Luc 18 / homélie

À lui la gloire pour les siècles des siècles.
C'est ainsi que se termine le texte de Paul. "À lui la gloire pour les siècles des siècles." Pourtant dans le début du texte, Paul semble se jeter des fleurs, "je me suis bien battu, j'ai tenu jusqu'au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n'ai plus qu'à recevoir la récompense du vainqueur" mais la première impression s'efface peu-à-peu, Paul est certain de recevoir la récompense. Il est de ceux qui veulent manifester la Gloire du Seigneur. Il n'est pas de ceux qui étalent leurs propres gloires.
Il n'a pas non plus d'amertume envers ceux qui, au début de son ministère, étaient sceptiques de le voir partir annoncer l'Évangile dans le monde, de le voir parcourir le pourtour méditerranéen pour annoncer la venue du Royaume.
Il a rempli sa mission de baptisé grâce à la force du Seigneur. Il a échappé à de nombreuses situations périlleuses grâce à Dieu. Et dans la dernière situation, la plus difficile à passer, Paul reste dans l'Espérance, le Seigneur est avec lui, il la traversera sans danger.
La disposition dans laquelle se tient Paul, au soir de sa vie, éclaire la lecture de l'Évangile.
L'attitude de l'homme qui se dit juste est en fait à l'opposé de celle de Paul. Il commence par rendre grâce Dieu. Bien, très bien même, cette attitude est louable. Mais à l'inverse du parcours de Paul, cette bonne impression s'efface peu-à-peu. Sa prière finit par se centrer sur lui-même. Je, je, moi je, "je verse ce que moi je gagne"
Alors Dieu, tu vas bien être avec MOI. Tu ne vas pas être avec ces voleurs, ceux qui sont injustes, ceux qui sont adultères, ou encore avec ce publicain, cet homme d'affaire véreux.
L'homme qui se dit juste semble s'adresser à Dieu pour lui dire : "tu es pour moi seul et pas pour les autres" parce que tu peux voir combien je suis droit et juste. Mais comme le dit l'antienne avant l'Évangile : "Dieu ne regarde pas l'apparence, comme font les hommes : il sonde les reins et les cœurs".
Percevons-nous bien qu'un appel, plus fort que nous, nous pousse à venir rendre gloire à Dieu comme le samaritain lépreux ?
La célébration de ce dimanche à laquelle nous invite le Seigneur ne se tient pas pour notre propre satisfaction.
Le Seigneur nous rassemble aujourd'hui pour lui rendre Gloire.
Unis à lui autour de cet autel, il nous invite à venir boire à la source pour étancher notre soif du désir de le rencontrer. Mais, surtout, il veut renforcer la foi, pour nous envoyer en mission dans le monde.
Et cette mission elle commence là, aujourd'hui, dans l'église saint-Pierre.
Tout d'abord, pour remplir cette mission, la liturgie nous propose de prendre la place du publicain. Nous avons pris son attitude en chantant au début de cette messe, "Kyrie eleison". La phrase" Kyrie eleison" signifie en Grec "Seigneur, prends pitié". "Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !"
La prière de pardon nous restaure dans notre condition d'homme pécheur qui a besoin de la force du Seigneur. Nous avons besoin du regard miséricordieux du Seigneur pour que sa Bonne Nouvelle soit annoncée en vérité et en son nom.
Nous avons besoin du pardon du Père pour nous débarrasser de ce qui nous encombre, pour nous laver de tout ce qui nous empêche de laisser percer sa lumière à travers nous.
Il est nécessaire à cette heure de déposer au pied de cet autel notre orgueil, toutes nos images de nous-même et nous laisser pénétrer de la Parole, de sa parole.
Alors, l'instant présent, nous pouvons être envoyés en mission. Nous ne sommes pas là pour nous mais pour Lui. C'est dans cette attitude que nous sommes justifiés. C'est dans cette attitude que nous sommes ajustés à Lui.
Alors, chacun d'entre nous, avec nos différences, avec nos parcours différents, avec nos histoires plus ou moins cabossées, nous sommes orientés dans la même direction, nous sommes orientés vers la lumière.
Si nous nous tournons les uns vers les autres pour le geste de paix ce n'est pas pour nous juger, les uns les autres, mais bien pour reconnaître en chacun de nous l'appel du Seigneur à prendre sa suite.
Le Seigneur nous convoque aujourd'hui pour que brille dans le monde sa lumière, pour que sa lumière brille au cœur de Gradignan. Il nous convoque pour l'annonce de sa parole au milieu de la communauté urbaine de Bordeaux. Cette lumière rejoint les autres lumières qui brillent en Gironde, en France, en Europe et dans le monde entier. Elle fait naître l'Espérance du salut dans le monde. "À lui la gloire pour les siècles des siècles."
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m'entendent et soient en fête !
AMEN !
Dominique Bourgoin.
Dimanche 27 octobre 2013 – Année A
Si 35,12-14 ; Ps 33 ; 2 Tm 4,6-8,16-18 ; Lc 18, 9-14


Requiem

J’ai fait un rêve, un rêve sans visage, un cauchemar.
Un être très cher : mère, épouse, enfant, allez donc savoir,
gisait dans son cercueil impossible à refermer.
Me débattant, je cherchais en vain une église, un prêtre
à qui confier, par le Christ époux de notre mère l’Eglise,
le soin de l’accueillir, de le chérir, de prier avec nous
pour accomplir  sa Pâque vers le dernier repos.
Dans cette folle nuit, par quelque aberration,
un clocher m’apparut, sans aube et sans étole.
Il reste, me dit-il, encore quelques bancs, quelques icônes aussi
et un bâton d’encens
mais des prêtres je n’en ai point. Les derniers se reposent
épuisés par toutes tes demandes.
Qu’as tu fait pour les aider et pour aider tes frères
dans leur quête de l’amour du Seigneur?
La panique m’envahit. L’angélus me réveille !
Ô joie! Un prêtre est encore là! Et puis aussi un diacre.
Mais ils ne sont pas seuls.
Des frères, des sœurs en Jésus les soutiennent
pour conduire le deuil, accueillir et demander le pardon;
écouter, et dire la parole et bénir la poussière qui retourne au limon
en confiant au Père tout le désir de lumière dans la nouvelle vie.
Ce sont des Laïcs portés par l’Espérance.
En accomplissant les rites qui apaisent les vivants
Ils les aident à entrer dans le deuil et le vivre dignement,
ils se font Serviteurs.
Nous sommes de ces Serviteurs ; ils vieillissent. Ils ont besoin d’un sang neuf pour un jour prendre leur relève. Et bien que n’étant pas des « Ministres ordonnés » la parole du Pape François nous est à tous adressée :
« Les ministres de l’Evangile doivent être des personnes capables de réchauffer le cœur des personnes, de descendre dans leur nuit, dans leur obscurité, sans se perdre ».


Participer à l'atelier Obsèques, pour moi, c'est bien sûr me préparer à célébrer les obsèques d'un frère, d'une soeur en Jésus Christ, apprendre à écouter ceux qui leur étaient proches mais c'est aussi retrouver un groupe d'amis où la parole circule en toute liberté, comme une eau vive et joyeuse, parce qu'au fil des rencontres, sous la houlette du Père Jean-Pierre Duplantier, nous nous apprivoisons à la Parole de Celui qu'un jour nous aussi nous verrons face à face.

Une retraite à Verdelais

Quelques bouchons à l'allée, un peu de retard au retour … mais entre les deux que de bonheur!
L’accueil n'est pas un mot creux pour la communauté Marianiste de Verdelais !  Nous avons étés accueillis par des gens souriants dans des locaux accueillants. La communauté a pris le temps de nous intégrer à la prière du matin et deux prêtres sont venus participer à notre cérémonie de la réconciliation.
Il y a eu des temps forts 
-autour du chemin de croix le mercredi matin : notre curé nous a aidés à regarder les différentes stations : le cadre avec les Romains et les grands prêtres, les personnes que Jésus croise sur ce chemin : sa mère, les femmes, Véronique, Joseph, Simon, les deux autres condamnés... 
- autour du chemin de vie avec les disciples d 'Emmaüs qui ont le coeur brûlant, les yeux ouverts et qui croient ! Nous avons réalisé un triptyque pour nous souvenir de cette parole
-autour de la réconciliation avec cette petite peur d'y aller et le grand bonheur d'être réconcilié.
- Autour de l’évangile des « dix lépreux » Jean-Pierre Duplantier nous a aidés à voir le geste et la parole qui ont permis au samaritain purifié de laisser le Seigneur prendre place dans sa vie.
-et puis la messe avec les parents, les chants qui deviennent prière.
Nous avons aussi approché la parole, en écoutant Marie France venue spécialement nous raconter l'évangile des 10 lépreux, et Marie-Jo nous raconter l'histoire de Naaman. Et toute l'équipe de la retraite a mis en scène le chemin des disciples d' Emmaüs.

Les enfants avaient l’air heureux mais les adultes aussi ! Alors aujourd’hui que la joie des premiers communiants soit aussi celle de leurs familles et de toute notre assemblée.

Laissons aussi le Seigneur prendre place dans nos vies !

Luc 16 / homélie

Quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts :
ils ne seront pas convaincus.
Ils ne seront pas convaincus. Mais de quoi ne seront-ils pas convaincus ? De vivre comme Lazare ? Difficile de faire ce choix. Et pourtant c'est ce à quoi Jésus semble nous inviter. Mais, à la chute, la parabole dit bien que cela ne marche pas.
La situation est-elle bloquée ? Rien ne peut-il sauver cet inconnu et ses cinq frères ?
Contemplons d'un peu plus près le texte et laissons-nous surprendre par certains aspects. Notamment, regardons ce qui s'oppose. En premier lieu, l'homme riche ne porte pas de nom tandis que le pauvre a une identité. Puis, regardons les disproportions, l'homme riche vit dans l'opulence extrême tandis que Lazare se contenterait d'un rien, seulement des miettes qui tomberaient de la table. Et plus loin, Lazare vit dans la consolation et le bonheur à côté d'Abraham (le père des croyants) tandis que l'homme se contenterait du bout d'un doigt humide pour rafraîchir son gosier.
Certes, nous pouvons bien dire que cet homme est plutôt égoïste. Nous pouvons souligner qu'il ne voit pas la misère à sa porte. Nous pouvons noter son manque de sens du partage.
Mais Lazard qu'a-t-il fait dans sa vie, nous ne le savons pas. Nous pourrions dire qu'il n'a pas été égoïste mais Jésus ne dit rien de cela. Alors, probablement, que ce n'est pas là que se situe l'enseignement. Ce n'est pas dans le choix d'une vie édifiante que veut nous entraîner la parabole. Peut-être, nous invite-t-elle à chercher plus profond, plus loin au fond de nous.
L'homme riche est condamné, rien ne le sauvera. L'abîme est infranchissable. Cela est surprenant surtout quand on sait que Jésus ne cesse de nous parler de la miséricorde de son Père et nous savons par notre expérience humaine, qu'il n'y a pas de vie totalement mauvaise et qu'il n'y en a pas non plus de totalement bonne.
Nous avons relevé que l'homme riche vit dans l'opulence. Il vit à l'abri du besoin et pire encore il vit sans avoir faim. Il vit sans désir d'autre chose que la satisfaction de ses besoins triviaux. Lazare, lui, à la porte aspire à du peu. Il ne rêve pas du trop. Il demande juste quelques miettes.
Une fois passé par la mort, que demande l'homme ? Il aspire aux mêmes besoins. Et que reçoit Lazare, au ciel, il reçoit la consolation. Il vit dans la relation.
Par cette parabole, c'est comme si Jésus nous indiquait que la faim est bonne. Une faim particulière, une faim qui ne se rassasie pas de nourriture mais d'un pain qui est relation.
L'attitude de l'homme riche nous la connaissons, tous nous avons cherché et nous cherchons encore à satisfaire une soif de pouvoir, à amasser, à nous contempler nous-même. Nous oublions que cela ne suffit pas à construire un homme. Tandis que, parfois comme Lazare, connu de Dieu par son nom, une faim se creuse en nous. Parfois se réveille en nous un manque, un manque douloureux qu'on ne sait pas combler, un manque que nous-même ne pouvons combler, un manque qui ne se comblera jamais. Car ce manque est infini en nous. Il y a de la place pour l'infini en nous.
Cet infini, c'est ce qui nous a conduits aujourd'hui ici, autour de la table du repas auquel nous invite le Christ. C'est à cette table que nous allons recevoir du peu, une miette de pain. Une miette de pain qui contient tout l'amour du Père. L'amour du Père s'exprime dans le don de son Fils, dans le pain de l'Eucharistie.
Mais ne croyons pas que nous partirons rassasier, repus, sans désir et sans manque jusqu'à dimanche prochain. Sinon, comme les cinq frères, nous ne serons pas convaincus, alors ne cherchons pas la satiété.
Non, ce pain va creuser encore plus le désir de Dieu en nous, il dilate encore plus l'infini. Mais, ne pleurons pas sur nous qui ne serons pas comblés mais réjouissons-nous.
Réjouissons-nous car l'Eucharistie nous envoie en mission vers une multitude de frères qui ne savent pas encore qu'il existe une source inépuisable à cet autel. Alors trouvons les ressources dans ce que nous recevons du Père pour aller à leur rencontre, pour les inviter.
Témoignons que cette source révèle que cette faim d'infini que nous avons parfois, est une consolation. Ne laissons pas cet inconnu dans l'ignorance. Sachons reconnaître en lui ce manque, cette place que Dieu cherche. Cet espace que Dieu veut visiter.
Témoignons de notre Foi, de notre Espérance, de notre Charité et de notre manque signe que Dieu nous cherche.
"Toi, l'homme de Dieu, cherche à être juste et religieux, vis dans la foi et l'amour, la persévérance et la douceur. Continue à bien te battre pour la foi, et tu obtiendras la vie éternelle ; c'est à elle que tu as été appelé, c'est pour elle que tu as été capable d'une si belle affirmation de ta foi devant de nombreux témoins."
AMEN !

Dominique Bourgoin
26° Dimanche du Temps ordinaire – Année C
Am 6, 1a, 4-7 ; Ps 145 ; 1 Tm 6,11-16 ; Luc 16, 19-31