Vendredi 11 mars 2022
Père Pierre MEUNIER
Le
Sacrement de réconciliation , de pénitence , de confession , de
pardon ….
Ce
sacrement porte plusieurs noms , le plus connu étant la Confession ,
ce qui traduit des évolutions au cours de l’histoire de l’Eglise
. De fait c’est celui des 7 sacrements qui a connu le plus de
changements ; aux origines lié au Baptême , il s’en est
détaché ; le concile Vatican II a voulu lui redonner sa
signification originelle .
+
Pour découvrir les origines , relisons les Actes des Apôtres
pour comprendre que le sacrement de Réconciliation par excellence
c’est le Baptême , qui donne à l’homme pécheur la plénitude
de l’Amour de Dieu .
Pierre
le jour de la Pentecôte déclare aux foules :
«
Convertissez-vous ; que chacun de vous reçoivent le Baptême au
nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés -
Actes 2-38
La
conviction des chrétiens des premiers siècles est que la
rémission des péchés s’obtient par le baptême .
C’est
lui qui fait passer des ténèbres à la lumière dans une démarche
radicale :
«
Quiconque est né de Dieu ne commet plus le péché , parce que sa
semence demeure en lui ; il ne peut plus péché parce qu’il
est né de Dieu - I° Jean 3-9
Le
Baptême dans la mort et la résurrection du Christ est donné aux
adultes après un long temps de cheminement et de discernement appelé
catéchuménat ;
le catéchumène, accompagné de son parrain ou de sa marraine , qui répond de lui devant la communauté , fait un choix délibéré de vivre en Christ .
St
Paul dans sa lettre aux Colossiens - ch 3 - écrit : «
Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ , recherchez les
choses d’en haut , là où se trouve le Christ , assis à la droite
de Dieu ; songez aux choses d’en haut , non à celle de la
terre ; car vous êtes morts et votre vie est désormais cachée
avec le Christ en Dieu ….
Vous
vous êtes dépouillé du vieil homme avec ses agissements et vous
avez revêtu le nouveau qui s’achemine vers la vraie connaissance
en se renouvelant à l’image de son créateur …vous êtes donc
les élus de Dieu , ses saints et ses bien aimés .
Les
textes de la Parole de Dieu présentent un idéal de vie à
atteindre, porté par la prière et le témoignage de la communauté ;
en relisant les passages des Actes des Apôtres nous présentant la
première communauté vivant à Jérusalem, nous pouvons entrevoir la
force de leur témoignage : « la multitude des
croyants n’avaient qu’un seul cœur et qu’une âme ; ils
mettaient tout en commun … »
Mais
nous découvrons dans le ch. 5 des Actes que si Barnabé est très
généreux , Annanie et Saphire gardent pour eux une partie de la
vente de leur propriété ;
de
même dans la 1° épître aux corinthiens - ch. 5 - Paul fulmine
contre le chrétien qui vit dans une relation incestueuse avec sa
belle-mère ; l’apôtre demande à la communauté de
l’excommunier si il ne se convertit pas . Car c’est la
sainteté de la communauté qui est atteinte par le péché d’un
seul .
Des
événement très graves vont marqués l’histoire de certaines
communautés dans les deux premiers siècles , puis la totalité de
l’Eglise durant le 3° siècle :
-
,les persécutions . Face à celles-ci les chrétiens vont
avoir des attitudes très différentes ; certains vont témoigner
de leur foi devant les tribunaux et aller jusqu’au sacrifice de
leur vie dans le martyr ; d’autres ne seront pas aussi
courageux et accepteront de brûler quelques grains d’encens devant
les statues de la déesse Rome et de l’empereur ; d’autres
enfin iront jusqu’à trahir leurs frères en livrant les cachettes
où sont placés les livres saints ou les objets du culte , afin de
sauver leur vie et leurs biens .
Mais
après la tourmente il faut de nouveau réunir la communauté et
réintégrer ceux qui ont trahi - les apostats : Lapsi -
Différents choix vont se présenter : depuis le refus de
réintégrer les apostats jusqu’à la décision de leur imposer un
nouveau baptême , puisqu’ils n’ont pas été capable de faire
honneur à la sainteté de leur état .
+
Au III ° siècle , pour permettre une réintégration dans la
communauté des disciples du Christ de ces frères et soeurs qui
ont porté atteinte à la sainteté de leur état de baptisé , les
évêques vont proposé une démarche pénitentielle. Cette
discipline sera calquée sur l’organisation du catéchuménat
. Il y aura ainsi dans chaque église un ordre des catéchumènes et
un ordre des pénitents ; qui auront chacun leur vie propre mais
qui se retrouveront lors des grandes célébrations ecclésiales .
Cette
démarche pénitentielle est vécue au cœur de la communauté ;
c’est pour cela qu’on pourra parler de ‘ pénitence publique
‘ . elle ne concerne que les péchés les plus graves que sont
le crime , l’adultère , l’apostasie .
Le
pénitent fait la demande d’entrer dans cette démarche auprès de
l’évêque .
C’est
au cours de l’entrée en Carême de toute la communauté ,
dans la célébration des cendres présidée par l’évêque , qu’il
est déclaré officiellement membre de l’ordre des pénitents ;
il va devoir rejoindre son groupe réunit au fond de la cathédrale
dans le Narthex , à côté de celui des catéchumènes . Il va
porter des vêtements très simples en signe de pénitence .
Lors
des rassemblements dominicaux , il participe à la liturgie
pénitentielle et à la liturgie de la Parole ; il écoute
attentivement l’homélie épiscopale ; il quitte l’assemblée
à l’invitation du diacre qui prononce ‘l’extra omnes
‘….signifiant que tous ceux qui ne sont pas en capacité de
communier au Corps et au Sang du Seigneur doivent quitter la
Basilique , pour se réunir dans des locaux et poursuivre
l’enseignement .
C’est
l’évêque qui fixe la durée de ce temps de pénitence ( qui va
d’un carême à plusieurs années ) . Comme les catéchumènes ,
les pénitents sont accompagnés par des ministres et des laïcs ;
le pénitent accomplit ainsi son ‘ stage pénitentiel ‘
qui comporte des enseignements , mais également des engagements
caritatifs , des célébrations comme les scrutins pour les
catéchumènes.
Au
cours de la célébration du Jeudi Saint , l’évêque lui
donne l’absolution pour son péché ; il est réintégré
dans la communauté , ce qui lui permet de participer au grand
Triduum Pascal .
Le
Sacramentaire Gélasien nous donne la monition prononcé par le
Diacre en s’adressant à l’évêque :
«
Notre assemblée va s’accroître de nouveaux baptisés ; elle
va s’accroitre aussi de tous les pécheurs qui lui reviennent ;
les eaux baptismales purifient comme purifient les larmes de la
pénitence . Joie pour l’admission de nouveaux fidèles. Joie aussi
à cause de la Réconciliation des pénitents .
Les
pères de l’Eglise comme Tertullien au III ° sc. et St Ambroise
au IV° sc. . dans leurs ouvrages ‘ de paenitentia ‘ nous
parlent de ‘ second baptême ‘ , de ‘ seconde planche de salut
‘ . Mais comme pour le Baptême , cette démarche est unique dans
la vie . Elle ne concerne que des fautes graves et publiques , qui
non seulement ont rompu la relation avec Dieu , mais ont blessé
l’identité même de la communauté chrétienne , la sainteté de
l’Eglise .
-
Il est donc indispensable que le pénitent prenne conscience de la
gravité de sa faute avec des larmes de repentir .
-
Qu’il la reconnaisse devant l’évêque - l’ Aveu,-celui-ci
l’accepte dans l’ordre des pénitents .
-
Qu’il accepte d’accomplir une démarche de réparation en
réalisant des actes très concrets de charité vis à vis des frères
en difficultés .
-
Enfin il est absout de son péché et réintégré dans la
communauté des Saints . C’est une démarche à la fois personnelle
et communautaire , car elle est vécu au sein d’un groupe et
porté par la prière de toute l’Eglise .
Elle
est en relation très étroite avec le Baptême .
Il
est également prévu pour tous les chrétiens une démarche
privée de conversion dans le cas de fautes personnelles ‘
moins graves ‘ avec la pratique de l’examen de conscience , de la
prière pénitentielle personnelle , du combat spirituel , des actes
de charité . Cet appel à la conversion - Metanoia - est vécu par
tous les membres de la communauté dans le quotidien de leur
existence .
‘
Repentez-vous
, car le Royaume de Dieu est tout proche ‘ Mt 4-17
De
même les célébrations communautaires comportent des prières
pénitentielles , certaines Eucharisties sont célébrées pour la
rémission des péchés .
Cette
première démarche pénitentielle va peu à peu tomber en désuétude
au cours du 6° siècle . Certainement à cause de l’implication
très lourde des pénitents dans cette démarche publique . Des
fidèles préfèrent attendre la fin de leur vie pour recevoir le
baptême ..
+
Au VII° siècle , les moines irlandais - St Colomban -
débarquent sur le continent européen pour se lancer dans de grandes
campagnes d ‘évangélisation . Ils apportent avec eux une
nouvelle forme de pénitence , très différente de la
première :
Elle
vaut pour toutes sortes de péchés ;
elle
peut se vivre aussi souvent qu’on le souhaite ;
par
contre elle perd totalement sa dimension communautaire et son
enracinement dans la célébration baptismale .
Cette
démarche pénitentielle personnelle s’enracine dans la pratique
monastique :
Dès
les premiers siècles de l’Eglise , en orient , des ermites
s’installent dans le désert et accueillent des disciples ;
ceux-ci demandent à leur Maître un accompagnement spirituel
personnel ; dans cet accompagnement en vue de la sainteté ,
l’accompagnateur propose une démarche pénitentielle avec l’aveu
des péchés et le soutien dans le combat spirituel pour accueillir
le pardon de Dieu et vivre la conversion ; les pères insistent
sur la dimension thérapeutique de
l
‘ aveu ‘ des fautes accomplies avec un grand repentir qui
permet d’accueillir le pardon de Dieu et de progresser sur la voie
étroite du salut .
Avec
la fondation par St Benoît de Nursie de l’ordre des bénédictins
cet accompagnement spirituel se développe en Occident dans les
monastères . Mais l’arrivée des moines irlandais missionnaires va
ouvrir cette proposition d’accompagnement spirituel aux laïcs qui
le désirent .
Deux
évolutions vont marquer cette histoire :
-
De la conversion à la peine .
Dans
le nouveau Testament le mot Metanoia , Paenitentia , désigne
le changement de vie , la conversion qui est signifiée au
disciple du Christ part le Baptême .
Mais
au VI - VII ° siècles , les théologiens , comme Isidore de
Séville , écrive le mot Poenitentia - qui signifie
pénitence dans le sens de peine , punition ; le pénitent pour
recevoir le pardon de Dieu doit accomplir des peines méritées
par la gravité de son péché .
-
De la démarche communautaire à l’accompagnement spirituel
personnalisé :
Avec
la fin de la pénitence antique vécue au sein de la communauté
ecclésiale , le péché comme la réconciliation deviennent des
réalités personnelles vécues dans le secret de la vie du
fidèle . Le confesseur insiste sur sa relation avec le Seigneur qui
est blessée par son péché : suivant la gravité de celui-ci ,
il peut être véniel ou mortel - mort de l’âme
par la perte de la grâce sanctifiante reçue au baptême ; la
démarche de réconciliation doit en tenir compte .
D’où
l’importance de l’examen de conscience ; la science
du confesseur consiste à qualifier chaque péché et permettre au
pénitent de vivre une démarche de conversion . Pour aider les
confesseurs sont composés des livres pénitentiels , qui
détaillent toutes sortes de péché , analysent les circonstances
qui peuvent le rendre plus ‘grave ‘ , proposent des ‘ tarifs ‘
de peines correspondant à chaque ‘ faute ‘ . Cela peut aller de
prières à dire , de jours de jeûne à vivre , d’aumônes à
donner aux pauvres , jusqu’à un pèlerinage à accomplir .
C’est
la pénitence tarifée - du 7° au 12° siècles .
Après
l’exécution de la pénitence , le pécheur converti vient
retrouver le confesseur qui le réconcilie avec Dieu . On commence à
parler d’absolution des péchés :
1°
l’Aveu de ses fautes au confesseur
2°
l’imposition des peines à vivre et leur réalisation .
3°
L’Absolution des péchés
Mais
souvent ces peines sont très difficiles à exécuter ; on
invente un système de commutation de peines , qui consiste à
trouver des correspondance dans la prière a faire soi même , ou à
faire faire par les moines ; pour pouvoir célébrer des ‘
messes pénitentielles ‘ ; les moines , qui étaient à
l’origine des laïcs en majorité dans leur communauté , sont
ordonnés prêtres pour les célébrer .
Ce
sacrement de la Pénitence est vécu comme une réponse aux besoins
spirituels des fidèles ; pour cela la demande est de plus en
plus fréquente alors que la communion eucharistique des fidèles
se raréfie , même pour ceux qui vont quotidiennement à la Messe
.
+
Les théologiens du XII ° sc . remettent en question cette
pratique de la pénitence dite tarifée ; ils estiment qu’elle
aboutit à une sorte de marchandage antiévangélique ; elle
peut donner à penser que par l’exécution de sa peine , le pécheur
achète le pardon de Dieu . Ces théologiens suppriment les peines
extérieures à accomplir en insistant sur la conversion du cœur ,
appelée la Contrition :
«
Pitié pour moi , Seigneur , en ta bonté ; en ta grande
tendresse efface mon péché . Lave moi tout entier de mon mal , de
ma faute purifie-moi …
Car
tu ne prends aucun plaisir au sacrifice ; un holocauste , tu
n’en veux pas .
Le
sacrifice pour Dieu c’est un esprit brisé ; d’un cœur
brisé et broyé , Dieu , tu n’as point de mépris . Psaume 50 .
Miserere
La
suppression des peines à exécuter a une conséquence directe
: repenser la structure de la démarche pénitentielle .
-
on insiste sur la fonction de l’Aveu , qui doit garantir
par son intégralité et sa précision la profondeur de la
Contrition .
-
on renforce l’importance de l’Absolution donnée par le
prêtre , aussitôt après l’aveu .
-
on crée une nouvelle dimension : La Satisfaction . c’est
à dire la réception de la pénitence à accomplir , non plus pour
obtenir le pardon qui a été donné , mais pour que sa vie
corresponde au pardon de Dieu reçu et à sa volonté .
Ainsi
le Sacrement de Pénitence comporte 4 temps :
-
Le pénitent prend le temps de relire sa vie , de découvrir ses
péchés et de les regretter profondément : La Contrition
-
Il vient rencontrer un prêtre pour dire ses péchés : l’Aveu
.
-
le prêtre lui donne l’Absolution et lui impose une
pénitence .
-
Le pénitent accomplit cette pénitence : La Satisfaction
Dans
cette démarche pénitentielle , on constate l’importance de
l’Aveu ; ce qui va entrainer une évolution dans le sens
d’un terme liturgique : Confesser
-
Confiteor ‘ signifie proclamer , manifester , reconnaître .
-
Dans l’Eglise de l’Antiquité, le nouveau baptisé confesse sa
foi le jour de son baptême ; les martyrs sont des ‘
confesseurs ‘ et leurs tombeaux ‘ une confession
-
Dans l’Eglise Médiévale, un des actes du pénitents est de dire
- de confesser ses péchés , le prêtre qui accueille cette ‘
confession ‘ devient un ‘ confesseur ‘ ; peu à peu c’est
toute la démarche pénitentielle qui prend le nom de Sacrement
de la Confession .
Cette
démarche qui avait été proposée par rapport au Baptême ,
prend son autonomie et devient un sacrement à part entière dans le
septénaire sacramentel ( vers 1150 ) la liste des 7 Sacrements .
+
Au XIII° siècle , pour souligner l’importance de cet acte
sacramentel , les théologiens modifie la formule d’Absolution
prononcée par le confesseur .
Auparavant
celui-ci priait sur le pénitent et lui signifiait le pardon de Dieu
.
Pour
bien souligner la solennité de la sentence canonique par laquelle le
confesseur remet ses péchés au pénitent , il utilise une formule
déclarative :
‘
Ego
te absolvo ‘ , qui renvoie à celle du baptême - ego te baptizo ‘
.
Ainsi
l’Absolution qui était l’acte d’acquittement d’un accusé
lors d’un procès devient l’action de remettre les péchés .
La
confession va être pensée en relation étroite avec l’Eucharistie
et être imposée comme démarche préalable à la Communion
Eucharistique ; d’où la règle de la nécessité de se
confesser avant de communier : ‘ on ne reçoit pas le Bon Dieu
sans confession ‘ …
+
En 1215 , le pape réformateur Innocent III convoque les évêques
et les abbés à Rome pour un Concile général - Le concile du
Latran IV - Les pères conciliaires sont invités à se
préoccuper de la situation dramatique de la Terre Sainte ; mais
également de toute l’Eglise , avec l’hérésie des cathares ,
les mœurs du clergé à réformer et l’organisation de la vie
sacramentelle . 70 Canons - règles - vont être promulgués
reprenant toute la vie des églises .
Le
canon 21 -‘ Omnis utriusque sexus ‘ - l’obligation
pascale :
‘
Tout
fidèle de l’un ou de l’autre sexe , parvenu à l’âge de
discrétion , doit recevoir l’Eucharistie , au moins à Pâques ;
pour cela il doit confesser ses péchés à son propre curé . Pour
des raisons légitimes il peut recourir a à un autre prêtre avec
l’autorisation de son curé ‘
=
Obligation de la confession et de la communion pascale
dans sa paroisse .
Cette
obligation fait partie des Commandements de l’Eglise .
La
non observation de cette obligation entraîne l’ exclusion de la
communauté et surtout de l’accès à l’église et au cimetière
pour les funérailles .
L’Aveu
de ses péchés à un prêtre devient le centre de l’acte
pénitentiel . C’est l’aboutissement d’une longue réflexion
théologique et d’une transformation de la pratique pénitentielle
.
L’Aveu
extériorise le repentir ; il est l’épreuve imposée au
pénitent ; il permet au prêtre de prononcer la formule
d’Absolution .
Tandis
que les peines de satisfaction sont de plus en plus discrètes
et légères .
Les
tarifs pénitentiels , la volonté de sanctionner les fautes , tout
cela disparaît face au désir de l’Eglise de relever le pécheur
pour lui permettre de recevoir l’Eucharistie .
Le
concile demande au confesseur de ‘ s’enquérir avec soin de la
situation du pécheur , des circonstances de son péché , pour
discerner en toute prudence les conseils opportuns et
appliquer le remède approprié pour guérir le malades ‘
le
texte conciliaire insiste sur le secret absolu de la
confession ; le confesseur qui trahirait ce secret sera déposé
du ministère sacerdotal et enfermé dans un monastère comme
pénitent à perpétuité .
Ce
Canon 21 , réserve la confession pascale au curé de la paroisse ,
celui-ci étant en charge de la cura animarum - le guide spirituel de
ses fidèles , mais également en charge de contrôler si ceux-ci ne
sont pas marqués par l’hérésie .
Au
XIII° siècle , avec l’arrivée des communautés des ordres
mendiants , mieux formés , tout particulièrement dans
l’accompagnement spirituel , de nombreux fidèles en ville
demandent aux frères de les accueillir pour le sacrement de
confession . Ce qui n’est pas sans créer des conflits avec les
curés des paroisses .
+
En 1545 - le pape Paul III convoque un concile dans la ville
de Trente . Cette convocation est lancée pour répondre aux
‘ Réformés ‘ qui ont engagé une profonde critique vis à vis
de l’église catholique et de tous les aspects de sa vie .
En
1551 , dans leur 14 ° session les Pères Conciliaires adoptent 15
canons sur la pénitence . Ils affirment que la Pénitence est un
sacrement institué par le Christ pour réconcilier les
fidèles qui pèchent après le Baptême .
Les
Pères mettent l’accent sur le pardon par la Contrition .
Contritio
- conterre : action de broyer , de détruire . La démarche
pénitentielle est accompagné d’une douleur vive et sincère
causée par la conscience d’avoir offensé Dieu et son Amour ;
elle est accompagné d’un sentiment de reconnaissance et d’amour
vis à vis de Dieu .
Au
contraire de l’Attrition - attritio : broyer ,
séparer, blesser . Remords venant de la crainte du châtiment , de
la seule crainte des peines de l’enfer .
Le
confesseur dans son accompagnement spirituel doit susciter la
détestation des péchés commis , jointe à la ferme volonté de ne
plus en commettre .
La
contrition parfaite réconcilie l’homme avec Dieu , avant même la
réception du sacrement ; mais elle doit renfermer le désir de
recevoir le sacrement .
L’attrition
- ou contrition imparfaite - dispose le pécheur à obtenir la grâce
du Sacrement .
Les
grands théologiens comme Albert le Grand ou Thomas d’Aquin
s’étaient posé la question de s’avoir s’il fallait se
confesser en cas de péchés véniels .
Les
canonistes décident que l’Obligation de se confesser ne concernait
que les péchés mortels ..
Les
Pères conciliaires reprennent ces affirmations : Tous et chacun
des péchés mortels doivent être confessés ; obligation de
les confesser avant de communier . L’aveu des péchés véniels est
utile et bon mais pas obligatoire ; cependant il faut se
présenter à la confession pascale , même si on n’a commis que
des péchés véniels , car cela permet au pasteur l’éducation de
la conscience morale de ses fidèles .
Le
Concile insiste sur la formation des Confesseurs . il est
nécessaire que dans les cathédrales et les églises conventuelles
des prêtres soient nommés par l’évêque pour assurer ce
ministère de la confession . Dans la réforme liturgique des
sacrements et la composition d’un Sacramentel , il est prévu une
liturgie très brève pour le sacrement de confession ; il
faut noter l’absence de lecture de la Parole de Dieu .
Pour
permettre que cette démarche de la confession soit vécue dans la
discrétion , un nouveau meuble liturgique est créé : le
Confessionnal . Celui-ci apparaît au XVI ° sc. en Espagne et au
XVII° en France ; au XVIII ° avec le style baroque , il prend
de l’ampleur et occupe une place importante dans les nefs latérales
de nos églises . L’agencement traduit la conception de la
démarche : c’est le lieu du ‘ tribunal ‘ de la
Pénitence ; le confesseur - juge est assis pour entendre
les pénitents qui eux sont à genoux devant le Crucifix . Pour
garantir l’anonymat de l’un et de l’autre et la discrétion de
l’échange , il y a un rideau à la porte , des grilles et des
volets de bois entre le pénitent et le confesseur .
+
Au XVII ° et XVIII ° - De nombreux laïcs sont demandeur d’un
accompagnement spirituel .
La
confession fréquente entre dans la proposition de la
direction spirituelle ; au point que l’on perd conscience
de la différence entre le bienfait de la confession pour le progrès
spirituel et la nécessité du sacrement en cas de faute grave . Le
directeur spirituel devient dans le langage courant ‘ mon
confesseur ‘ .
Déjà
au Moyen Age , la ‘ confession de dévotion ‘ était pratiquée
par des saints comme St Louis ou Ste Brigitte ; dans la Réforme
catholique la confession est instituées toute les semaines dans les
séminaires , les maisons religieuses , les pensionnats …les
fidèles devenus adultes poursuivent cette pratique et bénéficient
des conseils avisés d’un prêtre sur leur existence quotidienne et
les choix à faire dans leur vie familiale ou sociale .
Les
confesseurs insistent sur deux réalités de la démarche
pénitentielle :
-
La Contrition qui doit se traduire par une conversion profonde
du cœur du fidèle : ‘ Dieu fais-nous revenir et nous
serons sauvé ‘ - Psaume 79 .
Le
pénitent doit avoir conscience d’avoir offensé son Seigneur dans
son Amour de Père ; il doit s’interroger sur la sincérité
de cette prise de conscience ; si celle-ci n’est pas entachée
par la crainte de l’enfer . D’où la question de savoir si
l’attrition est suffisante pour vivre en vérité ce sacrement .
Des évêques comme Richelieu vont s’engager dans ce débat .
-
La Satisfaction - de satis facere - faire assez , faire une
bonne mesure .
qui
consiste à l’accomplissement de la pénitence imposée par le
confesseur - des prières ou des actes de charité .
Cette
démarche avait été pensé comme un acte symbolique par lequel le
pénitent manifeste sa volonté de réparer l’offense faite à Dieu
par son péché .
-
Mais cette définition pose question car l’Absolution sacramentelle
remettant la faute de la peine éternelle , y a t-il besoin de
pénitence à accomplir ?
Oui
car si le pardon relève de l’initiative de Dieu qui fait
miséricorde ; il est un don de Dieu , une grâce ;
il est capital d’affirmer la démarche personnelle de l’homme qui
désire vivre en relation avec Dieu . Les théologiens pour insister
sur la démarche du pénitent déclarent qu’ il reste des peines
temporelles à payer pour nos péchés dans ce monde ou au Purgatoire
. Si nous ne pouvons pas satisfaire à Dieu par nos propres moyens ,
les mérites de la Passion et de la mort du Christ donnent de la
valeur à nos actes .
Il
faut donc affirmer en même temps que la conversion ne dépend pas
uniquement des efforts de l’homme mais de la grâce divine ;
et que le pardon des fautes de la part de Dieu nécessite le désir
de l’homme de vivre l’Alliance .
Enfin
le pénitent doit réparer les torts causés au prochain dans son
honneur , dans ses relations , dans ses biens … La Réparation
.
La
peine étant imposée par le confesseur avant de donner l’Absolution
, il est important que lors de la confession suivante le pénitent
déclare qu’il a bien accomplie celle-ci - qu’ il a satisfait à
Dieu pour cette peine .
+
Les décisions et les orientations du Concile de Trente au sujet de
ce sacrement , comme des autres , vont marquer la vie de l’Eglise
Catholique Romaine jusqu’au concile Vatican II .
La
constitution Sacro sanctum Concilium sur la Liturgie de l’Eglise va
décider de retravailler les rituels des Sacrements , en particulier
pour la célébration du Sacrement de la Confession ; une
commission de théologiens , d’exégètes et de liturges
travaillent sur les différentes traditions et font des propositions
..
En
1973 , le pape Paul VI promulgue un nouveau rituel .
celui-ci
propose plusieurs formes de célébrations du sacrement :
-
une forme ordinaire : rencontre entre un pénitent et le
confesseur .
-
deux formes extraordinaires : une Célébration communautaire
avec confession et absolution individuelle .
:
une célébration communautaire - sans confession individuelle et
avec absolution collective .
Cette
dernière forme qui avait été pratiquée dans des circonstances
difficiles , guerres , camps de prisonniers , est prévue pour
des grands rassemblements comme les pèlerinages . Il faut toujours
rappeler que la confession individuelle est obligatoire en cas de
péchés graves .
Ces
célébrations communautaires vont connaître un grand succès et
permettre à de nombreux fidèles qui ne se confessaient plus de
retrouver le chemin du sacrement .
Mais
les responsables ecclésiaux émettent la crainte que la forme
ordinaire soit délaissée par les fidèles et demandent que ces
célébrations communautaires soient limitées et réservées aux
rassemblements . D’où la décision du Dicastère de faire
dépendre leur célébration de l’autorisation de l’évêque du
lieu .
-
la demande de soigner La Liturgie du Sacrement - dans ses
rites , la beauté du lieu de célébration …..
-
de signifier l’Accueil du pénitent au Nom de Dieu :
prendre le temps de cet accueil mutuel vécu par le pénitent et le
confesseur qui se placent tous les devant le Seigneur et entrent en
prière ..
-
de remettre en valeur la Parole de Dieu : prendre le
temps de l’Ecoute de la Parole , de la méditation , du partage de
cette parole …
-
de remettre en valeur la prière d’action de grâce , car le
pénitent confesse son péché , mais également l’amour du Père
miséricordieux . C’est en contemplant le visage du Père que nous
prenons conscience du péché qui le blesse et trouvons le courage
de réaliser en nous la vérité par l’aveu de nos fautes .
-
de prendre le temps de prier la formule d’Absolution trinitaire
.
-
comme toute liturgie , de signifier l’envoie en mission par
l’Eglise , au nom du Christ . Nous avons accueilli le pardon de
Dieu pour en être les témoins dans notre monde et notre vie
quotidienne .
-
Enfin il est nécessaire de retrouver l’enracinement baptismal
de ce sacrement qui nous replace dans le Mystère du Salut .
-
de mieux distinguer la démarche sacramentelle de
l’accompagnement spirituel
-
et d’approfondir la dimension ecclésiale de ce Sacrement .
‘ Ne
devais-tu pas , toi aussi , avoir pitié de ton compagnon
comme
moi-même j’avais eu pitié de toi . Mt 18-33
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