Mais avant cela,
avant d’accomplir sa mission, Jésus a besoin d’être confirmé
dans la tâche qui l’attend. Il a besoin que, sur lui, soit posé
un geste et une parole. Le geste ce sera celui du baptême. Ce geste
que dans un premier temps Jean voulait refuser. Et Jésus de
prononcer cette phrase étrange : « Pour le moment,
laisse-moi faire ; c'est de cette façon que nous devons accomplir
parfaitement ce qui est juste. » « Laisse-moi
faire » dit-il et pourtant le geste doit être fait par
Jean.
Dans cette phrase,
se révèle la profondeur du mystère du baptême. Elle ouvre notre
intelligence à qui fait quoi. Elle ouvre notre cœur à ce qui, de
nos jours, fait que des parents qui demandent le baptême pour leur
enfant, frappent à la porte de la salle Saint-Jean, là où
s’accomplit la mission de l’accueil.
Les parents,
auxquels on demande la raison de leur démarche, ont toutes les
bonnes raisons pour demander le baptême de leur enfant. Je ne vais
pas les énumérer, chaque cas est différent. Mais au
fur-et-à-mesure de la préparation, on perçoit que la raison de la
demande du baptême est moins saisissable.
Cela me rappelle une
jeune de l’aumônerie du collège que sœur Joëlle et moi
préparions pour le baptême. Cette jeune est issue d’une famille
chrétienne mais non pratiquante. Au début, elle nous explique
pourquoi elle demande le baptême. Ces amies lui ont parlé de
l’aumônerie. Elle a suivi ses amies et a entendu parler de la vie
de Jésus. Voulant en savoir plus, elle demande le baptême, voilà
la raison de sa demande. Au bout des cinq mois de préparation,
sérieuse, complète, nous lui avons demandé de nouveau pourquoi
elle demandait le baptême… Et là, elle nous répond qu’elle ne
le sait pas ! Voilà une préparation plutôt ratée pourrait-on
penser. Mais vous ne pouvez imaginer combien cette réponse nous a
mis en joie Joëlle et moi. Il n’y a pas de meilleure réponse
devant le mystère d’un sacrement. Elle ne savait plus pourquoi
elle demandait le baptême mais elle le demandait quand même.
De nos jours, ne pas
savoir pourquoi on fait les choses paraît étrange. Alors, on donne
des raisons. Mais l’important ce n’est pas pourquoi on fait les
choses, mais le désir au fond de soi. Pour le baptême, c’est le
désir d’accorder un peu de place à ce Dieu qui vient nous
rejoindre.
C’est le désir
d’entendre mystérieusement au plus profond de nous-même les
paroles d’amour que Jésus lui-même entendit : « Celui-ci
est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour. »
C’est le désir
pour les parents que leur enfant tressaille à la même joie.
Et pour nous tous, l’important, c’est que le nom de Jésus
s’inscrive dans la chair d’un être humain. Car à l’approche
du sacrement, à la proximité du sacrement, notre propre chair vibre
en harmonie, nous rappelant notre baptême. Et la joie nous rejoint.
Au-delà de la joie
qui nous habite, les baptêmes auxquels nous assistons nous
rappellent notre mission. Après le rite de l’eau, celui qui reçoit
le baptême est déclaré « prêtre, prophète et roi ».
Prêtre, nous le
sommes car nous pouvons nous s’adresser à Dieu et Dieu s’adresse
à nous. Roi, nous le sommes car, une fois plongé dans la mort et la
résurrection du Christ, nous sommes appelés à la vie éternelle.
Mais prophète, le
sommes-nous ? Le prophète c’est celui qui proclame
aujourd’hui les signes de la présence du Seigneur dans le monde.
Car, comme Jésus
qui pose un acte pour être confirmé dans sa mission, le baptême
nous confirme pour la mission dans note rôle de prophète.
Mes amis, ne
ressentez-vous pas aujourd’hui le souffle de l’Esprit de mission
se renouveler ? François nous le dit sans cesse depuis son
élection. La mission, ce n’est pas la marotte du pape. Ce n’est
pas non plus son programme pour son pontificat. Ce souffle qui
inspira les pères du concile, se ravive et touche François de la
même manière qu’il nous touche. François nous adresse pour cette
année et pour celles qui viennent son exhortation. Il l’adresse
aux évêques, aux prêtres et aux diacres, aux personnes consacrées
et à tous les fidèles laïcs. Nous sommes tous concernés. Il lui
a donné le titre : « Evangelli gaudium » ce
qui se traduit « La joie de la Bonne Nouvelle » (j’espère
ne pas trop me tromper, je ne connais pas particulièrement le
latin).
Nous avons communié
à la parole du Christ, nous allons communier à son corps. Nous
recevons la force de son Esprit pour porter la Bonne nouvelle.
N’ayons pas peur, sortons ! Sortons de nous-même !
Quittons Nazareth ! Le monde attend cette bonne nouvelle,
allons-y, le Christ nous précède en Galilée. Alors la joie et la
paix du Christ nous habiteront.
L’Evangile de
Matthieu que nous lirons tout le long de cette année liturgique se
termine par ces paroles : « Allez donc
! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du
Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder
tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec
vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. » C’est la
raison de notre baptême. C’est pourquoi nous demandons le baptême
pour nos enfants.
Seigneur, envoie sur
nous ton Esprit de mission, pour nous donner la force d’accomplir
ta volonté.
Seigneur, envoie sur
l’Eglise ton Esprit de mission, pour lui permettre d’ouvrir en
grand ses portes.
Seigneur, envoie sur
le monde ton Esprit de mission pour que ta parole soit accueillie en
vérité.
Amen !
Dominique
Bourgoin, diacre.