Les conférences du vendredi 2/6

Vendredi 11 mars 2022
Père Pierre MEUNIER
 
Le Sacrement de réconciliation , de pénitence , de confession , de pardon ….

Ce sacrement porte plusieurs noms , le plus connu étant la Confession , ce qui traduit des évolutions au cours de l’histoire de l’Eglise . De fait c’est celui des 7 sacrements qui a connu le plus de changements ; aux origines lié au Baptême , il s’en est détaché ; le concile Vatican II a voulu lui redonner sa signification originelle .

+ Pour découvrir les origines , relisons les Actes des Apôtres pour comprendre que le sacrement de Réconciliation par excellence c’est le Baptême , qui donne à l’homme pécheur la plénitude de l’Amour de Dieu .
Pierre le jour de la Pentecôte déclare aux foules :
«  Convertissez-vous ; que chacun de vous reçoivent le Baptême au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés -  Actes 2-38
La conviction des chrétiens des premiers siècles est que la rémission des péchés s’obtient par le baptême .
C’est lui qui fait passer des ténèbres à la lumière dans une démarche radicale :
«  Quiconque est né de Dieu ne commet plus le péché , parce que sa semence demeure en lui ; il ne peut plus péché parce qu’il est né de Dieu -  I° Jean 3-9

Le Baptême dans la mort et la résurrection du Christ est donné aux adultes après un long temps de cheminement et de discernement appelé catéchuménat ;

le catéchumène, accompagné de son parrain ou de sa marraine , qui répond de lui devant la communauté , fait un choix délibéré de vivre en Christ .

St Paul dans sa lettre aux Colossiens - ch 3 - écrit : «  Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ , recherchez les choses d’en haut , là où se trouve le Christ , assis à la droite de Dieu ; songez aux choses d’en haut , non à celle de la terre ; car vous êtes morts et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu ….
Vous vous êtes dépouillé du vieil homme avec ses agissements et vous avez revêtu le nouveau qui s’achemine vers la vraie connaissance en se renouvelant à l’image de son créateur …vous êtes donc les élus de Dieu , ses saints et ses bien aimés .

Les textes de la Parole de Dieu présentent un idéal de vie à atteindre, porté par la prière et le témoignage de la communauté ; en relisant les passages des Actes des Apôtres nous présentant la première communauté vivant à Jérusalem, nous pouvons entrevoir la force de leur témoignage : «  la multitude des croyants n’avaient qu’un seul cœur et qu’une âme ; ils mettaient tout en commun … »
Mais nous découvrons dans le ch. 5 des Actes que si Barnabé est très généreux , Annanie et Saphire gardent pour eux une partie de la vente de leur propriété ;
de même dans la 1° épître aux corinthiens - ch. 5 - Paul fulmine contre le chrétien qui vit dans une relation incestueuse avec sa belle-mère ; l’apôtre demande à la communauté de l’excommunier si il ne se convertit pas . Car c’est la sainteté de la communauté qui est atteinte par le péché d’un seul .
Des événement très graves vont marqués l’histoire de certaines communautés dans les deux premiers siècles , puis la totalité de l’Eglise durant le 3° siècle :
- ,les persécutions . Face à celles-ci les chrétiens vont avoir des attitudes très différentes ; certains vont témoigner de leur foi devant les tribunaux et aller jusqu’au sacrifice de leur vie dans le martyr ; d’autres ne seront pas aussi courageux et accepteront de brûler quelques grains d’encens devant les statues de la déesse Rome et de l’empereur ; d’autres enfin iront jusqu’à trahir leurs frères en livrant les cachettes où sont placés les livres saints ou les objets du culte , afin de sauver leur vie et leurs biens .
Mais après la tourmente il faut de nouveau réunir la communauté et réintégrer ceux qui ont trahi - les apostats : Lapsi - Différents choix vont se présenter : depuis le refus de réintégrer les apostats jusqu’à la décision de leur imposer un nouveau baptême , puisqu’ils n’ont pas été capable de faire honneur à la sainteté de leur état .

+ Au III ° siècle , pour permettre une réintégration dans la communauté des disciples du Christ de ces frères et soeurs qui ont porté atteinte à la sainteté de leur état de baptisé , les évêques vont proposé une démarche pénitentielle. Cette discipline sera calquée sur l’organisation du catéchuménat . Il y aura ainsi dans chaque église un ordre des catéchumènes et un ordre des pénitents ; qui auront chacun leur vie propre mais qui se retrouveront lors des grandes célébrations ecclésiales .

Cette démarche pénitentielle est vécue au cœur de la communauté ; c’est pour cela qu’on pourra parler de ‘ pénitence publique ‘ . elle ne concerne que les péchés les plus graves que sont le crime , l’adultère , l’apostasie .
Le pénitent fait la demande d’entrer dans cette démarche auprès de l’évêque .
C’est au cours de l’entrée en Carême de toute la communauté , dans la célébration des cendres présidée par l’évêque , qu’il est déclaré officiellement membre de l’ordre des pénitents ; il va devoir rejoindre son groupe réunit au fond de la cathédrale dans le Narthex , à côté de celui des catéchumènes . Il va porter des vêtements très simples en signe de pénitence .
Lors des rassemblements dominicaux , il participe à la liturgie pénitentielle et à la liturgie de la Parole ; il écoute attentivement l’homélie épiscopale ; il quitte l’assemblée à l’invitation du diacre qui prononce ‘l’extra omnes ‘….signifiant que tous ceux qui ne sont pas en capacité de communier au Corps et au Sang du Seigneur doivent quitter la Basilique , pour se réunir dans des locaux et poursuivre l’enseignement .

C’est l’évêque qui fixe la durée de ce temps de pénitence ( qui va d’un carême à plusieurs années ) . Comme les catéchumènes , les pénitents sont accompagnés par des ministres et des laïcs ; le pénitent accomplit ainsi son ‘ stage pénitentiel ‘ qui comporte des enseignements , mais également des engagements caritatifs , des célébrations comme les scrutins pour les catéchumènes.
Au cours de la célébration du Jeudi Saint , l’évêque lui donne l’absolution pour son péché ; il est réintégré dans la communauté , ce qui lui permet de participer au grand Triduum Pascal .
Le Sacramentaire Gélasien nous donne la monition prononcé par le Diacre en s’adressant à l’évêque :
«  Notre assemblée va s’accroître de nouveaux baptisés ; elle va s’accroitre aussi de tous les pécheurs qui lui reviennent ; les eaux baptismales purifient comme purifient les larmes de la pénitence . Joie pour l’admission de nouveaux fidèles. Joie aussi à cause de la Réconciliation des pénitents .

Les pères de l’Eglise comme Tertullien au III ° sc. et St Ambroise au IV° sc. . dans leurs ouvrages ‘ de paenitentia ‘ nous parlent de ‘ second baptême ‘ , de ‘ seconde planche de salut ‘ . Mais comme pour le Baptême , cette démarche est unique dans la vie . Elle ne concerne que des fautes graves et publiques , qui non seulement ont rompu la relation avec Dieu , mais ont blessé l’identité même de la communauté chrétienne , la sainteté de l’Eglise .
- Il est donc indispensable que le pénitent prenne conscience de la gravité de sa faute avec des larmes de repentir .
- Qu’il la reconnaisse devant l’évêque - l’ Aveu,-celui-ci l’accepte dans l’ordre des pénitents .
- Qu’il accepte d’accomplir une démarche de réparation en réalisant des actes très concrets de charité vis à vis des frères en difficultés .
- Enfin il est absout de son péché et réintégré dans la communauté des Saints . C’est une démarche à la fois personnelle et communautaire , car elle est vécu au sein d’un groupe et porté par la prière de toute l’Eglise .
Elle est en relation très étroite avec le Baptême .

Il est également prévu pour tous les chrétiens une démarche privée de conversion dans le cas de fautes personnelles ‘ moins graves ‘ avec la pratique de l’examen de conscience , de la prière pénitentielle personnelle , du combat spirituel , des actes de charité . Cet appel à la conversion - Metanoia - est vécu par tous les membres de la communauté dans le quotidien de leur existence .
Repentez-vous , car le Royaume de Dieu est tout proche ‘ Mt 4-17
De même les célébrations communautaires comportent des prières pénitentielles , certaines Eucharisties sont célébrées pour la rémission des péchés .

Cette première démarche pénitentielle va peu à peu tomber en désuétude au cours du 6° siècle . Certainement à cause de l’implication très lourde des pénitents dans cette démarche publique . Des fidèles préfèrent attendre la fin de leur vie pour recevoir le baptême ..

+ Au VII° siècle , les moines irlandais - St Colomban - débarquent sur le continent européen pour se lancer dans de grandes campagnes d ‘évangélisation . Ils apportent avec eux une nouvelle forme de pénitence , très différente de la première :
Elle vaut pour toutes sortes de péchés ;
elle peut se vivre aussi souvent qu’on le souhaite ;
par contre elle perd totalement sa dimension communautaire et son enracinement dans la célébration baptismale .
Cette démarche pénitentielle personnelle s’enracine dans la pratique monastique :
Dès les premiers siècles de l’Eglise , en orient , des ermites s’installent dans le désert et accueillent des disciples ; ceux-ci demandent à leur Maître un accompagnement spirituel personnel ; dans cet accompagnement en vue de la sainteté , l’accompagnateur propose une démarche pénitentielle avec l’aveu des péchés et le soutien dans le combat spirituel pour accueillir le pardon de Dieu et vivre la conversion ; les pères insistent sur la dimension thérapeutique de
l ‘ aveu ‘ des fautes accomplies avec un grand repentir qui permet d’accueillir le pardon de Dieu et de progresser sur la voie étroite du salut .
Avec la fondation par St Benoît de Nursie de l’ordre des bénédictins cet accompagnement spirituel se développe en Occident dans les monastères . Mais l’arrivée des moines irlandais missionnaires va ouvrir cette proposition d’accompagnement spirituel aux laïcs qui le désirent .

Deux évolutions vont marquer cette histoire :
- De la conversion à la peine .
Dans le nouveau Testament le mot Metanoia , Paenitentia , désigne le changement de vie , la conversion qui est signifiée au disciple du Christ part le Baptême .
Mais au VI - VII ° siècles , les théologiens , comme Isidore de Séville , écrive le mot Poenitentia - qui signifie pénitence dans le sens de peine , punition ; le pénitent pour recevoir le pardon de Dieu doit accomplir des peines méritées par la gravité de son péché .
- De la démarche communautaire à l’accompagnement spirituel personnalisé :
Avec la fin de la pénitence antique vécue au sein de la communauté ecclésiale , le péché comme la réconciliation deviennent des réalités personnelles vécues dans le secret de la vie du fidèle . Le confesseur insiste sur sa relation avec le Seigneur qui est blessée par son péché : suivant la gravité de celui-ci , il peut être véniel ou mortel - mort de l’âme par la perte de la grâce sanctifiante reçue au baptême ; la démarche de réconciliation doit en tenir compte .

D’où l’importance de l’examen de conscience ; la science du confesseur consiste à qualifier chaque péché et permettre au pénitent de vivre une démarche de conversion . Pour aider les confesseurs sont composés des livres pénitentiels , qui détaillent toutes sortes de péché , analysent les circonstances qui peuvent le rendre plus ‘grave ‘ , proposent des ‘ tarifs ‘ de peines correspondant à chaque ‘ faute ‘ . Cela peut aller de prières à dire , de jours de jeûne à vivre , d’aumônes à donner aux pauvres , jusqu’à un pèlerinage à accomplir .
C’est la pénitence tarifée - du 7° au 12° siècles .
Après l’exécution de la pénitence , le pécheur converti vient retrouver le confesseur qui le réconcilie avec Dieu . On commence à parler d’absolution des péchés :
1° l’Aveu de ses fautes au confesseur
2° l’imposition des peines à vivre et leur réalisation .
3° L’Absolution des péchés
Mais souvent ces peines sont très difficiles à exécuter ; on invente un système de commutation de peines , qui consiste à trouver des correspondance dans la prière a faire soi même , ou à faire faire par les moines ; pour pouvoir célébrer des ‘ messes pénitentielles ‘ ; les moines , qui étaient à l’origine des laïcs en majorité dans leur communauté , sont ordonnés prêtres pour les célébrer .
Ce sacrement de la Pénitence est vécu comme une réponse aux besoins spirituels des fidèles ; pour cela la demande est de plus en plus fréquente alors que la communion eucharistique des fidèles se raréfie , même pour ceux qui vont quotidiennement à la Messe .

+ Les théologiens du XII ° sc . remettent en question cette pratique de la pénitence dite tarifée ; ils estiment qu’elle aboutit à une sorte de marchandage antiévangélique ; elle peut donner à penser que par l’exécution de sa peine , le pécheur achète le pardon de Dieu . Ces théologiens suppriment les peines extérieures à accomplir en insistant sur la conversion du cœur , appelée la Contrition :
«  Pitié pour moi , Seigneur , en ta bonté ; en ta grande tendresse efface mon péché . Lave moi tout entier de mon mal , de ma faute purifie-moi …
Car tu ne prends aucun plaisir au sacrifice ; un holocauste , tu n’en veux pas .
Le sacrifice pour Dieu c’est un esprit brisé ; d’un cœur brisé et broyé , Dieu , tu n’as point de mépris . Psaume 50 . Miserere

La suppression des peines à exécuter a une conséquence directe : repenser la structure de la démarche pénitentielle .
- on insiste sur la fonction de l’Aveu , qui doit garantir par son intégralité et sa précision la profondeur de la Contrition .
- on renforce l’importance de l’Absolution donnée par le prêtre , aussitôt après l’aveu .
- on crée une nouvelle dimension : La Satisfaction . c’est à dire la réception de la pénitence à accomplir , non plus pour obtenir le pardon qui a été donné , mais pour que sa vie corresponde au pardon de Dieu reçu et à sa volonté .

Ainsi le Sacrement de Pénitence comporte 4 temps :
- Le pénitent prend le temps de relire sa vie , de découvrir ses péchés et de les regretter profondément : La Contrition
- Il vient rencontrer un prêtre pour dire ses péchés : l’Aveu .
- le prêtre lui donne l’Absolution et lui impose une pénitence .
- Le pénitent accomplit cette pénitence : La Satisfaction

Dans cette démarche pénitentielle , on constate l’importance de l’Aveu ; ce qui va entrainer une évolution dans le sens d’un terme liturgique  : Confesser
- Confiteor ‘ signifie proclamer , manifester , reconnaître .
- Dans l’Eglise de l’Antiquité, le nouveau baptisé confesse sa foi le jour de son baptême ; les martyrs sont des ‘ confesseurs ‘ et leurs tombeaux ‘ une confession
- Dans l’Eglise Médiévale, un des actes du pénitents est de dire - de confesser ses péchés , le prêtre qui accueille cette ‘ confession ‘ devient un ‘ confesseur ‘ ; peu à peu c’est toute la démarche pénitentielle qui prend le nom de Sacrement de la Confession .

Cette démarche qui avait été proposée par rapport au Baptême , prend son autonomie et devient un sacrement à part entière dans le septénaire sacramentel ( vers 1150 ) la liste des 7 Sacrements .

+ Au XIII° siècle , pour souligner l’importance de cet acte sacramentel , les théologiens modifie la formule d’Absolution prononcée par le confesseur .
Auparavant celui-ci priait sur le pénitent et lui signifiait le pardon de Dieu .
Pour bien souligner la solennité de la sentence canonique par laquelle le confesseur remet ses péchés au pénitent , il utilise une formule déclarative :
Ego te absolvo ‘ , qui renvoie à celle du baptême - ego te baptizo ‘ .
Ainsi l’Absolution qui était l’acte d’acquittement d’un accusé lors d’un procès devient l’action de remettre les péchés .

La confession va être pensée en relation étroite avec l’Eucharistie et être imposée comme démarche préalable à la Communion Eucharistique ; d’où la règle de la nécessité de se confesser avant de communier : ‘ on ne reçoit pas le Bon Dieu sans confession ‘ …

+ En 1215 , le pape réformateur Innocent III convoque les évêques et les abbés à Rome pour un Concile général - Le concile du Latran IV - Les pères conciliaires sont invités à se préoccuper de la situation dramatique de la Terre Sainte ; mais également de toute l’Eglise , avec l’hérésie des cathares , les mœurs du clergé à réformer et l’organisation de la vie sacramentelle . 70 Canons - règles - vont être promulgués reprenant toute la vie des églises .

Le canon 21 -‘ Omnis utriusque sexus ‘ - l’obligation pascale :
Tout fidèle de l’un ou de l’autre sexe , parvenu à l’âge de discrétion , doit recevoir l’Eucharistie , au moins à Pâques ; pour cela il doit confesser ses péchés à son propre curé . Pour des raisons légitimes il peut recourir a à un autre prêtre avec l’autorisation de son curé ‘
= Obligation de la confession et de la communion pascale dans sa paroisse .
Cette obligation fait partie des Commandements de l’Eglise .
La non observation de cette obligation entraîne l’ exclusion de la communauté et surtout de l’accès à l’église et au cimetière pour les funérailles .

L’Aveu de ses péchés à un prêtre devient le centre de l’acte pénitentiel . C’est l’aboutissement d’une longue réflexion théologique et d’une transformation de la pratique pénitentielle .
L’Aveu extériorise le repentir ; il est l’épreuve imposée au pénitent ; il permet au prêtre de prononcer la formule d’Absolution .
Tandis que les peines de satisfaction sont de plus en plus discrètes et légères .
Les tarifs pénitentiels , la volonté de sanctionner les fautes , tout cela disparaît face au désir de l’Eglise de relever le pécheur pour lui permettre de recevoir l’Eucharistie .
Le concile demande au confesseur de ‘ s’enquérir avec soin de la situation du pécheur , des circonstances de son péché , pour discerner en toute prudence les conseils opportuns et appliquer le remède approprié pour guérir le malades ‘

le texte conciliaire insiste sur le secret absolu de la confession ; le confesseur qui trahirait ce secret sera déposé du ministère sacerdotal et enfermé dans un monastère comme pénitent à perpétuité .
Ce Canon 21 , réserve la confession pascale au curé de la paroisse , celui-ci étant en charge de la cura animarum - le guide spirituel de ses fidèles , mais également en charge de contrôler si ceux-ci ne sont pas marqués par l’hérésie .
Au XIII° siècle , avec l’arrivée des communautés des ordres mendiants , mieux formés , tout particulièrement dans l’accompagnement spirituel , de nombreux fidèles en ville demandent aux frères de les accueillir pour le sacrement de confession . Ce qui n’est pas sans créer des conflits avec les curés des paroisses .

+ En 1545 - le pape Paul III convoque un concile dans la ville de Trente . Cette convocation est lancée pour répondre aux ‘ Réformés ‘ qui ont engagé une profonde critique vis à vis de l’église catholique et de tous les aspects de sa vie .
En 1551 , dans leur 14 ° session les Pères Conciliaires adoptent 15 canons sur la pénitence . Ils affirment que la Pénitence est un sacrement institué  par le Christ pour réconcilier les fidèles qui pèchent après le Baptême .

Les Pères mettent l’accent sur le pardon par la Contrition .
Contritio - conterre : action de broyer , de détruire . La démarche pénitentielle est accompagné d’une douleur vive et sincère causée par la conscience d’avoir offensé Dieu et son Amour ; elle est accompagné d’un sentiment de reconnaissance et d’amour vis à vis de Dieu .
Au contraire de l’Attrition - attritio : broyer , séparer, blesser . Remords venant de la crainte du châtiment , de la seule crainte des peines de l’enfer .
Le confesseur dans son accompagnement spirituel doit susciter la détestation des péchés commis , jointe à la ferme volonté de ne plus en commettre .
La contrition parfaite réconcilie l’homme avec Dieu , avant même la réception du sacrement ; mais elle doit renfermer le désir de recevoir le sacrement .
L’attrition - ou contrition imparfaite - dispose le pécheur à obtenir la grâce du Sacrement .

Les grands théologiens comme Albert le Grand ou Thomas d’Aquin s’étaient posé la question de s’avoir s’il fallait se confesser en cas de péchés véniels .
Les canonistes décident que l’Obligation de se confesser ne concernait que les péchés mortels ..
Les Pères conciliaires reprennent ces affirmations : Tous et chacun des péchés mortels doivent être confessés ; obligation de les confesser avant de communier . L’aveu des péchés véniels est utile et bon mais pas obligatoire ; cependant il faut se présenter à la confession pascale , même si on n’a commis que des péchés véniels , car cela permet au pasteur l’éducation de la conscience morale de ses fidèles .
Le Concile insiste sur la formation des Confesseurs . il est nécessaire que dans les cathédrales et les églises conventuelles des prêtres soient nommés par l’évêque pour assurer ce ministère de la confession . Dans la réforme liturgique des sacrements et la composition d’un Sacramentel , il est prévu une liturgie très brève pour le sacrement de confession ; il faut noter l’absence de lecture de la Parole de Dieu .
Pour permettre que cette démarche de la confession soit vécue dans la discrétion , un nouveau meuble liturgique est créé : le Confessionnal . Celui-ci apparaît au XVI ° sc. en Espagne et au XVII° en France ; au XVIII ° avec le style baroque , il prend de l’ampleur et occupe une place importante dans les nefs latérales de nos églises . L’agencement traduit la conception de la démarche : c’est le lieu du ‘ tribunal ‘ de la Pénitence ; le confesseur - juge est assis pour entendre les pénitents qui eux sont à genoux devant le Crucifix . Pour garantir l’anonymat de l’un et de l’autre et la discrétion de l’échange , il y a un rideau à la porte , des grilles et des volets de bois entre le pénitent et le confesseur .

+ Au XVII ° et XVIII ° - De nombreux laïcs sont demandeur d’un accompagnement spirituel .
La confession fréquente entre dans la proposition de la direction spirituelle ; au point que l’on perd conscience de la différence entre le bienfait de la confession pour le progrès spirituel et la nécessité du sacrement en cas de faute grave . Le directeur spirituel devient dans le langage courant ‘ mon confesseur ‘ .
Déjà au Moyen Age , la ‘ confession de dévotion ‘ était pratiquée par des saints comme St Louis ou Ste Brigitte ; dans la Réforme catholique la confession est instituées toute les semaines dans les séminaires , les maisons religieuses , les pensionnats …les fidèles devenus adultes poursuivent cette pratique et bénéficient des conseils avisés d’un prêtre sur leur existence quotidienne et les choix à faire dans leur vie familiale ou sociale .

Les confesseurs insistent sur deux réalités de la démarche pénitentielle :
- La Contrition qui doit se traduire par une conversion profonde du cœur du fidèle : ‘ Dieu fais-nous revenir et nous serons sauvé ‘ - Psaume 79 .
Le pénitent doit avoir conscience d’avoir offensé son Seigneur dans son Amour de Père ; il doit s’interroger sur la sincérité de cette prise de conscience ; si celle-ci n’est pas entachée par la crainte de l’enfer . D’où la question de savoir si l’attrition est suffisante pour vivre en vérité ce sacrement . Des évêques comme Richelieu vont s’engager dans ce débat .

- La Satisfaction - de satis facere - faire assez , faire une bonne mesure .
qui consiste à l’accomplissement de la pénitence imposée par le confesseur - des prières ou des actes de charité .
Cette démarche avait été pensé comme un acte symbolique par lequel le pénitent manifeste sa volonté de réparer l’offense faite à Dieu par son péché .
- Mais cette définition pose question car l’Absolution sacramentelle remettant la faute de la peine éternelle , y a t-il besoin de pénitence  à accomplir ?
Oui car si le pardon relève de l’initiative de Dieu qui fait miséricorde ; il est un don de Dieu , une grâce ; il est capital d’affirmer la démarche personnelle de l’homme qui désire vivre en relation avec Dieu . Les théologiens pour insister sur la démarche du pénitent déclarent qu’ il reste des peines temporelles à payer pour nos péchés dans ce monde ou au Purgatoire . Si nous ne pouvons pas satisfaire à Dieu par nos propres moyens , les mérites de la Passion et de la mort du Christ donnent de la valeur à nos actes .
Il faut donc affirmer en même temps que la conversion ne dépend pas uniquement des efforts de l’homme mais de la grâce divine ; et que le pardon des fautes de la part de Dieu nécessite le désir de l’homme de vivre l’Alliance .
Enfin le pénitent doit réparer les torts causés au prochain dans son honneur , dans ses relations , dans ses biens … La Réparation .
La peine étant imposée par le confesseur avant de donner l’Absolution , il est important que lors de la confession suivante le pénitent déclare qu’il a bien accomplie celle-ci - qu’ il a satisfait à Dieu pour cette peine .

+ Les décisions et les orientations du Concile de Trente au sujet de ce sacrement , comme des autres , vont marquer la vie de l’Eglise Catholique Romaine jusqu’au concile Vatican II .
La constitution Sacro sanctum Concilium sur la Liturgie de l’Eglise va décider de retravailler les rituels des Sacrements , en particulier pour la célébration du Sacrement de la Confession ; une commission de théologiens , d’exégètes et de liturges travaillent sur les différentes traditions et font des propositions ..
En 1973 , le pape Paul VI promulgue un nouveau rituel .
celui-ci propose plusieurs formes de célébrations du sacrement :
- une forme ordinaire : rencontre entre un pénitent et le confesseur .
- deux formes extraordinaires : une Célébration communautaire avec confession et absolution individuelle .
: une célébration communautaire - sans confession individuelle et avec absolution collective .
Cette dernière forme qui avait été pratiquée dans des circonstances difficiles , guerres , camps de prisonniers , est prévue pour des grands rassemblements comme les pèlerinages . Il faut toujours rappeler que la confession individuelle est obligatoire en cas de péchés graves .
Ces célébrations communautaires vont connaître un grand succès et permettre à de nombreux fidèles qui ne se confessaient plus de retrouver le chemin du sacrement .
Mais les responsables ecclésiaux émettent la crainte que la forme ordinaire soit délaissée par les fidèles et demandent que ces célébrations communautaires soient limitées et réservées aux rassemblements . D’où la décision du Dicastère de faire dépendre leur célébration de l’autorisation de l’évêque du lieu .

Dans ces 3 modes de célébration , il faut souligner
- la demande de soigner La Liturgie du Sacrement - dans ses rites , la beauté du lieu de célébration …..

- de signifier l’Accueil du pénitent au Nom de Dieu : prendre le temps de cet accueil mutuel vécu par le pénitent et le confesseur qui se placent tous les devant le Seigneur et entrent en prière ..

- de remettre en valeur la Parole de Dieu : prendre le temps de l’Ecoute de la Parole , de la méditation , du partage de cette parole …

- de remettre en valeur la prière d’action de grâce , car le pénitent confesse son péché , mais également l’amour du Père miséricordieux . C’est en contemplant le visage du Père que nous prenons conscience du péché qui le blesse et trouvons le courage de réaliser en nous la vérité par l’aveu de nos fautes .

- de prendre le temps de prier la formule d’Absolution trinitaire .

- comme toute liturgie , de signifier l’envoie en mission par l’Eglise , au nom du Christ . Nous avons accueilli le pardon de Dieu pour en être les témoins dans notre monde et notre vie quotidienne .

- Enfin il est nécessaire de retrouver l’enracinement baptismal de ce sacrement qui nous replace dans le Mystère du Salut .

- de mieux distinguer la démarche sacramentelle de l’accompagnement spirituel

- et d’approfondir la dimension ecclésiale de ce Sacrement .
Ne devais-tu pas , toi aussi , avoir pitié de ton compagnon
comme moi-même j’avais eu pitié de toi . Mt 18-33

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire