Après le rite de l’eau, celui qui reçoit le baptême est déclaré « prêtre, prophète et roi ».
Prêtre, nous le sommes car nous pouvons nous s’adresser à Dieu et Dieu s’adresse à nous. Roi, nous le sommes car, une fois plongé dans la mort et la résurrection du Christ, nous sommes appelés à la vie éternelle.
Mais prophète, le sommes-nous ? Le prophète c’est celui qui proclame aujourd’hui les signes de la présence du Seigneur dans le monde.
Car, comme Jésus qui pose un acte pour être confirmé dans sa mission, le baptême nous confirme pour la mission dans note rôle de prophète.
Mes amis, ne ressentez-vous pas aujourd’hui le souffle de l’Esprit de mission se renouveler ? François nous le dit sans cesse depuis son élection. La mission, ce n’est pas la marotte du pape. Ce n’est pas non plus son programme pour son pontificat. Ce souffle qui inspira les pères du concile, se ravive et touche François de la même manière qu’il nous touche. François nous adresse pour cette année et pour celles qui viennent son exhortation. Il l’adresse aux évêques, aux prêtres et aux diacres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs. Nous sommes tous concernés. Il lui a donné le titre : « Evangelli gaudium » ce qui se traduit « La joie de la Bonne Nouvelle » (j’espère ne pas trop me tromper, je ne connais pas particulièrement le latin).
Nous avons communié à la parole du Christ, nous allons communier à son corps. Nous recevons la force de son Esprit pour porter la Bonne nouvelle. N’ayons pas peur, sortons ! Sortons de nous-même ! Quittons Nazareth ! Le monde attend cette bonne nouvelle, allons-y, le Christ nous précède en Galilée. Alors la joie et la paix du Christ nous habiteront.
L’Evangile de Matthieu que nous lirons tout le long de cette année liturgique se termine par ces paroles : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. » C’est la raison de notre baptême. C’est pourquoi nous demandons le baptême pour nos enfants.
Seigneur, envoie sur nous ton Esprit de mission, pour nous donner la force d’accomplir ta volonté.
Seigneur, envoie sur l’Eglise ton Esprit de mission, pour lui permettre d’ouvrir en grand ses portes.
Seigneur, envoie sur le monde ton Esprit de mission pour que ta parole soit accueillie en vérité.
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.