Jésus nous échappe / Luc 2 41-52 / L'homélie

Jésus, douze ans, était resté à Jérusalem, dans le temple, assis au milieu des docteurs de la Loi, à les écouter et les interroger. Un jour après, ses parents sont revenus à Jérusalem pour le chercher et, lorsqu’ils l’ont retrouvé, ils se sont fâchés à cause de la peur qu’ils ont eue.
 
C’est la troisième fois que L’évangile de Luc nous raconte une histoire de ce genre. Jésus arrive juste à côté de là où nous l’attendons. Il aurait du naître à Nazareth, chez ses parents, mais c’est à Bethléem qu’il est arrivé, comme l’ange l’avait dit à Marie, dans la ville de David. Cela a profité aux bergers : ils ont vu la lumière d’en-haut et l’enfant-signe, emmailloté et couché dans une mangeoire. 
 
Puis les parents sont venus à Jérusalem pour le rite de la purification, parce que c’était le premier né. Cela a profité à deux vieillards, Siméon et Anne, qui attendaient la consolation d’Israël : « mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé face à tous les peuples, lumière pour la révélation aux nations. »
 
Et maintenant, c’est aux docteurs de la loi que profite la venue de Jésus à Jérusalem, à l’âge de 12 ans. Ils sont éberlués par ses questions et ses réponses.
Cette fois-ci, Jésus précise lui-même le lieu où il habite. Il répond à ses parents : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? ». çà ne l’empêche pas de grandir en sagesse, en taille et en faveur auprès de Dieu et auprès des hommes. Mais Jésus les appelle vers un autre lieu de connaissance et d’intelligence qui ne leur est pas directement accessible.
 
A nous non plus ce n’est pas très accessible et au monde encore moins. Dans sa première lettre Jean écrit : « dès maintenant nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement ». Dans le monde, il y a le bien et le mal, et nous naviguons comme nous pouvons dans le vent des globes. Avec Jésus nous vivons dans deux espaces imbriqués, dans notre monde tel qu’il est et chez notre Père qui est aux cieux. Cela s’apprend de Lui et de Lui seul, à travers notre travail de nous nourrir de lui, de l’écouter, de prier et de nous aimer les uns les autres.
 
Mais il y au moins un signe fort : la présence du Christ et sa Parole se manifeste dans les situations concrètes où nous nous trouvons de fait. Ce qu’est pas ce que nous pensons qui doit être, ni ce que nous aimerions qui soit, mais ce qui arrive, ce qui nous est donné à vivre. La parole de Dieu s’est faite chair en Jésus-Christ.
En ce dimanche de la sainte Famille, ce qui nous arrive c’est en particulier un projet de loi intitulé le mariage pour tous.
 
Dès les premiers versets de la Bible, il est écrit : Dieu dit : « faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance et il les créa à son image, homme et femme il les créa. » La différence de l’homme et de la femme est le signe de l’image de Dieu qui a été inscrit en nous d’origine. Il est le signe d’une altérité fondatrice et non un élément facultatif dont nous pourrions user à notre guise.
 
Quelques versets plus lion, le texte précise : il n’est pas bon que l’homme soit tout, seul. Ainsi, chaque personne est-elle amenée à reconnaître tôt ou tard qu’elle ne possède qu’une seule des deux variantes fondamentales de l’humanité, et que l’autre lui reste à jamais inaccessible. La différence sexuelle est ainsi une marque de notre finitude. Je ne suis pas tout l’humain. La République peut décider ce qu’elle veut, sur ce point nous ne pouvons transiger, il y va de notre liberté de croire.
 
Deuxième point : Toute l’affection du monde ne suffit pas à produire les structures psychiques de base qui répondent au besoin de l’enfant de savoir d’où il vient. Un fils d’homme a besoin pour exister parmi les autres d’avoir une place dans une généalogie, et une généalogie est la structure de deux lignées, celle du père et celle de la mère.
 
A ce sujet, l’enfant n’est pas un droit. Il y a un droit de l’enfant et nous en convenons tous. Mais le droit d’avoir un enfant, quelque soient les souffrances qu’impliquent de n’en avoir pas, est irrecevable dans notre société. Il en est de même du droit pour un homme d’avoir une femme, ou pour une femme d’avoir un homme. En effet, dés que le droit a pour un objet un être humain, qu’on l’achète ou pas, nous nous trouvons dans un régime d’esclavage. Un enfant n’est pas un objet.
Enfin, l’expression « mariage pour tous » est une supercherie. L’égalité concernant le mariage n’existe pas. Il y a notamment tous ceux qui souffrent, en raison de blessures diverses, de ne pouvoir se marier. Il y a aussi l’interdiction pour un père de se marier avec sa fille. C’est donc qu’il y a un brouillage, un cheval de Troie, dans l’intitulé de cette loi. Et cette intrusion a une raison : prétendre que les relations homme et femme et la filiation qui s’y trouve attachée sont un produit de la société et qu’il n’a pas d’autre signification que celle que lui donne une opinion publique, une majorité ou ce qui ce fait dans d’autres pays. Sur ce terrain, il y a conflit de devoir pour chaque chrétien et la laïcité n’est pas le principe de suppression de la foi dans la vie commune. Nous ne pouvons servir deux maîtres. Le respect de l’autorité de l’état ne peut aller jusqu’à nous imposer l’adoration d’un homme mythique, maître de lui comme de l’univers.
 
Je n’en dis pas plus. Que Le Christ nourrisse en nous la vie qu’il nous donne. Comme nous l’a dit notre curé, cela produit une polyphonie de gestes, de paroles, de courage, de souffrances, de foi, d’espérance et de charité. C’est l’œuvre de l’Esprit saint en chacun de nous selon ce que Dieu nous a donné, nous donne et nous donnera.
 
Mes meilleurs vœux pour l’année 2013 c’est que ni la peur, ni le doute, ni tel ou tel affrontement ne vous sépare de Jésus-Christ, et n’étouffe notre désir de marcher vers notre Père.
Jean-Pierre Duplantier



Meilleurs voeux


Au cours du repas de Noël, une jeune fille, 16 ans, qui, cette année, avait décidé de ne pas venir à la messe, nous a dit, tout d’un coup : « il faut que je vous raconte une histoire que j’ai trouvée sur Facebook.
C’était le premier cours de l’année. Le professeur commença ainsi : il faut que vous compreniez que Dieu n’existe pas, vous serez plus libres. Vous voyez bien qu’il y a de la lumière mais aussi du noir. Si vous dites que c’est Dieu qui a créé la lumière, alors qui a fait le noir ? Dieu n’est donc pas le seul, l’unique, le tout puissant. Vous savez bien qu’il y a du bien sur la terre, mais aussi du mal. Si Dieu est le bien, qui est le mal ? Il ne commande donc pas tout, ce n’est pas un dieu, c’est un mythe. Le professeur était fier de nous dire cela et il avait du plaisir à se moquer.
Après un long silence, un élève a demandé : « Comment faites-vous pour mesurer le noir ? Vous nous avez appris que notre seul moyen était de compter les photons ou tout autre rayonnement. Et quand nous n’en trouvons plus, c’est qu’il n’y avait plus rien, le noir. J’en conclus que le noir, c’est le mot qu’on prend pour dire l’absence de lumière. Il en est de même pour le froid et le chaud. Nous pouvons faire descendre la température d’un corps, mais arrive un moment où nous ne pouvons plus descendre. Tout est immobile, c’est le zéro absolu. Ce zéro c’est le mot que nous utilisons pour dire l’absence de chaleur. Je crois qu’il en est de même pour le bien et le mal. Le mal, c’est le mot que nous avons fabriqué pour parler de l’absence du bien, de l’absence de Dieu. » Le professeur est resté sans voix. Le nom de l’élève était Albert Einstein.
Autour de la table, la lumière qui brillait dans les yeux de la jeune fille s’est installée au plus profond de chacun d’entre nous.

Je vous souhaite que la présence de Dieu transfigure la manière dont vous allez vivre l’année qui vient, quels que soient les espoirs et les déceptions, les enthousiasmes et les malheurs qu’elle nous apporte.
Jean-Pierre Duplantier

Homélie de la nuit de Noël 2012


L’histoire que nous venons d’entendre circule ce soir sur toute la planète pour des millions de personnes. 
Je suis heureux d’en partager avec vous un détail, qui s’est un peu endormi dans nos mémoires et dans notre cœur. C’est à propos de l’enfant : quand il est né, Marie, sa mère l’a emmailloté et couché dans une mangeoire.
                        Pour les bergers, dans les champs où ils gardaient leurs troupeaux, c’est ce signe que les anges leur ont donné : un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Les bergers ne sont ni meilleurs, ni pires que ceux qui, ce soir-là, à Bethléem, mangeaient et dormaient à l’auberge ou dans leurs maisons. Ils étaient seulement devenus capables de voir et d’entendre certaines choses dans le ciel, quand la lumière d’en-haut venait les visiter. Nous sommes un peu comme ces bergers, simplement parce que nous sommes ici, pour chanter et prier la naissance de Jésus le Christ, quelque soit l’état de notre chemin. Il suffit d’une foi toute petite pour être berger. Regardez : ce sont des bergers qui sont autour de vous, et il n’y a pas que les enfants qui ont des visages étonnés.
            Cet enfant est donc un signe, un signe qui nous emmène un peu plus loin que nos horizons ordinaires. Il est emmailloté et couché dans une mangeoire.
Un enfant emmailloté, nous savons ce que c’est. Comme tous les enfants du monde nous sommes, dès le départ assez limité, dans nos mouvements, mais c’est pour nous protéger, par amour, parce que nous sommes fragiles,  dépendants.
Et cette dépendance  dure. Tout au long de notre vie, nous sommes souvent ficelés. Au début cela nous plait assez, nous sommes en sécurité dans la famille. A l’école aussi il nous faut apprendre ce que les autres savaient avant nous, lire, écrire, compter, penser, et encore les bonnes actions et les mauvaise telles que notre société les fixe. Et puis il y a les rouages de notre système économique et social. De plus, ce n’est pas seulement au-dehors que nous sommes ficelés, au-dedans de nous, il y a des forces qui nous poussent : des choses, des images, des mots, auxquelles nous ne savons pas résister. Des passions, des blessures, des maladies et des injustices qui commandent de l’intérieur, à notre insu.  
En même temps, dans notre monde il y a aussi tellement d’histoires d’amour, de gestes de générosité, de plaisirs aussi, d’inventions heureuses, que nous aimons ce monde, et nous n’avons pas envie que les choses changent trop.
C’est là que le signe de l’enfant de Noël se complique : cet enfant, emmailloté, est couché dans une mangeoire. Ce détail, cette chose étrange, s’approche dangereusement pour nous d’une sorte de zone interdite. Littéralement, en effet, c’est un enfant nourriture. Il est dans une mangeoire. Sans trop savoir pourquoi, nous avons l’habitude de passer outre et de l’expliquer par des motifs de confort pour l’enfant : sa mère le met sur la paille, pour qu’il est chaud, c’es tout. Mais ce détail insiste à travers les générations : cet enfant est né d’une femme et envoyé par Dieu pour nous nourrir.
Il vient au milieu de nous pour être une voix qui n’est pas la nôtre, ni celle de notre entourage. Il va parler, nous parler, nous questionner. A travers la Bible, il va nous montrer plein de scénarios selon lesquels Dieu s’y ait pris avec les hommes. Il nous fait entendre des choses que nous n’avions jamais entendues. A travers nos rencontres, il va nous apprendre à découvrir chez les autres, même chez nos adversaires, des surprises que nous n’aurions pas imaginées, des violences qui cachent des blessures secrètes, comme chez nous, des sourires inattendus qui nous conduisent sur des rivages où nous pouvons presque toucher le ciel, le mystère des hommes, la tendresse de Dieu à l’œuvre dans notre histoire.
A la messe, c’est encore lui qui est à l’œuvre. Avec le pain de chez nous, il nous nourrit de son corps ; avec le vin de chez nous, il réjouit notre cœur de fils adoptifs de Dieu. Ce n’est pas nous qui fabriquons des liens à la messe, c’est Lui qui en fait pousser de nouveaux avec lui et entre nous, des liens inattendus, solides, magnifiques. Parfois ou souvent, çà nous fait peur, mais il insiste, et il sait profiter des occasions, parce que c’est le désir de Notre Père qui est aux cieux qu’il devienne notre chemin, notre paix.
Et si nous y consentons, cet enfant grandit avec nous. Il finit par marcher devant nous et nous conduire par la main, au point que nous lâchons des choses, des peurs, des jouissances dont nous pensions ne jamais pouvoir nous passer. Au point qu'avec Lui, même les souffrances et les injustices, deviennent des passages vers l’au-delà de nos prisons, de nos vengeances, de nos jalousies. Au point que par Lui nous découvrons que les autres changent aussi, qu’ils sont en chemin, qu’ils bougent, qu’ils boitent mais qu’ils marchent, et que cela nous réjouit.
Il nous arrive alors de Lui, par Lui, avec Lui, une vie, qui n’est pas la notre, mais qui devient la notre. Ce n’est plus ce que nous pensons de nous, des autres ou de lui qui compte, ni même ce que nous faisons pour lui ou pour les autres, mais ce qu’Il fait pour nous, avec nous, en nous.
Que sa présence, que sa vie passe par chez nous ce soir. Cet enfant est capable de changer notre misère en miséricorde.

Jean-Pierre Duplantier
Is 9,1-6 / Ps 95 / Tt 2,11-14 / Lc 2, 1-14

Méditations autour de Noël


Pour les besoins de la publication sur le blog, je me sens dans l’obligation d’enchaîner les trois méditations de l’homélie du 4° dimanche de l’Avent (23 décembre), de l’homélie de la veillée avec les enfants et l’homélie du jour de Noël.
Cet exercice facilite la tâche, parce qu’il donne la possibilité de déployer le mystère en trois temps :
- autour de la visitation d’Elizabeth qui constate la réalisation de ce qui a été annoncé par l’ange ;
- autour de la nuit où l’ange nous annonce la naissance d’un sauveur, le Christ Seigneur,
- et autour de la méditation de Jean qui proclame « et nous avons vu sa gloire, gloire qu’il tient comme fils unique plein de grâce et de vérité. »

Entre Elizabeth et Marie, il se passe quelque chose d’original : deux naissances rapprochées dans le temps et dans l’espace, deux enfants qui se reconnaissent et qui viennent pour nous les hommes et pour notre salut, deux évènements vécus par deux femmes qui se réfèrent à l’annonce de l’ange, chacune à sa manière. Au milieu de tout cela l’oeuvre de Dieu qui arrive jusqu’à nous, le don de l’Esprit qui renouvelle la face de la terre, le mystère du Sauveur qui nous est présenté comme un don de Dieu, un don d’en-haut, celui qui est annoncé par son ange. La nouvelle naissance est liée à la première naissance, mais l’oeuvre de Dieu est là qui traverse nos personnes, en nous donnant une nouvelle fécondité de la grâce.

Entre les anges et les bergers, il se passe quelque chose qui marque le début d’une ère nouvelle : les cieux se déchirent et la grâce de Dieu est manifestée. Avec les anges et tous les saints nous pouvons chanter la gloire de Dieu notre Père et sa sainteté. Nous chantons Gloire à Dieu au plus haut des cieux, le cantique : saint, saint, saint le Seigneur Dieu de l’univers. Ce qui est original ce soir c’est de chanter en même temps la gloire du Père et du Fils, la sainteté du Père et celle du Fils. Nous disons gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Au milieu de nous Christ Seigneur est notre salut et notre paix. C’est autour de lui que viennent ces chants de louange et de glorification. C’est avec lui que nous attendons la gloire qui vient du Père et non la gloire qui vient des hommes. Même chose pour le cantique du Sanctus : saint le Seigneur de l’univers, le ciel et la terre sont remplis de ta gloire et nous finissons ; béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux !

N’oublions pas de louer Dieu le Père et Celui qui vient en son Nom avec les anges et tous les saints. N’oublions pas de lier dans notre vie la gloire du Père et la paix apportée par le Christ Seigneur !

On peut lier avec la réception du jour de Noël la méditation de la Vierge dans son coeur. Elle médita tous ces événements dans son coeur. Et l’évangéliste parle à côté de la Vierge en disant : le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, gloire qu’il tient comme fils unique de Dieu son Père, plein de grâce et de vérité.

La grâce de Dieu manifestée dans la venue de son fils nous touche de près! La Vierge Marie médite en son coeur l’oeuvre de Dieu réalisée à l’ombre de l’Esprit. Le mystère de la nouvelle naissance c’est la réalisation de l’Esprit qui nous est donné et fait de nous des fils adoptifs, des fils dans le fils. En lui nous pouvons crier à Dieu : Père. Le mystère de la nouvelle naissance passe par notre corps et notre âme, qui se laissent toucher par le souffle de Dieu vivant pour nous faire participer à sa vie, la vie de son Fils, la vie dans l’Esprit, la vie en présence du Père de Jésus-Christ. La manifestation de la gloire de Dieu et de la venue du Fils se réalise dans notre existence, comme une force et une lumière capable de nous soulever et nous orienter d’une nouvelle façon. La loi nous fut donnée par Moïse, mais la grâce Dieu et la vérité de sa manifestation nous sont données par Jésus-Christ, le Fils unique qui nous le fait connaître.

Alors toutes ces choses nous sont transmises dans l’église afin que nous puissions communier à la vie de Dieu, communiquer avec Dieu par son Fils et son Esprit, par ceux qui sont témoins de sa venue dans le monde. Communier à la réalisation des promesses, communiquer la joie qui vient d’en-haut et qui nous donne un élan nouveau, avoir part aux dons de l’Esprit du Père et du fils, communier aux choses de Dieu, ses paroles, ses gestes, le don du pain et du vin de l’eucharistie.

O ma joie quand on m’a dit, allons à la maison du Seigneur !

Enfin nos pieds s’arrêtent devant la maison de Dieu vivant, là où nous pouvons trouver son Fils et son Esprit.


Que la paix règne dans tes murs, la prospérité dans ta maison,
A cause du Seigneur notre Dieu ! Joyeux Noël 2012

Jean-Pierre RANGA
Curé

Des foyers d'accueil à Gradignan


Depuis la rentrée, la paroisse de Gradignan a mis en place des foyers d'accueil pour les collégiens.
Un foyer d'accueil est un lieu où les jeunes sont reçus fraternellement pour parler de leur vie, leur cheminement de foi, leurs quêtes de sens, leurs questions, ... un lieu de croissance.
Les jeunes se retrouvent à 19h à l'église pour une prière commune avec d’autres membres de la paroisse et partent ensuite dans leur foyer d'accueil pour la soirée.
Là, ils partagent un dîner (ils participent à l'élaboration du dîner ou apportent quelque chose qu'ils ont préparé). Pendant le dîner, un thème de réflexion est proposé, parfois préparé à l’avance par quelques-uns.
Les familles suivent le même groupe de jeunes toute l'année (voire plusieurs années de collège) pour tisser un lien fort. Chaque groupe est constitué d'environ 7 jeunes du même âge.

Par l'intermédiaire de leur foyer d'accueil, les collégiens sont aussi invités à
- Participer à la vie de la paroisse de Gradignan en se retrouvant pour les célébrations importantes (Grands Dimanches, célébration pénitentielle avant Noël, marche de Carême, ...)
- Participer aux actions menées par le diocèse pour ces même jeunes (journée des 6èmes, des 5èmes  ...)
- Participer à leur niveau à des actions "humanitaires". Nous envisageons par exemple de participer à la banque alimentaire l'année prochaine.
Nous nous organisons pour qu'au moins un adulte accompagne les jeunes pour chacune de ces occasions.
Une fois par trimestre, nous organisons une journée pour tous les collégiens en proposant une balade avec pique-nique, une retraite ...
Deux premières rencontres dans les foyers d’accueil ont déjà eu lieu cette année, et ont été des moments joyeux et enrichissants aussi bien pour les jeunes que pour les couples qui les ont accueillis.
Le projet se construit avec les bonnes volontés et les bonnes idées de chacun. Nous espérons qu'il portera beaucoup de fruits.
Les familles Revel-Hidalgo, Routhe et Tournemire sont les trois foyers d’accueil de Gradignan

Stéphanie de Tournemire

Qu'est-ce que le Conseil Pastoral ?


Le Conseil Pastoral est un organisme dont les membres laïcs et religieux partagent avec le prêtre la responsabilité pastorale et l’évangélisation (sacrements, catéchèse, ateliers et mouvements ….)
C’est un organisme qui relève du Droit de l’Eglise à l’image de ce qui se passe dans le diocèse (Cf Code de Droit Canonique 511 et 512)
Le conseil est appelé à collaborer avec l’Equipe d’Animation Pastorale et le Conseil Economique, afin d’avoir une vigilance sur la vie et la mission de la paroisse.
Le Conseil Pastoral se met au service des chrétiens et de par la diversité de ses membres il reflète la vie de la communauté chrétienne.
Actuellement, le conseil pastoral est composé de  Isabelle BLANCHY, Dany BONNEAU, Pierre BORDIS, Geneviève BOUAS-LAURENT, Christophe BRETON, Geneviève D’AUBIGNY, Roger GOLEMBA, Jean-Philippe LAGRANGE, Raoul PINTO, Martine ROUMEGOU et Marie-Françoise ROUTHE.
A Gradignan, le Conseil Pastoral se réunit une fois par mois, et chaque réunion débute par un temps de prière et un partage d’Evangile.
Les membres élus par la communauté paroissiale, ont un mandat de 3 ans, renouvelable une fois.
Plusieurs membres arrivant au bout de leur mandat, des élections sont organisées au cours des messes des samedi 15 et dimanche 16 décembre. Nous vous présenterons les personnes appelées à ce service, et pour lesquelles il vous sera demandé de donner votre accord par un vote.
C’est un geste important qui nous est demandé, et nous souhaitons que le plus grand nombre y participe. 



Le Cantique de Zacharie pour le temps de l'Avent


Ce cantique de Zacharie est un cantique pour le salut, et ce salut nous est défini par deux mots : "Le Seigneur, Dieu d'Israël est venu visiter et racheter son peuple".
C'est une visite. Dieu est venu.

C'est la réponse à l'appel du prophète Isaïe : "Si tu déchirais les cieux, si tu
descendais !" Dieu est descendu. Dieu est venu nous visiter. Il a quitté cet
éloignement apparent pour venir tout près de nous, chez nous, dans notre monde, faire sa demeure, planter sa tente parmi nous. "Si tu déchirais les cieux et si tu descendais" La visite de Dieu !

Et c'est cette visite qui est salut. Car le salut ce n'est pas seulement d'être délivrés de nos ennemis, le salut c'est infiniment plus encore avoir Dieu avec nous, être proche de Dieu, avoir Dieu qui s'est fait proche de nous.

Dieu est venu nous visiter.

Il a frappé à notre porte et Il est entré chez nous, pour souper avec nous, Lui près de nous et nous près de Lui ! Et cette visite, cette présence profonde, intime de Dieu avec nous est aussi un rachat. C'est le deuxième mot dont se sert Zacharie pour dire ce salut.

Dieu est venu visiter son peuple pour le racheter.

Pour le racheter, c'est-à-dire pour l'arracher à son mal, pour l'arracher à son péché.
Dieu est venu nous racheter, nous délivrer, nous libérer de cette crainte qui oppressait nos coeurs et de cette peur qui tenait l'homme captif.
Et c'est pourquoi cette visite, ce rachat est comme une aurore ou un soleil levant.
Nous gisions à l'ombre de la mort, dans les ténèbres. Et voici qu'une lumière se lève sur nous et dissipe ces ténèbres et elle relève ceux qui étaient écrasés.

Soleil levant, qui vient nous visiter, par l'amour du coeur de notre Dieu.

Zacharie déploie le thème de la visite en le rapprochant de cette promesse qui a traversé tous les âges.
Oui cette visite c'est l'accomplissement de ce qui avait été promis à Abraham. C'est l'alliance qui est conclue avec Moise, c'est la promesse faite à David.

Rassemblant toutes ces préfigurations de la visite de Dieu, Zacharie les fait aboutir dans ce petit enfant qui est son enfant, Jean-Baptiste, celui qui marche au-devant du Seigneur, celui qui marche devant Dieu venu nous visiter,
celui qui prépare le chemin de Dieu qui vient.

Luc 21 / homélie


Qu’attendons nous au juste ? Que le ciel ne nous tombe pas sur la tête ? Enfin, pas trop vite. Que la crise s’éloigne ; que la maladie nous évite ; que nos enfants aillent bien, mais c’est quoi aller bien ? Comme ils en rêvent ou comme il faudrait ? Que les guerres des autres ne nous envahissent pas, que la misère des autres ne s’approche pas trop de nos maisons ? Et que, en amour, nous soyons tous égaux, et si possible sans trop de contraintes.
Alors que çà change maintenant, mais pas trop pour ceux qui ne se portent pas trop mal. Et prions Dieu qu’Il nous protège !
Nous pourrions être assez facilement d’accord là-dessus et aimer notre monde tel qu’il est, en nous arrangeant pour qu’il y ait plus de justice quand même.
Sauf que ce que nous dit Jésus dans l’évangile n’a pas l’air de résonner tout à fait comme çà : « les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées ». La fin du monde nous fait de l’ombre. Jésus ferait-il parti des prophètes de malheur ? Pour préparer Noël, l’Eglise pourrait trouver mieux.
            Eh bien, elle trouve mieux, depuis le début. Comme le chante Zacharie : «  c’est l’effet de la bonté profonde de Dieu : grâce à elle, le soleil levant est venu nous visiter. Il est apparu sur ceux qui gisent dans l’ombre de la mort, pour guider nos pas sur les chemins de la paix ». Et Jésus précise : « Alors vous allez voir le Fils de l’homme venir dans les nuées, avec grande puissance et grande gloire ».
Voilà pourquoi nous aimons le monde. Parce que le Fils de l’homme s’intéresse à lui.
Voilà pourquoi nous nous aimons les uns les autres, parce que Jésus-Christ nous aime, jusqu’à donner sa vie pour nous et nous tirer vers le haut, vers la vie éternelle au quotidien, maintenant, en Lui, avec Lui, par Lui.
Nous préparer à Noël, c’est consentir à accueillir ce désir de Dieu au plus profond et au plus charnel de nous, au-dedans et au dehors, dans notre vie intérieure et notre vie à l’extérieur. C’est accepter de devenir fils adoptifs de Dieu aujourd’hui. C’est nous convertir.
Oui, la Parole de Dieu, le Verbe de Dieu fait chair, est une affaire de désir. Oui Jésus, mort et ressuscité est un tourment pour le monde, mais c’est pour le faire sortir de l’ombre de la mort qui pèse sur nous.
Les pères de l’Eglise ne s’y sont pas trompés : « ils éprouvaient leur propre vie comme une vie qui venait en eux sans leur concours, sans leur assentiment, une vie qui n’était pas la leur et qui devenait pourtant la leur. Une vie en laquelle ils souffraient, de laquelle ils tiraient l’immense bonheur de vivre. Ils priaient alors avec Tertullien, demandant à Dieu non plus de s’aimer eux-mêmes en Lui, mais de l’aimer Lui en eux, et lui uniquement. »
Mais comment faire pour changer à ce point ? Donnez-nous des exemples, des choses concrètes. Franchement, chacun de nous connais ces choses et les connait à sa manière. Car c’est dans la vie que nous menons les uns les autres que vient la Vie éternelle : elle passe, à travers une fenêtre ou une porte, une rencontre, une peur, une souffrance, un sourire et elle s’en va, mais laisse des traces. N’oubliez pas ces traces ; elles sont là en vous. Elles sont là en moi, et je dis merci et j’y crois.
S’il me faut être plus précis, alors je vous redis ce que Pierre disait le matin de Pentecôte, en citant le prophète Joël : « ce qui arrive maintenant, c’est que je répands, dit Dieu, de mon esprit sur toute chair, vos fils et vos filles vont être prophètes, vos jeunes gens vont avoir des visions, et vos vieillards des songes. » N’ayez pas peur d’avoir des visions, et des songes ; les choses invisibles de l’amour de Dieu sont en train de venir dans votre chair. Jésus, l’envoyé de notre Père, le Fils de l’homme arrive ! Et que notre monde connaisse à nouveau, dans cette génération, des hommes et des femmes habitées par la lumière d’en-haut.

Jean-Pierre DUPLANTIER
1°dimanche de l’avent, année C
Jr 33, 14-16 ; Ps 24 ; 1 Th 3,12 à 4, 2 ; Lc 21, 25-28.34-36


Marc 13 / homélie


Pour approcher de l'attente de la venue du Seigneur et des questions qui y sont mêlées, nous sommes appelés à tenir compte de deux éléments;-ce qui est dit sur l'archange Michel dans le premier texte;-ce qui est dit sur le salut qui nous est donné par le grand prêtre au deuxième texte. Cela permettra de conclure par la prière du psaume, qui parle du corps, de l'âme et de la chair dans ses relations de confiance avec Dieu dont le croyant a fait son refuge.
1)-Quand nous sommes affrontés aux détresses et aux tribulations des derniers jours, n'oublions pas cette présentation de l'archange qui est en poste pour veiller sur le peuple de Dieu. Il est  celui qui est capable de s'opposer aux adversaires de Dieu, aux forces qui sont dans le ciel et qui accusent et détruisent le peuple de Dieu. C'est en lien avec cette présence de sauvegarde et d'intercession que nous accueillons les anges qui rassemblent les élus d'une extrémité du ciel à l'autre. Ce rassemblement des élus dépasse de loin les menaces que peuvent nous faire les adversaires et les accusateurs des élus aux moments des tribulations. Il faut s'appuyer sur cette parole de protection et de rassemblement devant les évènements de la fin pour y proclamer le salut de Dieu.
2)-Quand nous refaisons cet acte de confiance en la parole de Dieu qui promet protection et refuge, n'oublions pas davantage la place du grand Prêtre, du fils qui est venu vivre notre vie, partager nos souffrances et vivre notre mort afin de nous arracher des forces du péché et de la mort. Il est celui qui est passé par les profondeurs de la terre pour nous sauver des forces d'en bas qui empêcheraient notre rencontre avec Celui qui nous a créés et qui nous appelle à habiter sa maison. Celui qui nous sauve n'est pas seulement proche, à la porte, il est en nous et par son salut nous sommes avec lui et en lui, et c'est par lui que nous affrontons les tribulations et les détresses, celles des derniers jours et celles d'aujourd'hui.
Cette communion à sa mort et à sa résurrection conditionne notre manière d'être, notre manière de faire face à cet avenir qui vient à nous.
3)-Les anges et le fils ne savent pas le jour ni l'heure fixé par le Père, mais ils sont à nos côtés pour nous aider à entrer dans le jour du Seigneur et dans la maison du Seigneur. Ainsi notre coeur peut méditer sur son conseil au milieu de la nuit, notre chair  repose en confiance, notre âme est dans la paix, parce que tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Tu me montres le chemin de la vie, quand le fils m'associe au mystère de sa mort et de sa résurrection,-tu es toujours à ma droite quand les anges viennent rassembler les élus et que l'archange Michel veille sur ton peuple.
Que cette foi et cette espérance fassent grandir en nous l'amour pour le Père et le Fils, ainsi que pour tous les hommes pour qui le fils est mort afin de leur ouvrir le chemin du salut. Cette relecture devrait aider tous ceux qui ont pris le temps de s'approprier le texte de l'évangile et nous aider à porter dans la prière le travail des paroissiens engagés dans le secours catholique.

Jean-Pierre Ranga

33°dimanche du temps ordinaire.
 Dn 12, 1-3 ; Ps15 ; He 10,11-14.18 ; Mc 13, 24-32


Marc 12 / homélie

Homélie du 11 novembre 2012
32° dimanche du temps ordinaire, Année B
1Ro 17, 10-16 ; Ps 145 ; He 9, 24-28 ; Mc 12, 38-44

Le 29 février 2012 a été publiée au Journal officiel la loi fixant au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France. Ce texte prévoit que la journée du 11 novembre, jour anniversaire de l’armistice de 1918 et de "commémoration de la victoire et de la paix", soit aussi un jour d’hommage à l’ensemble de ceux qui sont "morts pour la France" qu’ils soient civils ou militaires, qu’ils aient péri dans des conflits actuels ou des conflits anciens. Ce projet permettra notamment de rendre hommage à tous ceux qui ont péri au cours d’opérations extérieures.
Ici, à Gradignan, parmi les cérémonies de cette commémoration de la paix, il y a cette messe dans l’église de la commune. Et, dans l’élan de cette loi qui tente d’élargir l’hommage rendu à tous ceux qui ont donné leur vie pour la paix, nous sommes heureux d’écouter ensemble la tradition chrétienne concernant la paix.
C’est à travers des récits de la Bible que nous recevons cette tradition.
Le premier est l’histoire de la veuve de Sarepta et du prophète Elie. L’histoire de ce qu’on peut faire avec ce qui reste. Ce qui reste à la femme et à son fils, c’est une jarre d’huile et une jarre de farine, l’une et l’autre quasi vides. Sur la demande d’Elie, elle partage ce qu’elle cuit avec ces restes. Et les restes ne s’arrêtent plus de rester. Où nous conduit ce genre d’histoire ?
L’évangile de ce dimanche nous offre d’avancer un peu. Une veuve jette deux petites pièces dans le « trésor ». Quel trésor ? Celui de la salle du trésor dans le temple de Jérusalem. Cette anecdote est prise dans un récit concernant deux regards de Jésus sur ce qui se passe en ville. D’abord ce qu’il voit sur les places publiques, dans les synagogues et dans les diners ou apéritifs officiels. Jésus voit les « experts » de la Bible faire leur cinéma : se mettre en avant, sa pavaner, parce qu’ils savent tout, jugent de tout et mettent la main sur tout, jusqu’à dévorer les biens des veuves en abusant de leur faiblesse. Un joli morceau de comédie sociale,  facile à médiatiser parce que c’est du spectacle, ou seules comptent les apparences et les jeux de société.
Puis Jésus regarde ce qui se passe dans le temple, face à la salle du trésor. Il voit la foule jeter de l’argent dans ce trésor. Les riches y mettent beaucoup, une pauvre veuve n’y jette que deux petites pièces. Et il dit : « la veuve a mis plus que tout le monde. Comment compte-t-il ? Il tient compte d’où les hommes sortent ce qu’ils donnent.
Les riches le sortent de leur capital. Ce capital est fait de biens et d’images qu’ils ont acquis par l’un des systèmes de plus value en usage dans leur monde : celui des diplômes, du jeu des pouvoirs établis, des lois du marché, ou de leur montée dans l’échelle sociale. Or ce capital a une logique : il s’approprie plus et plus encore, il dévore, pour en jouir. Ils consomment ou simplement amassent des choses dans les petites et les grandes surfaces, trichent dans les échanges, manifestent un rapport de forces pour obtenir de nouveaux acquis, mais aussi prennent leur plaisir dans le lit qui leur convient le mieux. L’objectif est de faire grimper l’adrénaline, et leurs émotions finissent par commander leurs opinions.
Mais Jésus voit un autre espace d’où les hommes sortent ce qu’ils donnent. Cet espace n’est pas un plein, mais un creux en nous que rien ne peut combler. De ce creux vient un étranger qui nous manifeste un amour inattendu. Nous ne pouvons pas imaginer ce visiteur ni programmer ses visites. Il passe. Et de son passage il y a des restes. On peut essayer de les oublier, de les enfouir, mais peine perdue, ils insistent dans nos corps. Et leur insistance finit souvent, quand nous n’avons plus beaucoup qui reste, par réveiller un désir fou : le désir que revienne cet amour divin!
C’est cette révélation que porte Jésus-Christ. Chaque fois que nous venons ici à la messe, nous la réécoutons ensemble, et nous pouvons y recevoir d’y communier.
Ce sont ces visites qui nous donnent la paix. Pas seulement la paix que nous faisons en réduisant les conflits et les guerres, celles des soldats et celles des amoureux, mais la paix qui donne et maintient la vie en nous, quoiqu’il arrive.
Que cette paix vous vienne et demeure en vous. Nous allons maintenant, pour ceux qui le souhaitent, recevoir dans nos corps la paix de Jésus-Christ.
Jean-Pierre Duplantier

Toussaint 2012

« Mes bien aimés, voyez comme il est grand l’amour dont le Père vous a comblés. Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes. » Ainsi parle l’apôtre Jean à ses frères dans le Christ.
En cette fête de la Toussaint, suivi du Jour des morts, à mon tour, humblement, je vous le dis à nouveau.
A tous ceux chez qui, récemment ou depuis longtemps déjà, la mort de l’un de leurs proches, a laissé une blessure vive ou des cicatrices qui ne s’effacent pas, écoutez ces deux textes célèbres du Nouveau Testament que nous lisons aujourd’hui.

Celui de l’Apocalypse :
« Après cela je vis: C'était une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l'agneau, vêtus de robes blanches et des palmes à la main. L'un des anciens prit alors la parole et me dit: Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d'où sont-ils venus? Je lui répondis: Mon Seigneur, tu le sais! Il me dit: Ils viennent de la grande épreuve. Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'agneau. »
Quelle est donc cette foule immense, en présence de Dieu, revêtus de robes blanches, comme une épouse devant son bien-aimé, lumineuse dans sa robe blanchie par le sang de l’agneau. Quelle est donc cette manière de nous parler, pour nous faire entendre ce que nous ne pouvons pas voir, ni même imaginer ?
        Dans le livre de l’Exode, il est écrit que Dieu demanda aux fils d’Israël d’égorger un agneau d’un an et bien fait, d’en prendre le sang et de le mettre sur les portes de leur maison. Ainsi serait marquée du sceau de l’amour de Dieu toute la lignée des fils d’Israël. Marqué par le sang, marqué dans la vie même qui leur a été donnée.
La nuit terrible qui suivit, tous les premiers nés des Egyptiens et de leur bétail moururent. Toute matrice vivante, ouverte par son premier enfant, fut touchée. A la fin de cette nuit, les fils d’Israël, sains et saufs, sortirent d’Egypte pour l’aventure qu’ils n’ont cessé de poursuivre, conduit par la main de Dieu.
Ceci est un signe pour nous : tout fils d’homme, né de l’homme et de la femme, créé à l’image de Dieu, porte en même temps une marque et un destin. La marque indélébile, dans sa chair, est celle de l’amour que Dieu lui porte, la marque des « enfants de Dieu ». Et, dans le même temps, le destin dans lequel il est tenu prisonnier, le destin façonné selon son époque et son pays par l’impérieuse envie de quitter le nid, de voler de ses propres ailes, de vivre de ses propres rencontres et de construire son propre monde.
        Puis est venu une autre nuit. La lumière inondait une étable à Bethléem. Un enfant nous est né. La Parole de Dieu s’est faite chair. Ce fils d’homme a révélé, jour après jour, ce qui était caché en chacun de nous, depuis la fondation du monde : la marque originaire de l’amour que Dieu nous porte, et l’ultime passion qui coule dans nos veines et nous conduit vers notre Père qui est aux cieux.
Le monde a réagi très vite. Le monde sous toutes ses formes, politiques et religieuses, a tenté d’effacer cette puissance d’amour oublié. Alors que Jésus était déjà mort, un soldat, d’un coup de lance, a ouvert son côté. Le sang de Jésus a coulé sur nous. La vie du Christ, la vie du Fils de Dieu, a lavé ce que portaient sur eux toutes les générations de la terre. La vérité était en marche désormais.
        Un jour que Jésus regardait la grande foule qui le suivait, il dit à ses disciples : « heureux les mendiants de l’Esprit, heureux les doux, ceux qui pleurent et ceux qui ont faim de justice, ceux qui ont soif de moi, et qui sont en marche vers mon Père ». Ce jour-là, Jésus voyait ce qui perçait déjà dans le secret de cette foule qu’il avait sous les yeux, et qu’il montrait à ses disciples. Il voyait en eux la marque indélébile de la tendresse de Dieu. Il voyait ce qui était « sanctifié » dès l’origine dans le fruit de l’homme et de la femme. Il voyait que les fils d’homme sont des enfants de Dieu, dès le commencement.
        Voilà ce que nous célébrons aujourd’hui : la lumière du bout de la route, qui habille depuis le début, chaque fils d’homme, l’un après l’autre, les uns comme les autres. La lumière d’origine de cette foule immense, que rien ne peut corrompre, ni la mousse de l’indifférence, ni la terreur et la violence des enfants perdus, ni l’arrogance des riches et des puissants.
Nous célébrons aujourd’hui cette foule immense : ceux qui se trouvent déjà devant le Père et le Fils et l’Esprit saint, et nous-mêmes qui marchons dans la nuit et le brouillard vers ce soleil levant qui vient nous visiter, et ceux qui viennent derrière nous et qui, à leur tour, s’efforceront de garder leurs lampes allumées.
Demain, nous reconnaîtrons, dans les pleurs et l’espérance, l’amour et la force de Jésus-Christ qui nous réunit, dès maintenant.
Jean-Pierre Duplantier

Centrés sur le Christ

«Pour la gloire de Dieu et le salut du monde!» tel est le cri de foi de l’assemblée chrétienne, en réponse à l’exhortation du célébrant : «Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise». «Toute l’Eglise», «prier ensemble» : personne ne doit s’exclure de cette prière du Christ, qui requiert tous ses membres, tout son corps pour se tourner vers le Père.
La messe est donc l’action du peuple tout entier.  « Action du Christ et du peuple de Dieu organisé hiérarchiquement» (Constitution de Vatican II sur la liturgie)
Lorsque le 11 octobre 1962 s’ouvrait le deuxième concile de Vatican, convoqué par le Pape Jean XXIII, la messe était célébrée comme une affaire privée, au fond du chœur sur un autel lointain. Les plus âgés parmi nous s’en souviennent.
Aujourd’hui après la présentation des dons, tout est prêt sur l’autel placé face à l’assemblée, et dans certaines églises modernes, au milieu de cette assemblée.
Et voici que cette assemblée se dresse comme un seul homme, comme le Ressuscité. Dans son attitude et sa réponse elle manifeste qu’elle a bien compris ce pour quoi elle était là ; glorifier le Père dans l’Esprit. Il y va non seulement de la vie de l’Eglise mais du salut du monde.
                 
Par la réforme de la liturgie les Pères du Concile ont réaffirmé cette dimension universelle. Cette réforme a de multiples aspects. A Gradignan nous fêtons le 5éme anniversaire de la consécration du nouvel autel. La restructuration du chœur a permis de rapprocher encore la table eucharistique de l’assemblée réunie.
L’autel (du latin altus, «élevé») est le seul objet du mobilier liturgique à avoir été consacré par l’évêque. Ce fut Mgr Jacques Blaquart, à l’époque évêque auxiliaire.
L’autel est entaillé de cinq croix, une pour chaque plaie du Christ. Chaque croix et la table tout entière ont reçu l’onction du St Chrême, symbole du Christ, que le Père a oint de l’Esprit Saint. L’évêque a fait fumer de l’encens sur les croix pour symboliser le sacrifice du Christ.
Les reliques qui ont été scellées dans la table manifestent l’unité du sacrifice du Christ et de celui des membres, donc de nous tous, membres de son corps.
On le constate, tous ces gestes font référence au Christ, car l’autel est là pour nous centrer sur le Christ.
Lorsque les célébrants, évêque, prêtre et diacre vénèrent l’autel par un baiser au début de chaque eucharistie c’est pour enraciner la célébration dans le Christ, dans son mystère pascal, sa passion, sa mort et sa résurrection.
Dans nos églises, l’autel, où se commémore l’unique sacrifice de la nouvelle Alliance est le centre de convergence de tout l’édifice, il nous  centre sur le Christ ;
C’est de l’autel, donc du Christ, que nous serons nourris du corps et du sang.
C’est de l’autel, par le Christ, que nous serons «envoyés» selon l’esprit du concile.
En effet «annoncer l’Evangile et le mystère du salut» suppose que nous sortions pour aller au nom du Christ à la rencontre des personnes et des cultures, dont nous sommes aussi, pour les écouter, les scruter, leur montrer le Christ déjà mystérieusement présent en leur cœur et dire la nouveauté qu’il est aujourd’hui pour chaque vie humaine.
Le concile Vatican II, qui est une grâce pour l’Eglise et le monde, nous a donné une boussole pour nous orienter sur le chemin de ce siècle et dans l’humanité telle qu’elle est aujourd’hui. C’est Jésus Christ qui donne le cap et nous oriente vers le Père.
Robert Zimmermann – Diacre

Comme dit le concile : «La liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ…exercice dans lequel le culte public intégral est exercé par le corps mystique de Jésus-Christ, c'est-à-dire par le chef et par ses membres. » 

Marc 10 / Homélie

UN CŒUR VIVANT

 

Aujourd’hui les textes que nous propose l’Eglise risquent fort de susciter de l’incompréhension.
Comment recevons nous aujourd’hui la Parole tranchante de Jésus dans l’Evangile.
Comment conjuguer l’attention et la compassion requises dans les situations pastorales et sociales, humaines de notre temps et la force de la Parole de Dieu.
On pourrait se contenter de voir dans le dialogue entre Jésus et les pharisiens  une confrontation de juristes et lorsque nous lisons que les pharisiens l’interrogent pour mettre Jésus à l’épreuve nous pensons de suite que c’est pour le piéger. Ne sont ils pas simplement enfermés dans la Loi et soucieux de s’y conformer à la lettre ?
Nous voyons que Jésus ne leur réponds pas sur le plan de la Loi, mais il parle des cœurs endurcis ; le texte original parle de la « sclérose des cœurs », d’une absence de vie et une impossibilité d’accueillir une parole, de l’entendre, c’est à dire de se prêter à l’œuvre de vérité qu’elle peut accomplir dans une vie. Jésus pose ainsi la question des effets de la Loi sur le cœur ; va t’elle ouvrir,  écorner la suffisance d’un homme ou simplement renforcer son orgueil et sa violence par le jeu du permis et du défendu ?
Est ce que l’Eglise ne nous invite pas à faire preuve de courage  pour aller chercher dans le projet de Dieu nos règles de vie.
Or ce projet de Dieu Jésus le fait sien en  reprenant à son compte le récit de la Création. 
« Au commencement de la création il les fit homme et femme. » Cette phrase dit beaucoup plus que le début d’une histoire, elle dit que depuis l’origine l’humanité est « mâle et femelle » (vrai terme biblique et c’est important de le préciser) et que c’est comme cela qu’elle est dans le projet de Dieu et que c’est comme cela qu’elle est à son image. Oui, Dieu et masculin et féminin.
Lorsque des fiancés prennent ce texte pour leur mariage et qu’ils l’approfondissent ils découvrent que ni les femmes toutes seules, ni les hommes tout seuls ne font l’humanité mais que ce qui les conduit l’un vers l’autre c’est cette recherche de l’unité en Dieu. Que leur alliance est le signe de Dieu qui est masculin et féminin. L’humain séparé en masculin et féminin, en mâle et femelle, tend vers une promesse d’unité, vers une seule chair. C’est la chair du Seigneur.  L’acte créateur induit  le mouvement qui porte l’un vers l’autre, hors de ses bases. Faire une seule chair ce ne se réduit pas à l’union des corps que nous appelant la  sexualité, qui est elle aussi un don du Créateur.
Contrairement à ce que nous disons couramment, par le sacrement de mariage  on ne célèbre pas d’abord l’amour humain, qui peut prendre tant de formes diverses, mais nous célébrons  l’alliance…
En effet la tradition des apôtres comme celle des pères de l’Eglise, ne réduit pas à la seule unité conjugale cette parole biblique : « Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas. » Saint Paul la commente ainsi lui-même : « Ce mystère est grand, je veux dire qu'il s'applique au Christ et à l'Eglise. » C’est pour cette raison que le mariage chrétien est un sacrement, un signe réel de l’alliance. L’alliance de Dieu avec l’humanité, l’alliance du Christ (masculin) avec l’Eglise (féminin). Quand un homme et une femme sont liés dans ce sacrement sous l’unique joug du Seigneur (conjugal) quelque chose d’autre est né. Cela repose sur la marque du créateur dans chacun des deux corps. Ce lien est de Dieu. Il dépasse de beaucoup ce que l’on peut en dire ou en faire.
Mais cela ne signifie pas que le mariage chrétien serait le seul chemin vers l’unité en Dieu. Qu’en serait il des gens non mariés, qu’en serait il de ceux qui sont célibataires par choix ou par force. Cela ne signifie pas non plus que tout chemin  humain différent du nôtre, lorsqu’il est vécu et mené en vérité, ne puisse trouver grâce devant le Seigneur.

Une chose m’a frappé dans le texte liturgique. C’est que s’agissant de l’adultère on nous propose l’expression «il est coupable d’adultère». Or le mot «coupable» n’est pas dans la traduction de la Bible. C’est dire la façon moralisante dont on lit spontanément ces versets ! Nous y cherchons une condamnation.
Or Jésus dit simplement : il y a adultère car la situation contredit la fidélité sans retour de Dieu à l’égard des hommes. Et finalement il ne porte pas un jugement. Il continue plutôt à parler de la vérité du lien entre les corps de chair quand il est fondé sur Parole. Jésus sait bien que nos histoires humaines peuvent être chaotiques, et que dans toute situation c’est dans nos limites et nos faiblesses que nous pouvons découvrir avec émerveillement l’amour absolument infini et fidèle de Dieu.
Nous ne pouvons pas exiger de tous nos frères humains de partager notre foi et nos convictions. Et particulièrement sur cette question de l’amour, Car notre cœur serait sclérosé et nous serions sourds à la parole de la lettre aux hébreux : «Car Jésus qui sanctifie, et les hommes qui sont sanctifiés ( par sa mort et sa résurrection) sont de la même race, et pour cette raison il n’a pas honte de les appeler  ses frères »  A l’exemple de Jésus, St Paul, que l’on dit si rigide ne fait pas de distinction entre les frères.

Mais notre situation de disciple du Christ nous donne de ne pas dénaturer le projet de Dieu sur l’humanité. C’est notre mission ; elle est exigeante. Elle demande de la persévérance et aussi une compassion fraternelle au nom de Jésus.
Nourris de sa Parole et de son corps et de son sang nous demanderons « un cœur vivant ».

Robert Zimmermann
diacre
Gradignan les 6 et 7 octobre 2012
27e dimanche TO B
(Gn 2, 18-24 ; Ps 127 ; He 2, 9 -11 ; Mc 10, 2 – 16)

Film sur Vatican II

VENDREDI 12 OCTOBRE

projection du film "Vatican II - Des images, des témoins"

dans l'église de Gradignan à 20h


Avec des témoignages de l'époque et des images d''archives, ce film permet de comprendre l''essentiel, le cœur de Vatican II. Élaboration des textes, débats et enjeux (certains sont encore d''actualité), ce film montre avec clarté les lignes de force du concile, 
ses points fondamentaux et tout ce qu''il a changé dans l''Église.
Des images souvent impressionnantes, l'émotion de voir les visages des grands acteurs de l’événement.
Une manière d'entrer dans cet anniversaire, à deux jours de la fête de la paroisse.

Extrait :
Venez nombreux !
La prière du vendredi est maintenue à 19h (une bonne entrée en matière)

Pour parler de ce grand dimanche à Gradignan

L’année 2011-2012 a vu le déroulement de plusieurs assemblés dominicales, que nous dénommons maintenant grand dimanche. Cette organisation de la vie de la paroisse avait pour but d’aider les enfants qui viennent au caté à s’approcher de la célébration avec toute la communauté.
Elle n'a pas manqué de susciter des interrogations, d'abord dans les coeurs des responsables, ensuite dans les coeurs des enfants, des parents et des paroissiens.
Du regard que l'on peut porter de l'extérieur, l'on peut dire que cette expérience de vie liturgique enrichie du temps de lecture prolongée a été une expérience fondamentale pour certains d’entre nous.
L'expérience d'entendre ce que les autres disent au sujet de la parole proclamée dans l'église, est source de joie !
L'expérience de faire un lien entre la parole entendue et l'eucharistie qui nous ouvre au trésor du pain de la vie et du vin du royaume, nous fait élargir le sens de la communion avec le Seigneur.
Ceux qui ont apprécié ont fait l'expérience de nouveau départ, laissant Dieu enrichir la vie de tous les jours.
Pour ceux qui se posent des questions, il s'agit de trouver les lieux pour les exprimer, et surtout de  distinguer les genres de question qui se posent : question d'organisation de temps, question du lien entre la lecture elle-même et la célébration de l'eucharistie, question aussi d'une durée démesurée du temps de la messe.
Terminons par le témoignage d’un l'adulte à qui l'on a demandé de raconter  l'évangile : « J’ai admiré la réceptivité des enfants, la qualité de l'écoute, et la possibilité de voir que les parents eux aussi entendent la même lecture et prennent le temps d'approfondir. »

Pour cette deuxième année  2012-2013 puissions-nous trouver le goût de ne pas dissocier l'écoute de la parole et la communion au corps du Seigneur!
Ce sera la meilleure manière de célébrer l'anniversaire du concile et  de répondre à l'appel de l'église : puiser à notre héritage, la parole de la révélation et la célébration du don que le Seigneur fait de sa vie.
JP Ranga
Curé de Gradignan